Newton regagna le salon en quelques bonds. Après s’être rassit, il déplia son journal.
— Halloween les rend tous fous, souffla-t-il à l’attention de Rubie qui lustrait avec application la fourrure son entrejambe aux couleurs de tiramisu.
— Tiens, la confiserie Applebye n’a pas reçu sa livraison de bonbons. À quelques jours d’Halloween, c’est un comble, marmonna le détective.
La nuit était tombée. Winnie et son père ne tarderaient plus à rentrer. Newton se mit alors à effacer les traces de sa double vie. Il quitta ses chaussons, plia sa robe de chambre et la glissa sous les assises du canapé et, enfin, versa le reste de son thé froid dans le feu de cheminée.
Newton repensa aux élucubrations douteuses des habitants de Bibury.
— On n’a pas idée de croire à des bêtises pareilles, dit-il à Rubie.
— À qui le dis-tu, approuva la chatte dans un bâillement
— Un zombie ! Une sorcière ! énuméra le lapin. Et maintenant, un fantôme ! Et puis quoi encore ?
La réponse à sa question lui parvint sous la forme d’un son métallique en provenance de la cuisine.
GLING, GLING, GLING, GLING…
Rubie arqua un sourcil, sa patte gauche encore étirée au-dessus de sa tête. Ses oreilles s’orientèrent alors en direction de la cuisine.
— Qu’est-ce que c’était ? demanda-t-elle.
GLING, GLING, GLING, GLING…
De surprise, elle perdit l’équilibre et glissa à la renverse du sofa. Quand elle se remit sur ses pattes, sa fourrure était comme électrisée.
Newton essaya de se montrer rassurant :
— Allons, allons, Rubie, regarde-nous. Toutes ces histoires commencent à nous monter à la tête. C’est surement Robbert qui cherche quelque chose à se mettre sous la dent.
Robbert était un rat cambrioleur à la retraite qui avait élu domicile dans les combles de la maison. Il n’était pas rare qu’il fasse quelques virées en cuisine dans l’espoir d’y dénicher des restes qui satisferaient son palais de gastronome. Le rat avait conçu un réseau complexe de tunnels dans les cloisons et sous les parquets, ce qui lui permettait de se déplacer discrètement.
C’est alors qu’un coin du tapis se souleva et qu’une paire de moustaches frétillantes apparut.
— Salut la compagnie !
Rubie adressa à Newton un regard plein d’inquiétude. La théorie du lapin venait de tomber à l’eau. Si Robbert était avec eux dans le séjour, qui pouvait bien se trouver dans la cuisine ?
Newton s’avança d’un bond déterminé jusqu’à la cuisine. Il allait prouver à Rubie qu’ils n’avaient rien à craindre et qu’il gérait la situation. Il balaya du regard la pièce. Ses yeux se rétrécir en deux fentes. Les lieux étaient plongés dans l’obscurité et les réverbères de la rue étiraient des ombres fantomatiques sur les murs. Le détective se laissa surprendre par un frisson qui remonta le long de sa colonne vertébrale. Il secoua vigoureusement la tête pour se remettre les idées en place.
Un millier de raisons pouvaient expliquer le drôle de bruit qu’ils avaient entendu, comme une cuillère à spaghettis tombée sur le carrelage.
Newton se hissa sur la pointe des pattes arrière.
Ou bien le couvercle de la poubelle renversée par un courant d’air.
Il tâtonna à la recherche de l’interrupteur.
Ou encore, les persiennes en fer malmenées par le vent.
Il actionna le petit va-et-vient en plastique.
Un écureuil dans le placard à conserves, peut-être.
UN ÉCUREUIL DANS LE PLACARD À CONSERVES ?!
J’arrive ici grâce aux Histoires d’Or et c’est une merveilleuse découverte ! Cette histoire pour enfant est tellement mignonne et drôle ! C’est adorable toutes ces petites enquêtes menées par un lapin et une chatte siamoise à l’approche d’Halloween.
J’ajoute ça tout de suite à ma PAL pour y revenir dès que j’aurai envie d’une lecture réconfortante ^^
J'aime vraiment vraiment beaucoup ! Et je suis admirative par le ton cosy mais doucement sarcastique, le vocabulaire riche mais juste, la plume fluide et évocatrice... Pour avoir tenté d'écrire du jeunesse (enfants, pas ados, je veux dire), ce n'est pas toujours si facile d'ajuster, même si l'on part avec l'idée de ne pas se censurer.
Je mets ton histoire dans ma PaL et je reviendrai après les Histoires d'Or !
Cette suite de petites histoires met le sourire aux lèvres. C'est tout mignon et on imagine parfaitement les personnages plus adorables les uns que les autres. :)
Vraiment, c'est choupi comme tout, ce recueil d'histoires. <3 Merci à la personne qui a proposé ton texte aux Histoires d'Or. Je le mets dans ma PàL pour y revenir après les HO.
Deux petites coquilles :
>> "Après s’être rassit," > rassis
>> "approuva la chatte dans un bâillement" > il manque un point à la fin de cette phrase.
Au plaisir ! =)
Décidément les aventures de ce lapin sont mignonnes, pleines d'humour et de tendresse. Cette saveur fait vraiment écho aux lectures et aux dessins animés d'enfance. Père Castor & Cie.
J'aime beaucoup la panoplie de personnages que tu as dressée jusque là.
Merci pour ce partage.
Artichaut
Chapitre 1 : “pour une autre affaire à dormir de debout” Y a un “de” en trop ^^
Chapitre 3 : “Rubie qui lustrait avec application la fourrure (de) son entrejambe aux couleurs de tiramisu” (ah bah je vois qu’il s’était fait la mal dans la phrase du chapi 1 lui ! xD)
J’adore tellement le visuel de ce lapin (et puis un gros lapin, c’est de belles bestioles ceux des Flandres haha) avec les charentaises de son propriétaire et un journal et tout, j’ai des images toutes mimis en tête comme dans ces vieux livres illustrés pour enfants, à l’aquarelle et tout, comme celles de Pierre lapin ^^ Ma mère me les lisait, donc c’est un peu une madeleine de Proust pour moi là hihi
J’ai souri aux différentes “enquêtes” résolues déjà, c’est inventif et encore une fois tout mignon, et j’ai ri tout haut à l’écureuil dans les conserves, répété deux fois, on sent bien tout l’outrage de notre détective envers cette intrusion x)
Je repasserai quand j’aurais envie d’une soirée sous la couette avec un thé <3
J'adore la chute absurde de ce chapitre. L'air de rien, on y apprend quelques petits éléments supplémentaires sur notre détective : sa double vie, ses camarades... Tu as créé un vrai petit univers autour de lui. La lecture est toujours aussi plaisante.
Mes remarques :
"C’est alors qu’un coin du tapis se souleva et qu’une paire de moustaches frétillantes apparut. — Salut la compagnie !" excellent xD
"Ses yeux se rétrécir en deux fentes." -> se rétrécirent ?
Un plaisir,
A bientôt !
Ces petites enquêtes sont délicieuses. Il y a un bon dosage entre policier et humour.
Cette histoire doit absolument atterrir dans ma Pile à Lire. J'ai besoin de savoir quelles vont être les prochaines affaires, savoir la suite avec cet écureuil. Newton est brillant et efficace. J'ai une grande confiance en lui.
A bientôt pour la suite !
J'aime beaucoup l'expression "entre jambes aux couleur de tiramisu". Beaucoup de suspense pour la suite, là... !!
Je crois qu'il y a une petite coquille au tout début : "Après s’être rassit et déplia son journal."
Je suppose que c'est "IL déplia son journal" ? sinon il manque une partie de la phrase.