Le grand goûter

Par Luz

Quelques minutes plus tard, Hansi et Galatée revenaient dans la grotte des démons avec Enguerrand surpris. De grosses larmes coulaient encore sur ses joues. Il s’exclama de surprise en voyant Méline et ses bras, mais Galatée lui expliqua que la fée était son amie. Elle lui expliqua aussi comment le coffre de son ancienne bande s’était retrouvé ici.

Les démons l’accueillirent, lui proposèrent de s’asseoir autour de la marmite et de prendre un bon bol de chocolat. Galatée traduisit leurs propos d’ärdsprächä en français. Enguerrand regarda Galatée d’un air interrogateur, et Galatée regarda Méline, qui hocha la tête.

Tout le monde se retrouva assis autour du chaudron à prendre un bon goûter. Même la souris Myrtille mangea quelques noisettes. De la buée monta sur les lunettes de Galatée, qui répéta à mi-voix le sort qui les protégeait de la buée. C’était un sort efficace, mais qui ne durait jamais très longtemps.

Enguerrand semblait beaucoup plus intimidé par la présence de Méline que par celle des démons, pourtant beaucoup plus nombreux. Il faut dire que les écailles remontaient désormais jusqu’aux épaules de la fée et qu’elle déployait tous ses efforts pour tenir son bol avec ses grosses pattes.

— Je… je vous ai vues hier, dit enfin Enguerrand à Méline. Vous étiez en train de jouer. Et…

Le petit garçon rassembla tout son courage pour parler. Il portait encore ses manchettes en aluminium. Le feu y faisait des reflets lumineux. Galatée se dit que la lumière du soleil, plus vive, y ferait des reflets argentés, et elle comprit.

Enguerrand reprit la parole à ce moment-là.

— Pour entrer dans la bande des Trofort, il fallait voler quelque chose. J’ai vu votre diadème dans l’herbe et je l’ai pris. Je suis désolé !

Méline resta silencieuse, puis demanda :

— Où est mon diadème, Enguerrand ?

Il désigna le coffre du doigt.

— Il y a un cadenas, mais je connais le code. Je vais pouvoir l’ouvrir et vous le rendre.

Méline hocha la tête et sembla réfléchir quelques instants.

— C’est bien que tu me l’aies dit. Voler les affaires des autres, c’est grave, et parfois même très grave, dit-elle.

— Les Trofort m’ont dit que les objets volés ne manquaient à personne, et qu’ils se remplaçaient facilement de toute façon, dit Enguerrand d’une toute petite voix.

— C’est vraiment des Trobêtes, murmura Galatée.

Les démons à côté d’elle hochèrent la tête.

— Qu’est-ce qu’ils en savent ? Rien, de toute évidence, dit Méline. Mon diadème est irremplaçable. Je ne sais pas ce qu’ils ont volé d’autre, mais je parie que ces objets manquent beaucoup à leur propriétaire. Allons ouvrir ce coffre. Nous allons nous débrouiller pour rendre à chacun ce qui lui appartient.

En tremblant un peu, Enguerrand composa le code du cadenas qui fermait le coffre. La première chose que vit Méline fut son diadème, avec une petite étiquette qui disait : VOLÉ À LA COPINE DE GALATÉE PRÈS DU LAC PAR ENGUERRAND QUI REJOINT LES TROFORT !!!!

Chacun des objets contenus dans le coffre portait une étiquette de ce genre, indiquant l’objet du vol et le propriétaire. Myrtille couina d’étonnement en reconnaissant l’emporte-pièce préféré de la boulangère.

— Eh bien, notre tâche sera facile, commenta la fée. Laissons donc là ces étiquettes. Les coupables se sont désignés tous seuls. Tant mieux.

Galatée traduisit ses mots en ärdsprächä, ce qui lui valut l’approbation des démons. Ensuite, elle l’aida à enlever l’étiquette et lui posa le diadème sur la tête. La fée ferma les yeux tandis qu’une douce lumière dorée descendit le long de son corps et redonna à ses bras leur forme humaine. Quand elle les rouvrit, elle souriait.

— Je peux à nouveau parler votre langue ! dit-elle en ärdsprächä, et les démons poussèrent des exclamations de joie.

Après le goûter, Hansi raccompagna Enguerrand, Galatée, Myrtille et Méline jusqu’à la sortie. Ils se dirent au revoir et se promirent de jouer ensemble bientôt.

— Si vous en avez le temps, nous pouvons déposer les objets maintenant devant la maison de leur propriétaire, proposa Méline. Faisons-le sans être vus : les gens pourront régler leur compte directement avec cette petite bande de mal élevés.

— Une minute, mademoiselle, dit une voix familière.

La fée Silbérine se tenait devant elles, en compagnie de deux autres fées. Toutes trois avaient une expression solennelle.

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