Le Grêle-Âme

Dans une vallée isolée, où l'air portait l'odeur des écorces sèches, les légendes se murmuraient au crépuscule, lorsque les braises allongeaient les ombres et que les âmes naïves étaient prêtes à frissonner ou à s'émerveiller.

L'une d'elles avait traversé les siècles et les générations, excitant toujours l'imagination débordante de marmots attentifs.

Le Grêle-Ame n’est pas un être qui vit dans le temps ; il le traverse. Il se fond dans les âges, dissimulé sous des masques d'innocence, des visages d'enfant ou des sourires d'ange, des visages qui séduisent et égarent, avant d’engloutir. Sa véritable forme, si elle existe encore, demeure inconnue. Il n’a pas besoin d’un corps ; il emprunte ceux dont la pureté rayonne encore, les usant, les vidant de leur lumière, avant de les jeter comme des coquilles brisées. Plus il s’installe dans un hôte, plus sa propre corruption se dévoile, mais avec une ironie tragique : son apparence devient plus douce, plus angélique, comme si l’innocence pouvait, en fin de compte, cacher l’infini mal qu’il recèle.

Son passage ne laisse pas simplement des êtres en peine. Le Grêle-Ame broie ses hôtes, les écrase sous le poids de son mal, jusqu’à les réduire à l’état de cadavres vides, sans mémoire, sans souffle. Là où il passe, la vie s’éteint brutalement, non pas par une mort soudaine, mais par un déchirement lent, une dégradation insidieuse qui détruit à la fois le corps et l’esprit. Les victimes, une fois évacuées de leur feu intérieur, tombent dans un abîme sans retour, oubliant tout ce qu’elles étaient avant de devenir des coquilles décharnées. Le Grêle-Ame laisse derrière lui des morts, des essences écrasées sous le poids de sa malédiction, dont l’ombre persiste bien après leur disparition. Puis, dans un cycle sans fin, il se régénère, sa noirceur s’épanouissant toujours davantage dans un nouvel hôte, dont l’apparence devient chaque fois plus angélique.

La façon dont il change d’hôte reste un mystère insondable. Aucun témoin n'a jamais survécu à cet échange pour en dévoiler le secret. Certains murmurent que le Grêle-Ame s’empare de l’âme de son hôte en l’invoquant dans les ténèbres, avant de la lier à un autre corps, plus pur, plus vulnérable. D’autres prétendent qu’il utilise une méthode plus obscure, une forme de rapt silencieux, où l’âme abandonnée s'effondre dans un abîme sans fin, tandis qu'une nouvelle enveloppe se soumet à sa volonté. Ce secret, pourtant, ne se laisse jamais saisir et ceux qui osent le chercher sont condamnés à disparaître, à leur tour, oubliés dans le sillage du Grêle-Ame.

Écoutez bien, petits, car cette histoire n'est pas celle de simples contes pour endormir vos rêves. Derrière ces visages angéliques, des yeux d’une noirceur implacable se dissimulent, prêts à révéler leur mal. Ne vous laissez pas séduire par l’apparence innocente de ceux qui croisent votre chemin, car le Grêle-Ame cache dans les plus purs, les plus fragiles, et s’il vous trouve, il pourrait bien vous avaler tout entier. Ceux qui écoutent cette légende doivent comprendre que le Grêle-Ame ne fait pas de distinctions : il ne s’intéresse pas à l’âge, ni à la bonté. Il sème sa corruption là où il passe, et ceux qui croient que leur innocence les protégera sont souvent les plus vulnérables. Méfiez-vous des sourires d'ange et des promesses de douceur car sous chaque sourire pourrait se cacher un abîme prêt à vous engloutir.

Aujourd'hui encore, une malheureuse victime porte en elle le fourbe, ignorant le mal qui ronge son être. Elle se mêle à nous, traversant les rues et les sentiers, son visage d'ange dissimulant la noirceur insidieuse qui se cache dans ses yeux. Aucun signe ne trahit la présence du Grêle-Ame, pas de marque évidente sur sa peau ni de geste suspect. Elle semble innocente, pure même, mais son être, vidé de sa lumière, est désormais une coquille contrôlée par la malice éternelle. Ceux qui croisent son chemin, aveuglés par son apparence, ignorent que derrière son sourire se cache un abîme sans fin. Personne ne sait combien de temps il lui faudra avant que la corruption du Grêle-Ame ne se révèle enfin au grand jour. Pour l’instant, il poursuit son cycle sans fin, dissimulé dans l'ombre de l'innocence.

Tandis qu'elle avance parmi nous, l'ombre du Grêle-Ame se tisse patiemment, se glissant dans les recoins de l'innocence, prête à dévorer ceux qui, sans le savoir, s'approchent trop près de son regard pur, ignorant que le mal se cache dans la douceur même de ce qu'ils croient être la lumière.

 

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Syanelys
Posté le 23/06/2025
Cléandre... Je crois qu'on vient de te couper au montage. Est-ce que ça va ? On t'a censuré dès le moment où le conte pour petits évoquait l'innocence et la pureté.

Je ne vois pas qui est décrit... Sûrement que l'hôte en question est une des victimes de tes arnaques. Je ne vois que ça.

D'une manière ou d'une autre, si tu vois plus loin que ton saucisson, tu seras sûrement impliqué dans le sillage du Grêle-Âme.

Par cette missive, je souhaitais donc te saluer, peut-être une dernière fois.

Pense à nourrir Miranda, hein ? Ce petit ange doit survoler le monde que tu lui lègueras !

Non vraiment, je ne vois pas de qui ce conte parle...

Hum...

Qui l'a écrit ? Je sens une présence autre que la tienne, Cléandre !
ClementNobrad
Posté le 23/06/2025
Hey !

Cléandre prend soin de Miranda, pas de souci là-dessus : un abri (si on veut...), un bout de pain, une caresse sur la tête si elle éternue pas trop fort. Mais alors son saucisson, attention. Là, c’est zone interdite. Sacré, inviolable. Même une enfant possédée n’a pas droit d’y toucher. C’est LE truc qu’il ne partage pas. Pas même sous la torture, pas même sous l’éternuement démoniaque.

Sinon, petit passage à vide pour notre héros et la fillette aux crises explosives : ils prennent une pause dans ce chapitre, sirotent du silence pendant que le Grêle-Âme entre en scène.
Je n’ai pas voulj faire genre "ooooh mystère, mais qui est-ce donc ce vilain très vilain ?". Non non, sabots bien enfoncés dans la gadoue, on comprend très vite que le machin habite Miranda, façon coloc envahissant qui paie pas le loyer et bouffe l’âme du frigo.

Si quelqu’un pige pas ça, honnêtement, je peux plus rien faire. Faudrait peut-être une pancarte en haut du chapitre : Attention, démon interne en activité.

Alors, Ayako, qu’est-ce que t’en dis ?
On lui colle un aller simple vers le néant cosmique ? Un bon coup de patte de chat interstellaire, façon K’mie améaaaaa ! et hop, plus de Grêle-Âme, plus de souci.
(Sauf le saucisson, ça, ça reste sacré.)

A très vite !
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