Le jour où

Tu es partie.

(Quel euphémisme !)

Je me souviens de ce jour, gravé dans ma mémoire.

Ce matin là, je me suis réveillée plus tôt que d’habitude.

Je ne voulais pas ouvrir mon téléphone car je redoutais de ne rien recevoir.

Mais je l’ai fait quand même à contre cœur et un message est apparu :

 

« Appelle-moi au plus vite, j’ai une mauvaise nouvelle à t’annoncer. »

 

Pour info, cela ne donne pas du tout envie d’appeler au plus vite !

Je ne connaissais pas le numéro mais je savais déjà ce que voulait me dire ton amie.

Je me suis dit en rigolant jaune, non ce n’est pas ça !

On n’oserait pas m’annoncer ça par message et en employant ces mots absurdes !

Durant les heures qui ont suivi, je relisais ces mots en marchant dans les bois.

Je devais fuir mais je n’ai rien pu faire.

Je marchais accompagnée par la peur mais je savais déjà.

Je chassais tant bien que mal l’idée du suicide de ma tête.

C’était impossible.

On devait se voir à Londres pour mon anniversaire dans deux semaines.

 Il fallait que je l’appelle. Qu’elle me démente mon pressentiment.

J’aurais aimé pour une fois dans ma vie que l’on me mente.

Je me suis assise sur le banc où l’on s’était vues pour la dernière fois.

Après une hésitation je me suis résignée à appuyer sur le bouton : appel.

Après deux sonneries, j’entant une voix fragmentée prononcer mon nom dans un souffle à peine audible.

Je savais.

Je ne voulais pas savoir.

Mon cœur battait dans mon estomac, mon estomac me remontait dans le cœur.

Je retins ma respiration jusqu’à ce que...

-  Ophélie est morte hier. 

Un « non » est sorti machinalement de ma bouche et il ne pouvait plus s’arrêter.

Mon cerveau s’est brouillé comme un antenne de radio à la campagne.

Mon interlocutrice tentait de m’expliquer le pourquoi du comment. Comme s’il y avait une réponse satisfaisante à donner.

Avant qu’on retrouve ton corps dans ta chambre, tu préparais ta valise pour rejoindre ta sœur pour son mariage. Tes colocataires auraient entendu un grand boum mais personne n’aurait bougé une oreille.

Etrange.

Durant plusieurs jours ta valise est restée là, devant ta porte. Ils n’auraient toujours pas réagi.

Suspect.

Et cette histoire à dormir debout concernant un rhume que tu aurais attrapé.

Ridicule.

On ne meurt pas à 22 ans d’un rhume. Même en Angleterre.

Ils méritent d’être poursuivi pour non-assistance en personne en danger ces connards.

Je me demande quelle est la dernière chose à laquelle tu as pensé. A ta sœur ? A ta mère ?

As-tu souffert ? Combien de temps ?

Est-ce que tout ça était inévitable ? Pourquoi ?

Je n’aurais jamais de réponse.

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