Ce jour-là, Joe, le hamster des Sullivan, s’égosillait depuis près d’une heure dans le salon de Newton :
— Il était là ! Je l’ai vu de mes propres yeux !
Newton, assis dans son fauteuil, la paire de Charentaises du père de Winnie aux pattes, s’efforçait de défriser ses moustaches pour ne pas s’emporter :
— Et tu dis que le fantôme a ouvert le frigo ? reformula le lapin.
— C’est bien ça. Son petit rire hystérique me hérisse encore le poil. Je suis plus décoiffé que le jour où je suis passé au sèche-linge ! Newton, il faut m’aider !
— Évidemment, marmonna le lapin. Et, a-t-il pris quelque chose à l’intérieur ?
— Du gruyère ! Un énorme bout de gruyère que ma maîtresse venait d’acheter chez le fromager !
Le hamster s’agrippa au col de la robe de chambre du détective comme il l’aurait fait aux barreaux de sa cage si bien que Newton en perdit le bâton de réglisse qu’il avait l’habitude de ronger quand il recevait ses clients.
— Tu te rends compte ? Tu vas faire quelque chose, n’est-ce pas ? Je suis certain que je suis le prochain encas sur sa liste… C’est moi qu’il va bientôt manger ! Vous DEVEZ m’aider, toi et ta bande ! Tu m’entends ? répéta Joe.
Le détective leva les yeux au ciel. Il attrapa doucement le hamster par la peau du cou avant de le déposer sur le tapis.
Alanguie sur l’accoudoir du canapé, Rubie, la chatte siamoise avec qui Newton partageait les lieux, releva soudain la tête. Tout ce tapage, c’en était trop :
— Ça, pour t’entendre, on t’entend ! Je pense même que ma cousine de Londres a reçu le message !
La chatte se renversa légèrement sur le flan.
— Ta ration de graines est forcément trop riche en protéines. C’est du soja qu’ils te font avaler, tes maîtres ? Ça ne m’étonnerait pas. Mets-toi au vert quelques jours et arrête la roue. Tout ça, c’est trop de stimulations pour un si petit cerveau.
Rubie s’étira alors de toute sa longueur avant de s’en retourner à sa sieste.
Newton et Joe l’avaient écouté prodiguer ses conseils, les sourcils froncés.
— Écoute, Joe, reprit Newton, il n’y a pas de fantôme. Tout ça, c’est du délire.
Le lapin arrangea son encolure froissée.
— Tu vis bien dans la maison qui borde le square ? demanda-t-il.
— C’est ça, oui, assura le rongeur.
— Bien. Et donc, tu sais forcément ce qui a poussé les anciens propriétaires à déménager ?
— Non. Mais qu’est-ce que…
— Des souris, l’interrompit Newton.
— Des souris ?! répéta le hamster.
— Tu sais ce qu’est une souris, Joe ? Petit rongeur, museau pointu, grandes oreilles décollées…
— Pour sûr, mais…
Newton le coupa encore. Il n’avait pas de temps à perdre avec ces bêtises :
— La maison est infestée de souris, voilà tout. Je mettrai ma patte au feu que les petites malignes sont en train de jouer un mauvais tour à ton imagination. Crois-moi, elles sont assez futées pour ouvrir un frigo.
Newton se leva et, passant une oreille ferme autour des épaules de Joe, le poussa jusqu’à la sortie.
— Va donc faire un tour à la cave en rentrant, lui dit-il, je parie que tu y trouveras les restes de ton gruyère.
Joe frissonna à cette idée.
— À la cave ? Mais tu es complètement fou ?
— Allez, bien le bonsoir. Mes hommages à ton épouse.
Newton claqua la porte, soulagé de s’être enfin débarrassé du hamster.
Ca me fait vraiment penser à Le vent dans les saules (j'ai la sublime version BD de Michel Plessix, chez Delcourt, et j'ai même une dédicace ♥) : cette ambiance anglaise automnale et de sympathiques animaux, c'est tout à fait ça. Mais on ne s'en lasse pas en littérature jeunesse, surtout si c'est très bien écrit comme ici !
Hihi, comme c'est chouu :)) Et les dialogues sont très bien gérés, c'est souvent difficile dans les textes humoristiques ! Bravo :)
La lecture est très agréable, et ton style s'apprête vraiment bien à ce type de textes. La longueur : juste par-fait ! Vraiment, ça me fait plaisir de lire des petits textes comme ça, pas trop longs, mais assez pour bien poser les choses^^
Je lirai la suite avec plaisir !
C'est super agréable à lire, et mine de rien ça doit demander de l'imagination pour trouver une nouvelle petite enquête à chaque chapitre =)
Il y a décidément un côté feel-good dans ces petites intrigues d'enquêtes animalières. J'ai presque l'impression qu'on pourrait les prendre comme autant d'ouvrages illustrés indépendants, à la façon d'une série de livres jeunesse.
J'ai bien aimé la chute de cette histoire et les commentaires cyniques du chat. ^^
Je vais lire la suite.
Très chouette chapitre, sympa de voir Newton confronté à une enquête un peu plus longue. Même s'il en faudra plus pour mettre notre détective en difficulté eheh
En tout cas, j'aime beaucoup le style de l'histoire, l'ambiance est chouette. Une lecture agréable et apaisante.
Mes remarques :
"Je suis plus décoiffé que le jour où je suis passé au sèche-linge !" ahah
"Newton en perdit le bâton de réglisse qu’il avait l’habitude de ronger quand il recevait ses clients." j'adore trop mims xD
"Je mettrai ma patte au feu" hihi j'aime bien ces petits détails^^
Je continue !
La suite est tout aussi drôle et sympa à lire. J'arrive très bien à me représenter les personnages, le récit est captivant. Je trouve que c'est une chouette parodie de Sherlock Holmes, version Pierre Lapin de Beatrix Potter (deux séries que j'adore) !
Oooooh c'est trop mignon ! ♥
Je l'imagine tellement ce Newton avec ses grosses pantoufles et son bâton de réglisse, j'adore ce début, me voici emballée, je cours lire la suite, je suis sûre que cela me mettra de bonne humeur ^^