Une grande cloche, semblable à celle d'un église, fut sonnée. Lidka se demanda s'il s'agissait d'une vraie ou d'un enregistrement.
Le directeur adjoint entra dans la pièce alors que le silence se faisait.
"Jeunes gens, vous allez maintenant rejoindre vos classes de cours généraux. Les amphis se trouvent tous dans l'aile Nord. Le vôtre est le 1er chiffre qui vous a été attribué. Les nombres suivants sont ceux des salles des modules. Le premier chiffre de ceux-ci désigne l'étage. La lettre signifie Est ou Ouest. Si vous êtes perdus, vous pouvez demander à un membre du corps professoral ou à des étudiants de 2e ou 3e année."
Il marqua une pause.
"Notre enseignement ici est rigoureux. Et vous avez été sélectionnés pour d'excellentes raisons. Prenez votre travail au sérieux. Mais n'oubliez pas que nous sommes là pour vous aider. Bonne chance."
Maureen et Lidka se regardèrent. "Bonne chance ? Qu'est-ce qui lui prend ? On ne joue nos vies ici, tout de même, si ?"
Les étudiants montèrent le grand escalier et s'engagèrent dans un large couloir très haut sous plafond. Les murs blancs n'étaient pas sans accrocs mais en bon état général cependant. Les encadrements des portes des amphis étaient faits de bois ouvragé.
"C'est mon amphi", annonça Maureen.
"On se voit plus tard", répondit Lidka.
Elle avança un peu plus loin avant de trouver la salle qui lui était attribuée. Les double-portes étaient ouvertes et donnaient sur le haut de l'amphi. Il n'était pas aussi grand qu'elle l'avait imaginé. Il lui faisait penser à une petite salle de théâtre. Elle descendit quelques marches, choisit un rang vide et s'assit en observant autour d'elle.
Elle n'eut pas le loisir de rêvasser bien longtemps. Le professeur entra et se dirigea vers son bureau en contrebas sans lever la tête. Il y posa sa serviette et en sortir un dossier qu'il déposa à plat sur la table sans l'ouvrir.
"Mesdemoiselles et Messieurs, bonjour. Mon nom est Professeur Baird. Mon domaine d'enseignement est l'astrophysique appliquée et la transposition de particules. Vous aurez des modules plus spécialisés que mon cours, assez général. Mais je serai votre référent éducatif. Donc c'est à moi que vous adresserez vos questions sur votre cursus en général, par l'intermédiaire des boites aux lettres en face de la salle des professeurs, au 1er étage."
Il marque une pause, parcourut l'assemblée du regard.
"Vous comprendrez l'importance de notre enseignement au cours de l'année. Et, je l'espère, nous aiderez dans le grand projet de l'Université. Rappelez-vous que vous êtes spéciaux, que vous avez été sélectionnés pour vos aptitudes et votre personnalité. Aussi notre intention est de vous donner l'occasion de mettre vos talents au service de l'humanité. Votre présence ici est une chance et une responsabilité. Nous comptons sur vous comme vous pouvez compter sur nous. Faites de votre mieux pour ne pas nous décevoir."
Lidka se demandait si Maureen avait droit au même discours d'introduction. Parce que, si le type qui était venu au foyer de l'université de Prague et avait fait l'article pour promouvoir son université en la qualifiant de "Harvard d'Europe Centrale" (bien que la Roumanie se trouvait en Europe de l'Est, mais Lidka s'était retenue de lui faire remarquer), il l'avait présentée comme une opportunité de se bâtir une carrière spectaculaire. Pas comme une plongée dans une société secrète ou une entrée dans les ordres. Peut-être aurait-elle dû lire le contrat dans son ensemble avant d'accepter. De toute manière, c'étaient ses parents adoptifs qui avaient signé. Mais qui sait ce qu'ils avaient compris de plus ?
Ce qui avait vraiment intrigué Lidka lors de l'entretien -et presque effrayé- c'était à quel point il était renseigné sur elle et son parcours scolaire. Qui lui avait fourni toutes ces informations, et pourquoi ? Qu'avait-elle de vraiment remarquable ?