Au bout de quelques heures, la téléportation chez Arthur commençait à s’essouffler et en avait un peu marre des tâches répétitives. À midi, la pause-déjeuner fut la bienvenue. Ils sortirent de l’Engrenage et se rendirent au troquet du coin pour prendre un casse-croûte bien mérité. Il faisait un temps magnifique à l’extérieur, ce qui laissait supposer que la plupart des gens du coin sachant contrôler l’air, étaient d’humeur joyeuse. Sous le soleil radieux, les couleurs sobres du petit quartier modeste semblaient plus lumineuses et les pavés, encore mouillés du passage de la lessiveuse à haute pression, scintillaient donnant à la chaussée des allures de rivière d’opale.
Aux tables des cafés et le long de la promenade, les discussions s’animaient autour des dernières rumeurs, des histoires de chantier ou de l’article à propos du tournoi d’aptitudes dans l’Industria News Londonia. Le journal de ce matin relatait également les dernières prouesses de tel alchimiste, l’inauguration du nouveau télescope du département d’astrophysique, les dispositions de la cérémonie des distinctions qui seraient remises par le roi Victor ou encore la grève des cheminots.
En arrivant à la terrasse du Chaudron Ardent où déjà un certain nombre de clients venus pour la gastronomie rustique étaient installés, ils saluèrent des ouvriers qu’ils connaissaient et échangèrent quelques boutades d’usage. Puis une imposante dame rousse au teint pâle sortit les accueillir harnachée dans son tablier.
- Alors ? Comment vont mes garçons aujourd’hui ? Ah ! Toi tu es toujours aussi beau ! s’exclama-t-elle en saisissant de ses mains potelées le visage d’Arthur pour l’embrasser bruyamment, lui laissant de grosses traces de rouge à lèvre sur chaque joue. Si j’avais cinquante ans de moins, je ne ferais de toi qu’une bouchée, mon chéri ! Et toi mon petit Alfred ! Regarde-moi ça, comme tu es tout chétif ! Je vais t’arranger ça, moi. Tu vas voir ce que je t’ai préparé aujourd’hui ! Tu as vu le menu du jour sur la pancarte ?
Arthur la gratifia de son regard charmeur.
- Bonjour Madame Adélaïde. Vous êtes radieuse aujourd’hui ! Mais vous savez bien que si vous aviez cinquante ans de moins, je devrais me battre pour avoir vos faveurs.
- Ah ! Mon petit Arthur ! Toi, tu sais comment me parler. Bon, installez-vous à votre table habituelle, Sandra vous amène vos apéros. Voyons voir…
Elle réfléchit en plongeant profondément ses yeux de jade dans les leurs jusqu’à sonder leurs esprits, et déclara :
- Ça y est, je sais ! Un Houblon Du Diable pour Arthur, et une Merveille Des Bois pour Alfred.
Elle transmit la commande par la pensée à la jeune Sandra à l’intérieur et poursuivit.
- Le menu du jour, c’est volaille rôtie à la sauce forestière et croquettes de pommes de terre ardentes façon Adelaïde.
- Vous êtes vraiment parfaite ! complimenta Alfred l’eau à la bouche.
En s’asseyant, Arthur sortit le journal qui était toujours dans sa poche arrière et l’ouvrit à la page scientifique tandis que la patronne s’en retournait à son fourneau à charbon. Sandra fit voler deux chopes accompagnées d’amuse-gueules jusqu’à leur table sans sortir de derrière son bar au grand désespoir d’Alfred qui avait espéré saluer en personne la jolie blonde aux grands yeux bleus. Les bières aux reflets d’émeraude et de rubis posées devant eux capturaient la lumière et la renvoyaient intensément sur le plateau gondolé de la table ronde. Arthur eut de justesse le réflexe de les faire léviter lorsque Tonio apparut subitement sur la chaise vide en face d’eux comme s’il était arrivé en courant par la gauche, faisant flageoler le tout en heurtant la table.
- Salut les gars ! Rude matinée ?
- T’es vraiment irrécupérable Tonio ! gronda Arthur, son journal entre les mains et les verres au-dessus de sa tête en lui projetant des cacahuètes.
- Irrécupérable oui, mais irremplaçable ! assura l’éboueur caricaturant sa propre voix. Alors ? Ces cylindres ?
Alfred lui exposa les détails du travail abattu le matin et conclut :
- En bref, on n’a pas arrêté, on n’y croyait pas mais on devrait finir plus tôt que prévu. Le chef est aux anges.
- Hé ! Normal, vous êtes fortiches tous les deux !
Sandra arriva près d’eux, son épaisse chevelure ondoyant légèrement dans les airs, suivie d’une demi-douzaine d’assiettes qui se dirigeaient vers d’autres tables.
- Bonjour les garçons.
- Salut miss, fit discrètement Arthur se détournant à peine de sa lecture.
Cherchant le regard d’Alfred, elle sourit imperceptiblement à l’instant où elle le trouva.
- Bonjour Sandra, tu es ravissante aujourd'hui, lança le jeune homme.
Bien qu’elle tentât de dissimuler son trouble en riant, son aura irradia d’un regain subtilement plus rosé.
- Je te remercie mon chou. Tu n'es pas mal non plus. Qu’est-ce que je te sers, Tonio ? La même chose que d’habitude ?
- Avec le plat du jour s’il te plaît. Alors, comment ça va aujourd'hui ?
Un léger plissement d’yeux évocateur à l’attention d’Alfred accompagna sa réponse.
- À la perfection !
Entendant la voix d’Adélaïde à l’intérieur de sa tête, ses yeux roulèrent vers le ciel.
- Désolé mes chéris, il faut que j'y aille.
Elle repartit pressée, scandant :
- Une Flamme Verte pour Tonio, une !
Voyant les auras dégoulinantes de curiosité de ses deux comparses s’amplifier et se diriger avidement vers lui, Alfred anticipa, histoire de détourner la conversation qu’il sentait arriver.
- Et toi Tonio ? Qu’est-ce que t’as fait ce matin ?
Ce dernier échangea avec Arthur un regard lourd de sens par-dessus son journal, sourire en coin. Il lui répondit d'un clin d'œil, entendant mentalement la remarque pertinente qu'il lui adressa.
- Oh ! Ben, si tu tiens vraiment à le savoir, j’ai fait ma tournée de ramassage des ordures, comme d’habitude. Ensuite, je suis rentré à la déchèterie vider le camion et faire mon rapport, comme d’habitude. Puis j’ai filé à la station d’épuration du Vortex, superviser l’assainissement des eaux usées, comme d’habitude. Et même s’il est tout à fait flagrant que tu essaies de noyer un certain poisson en me demandant de te raconter ce que tu sais pertinemment que je fais tous les jours comme si c’était intéressant, je vais faire semblant de n’avoir rien remarqué et quand même te poser la question gênante que tu cherches à esquiver. Alors ! Dis-nous, bon sang ! Qu’est ce qui se passe avec Sandra ?
Sa bière arriva par les airs, comme si elle l’avait entendu.
- Mais rien, je vois pas du tout de quoi tu parles !
Arthur leva un sourcil sans quitter sa lecture et confirma ironiquement.
- Il voit pas du tout de quoi tu parles !
- À d’autres ! Mais bon, puisque tu n’es pas d’humeur loquace peut-être qu’Arthur, lui, va daigner me dire qui est la mystérieuse personne qui lui a parlé de moi hier soir ?
L’intéressé baissa son journal et le replia soigneusement en prenant bien son temps. Il but tranquillement une gorgée de bière et quand Tonio eut l’air d’être à bout de patience, il lâcha enfin d’une voix veloutée pour accentuer l’harmonie de chaque syllabe :
- Es-mé-ride.
- Esméride, répéta Tonio d’un ton rêveur. Et alors ? Qu’est-ce qu’elle t’a dit ?
- Ben, rien d’intéressant, je te rappelle que c’est de toi qu’elle parlait !
- Ah ! Très drôle, monsieur le loup solitaire ! C’est pas parce que tu ne t’intéresses pas aux filles que tu dois me mettre des bâtons dans les roues !
- Ben, pour reprendre ton expression, "si tu tiens vraiment à le savoir", tu n’as qu’à le lui demander. Elle chante au Noctambule demain soir et je crois qu’elle espère t’y voir. Je n’en dirai pas plus. Et pour ta gouverne, je m’intéresse aux filles, c’est juste qu’…
- …qu’elles ne s’intéressent pas à toi ? plaisanta Alfred tournant une page du journal qu’il lui avait subtilisé.
- C’est juste que j’ai d’autres préoccupations en ce moment. acheva-t-il.
Tonio le scruta l’air inquiet.
- C’est vrai que t’es pas dans ton assiette ces derniers temps. Qu’est ce qui se passe ? T’as des problèmes ?
- Moi, je sais, interrompit Alfred se rapprochant pour partager le journal ouvert à la page des événements. Regarde. Pendant la cérémonie des distinctions scientifiques, il y aura une commémoration pour les dix ans de la disparition de Catherine et Gaspard Mayall. Leur nom sera officiellement attribué au nouveau laboratoire d’alchimie du B.S.A. et une réception sera donnée en leur honneur au manoir du roi Victor.
- Nom d’une bouche d’égout, Arthur ! Je suppose que tu étais déjà au courant mais quand même… Et moi qui te bassine avec des futilités ! Je m’étais pas rendu compte que ça allait faire dix ans. Je suis désolé mon pote.
- C’est pas grave. Ne t’en fais pas pour ça.
Déconcerté, Alfred l’interrogea :
- La cérémonie a lieu après-demain. Tu vas y aller ?
- Pire que ça, j’en suis l’invité d’honneur.
Ils restèrent un instant bouche bée et leurs assiettes arrivèrent. Arthur vida ce qu’il restait de sa bière d’un trait et déclara :
- Allé ! Ne faites pas cette tête ! Je vous assure que c’est pas si important que ça. C’est juste des formalités. Ce qui est important, c’est de manger parce que l’heure tourne et il va falloir repartir travailler si on veut finir tôt.
- Bien dit ! J’ai une de ces faims ! acquiesça Tonio. Et sinon, vous êtes toujours partants pour le tournoi d’aptitude ? Les sélections, c’est demain…
Ils mangèrent le succulent repas de Madame Adélaïde tout en planifiant la journée du lendemain. Avant de disparaître, Tonio serra une main amicale à ses amis et par là même, raviva ses dons chez Arthur. Ils s’en retournèrent simplement à leur labeur, se promettant de sortir après les sélections pour se changer les idées.
Je continue ma lecture. Tu arrives toujours bien à nous plonger dans l'ambiance. J'aime beaucouptes dialogues que je trouve justes et agréables à lire. Certaines phrases sont trop longues dans tes descriptions, j'en ai pointé 2 plus loin. On sent que tout se met en place ici et c'est chouette. Quel est le lien entre Arthur et les disparus? Qu'est-ce que ce tournoi d'aptitude? Tu nous laisses sur des interrogations qui donnent envie d'aller voir la suite.
Sinon, un détail pour la présentation. Tu devrais peut-être mettre des alinéas à tes paragraphes, c'est tout bête mais ça allège ton texte. Et pour les tiretu des dialogues, il y a un tutoriel de Cristal dans les outils, je crois, qui te permet de faire des tirets comme dans les livres! Là encore, ça détasse ton texte.
Suggestions :
"complimenta Alfred ayant l’eau à la bouche. " j'aurais mil avec l'eau à la bouche pour éviter le ayant un peu lourd.
Il y a parfois des phrases un peu longues parce que tu veux en dire beaucoup, comme: "La patronne s’en retourna à son fourneau à charbon et Sandra fit voler deux chopes accompagnées d’amuse-gueules jusqu’à leur table sans sortir de derrière son bar, au grand désespoir d’Alfred qui avait espéré saluer la jolie blonde aux yeux bleus en personne."
" Arthur eu le reflexe de les faire léviter lorsque Tonio apparu" eut, apparut. Plus loin il y a conclut aussi. Il y a d'autres passés simples sans t plus loin.
"Bien qu’elle tenta " tentât, il faut un subjonctif ici.
il vit son aura irradier d’un regain subtilement plus rosé." Cette phrase me titillé, je trouve que regain n'est pas top à cause de l'abondance de r. Je comprends l'idée mais je ne suis pas sûre que ce soit le mot qui aille le mieux.
Ce dernier échangea avec Arthur un regard lourd de sens par-dessus son journal, sourire en coin en entendant mentalement la remarque pertinente qu'il lui adressa." Une autre phrase trop alambiquée à mon sens.
"Loquasse" loquace.
" qui est la mystérieuses personne" mystérieuse
" le célibataire endurcit " endurci
"Moi je sais. interrompit Alfred"mets plutôt une virgule entre tes paroles et ton verbe (à plusieurs endroits)
"La cérémonie à lieu après-demain." a lieu.
"Avant de disparaitre, Tonio serra une main amicale à ses amis, et par la même, raviva ses dons chez Arthur" je n'ai pas bien compris cette phrase, en quoi ravive t-il les dons d'Arthur? (Tu l'as peut-être dit dans ton 1er chapitre, je ne m'en souviens plus, j'irai voir a86;)
À bientôt!
j'ai été trés occupée alors je te répond avec du retard. Mais j'ai bien tenue compte de toutes tes remarques avec beaucoup d'attention, car c'est la première fois que j'ai des suggestions aussi détaillées et ça m'aide énormément. J'ai repris toutes les fautes que tu m'a indiqué, ainsi que les phrases trop longues. Je t'avoue que j'ai un amour prononcé pour les phrases longues et alambiquées, mais j'y travaille. Depuis que j'écris, à chaque fois que je me relis, je recoupe mes phrases, je les retravaille et j'en retrouve toujours d'interminables la fois suivante. C'est dificile de tout voir par soit-même, c'est pour ça que je suis contente que tu ai pris la peine de me donner ton avis. Tu m'a aidée à mettre le doigt sur de choses que je ne vois plus toute seule. Encore merci merci et re merci!
Je suis trés contente aussi que ce chapitre t'ai donné envie de connaitre la suite et de savoir qui sont ces personnes disparues. Et j'espère que quand je mettrais en ligne le chapitre sur le tournois d'aptitude, il te plaira car les choses commence vraiment à bouger dans celui-là. Mais il y a un autre chapitre avant...
Au sujet des dons qu'emprunte Arthur, il a contracté la téléportation au début du premier chapitre en tapant dans le dos d'un éboueur: Tonio. Quand à la durée de ces dons, je l'ai brièvement suggéré au début du deuxième chapitre:
"Au bout de quelques heures, la téléportation chez Arthur commencait à s'essouffler"
Merci encore, je ne le dirais jamais assez!
A bientôt