Le déroulement

Notes de l’auteur : Salut cher lecteur! J'adore écrire, et je rêve d'écrire un livre. Alors je prends mon courage à deux mains et je me lance dans la rédaction d'un roman. N'hésite pas à me dire ce que tu en penses, j'accepte toutes les critiques constructives. Bonne lecture !

N’avez-vous jamais entendu parler des Loges? Fay-aux-loges, Courcy-aux-loges, Vitry-aux-loges? Ces villages où la diligence du roi de France avait pour coutume de s’arrêter entre Chambord et Versailles. Des villages nichés au creux de la forêt d’Orléans. Des villages paisibles, verdoyants. Courcy-aux-loges comptait parmi ses habitations un vieux manoir fort accueillant. Le manoir du Lac appartenait depuis des années (ou bien des siècles) à une modeste famille orléanaise.

Entouré de chênes et d’arbres centenaires, il était difficile de le localiser. L’allée était somptueuse : 150m de long avant d’accéder à la première pierre du parvis. Des roses encerclaient l’arrivée de quelques privilégiés qui s'y aventuraient. La devanture blanche nacrée de la demeure laissait planer un sentiment de bien-être.

 

Lucie remonta l’allée du manoir au volant de sa jeep. Elle se gara devant les marches qui menaient au perron, descendit précipitamment et se rua sur la porte d’entrée lorsque Mme Langeau lui ouvrit.

  • Où est-elle ? Bon sang, ces embouteillages sont infernaux! N’est-elle pas en colère? Nous ne raterons pas l’avion en nous dépêchant.

  • Elle est partie madame.

  • Partie?

  • Elle a pris l’avion pour Buenos Aires il y a maintenant plusieurs heures. Elle m’a bien dit de vous prévenir, mais voyez-vous, les lignes sont coupées depuis l’orage de ce matin.

  • Bien évidemment, merci madame Langeau. Mais pourquoi partir si précipitamment?

  • Elle m’a parlé de Vivre avec un grand V. D’oser faire ce qu’elle n’avait jamais fait. D’affronter l’inconnu. Vous la connaissez. Surtout, ne la joignez pas. Elle ne veut être dérangée sous aucun prétexte. Mais n’annulez pas pour autant vos vacances Mme Lucie, elles vous feront le plus grand bien. 

 

Lucie, furieuse, tourna les talons et regagna sa jeep. 

Elle est comme ça Emma. Le genre de femme que vous aimez et que vous détestez à la fois, en l’espace d’un regard : belle, charmante, envoûtante, aimante. Et qui plus est, à la tête d’une multinationale prometteuse. Admirée de tous, d’une douceur exquise et quelque peu innocente, elle vous charme en un rien de temps. Vous ne pouvez faire autrement que de tomber dans ses griffes. Elle vous maintient en apnée. Puis, une seconde plus tard, vous ne pouvez plus respirer. Elle est partie. En Argentine. 

Mais que pourrait-elle bien faire à l’autre bout du monde? Pourquoi partir si loin? Pour une envie irrésistible, un besoin pressant. Pour une envie d’utilité et de liberté. Avec Lucie aussi elle aurait pu Vivre avec un grand V. Depuis plusieurs années elles planifiaient ce voyage, les deux sœurs rêvaient des pays scandinaves : froids et pourtant si chaleureux, si loin de la France et de leur  quotidien.
 

Aurland, Norvège, le 9 janvier : 
 

Frida descendit les escaliers précipitamment. Elle ne pouvait pas croire à ce qu’elle venait d’entendre. Non, il ne pouvait pas avoir fait ça. Lorsqu’elle entra dans le bureau d’Oliver, ses pires peurs prenaient vie : la détonation avait retentit, son homme gisait par terre, dans son propre sang.

 

France, 15 janvier : 

Lucie ne s’était jamais entièrement sentie soi-même avec les autres. Ni avec ses amis, ni avec sa famille, avec personne. Hypersensible et émotive, elle avait toujours ressenti le besoin de plaire aux autres. Rentrer dans les normes. A l’âge de 8 ans, Lucie avait assisté à la tragique mort d’un grillon. Écrasé par une voiture sur le côté de la route. Lucie avait été bouleversée par cet événement durant les longs jours qui suivirent. Elle était épouvantée par la méchanceté du monde et de la vie. Elle était fougueuse, elle paraissait rebelle. 

La vie lui paraissait cruelle. Elle était souvent perdue, elle ne trouvait pas son rôle dans cet univers extravagant, onéreux, où l’argent et l’apparence priment. Il fallait être belle, gentille, douce, intelligente, généreuse, bienveillante, altruiste, féministe. Elle, elle était vide. Du moins, elle se sentait vide. Parfois instable, elle rêvait de s’émanciper de la cage qui était la sienne. La pression sociale. Bien paraître.

C’était si simple pour Emma, elle que tous aimaient. Elle qui était si belle. 

 

Et maintenant, Emma l’avait elle aussi laissé tomber. 

 

Alors Lucie rentra chez elle.

Lorsqu'elle ouvrit la porte, Karibou lui fît la fête. Elle était heureuse comme jamais, de peur de ne jamais revoir sa maîtresse. Lucie avait laissé passer un ouragan avant de partir. Elle donna à manger à sa chienne, remis en ordre le tintamarre qui tenait lieu. Bien. Puisqu’Emma ne voulait pas partir avec elle, elle partirait seule. 

Elle se regarda dans son miroir. Elle n’avait pas dormi de la nuit. Un peu d’anti-cerne, un peu de fard à joue et le tour était joué.

Lucie prit sa valise, fît une caresse à Karibou, et partit pour Oslo.

— 

Lucie en avait marre de constamment attendre les autres. Attendre qu’Emma daigne faire ce voyage avec elle. Marre d’attendre que l’homme parfait frappe à sa porte. Et pourtant, ce n’est pas de prétendants dont elle manquait, loin de là! Elle avait dîné avec deux charmants hommes la semaine dernière, deux dîners en tête à tête. Charmants, ou presque. 

Le premier, Édouard, passa la soirée à parler de finance, d’investissements et à lui donner des conseils sur la manière dont elle devrait gérer son argent pour devenir riche. Lucie dû commander trois martinis pour faire passer le temps. 

Quant au deuxième, Léo, il ne ressemblait vraiment pas à sa photo de profil sur Tinder! Enfin si, mais avec 20 ans de plus! Ils avaient bien essayé d’aller plus loin en rentrant chez elle mais ça avait été le pire coup de sa vie ! Un désastre!

Lucie revenait toujours au même point : seule, avec sa fidèle chienne Karibou. 

Si seulement elle rencontrait quelqu’un qui pouvait lui faire tourner la tête. Ou bien si elle pouvait se sentir un peu plus importante, plus reconnue professionnellement parlant. Elle sentirait moins ce vide en elle.

Je déteste ce sentiment de solitude. Ressentir ce vide en moi. J’aime être tranquille parfois, mais tristement seule, ça non. Il faut toujours être meilleure que les autres, être joyeuse, heureuse. Pour moi, le challenge est de trouver un sens à ma vie. Je ne sais pas quoi faire. Se lever chaque matin, aller au boulot, rentrer, sortir, boire un verre ou deux peut-être, rentrer seule ou accompagnée. Je n’attendais que ça : passer du temps avec ma soeur, ma famille, me sentir un peu moins seule pour une fois. 

On nous dit de faire des choix, de prendre sa vie en main, de donner un sens à notre vie. Histoire d’occuper nos journées. Histoire que notre vie ne serve pas à rien.

 

C’est la troisième clope que je termine. Nous avons atterri à Oslo il y a environ une heure. J’attends le taxi qui m’emmènera à Aurland, un petit village tranquille au creux des montagnes. La verdure et la tranquillité de la Norvège me fascinent. Ce calme m’apaise.

 

Lorsque Lucie arriva à destination, elle fût fascinée par l’aspect de la petite demeure nordique. Identique aux photos qu’elle avait pu voir, cette maison fort chaleureuse contrastait avec les températures de la saison. D’une grandeur démesurée, elle convenait parfaitement aux familles nombreuses. A l’extérieur, les parterres de fleurs étaient entretenus et le jardin contenait un étang entouré d’une modeste forêt. A côté de l’étang se trouvait un banc, nous pouvions alors aisément imaginer les propriétaires pêcher de temps à autre.

 

Un homme d’un certain âge l’interpella : 

  • Vous cherchez quelqu’un madame? Il me semble que les Nilsen sont partis il y a déjà plusieurs jours de ça.

  • Partis? Mais je devais me rendre chez eux aujourd’hui même. Comment peuvent-ils avoir oublié?

  • Écoutez, ils se sont peut-être simplement absentés. Si vous voulez, vous pouvez me transmettre vos coordonnées et je vous contacterais si je vois du monde chez les Nilsen. Je m’appelle Erik Berg, j’habite juste en face.

  • Très bien, merci pour votre aide monsieur. Je compte rester quelque temps ici. Les Nilsen sont de vieilles connaissances. A vrai dire, ils sont comme ma deuxième famille.

 

Aurland, le 9 janvier : 

  • Mais qu’est-ce que tu as fait? Tu es complètement fou! Qu’est-ce qui t’as pris? Hurla Frida à l’adresse de l’agresseur.

Elle s’approcha de son mari.

  • Mon dieu, il ne respire plus. Non, non, non ce n’est pas possible. Réveillez-moi de ce cauchemar. Ce n’est pas possible.

  • Je lui avais dit d'arrêter, d’arrêter de mentir! Je vous avais prévenu! Répondit l'homme.

  • Va t'en, tu ne peux plus rester ici! Va t’en et ne reviens pas! Reprit Frida. Je ne peux plus rien pour toi!

 

Le meurtrier prit ses affaires et partit précipitamment dans la montagne alors que Frida appelait désespérément les secours.

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