Le grincement des double portes résonna dans l'immense hall. Il provenait de la coursive qui courait autour de la piece. Deux hommes en franchirent le seuil. L'un d'eux, tres grand et élancé marchait derriere le premier qui semblait plus agé. Le silence se fit au point qu'on entendît le son de leurs pas. Ils s'avancèrent jusqu'au grand escalier. Ils descendirent plusieurs marches et s'arrêtèrent à mi-chemin.
Le plus grand se décala sur le coté. pendant que l'autre, presque chauve, en costume gris sombre, les mains dans le dos, parcourait du regard l'assemblée en contrebas.
Son 'bonjour' tonna comme un ordre. Lidka essaya de se concentrer sur le reste de son discours. Elle en saisit les grandes lignes. Il était question de rigueur, discipline, travail. Rien de surprenant ni de révolutionnaire. Elle savait qu'elle n'avait pas été recrutée pour un camp de vacances.
Le ton cependant était plus grave qu'elle ne l'eût pensé. L'homme se tenait droit mais cela tenait du tour de force, tant un poids considérable semblait peser sur ses épaules. Même Atlas s'était autorisé à plier les jambes.
"Vous venez tous de formations et horizons différents. Mais si vous les avez quittés, c'est que ce n'était pas votre voie. Mais vous allez trouver ici votre avenir, soyez-en surs. Et vous ne serez jamais meilleurs que si vous restez vous-mêmes."
Voilà déjà des propos plus surprenants.
Il fut plus déconcertant de l'entendre déclarer : "Vous êtes les renforts." Étaient-ils en guerre ? Contre qui devraient-ils se battre ? Lidka ne se sentait pas vraiment une âme de soldat. Elle était une scientifique, pas une militaire.
Elle jeta un regard circulaire sur les autres étudiants autour d'elle pour observer leur réaction. Tous écoutaient attentivement le discours. Elle perçut cependant un bruissement. Elle se retourna doucement et réalisa soudain que, derrière, au-dessus d'eux sur la coursive, se tenaient des groupes d'étudiants en uniforme. Ce qui signifiait qu'ils devaient être au moins des 2e année.
Elle les parcourut rapidement. Son regard s'arrêta sur deux d'entre eux. Un grand type à l'air austère, et une blonde aux cheveux longs. Elle ne sut s'ils l'avaient remarquée. Alors elle se retourna vers l'avant. Le directeur finissait son discours. On sentit une hésitation. Fallait-il applaudir ?
Le flottement ne dura pas : l'homme qui se tenait en retrait descendit une marche et annonça que tous étaient invités à se rendre au réfectoire où les étudiants trouveraient leurs noms sur des tableaux, et auraient ainsi connaissance de leurs classes et de leurs professeurs.
Presque aussitôt, quelqu'un ouvrit la double porte sur leur droite et les étudiants s'engouffrèrent dans la salle. Lidka attendit que le plus grand nombre y fut entré et finalement suivit le mouvement tout en observant ses camarades de promotion. Tous paraissaient aussi appréhensifs et hésitants qu'elle. Cependant, elle sentait une présence différente non loin derrière elle. Elle tourna la tete et découvrit une rousse au visage fin et tacheté de taches de rousseur. Cette dernière lui sourit doucement et Lidka le lui rendit.
Finalement, tous se trouvèrent dans le réfectoire.
Sur la droite, sous les grandes fenêtres, des tables avaient été installées, avec de grands distributeurs à thé métalliques et le genre de tasses blanches épaisses que l'on trouve dans toutes les cantines de la terre apparemment. Sur la gauche, des présentoirs avaient été disposés vers lesquels la plupart se dirigeaient.
Lidka hésita une seconde. Elle se dit que les listes n'allaient pas disparaître par magie (mais sait-on jamais). Et elle estima qu'il était plus judicieux de se servir à boire avant que tous s'y précipitent.
Elle observa rapidement ce qui sortait des grands thermos.
"Apparemment il n'y a que du thé", lui confia une voix derrière elle. Lidka sursauta et tourna la tête : la rousse lui tendait une tasse.
"Je préfère le café", répondit Lidka.
"Il va falloir que tu t'habitues. Dans cette partie de l'Europe, le thé est bien plus courant".
Lidka leva les yeux au ciel, et hocha la tête, tout en envisageant déja par quel moyen elle allait pouvoir se procurer du café.
"Je sais ce que tu te dis : comment va-t-on en trouver, d'une manière ou d'une autre ?
Lidka fronça les sourcils.
La rousse se mit à rire.
"Non, ce n'est pas mon aptitude. Mais c'était facile à deviner. Surtout parce que je me demandais la meme chose. Au fait, je m'appelle Maureen."
"Lidka."
"Tu ne viens pas de très loin, je me trompe ?"
Lidka sourit à son tour.
"République tchèque."
"Je viens d'Irlande" dit Maureen.
"Une irlandaise qui préfère le thé au café. C'est pour ça qu'ils t'ont envoyé ici ?"
Maureen étouffa un rire.
"Toi, tu es tchèque et préfères bien le café."
Pendant qu'elles se servaient en thé brulant, Lidka fit un geste de la tête vers les tableaux.
"Tu as trouvé ta classe ?"
"Je n'ai pas encore regardé. Et toi ?"
"Pareil."
Dans un même mouvement, elles se dirigèrent vers les panneaux d'affichage. Le nombre d'étudiants n'était pas énorme, mais les cours étaient divisés en classes de 10 personnes.
"Trouvé !" annonça Maureen. "Au fait, c'est quoi ton nom de famille ?"
"Slavomíra. Et toi ?"
"Halding."
Maureen hocha la tête.
"Trouvé aussi. Bon, on n'est pas dans les mêmes cours généraux. Sauf pour quelques modules."
"Pas grave, l'université n'est pas si grande."
Au plaisir
Oui, Maureen, c'est un sacré caractère ! Moins effacée que Lidka.
Voilà que Lidka a trouvé une acolyte ! Elles risquent d'avoir à s'entraider bien rapidement avec toute cette gravité qui émane de l'université.
Petite remarque : la deuxième fois que Maureen est apparue, c'est écrit "une rousse" alors que Lidka l'avait déjà remarquée, peut-être "la rousse" conviendrait plus ?
C'est toujours un plaisir de te lire et de découvrir ton univers !
A bientôt
Merci pour la remarque. Tu as raison pour "la/une rousse". J'ai corrigé.
Comme je te l'avais dit, j'écris presque sans correction. Alors ce genre de faute peut apparaître (ainsi que des accents qui manquent,...).
Je corrigerai tout pour la version finale !