Le comité des fées

Par Luz

La fée Silbérine était accompagnée de la fée Grenat, vêtue de rouge, et de la fée Obsidia, vêtue de noir. Ensemble, elles vérifiaient que chaque fée accomplissait son devoir. Elles avaient le pouvoir de déchoir une fée de ses pouvoirs magiques si elles estimaient que celle-ci s’était mal conduite. Méline avait expliqué tout cela à Galatée l’hiver précédent, et la petite sorcière se raidit, prête à défendre son amie.

— Tu as ton diadème, Méline, dit Silbérine.

— Oui, dit Méline en touchant ce dernier comme pour se rassurer.

— Pourquoi ne le portais-tu pas lors de notre dernière conversation ?

— Eh bien…

Méline avala sa salive, et reprit :

— Il m’avait été volé. Mais grâce à l’aide de Galatée, ma disciple, et de Myrtille, je l’ai récupéré. Nous avons aussi aidé les démons ; l’alliance entre nous est plus forte que jamais.

— Certes, certes, dit Obsidia. Tu as réparé ton erreur. Mais tu as quand même commis une faute ! Comment se fait-il que ce diadème t’ait été volé ?

Méline baissa la tête.

— Je l’avais posé par terre pour jouer avec Galatée, avoua-t-elle.

Silbérine, Obsidia et Grenat frémirent.

— Quel manque de sérieux ! fulmina Grenat. Je pense que vous ne devriez pas conserver vos pouvoirs !

Galatée protesta.

— Elle est venue aider les démons, même quand ses pouvoirs diminuaient et qu’elle avait du mal à comprendre leur langue ! Méline est loyale. Elle mérite de rester une fée.

Enguerrand s’avança.

— C’est de ma faute. J’étais en train de guetter parce que je cherchais un objet à voler pour faire partie d’une bande, dit-il avec honte. J’ai rendu l’objet à Méline et je ne veux plus jamais lui faire de mal, à elle ou à n’importe qui.

— Oui, vous êtes bien gentil, jeune homme, rétorqua Grenat, mais enfin Méline aurait dû sentir la présence d’une personne mal intentionnée. C’est une compétence fondamentale des fées.

Obsidia regarda attentivement le jeune homme, puis Méline et Galatée, d’un air pensif. Silbérine hochait la tête.

— Il me semble que je vous l’avais enseigné, Méline, ajouta la fée argentée. Comment avez-vous pu être aussi négligente ?

Galatée se demanda si elle devait dire aussi que c’était de sa faute. Même Myrtille, sur son épaule, semblait très impressionnée. Obsidia se racla la gorge.

— Je ne me souviens pas que vous ayez toujours été si vigilante vous-même, Silbérine, dit-elle. C’est moi qui ait été votre professeure, après tout, et je me souviens de vos fantaisies de jeunesse.La fois où il a fallu grimper jusqu’au nid d’une pie pour récupérer votre propre diadème, par exemple. Et vous aviez cinq cents ans. À cet âge-là, on fait attention à ses affaires.

Silbérine se troubla.

— Cette pie n’avait pas de mauvaises intentions… Nous étions simplement en train de jouer, voilà tout…

— Tout le monde aime jouer, dit Grenat d’un air sombre. Le tout est de savoir s’arrêter au bon moment. Je suis assez surprise et un peu déçue, Silbérine.

— Mais vous, Grenat, répliqua Obsidia, je me souviens aussi d’un petit incident, fort divertissant avec le recul, mais qui nous a bien inquiétées à l’époque. C’était la fête de la moisson, et vous aviez dansé avec un certain enthousiasme, jusqu’à vous transformer devant tout le monde. Vous aviez pourtant atteint l’âge très raisonnable de sept cent soixante-trois ans.

— Hum, répondit simplement Grenat. C’est bien possible. Ma mémoire est assez floue.

— Pas celle des villageois, dit calmement Silbérine. À chaque fois qu’un coucher de soleil est particulièrement beau, ils parlent du dragon rouge dans le ciel.

— En revanche, personne n’a exprimé le souhait de vous entendre chanter à nouveau, ajouta Obsidia.

— Oui, bon, chacune d’entre nous a eu son petit instant de fantaisie, admit Grenat à contre-cœur.

— Il me semble que Méline a eu le sien hier, conclut Obsidia. Merci de nous avoir prévenues, Silbérine. Je pense que cette jeune fée a tout à fait le droit de conserver ses pouvoirs. Et vous ?

Les deux autres fées approuvèrent.

— C’est bien, conclut Obsidia. Méline, que cette expérience vous serve de leçon : faites attention à votre diadème. Jeune fille, bravo pour votre loyauté, dit-elle à Galatée. Et vous, jeune homme, ne vous avisez pas d’importuner une fée, ni maintenant, ni à l’avenir. Si Méline n’avait pas récupéré son diadème elle-même, nous l’aurions retrouvé, et nous nous serions vengées. C’est compris ?

Enguerrand acquiesça lentement, les yeux écarquillés.

— Il est temps de repartir, mes sœurs, dit la fée noire. À bientôt !

Sur ces mots, chacune se transforma en dragon et s’éleva dans le ciel.

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