Le chocolat

Par Kieren

Sans le cacher, il s'agit de mon met préféré.

 

Tenez, je vous explique. Il m'arrive d'avoir une chanson que j'apprécie tout particulièrement, que j'écoute en boucle ; mais elle finit toujours par me lasser. Alors j'en recherche une autre pour satisfaire mon âme.

Le chocolat, je ne m'en lasse pas, tout simplement par que ce n'est pas une chanson.

C'est la musique.

 

Il existe des milliards de chocolats, comme il existe des milliards de chansons. Il s'agit d'un univers entier, que l'on peut accommoder avec du sucré ou du salé, des fruits ou des viandes, en sauce ou en boisson, au cœur fondant ou craquant. Quel dommage qu'il faille le chercher aussi loin.

Le chocolat est le symbole de l'unisson, et de l'équilibre qui cherche à se mouvoir.

La preuve dans sa création.

 

Il fut un temps où le Ciel et la Terre décidèrent de s'unir. Ils eurent de nombreux enfants de toutes les formes, de toutes les couleurs : des plantes, des poissons, des oiseaux, des mammifères, des reptiles, des insectes, et j'en passe.

Le Ciel donnait de l'eau, la Terre la prenait en son sein, et la vie en naissait.

 

Mais la paix ne dura point.

 

Le Ciel et la Terre ne parlaient pas la même langue, et à force d'incompréhension, l'amour fit place à la haine. Le Ciel noya des vallées entières, et la Terre libéra des fumerolles qui polluèrent l'atmosphère.

 

À force de se blesser, ils finirent par partir chacun de leur coté : le Ciel retira ses nuages et se volatilisa, ne laissant qu'un Soleil de plomb qui dessécha les animaux ; la Terre se retira et s'enterra, ne laissant qu'un sol de roche sur lequel les plantes s'affamèrent.

Tous hurlèrent de peur et de peine, d'abandon et de désespoir, mais le Ciel et la Terre étaient partis trop loin pour pouvoir les entendre.

 

La vie était condamnée à disparaître.

 

C'est alors qu'un animal bien étrange fit son apparition. Il s'agissait d'un serpent aux ailes d'oiseau. Personne ne le connaissait, et il s'en excusa. Puis il déclara : « Je fus le premier à naître. Je serai le premier à mourir. »

 

Il s'enfonça dans la plus profonde des grottes, et il creusa, creusa, creusa, creusa ! Il parvint au cœur de la planète, là où la Terre s'était retirée. Alors il la mordit, aussi fort qu'il le pouvait, avant de déclarer : « Ma mère ! On ne laisse pas un travail inachevé. Honte sur toi ! ».

Cette dernière gronda de douleur, elle essaya d'engloutir le serpent à plumes, mais celui-ci se mouvait plus vite qu'elle. Il s'échappa par les plus petites des fissures, et il sortit à l'air libre.

 

Il s'éleva au plus haut des cieux, et il vola, vola, vola, vola ! Il parvint au sommet de la stratosphère, là où le Ciel s'était retiré. Alors il le mordit, aussi fort qu'il le pouvait, avant de déclarer : « Mon père ! On ne laisse pas un travail inachevé. Honte sur toi ! ».

Ce dernier tonna de douleur, il essaya d'anéantir le serpent à plume, mais celui-ci voltigeait mieux que lui. Il piqua vers le sol aussi vite qu'il le pouvait, et il s'arrêta entre Ciel et Terre.

 

Entre un Ciel qui rassemblait ses plus terribles tempêtes et une Terre qui ouvrait la plus infernale de ses bouches.

Le serpent à plumes ferma les yeux et se laissa frapper par les éclairs de son père, avant de tomber dans les flammes de sa mère.

Rien ni personne ne put le sauver.

 

La colère des deux colosses se calma, et ils entendirent.

Ils entendirent les supplications de leurs enfants, leurs pleurs, leurs souffrances.

Leur solitude et leurs besoins.

 

Le Ciel et la Terre se regardèrent, et ils eurent honte.

Ils ne pouvaient pas mettre de côté leur rancœur, mais ils ne pouvaient pas mettre non plus de côté ceux qu'ils avaient créés, ceux à qui ils avaient donné la vie.

Le Ciel pleura, et la Terre accueillit.

 

Alors tous les êtres poussèrent des cris de joie. Ils prirent un peu de boue qui se formait à leurs pieds et les plantes la conservèrent en leur sein, créant à l'endroit précis où était tombé le serpent à plume un labyrinthe végétal, les animaux les plus dangereux la gardèrent, afin de préserver ce testament d'alliance entre la Terre et le Ciel.

Cette boue marron gardée et chérie par tant de vies différentes se révèle avoir une saveur plus sucrée que les rêves et plus douce que l'espoir.

 

Cette preuve d'union entre ces deux colosses est bien plus importante que n'importe quelle rancœur qu'ils purent avoir l'un envers l'autre.

Car on peut ne plus s'aimer, mais on n'abandonne pas l'enfant que l'on a créé.

 

 

La Mousse

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Djina
Posté le 07/05/2020
J'ai relevé quelques coquilles, les voici énumérées, (n'en fais pas une vérité absolue, donc je te conseille de vérifier derrière) :

1- "à force d'incompréhension" -> "à force d'incompréhensionS" ? Pas sûre
2- "était partis trop loin pour pouvoir les entendre" -> "étaiENt partis trop loin pour pouvoir les entendre"
3- "le serpent à plume" -> "le serpent à plumeS" x2
4- "ne pu le sauver" -> "ne put le sauver" => Conjugaison ?


J'aime beaucoup le champ lexical de l'amour, des parents qui ne devraient laisser l'enfant qu'ils ont créé. Une ode aux couples faisant des enfants mais ne s'aimant plus, délaissant leurs enfants alors qu'ils ont besoin d'eux pour se développer. Ensuite je ne juge pas, parfois l'abandon est un acte de pur amour… Bref revenons à ton histoire, toujours en maitre des contes. Mon choix pour ce soir à la radio n'est que plus difficile … Que dire que faire ? Bravo, je me répète mais je suis embarquée. Et j'aime aussi comment tu commences sur le chocolat pour nous emmener autre part, c'est quelque chose qui te différence, c'est un peu ta marque de fabrique… <3 Le discours sur le chocolat, l'amour, et sa confection complexe.. Cela me fait penser à l'origine des fêves etc… Donc tu es un conteur hors pair :) Continues ! (Pas de pression, c'est l'amour de ton écriture que j'essaie de véhiculer); :)
Kieren
Posté le 21/05/2020
J'ai un exemple dans mon appart. Le père d'un gosse de 10 ans qui a rompu avec sa femme il y a 6 mois, il la trompait régulièrement, mais il tient à ce que son fils grandisse correctement, qu'il arrive à se découvrir, autrement que sur Fortnite. Il fait un job épouvantable. La mère aussi d'ailleurs. Du coup je joue parfois aux cartes avec le fils.
C'est toujours mieux que rien. Mais qu'est ce que je connais du job de père ? Jamais fait.
Djina
Posté le 24/05/2020
Pas facile, le monde des jeux vidéos n'est pas forcément délétère, si le fils a l'air d'y prendre plaisir. C'est ce qui compte, ce qui nous forge c'est notre vécu, nos attaches et nos rencontres ;) Merci pour ton partage.
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