Lorsque les passagers de Scintillam pénétrèrent dans le fameux Kiosque Rose, ils commandèrent des pommes de ciel, cinq cuisses d'aiglons de feu et des rafraîchissements conçus à partir de nuages sucrés.
Annie n'eut qu'un bref coup d’œil à son assiette. Même si elle aurait actuellement pu dévorer une pégase, la nourriture lui importait peu. Elle inspectait les lieux, en ignorant les Wolkenais en train de la scruter à travers leurs lorgnons d'or. Élevé au bord d'une falaise sableuse et biscornue, le Kiosque Rose lui offrait une imprenable vue de la Cité Bleue. De là, on aurait cru avoir affaire à un paradis bien agité. Les demeures juraient, riaient et se déplaçaient dans un boucan phénoménal. Les pégases hennissaient en les apercevant surgir, tandis que les fiacres qu'ils tiraient retombaient brutalement au sol. Mais la brume enlaçait ces spectacles ahurissants et plus Annie cherchait à regarder loin, plus elle se densifiait voluptueusement. Derrière les nuages, les archipels ne se résumaient plus qu'à des silhouettes fantomatiques.
L'intérieur du bâtiment n'était sans moins magnifique. Du lierre s'enroulait telle une écharpe végétale autour des piliers rosés. Au centre du restaurant, une large fontaine de la même couleur écumait une eau pure et glacée. Si une partie de cette pièce circulaire était réalisée de sorte que le panorama extasiât plus d'un, l'autre pullulait une immense mosaïque de diamant. Annie ne savait pas bien ce qu'elle représentait mais tout ce luxe céleste l'impressionnait.
Mais dès que son nez retomba dans son assiette, ses problèmes refirent surface. Essayant de déglutir un morceau bien trop conséquent de pomme de ciel, Annie pensait qu'elle devrait sûrement partir de Scintillam pour trouver toutes les réponses à ses questions. En compagnie de cette famille, tout allait bien trop lentement. Pourtant, elle sentait qu'une fugue serait d'un danger absolu et d'une stupidité décevante. Xia l'avait invité chez elle avec générosité, et elle doutait que tous les Wolkenais eurent un esprit aussi bienfaiteur. Cette famille avait fait énormément pour elle, commençant par cette robe achetée à une somme improbable. Et cette étreinte échangée avec Solveig... Qu'est-ce que cela signifiait-il ? Solveig se méfiait d'elle. Au moindre mot désobligeant qu'elle fournissait à Xia, un venin inquiétant brûlait dans ses yeux. Alors qu'est-ce qu'il lui avait pris ?
Annie jeta une œillade furtive à sa silhouette, délicatement installée à l'autre bout de la table aux courbes rondes, surplombée par une enfilade de lustres délicats. Elle soufflait de tels apaches de fumée qu'Annie se demandât comment elle pouvait rester aussi lumineuse, malgré tout tabac qu'elle ingurgitait. C'était une rareté de la voir sans sa pipe plantée dans le sourire, même à l'heure du midi.
- Ce n'est qu'un sacré carnage...
Annie tourna lentement la tête vers Varid, isolé avec une gazette jaunie. L'épaisseur de ses bésicles troublait ses yeux mais elle y distingua de la colère. Il en voulait encore à sa femme.
- Qu'est-ce qui est un sacré carnage, père ? Questionna Xia, tout en délectant sa viande.
Varid ne répondit pas, à moins que l'on considérât ses incompréhensibles mâchonnements comme une réponse. Annie en était plutôt soulagée. Elle avait l'impression que s'il ouvrait trop longtemps la bouche, il exploserait. Son teint bouillonnait à vue d’œil.
Déçue, Xia eut un dernier regard fugace à son père, qui serra les dents, avant de venir à Annie dans un gracieux mouvement de boucles roussies.
- C'est génial que tu saches produire de la magie. Personnellement, je crache mon onde bien plus rapidement mais chacun son rythme.
- Oui.
Annie essayait de s'imprégner de leur vocabulaire. Elle renifla dans un mouchoir et dit :
- Cette douleur... Était-ce normal que... ?
- Oui et non, déclara Xia sans attendre la fin de ses paroles, pour cause, elle la connaissait déjà. Plus tu sais manier la magie, plus tu connais ses propriétés, plus tu t'entraînes à l'invoquer et moins la douleur sera intense lors d'une extirpation. A force de s'instruire à son sujet, les grands magiciens ne ressentent qu'un infime picotement en crachant leur onde. Mais ce sont des magiciens fraîchement sortis de l'Internationale École, dans la Porte de Magnama.
Elle joua avec les garnitures de ses manches, des petites perles étoilées. Puis l'un de sourcil se cambra magistralement.
- Tu n'es pas une humaine, tout compte fait.
Son ton avait aigri. Ses yeux se levèrent doucement vers elle, mais ils exprimaient un majestueux orage.
- Pourquoi m'as-tu menti ?
Annie déglutit silencieusement. Les aiglons de feu avaient une saveur délicieusement épicée, et si chaude qu'elle brûlait la langue. La saveur de l'espoir. Toutefois, cette divine bouchée lui laissa un amer goût dans la gorge. Les dires de Xia avaient écrasé toute l'exquisité de la viande.
- Je ne t'ai pas menti, balbutia Annie en choisissant bien ses mots.
- C'est vrai, Xia.
Annie s'étrangla à moitié en reconnaissant la douce, la flamboyante, la calme et déterminée voix de Solveig. Décidément, elle s'était fait la fixette de venir sans cesse à son secours.
Déposant gracieusement sa pipe à côté de ses couverts, essuyant ses lèvres dans une serviette brodée, elle souriait autant que ses mâchoires le lui permettaient.
- Ce n'est ni une Rosenoire, ni une simple Nuageuse.
Xia ricana, mais il s'agissait d'un rire nerveux, presque apeuré.
- C'est quoi, alors ?
- Une humaine, souffla suavement Solveig.
Sa fille arqua ses sourcils, désorientée. Puis elle saisit brutalement ses couverts et avec toute la dignité qu'il lui restait, elle décortiqua son aiglon de feu. Annie suivit ses mouvements, bouche bée. Fluides, furtifs et rigoureux, même pour manier une fourchette, ses gestes étaient un parfait exemple de grâce.
- Depuis ma première année à l’École Nationale de la Magie, commença-elle avec assurance. On nous enseigne que les humains vivent sans la magie. Il n'y en a pas une goutte dans leur veine, il n'y en a pas une particule dans leurs boulevards. Que peux-tu répondre à ça, maman ? Et pendant que j'y suis, si tu pouvais me passer la salière, tu serais un ange !
Solveig s'exécuta, les lèvres pincées.
- Annie est humaine et la magie qui coule dans ses veines est tout simplement miraculeuse. Peut-être que l’intéressée a quelque chose à rajouter ?
L’intéressée en question fixait les veines violettes qui serpentaient à ses poignets d'un air fasciné. Mais lorsqu'elle comprit qu'on la scrutait avec la même intensité, elle eut la bonne idée de se ratatiner sur sa chaise... avant de redéployer sa colonne vertébrale en une droiture irréprochable. A force de côtoyer de pareils personnages, elle devait apprendre à ranger sa réserve au placard. Ses sourcils se fronçaient, sa bouche s'asséchait, des gouttelettes de sueur perlaient et ses doigts tremblaient mais elle réussit à débiter :
- Je ne comprends rien à ce qui m'arrive alors laissez-moi donc en paix.
Tels furent ses mots avant qu'elle replongeât dans la contemplation de son poignet. Xia tintinnabula en tressautant, Solveig soupira en remportant son attention sur sa pipe et Varid tourna une page de sa gazette avec un froissement autoritaire. Mais le silence qui s'apprêtait à dégringoler autour de la table s'en fut comme un coup de vent. Au sommet des marches qui menait au kiosque, un cortège de Wolkenais arrivait en riant, véritable avalanche de perruques et de robes, de redingotes et de breloques.
Dans une symétrie irréprochable, les nez se levèrent vers les nouveaux venus, détaillant leurs visages, les jugeant sans les connaître, jurant sur leurs voix trop fortes et trop aiguës. Puis tout les nez replongèrent dans leurs diverses occupations, qu'elles soient de manger, de consulter une montre ou de feuilleter la gazette à potins.
Varid lui-même lâcha un petit rire méprisant dans sa lecture.
- Quelle sorte d'outrages vous extrait un tel fou rire, père ? Demanda Xia, de nature très curieuse.
- Le discours de notre cher Héraclès, croassa Varid. Souvenez-vous, celui qui avait promis un refuge à dragons dans le Sud d'Avekstella. Il s'agissait encore un plan à la comète !
La conversation reprenait sur des ragots. Annie put respirer normalement. Elle rejeta sa chevelure ombreuse dans son dos et engloutit un énorme morceau de pomme de ciel.
- Quand même, s'agaça Solveig, en portant son verre à ses lèvres. Je trouve qu'il exagère. C'est la cinquième fois qu'il annonce un projet alléchant, sans qu'il ne tienne jamais route ! La vieillesse ne lui offre pas la même énergie qu'autrefois.
- Je parlerais plutôt d'une certaine soif de retourner sous les projecteurs.
Ce fut sur cette rectification que Varid tourna la page de son journal, non sans avoir imprégner la précédente d'une particule de salive. Ses favoris roux ondulaient sur son crâne comme un feu crépiterait sur les bûches. Il semblait avoir oublié sa colère, ou alors il ne préférait pas y penser, ou alors il la remportait pour plus tard.
Tout allait pour le mieux jusqu'à ce que son petit gloussement se transforma en sursaut de surprise. L'affût acéré de son nez collé au papier, les yeux écarquillés d'ahurissement, Varid observait sa gazette comme s'il n'avait rien vu de plus fascinant. Puis enfin, un cri ridicule lui échappa :
- Sapristi !
- Quoi ? Quoi ? S'affolèrent fille et femme.
Annie ne dit rien, mais au son de sa surprise, elle sentit ses cheveux se redresser brusquement sur sa nuque.
- Écoutez-moi ça ! S'exclama le père en coupant les élans. Le titre est le tel : Une cité menacée. Mr Pollux, directeur de l’École Nationale de la Magie, Cité Blanche, deuxième arrondissement, a toujours eu des prédictions atroces et mensongères. Or il semblerait qu'il ait cette fois vu juste. Hier soir, nous l'avons apprit à nos dépens. Un bout de la Cité Blanche s'est dissolu ! Ce n'était heureusement qu'un petit bloc de pierre tenu à ses rebords. Les trésors de la Cité restent à l'abri et il n'y eut aucun dégât. Mais hélas, la triste et stupéfiante vérité nous foudroie : la magie a déserté ce lieu. La Cité Blanche se voit donc privée d'un bloc de quelques mètres. Ce n'est pas le moment de paniquer, l'enquêteur Badal s'est mis au travail avec efficacité. Les probabilités qu'il s'agisse d'une érosion naturelle sont faibles. D'après lui, cette dissolution est due à un magicien particulièrement incompétent à qui la mission de solidification aurait été donné. Reste encore à savoir qui.
Varid froissa brutalement son journal. Face à lui, Solveig se massa les paupières avec délicatesse. Xia déposa une main stupéfiée devant sa bouche. Annie, elle, tournait en boucle le contenu de la gazette pour bien s'imprégner le cerveau, et pour mieux comprendre son sens. Un silence culmina l'attablée. Les prunelles scrutaient le fond de leurs assiettes sans y voir la nourriture. Les fourchettes allaient du plat aux bouches dans une symphonie de cliquettements métalliques. Mais personne ne se souciait de savourer l'arôme qu'elles emportaient.
- Ne pas paniquer, hein ? Relança Solveig d'une voix hautaine. C'est avec de tels mots qu'on cède à l'épouvante.
Annie ne tarda pas à comprendre à quel point son observation était juste. Dans les tables alentour s'agitaient déjà des courtisans ; les verres se renversaient, les mouchoirs glissaient sur les joues, les doigts se plaquaient contre les lèvres et les yeux ressassaient, abasourdis, le contenu du même article.
L'humaine trouvait cet instant surréaliste. Pas un Wolkenais qui se recoiffât devant un miroir de poche, ni une Wolkenaise qui refît l'ordre dans son impressionnante quantité de bracelets. Plus personne ne faisait attention au raffinement de sa physionomie, chacun avaient le visage englouti dans son journal.
- Désirerez-vous un dessert ?
Les quatre attablés sursautèrent. Devant eux venait de surgir un petit être au regard vicieux dont la barbe, telle une rivière de poils, dégringolait silencieusement jusqu'à sa taille. On l'avait orné de rosiers grimpants et épineux et la toge de cette créature s’étiquetait d'une enseigne « Le Kiosque Rose ». Annie n'en avait aucun doute, c'était un employé du restaurant et il s'agissait d'un nain. Ignorant sa question, elle le gratifia d'un long regard fasciné.
Pour des êtres que l'on qualifiait humanoïdes, Annie les trouvait bien animaliers. Voûtés comme des taupes, bossus comme des tortues, leur gorge de grenouille se surmontait d'une mâchoire canine, puis de deux yeux porcins. Par dessus cette mâchoire se peignait un sourire carnassier, faussement poli.
- Désirerez-vous un dessert ? Répéta-t-il, en fronçant ses énormes sourcils broussailleux.
Sa voix était rauque et gutturale, comme quelqu'un à qui on ne parle pas assez. Annie plongea son regard dans son assiette, pour ne pas qu'il vît à quel point elle était captivée par lui. Xia, elle, profita de cette question inespérée. Ses breloques tintinnabulant, ses jupons se froissant et ses bouclettes tourbillonnant autour de son visage, elle se retourna vers ses parents, tout sourire.
- Si vous m'accordez du fondant saupoudré de râpé de Lune, vous serez des anges !
- Ce serait un très bon choix, soutint le nain en sortant un calepin.
Varid déchira sa gazette en deux, le front plissé par un haussement de sourcils ennuyé.
- Mais ce sera non. Dès à présent, nous devons économiser. On se passera donc de ce petit plaisir, merci.
Sitôt les dires de son père achevés, Xia croisa les bras, la moue boudeuse. Un sourire glaçant zébra les lèvres du nain, qui marmonna :
- On a dépensé sans compter, hum ?
- On peut dire cela comme ça, admit Varid en lançant un regard noir à sa femme, qui fumait sans bruit.
- Je vois.
Le nain gratta la peau fripée de sa joue, le rictus songeur. Il avait beau être affreux, grignoté par son interminable barbe et doté d'un faciès peu recommandable, Annie semblait percevoir une certaine tristesse aux tréfonds de ses yeux dorés. Elle se plaqua une main contre le front. Hors cela, elle avait l'impression que sa présence la rendait migraineuse.
- Tenez, et aboulez la monnaie. J'espère que vous avez passé un bon repas.
Ils troquèrent quelques plumes de cigognes contre l'addition. Xia saisit l'occasion pour rapprocher son siège de celui d'Annie dans un grincement de bois peu discret.
- C'est les scientifiques qui ont découverts ça... Murmura-elle dans son oreille.
- Quoi, ça ?
- Les scientifiques se demandaient pourquoi en présence des nains, on était pris de nausées. Les nains sont en fait capturés par des ondes émotionnelles particulièrement conséquentes. Ils ne sont indifférents à rien ! Leurs ondes émotionnelles sont telles qu'ils nous les transmets, sous l'intermédiaire de la magie atmosphérique.
Annie observa tour-à-tour Xia et le nain, éberluée.
- C'est fascinant, murmura-t-elle.
Puis elle sentit inexplicablement un frisson lui visiter l'échine. Ce monde regorgeait de magie, de dangers, de créatures époustouflantes et de superficie. Annie trouvait qu'elle n'aurait jamais pu tomber sur mieux et sur pire à la fois. Un reniflement l'ébranla de telle sorte qu'elle fut obligée d'enfourner son visage entier dans un nouveau mouchoir. Ce dernier avait pris une horrible teinte verdâtre lorsqu'elle rejaillit.
Xia contempla le carré de tissu d'un air écœuré, tout en lissant sensuellement ses bouclettes, puis son sourire refit son apparition théâtrale.
- Et j'ai réfléchi aussi...
Elle sortit brutalement tout un attelage de poudres, de parfum et de breloques sur la table. Annie recula, en croyant qu'elle espérait remodeler son minois sous tout ce maquillage poussiéreux et odorant. Mais Xia se contenta d'observer consciencieusement son reflet, en quête d'un défaut à repoudrer.
- A quoi as-tu réfléchi ? S'enquit Annie en déglutissant.
- Je sais pourquoi tu as créé de la magie.
Annie sursauta. Xia avait prononcé ses paroles d'un ton de constat, alors qu'elle repeignait ses lèvres en rouge. Dans sa poitrine, il lui semblait que son cœur faisait un concert assourdissant.
- Et... ? L'incita-elle à poursuivre, les yeux suppliants.
Xia prit le temps de rougir complètement ses lèvres avant de lui répondre :
- Et si l'un de tes parents était un Nuageux ? Je veux dire, est-ce que l'un deux ne pourrait pas avoir eu une vie dans les nuages, avant de la recommencer sur Terre ?
Annie mordilla songeusement une mèche de sa chevelure, l’œillade fixée au loin. Puis elle secoua négativement la tête. Elle avait toujours eu l'habitude de la face cruelle de son père, chauve comme un œuf, où se coulait des traits aiguisés, comme sculptés au canif. Il disposait également d'une horrible dentition, et de longs bras noircis de tatouages. Dans la Wolken, il lui tardait de rencontrer des gens aux allures colossales, et aux visages poudrés par nul maquillage. Malcolm Blouney n'était pas Wolkenais.
Et en ce qui concernait sa mère, Annie l'aurait mieux trouvé dans la peau d'une vieille chouette que dans celle d'une Wolkenaise. Il s'agissait d'une femme particulièrement élancée, dotée d'un teint si pâle et de cheveux si sombres qu'ils refilaient parfois des frissons. C'était les seuls héritages qu'elle fut don à sa fille. Une énorme paire de lunettes accrochée à son nez, une voix si aigre qu'elle scandalisait les auditions et des talons aiguilles qui piétinaient le sol sans ménagement, voilà les seuls souvenirs que Gladys Blouney laissait à Annie.
L'Annie en question réémergea, le cœur battant. Les doigts cramponnés à ses couverts comme si la vie en dépendait, le front perlé de sueur, la bouche entrouverte sur un cri silencieux et les cils papillonnant de stupéfaction, elle avait tout l'air d'un enfant ressorti d'un cauchemar.
Rouge et honteuse, elle entreprit de se verser un verre d'eau, sans oser croiser le regard de ses compagnons. Le glouglou continu du liquide qui s'écoulait la prenait de nausée. Elle resta un long moment à visualiser son récipient, une veine palpitante au niveau de sa tempe, jusqu'à ce qu'elle n'y tînt plus. Lentement, très lentement, ses yeux se levèrent vers la famille, avant de les rebaisser aussitôt. Les passagers de Scintillam la fixait tous avec un mélange d'effroi, d'inquiétude et de curiosité. Ne la quittant plus du regard, Varid ne s'était pas rendu compte qu'il essuyait ses bésicles avec la serviette du restaurant, maculée de sauce tomate. Solveig gardait les sourcils froncés, tout en bourrant sa pipe. Quant à Xia, elle ne semblait pas se soucier de sa mèche de cheveux collée à son rouge à lèvre encore luisant. Elle la contempla de ses grands yeux désormais cerclés d'or.
- Tu sais... Commença-elle en se redressant sur un coude.
Mais Annie ne connut jamais de fin à ce début. Un fracas assourdissant coupa tout les élans. Le sourire compatissant de Xia s'effondra avec confusion. Solveig s'étouffa à moitié. Pour la deuxième fois de la journée, Varid lâcha ses bésicles, qui tombèrent au sol. Non loin de là, le nain hoqueta. Une courtisane se mordit la langue d'ahurissement. Son camarade hurla.
Ils fixaient tous le même point au loin. Et lorsque Annie, tremblante et curieuse, se retourna à son tour, elle sentit littéralement son sang se figer dans ses veines.
Survenu d'on ne savait où, tandis que les hurlements montaient vers le ciel, un énorme tourbillon de ténèbres réduisait peu à peu le plafond pointu du kiosque en cendre...
Ouh la la, quel suspense de folie ! Qu’est-ce que tu nous réserves ? Tu nous promets du lourd !
Ce qu'il faut fixer :
L'intérieur du bâtiment n'était sans moins magnifique. = L'intérieur du bâtiment n'était non moins magnifique.
l'autre pullulait une immense mosaïque de diamant. = expression maladroite avec le verbe « pulluler »
Qu'est-ce que cela signifiait-il ? = Qu'est-ce que cela signifiait ?
Au moindre mot désobligeant qu'elle fournissait à Xia = maladroit, le verbe « fournir » n’est pas adapté
malgré tout tabac qu'elle ingurgitait = malgré tout le tabac qu'elle ingurgitait
Puis l'un de sourcil se cambra magistralement. = Puis l'un de ses sourcils se cambra magistralement.
- Je ne comprends rien à ce qui m'arrive alors laissez-moi donc en paix. = tu peux supprimer le « donc » qui évoque déjà la même idée que « alors »
Puis tout les nez replongèrent dans leurs diverses occupations = Puis tous les nez replongèrent dans leurs diverses occupations
Quelle sorte d'outrages vous extrait un tel fou rire, père ? = Quelle sorte d'outrages vous extrait un tel fou rire, père ?
Il s'agissait encore un plan à la comète ! = Il s'agissait encore d’un plan à la comète !
non sans avoir imprégner la précédente d'une particule de salive = non sans avoir imprégné la précédente d'une particule de salive
ou alors il la remportait pour plus tard. = ou alors il la reportait pour plus tard.
Désirerez-vous un dessert ? = Désireriez-vous un dessert ? (conditionnel présent pour des formules de politesse ou de condition, mais aussi pour des rêves, des souhaits et désirs)
Désirerez-vous un dessert ? = Désireriez-vous un dessert ? (conditionnel présent pour des formules de politesse ou de condition, mais aussi pour des rêves, des souhaits et désirs)
Si vous m'accordez du fondant saupoudré de râpé de Lune, vous serez des anges ! = Si vous m'accordiez du fondant saupoudré de râpé de Lune, vous seriez des anges ! (conditionnel présent pour des formules de politesse ou de condition, mais aussi pour des rêves, des souhaits et désirs)
C'est les scientifiques qui ont découverts ça... = Ce sont les scientifiques
Leurs ondes émotionnelles sont telles qu'ils nous les transmets =Leurs ondes émotionnelles sont telles qu'ils nous les transmettent
Un fracas assourdissant coupa tout les élans. = Un fracas assourdissant coupa tous les élans.
réduisait peu à peu le plafond pointu du kiosque en cendre... = en cendres
Ce chapitre est toujours fluide et savoureux. En plus il m’a vraiment donné envie de tester des pommes de ciel et des aiglons de feu (mdr). J’aime beaucoup aussi l’idée qu’Annie ait enfin compris que cette famille lui cache trop de choses et que par conséquent elle doit s’aventurer toute seule, par elle-même, histoire de trouver des réponses. Cette prise de conscience est capitale et donne de la profondeur au personnage, car sinon Annie serait tout bonnement ennuyeuse. Et ses interactions avec Xia sont naturelles, attachantes, drôles… Une complicité de sœurs, je dirais ! C’est un très bon travail que tu nous montre.
Personnellement, le seul moment qui m’a gêné c’était peut-être… la déshumanisation du nain comparé à des animaux ! « Pour des êtres que l'on qualifiait humanoïdes, Annie les trouvait bien animaliers. » Sur ce coup, j’ai vraiment eu de la peine. Sans vouloir te vexer ou te blesser (et je sais que ce n'est pas ton intention), je ne pense pas que des nains aimeraient être assimilés à des animaux… Après, c’est juste mon avis, hein ^^
A part ça, j’ai également l’impression que Varid est moins « ronchon » qu’avant x) Solveig est toujours aussi majestueuse et imposante. Le fait qu’elle protège Annie mais que cette dernière la rejette me laisse toutefois perplexe… Serait-ce le début d’une relation mère-fille ? A moins que tu me donnes de fausses pistes pdtrrr
Allez à plus !
Cherry blossom
On dirait que j'ai la fâcheuse manie d'oublier des mots ! Désolé pour ces maladresses x) Et surtout, surtout, merci d'avoir pris le temps de relever toutes les coquilles <3
Donc si je comprends bien, Annie serait ennuyeuse si elle ne pensait pas enfin à s'aventurer seule... "serais" et pas "est ennuyeuse" du coup ? (excuse-moi pour cet harcèlement de questions XD)
C'est vrai que j'y est été un peu fort avec les nains XD J'essayerais d'alléger leur description - apparemment, tu n'es pas la seule à qui ça a posé problème.
Varid commence tout simplement à s'habituer à la présence d'Annie, à mon avis. Quant au rejettement d'Annie face à Solveig, j'y ai bien réfléchi. Etant donné son passé d'enfant battu, la jeune fille n'a pas de très bonnes figures parentales et de plus, d'un tempérament extrêmement méfiant, malgré le dévouement de certains, elle a encore beaucoup de mal à accorder sa confiance. (qui n'est sans doute pas un défaut, en débarquant dans un autre monde !) Penses-tu qu'il est nécessaire de préciser ces faits au fil du texte ?
Des mercis montagneux pour ta lecture si aiguisée et constructive ! <3
Pluma.
puis d'après moi, il n'est pas nécessaire de rappeler au fil du texte l'enfance triste de Annie :) je ne voulais pas te perturber avec mes questions Pluma !!! désolée
"des apaches de fumée"... Si c'est fait exprès, c'est du génie. Si tu voulais dire panaches, ton écrit est allé plus loin que ton imagination !
Que l'on forme des hypothèses à propos de mon récit m'enchante, et cela m'aide à mettre un peu d'organisation dans mes sous-intrigues. Mais en tout cas, je ne révélerais rien ^^
Il me semble effectivement que "apache" est une faute de frappe, mais étant donné son sens, je pense le laisser tel que...
Merci infiniment d'être déjà parvenu jusqu'à cette étape de l'histoire !
Alors j'ai trouvé cette phrase un peu bizarre, même si je comprends ce que tu dis : "L'intérieur du bâtiment n'était sans moins magnifique."
ça par contre, c'est génial : " pomme de ciel,"
Répétition de "mais" : " représentait mais tout ce luxe céleste l'impressionnait.
Mais dès que son nez retomba dans son assiette,"
"Ce monde regorgeait de magie, de dangers, de créatures époustouflantes et de superficie." et de superficie ? Je n'ai pas compris.
Sans ça, j'ai trouvé qu'encore, tu nous fais visiter de beaux lieux, c'est très bien écrit, et la fin du chapitre est plus qu'intrigante !
J'ai mis "superficie" car de manière globale, les Wolkenais font trèèès attention à leur apparence et développent une affection toute particulière pour les illusions. Mais peut-être as-tu raison, ce mot n'a pas sa place dans cette phrase. J'essayerais de trouver un terme qui la rendra plus fluide.
Merci beaucoup & à bientôt <3
Pluma.
En revanche, je trouve qu'il y a quelques longueurs. Peut-être alléger les paragraphes descriptifs ? Tu les incorpores très bien à l'action mais on attend la suite et on ne s'attarde pas vraiment sur la description.
Pitite remarque : "- Je ne comprends rien à ce qui m'arrive alors laissez-moi donc en paix." -> j'enlèverais le "donc" puisque "alors" veut dire la même chose.
J'adore l'idée que la magie est dans l'air (et les noms, et les plumes, et Xia et ses manies, bref, j'en passe) ! Et puis, l'article que Varid a déniché a piqué ma curiosité. Qui est donc Héraclès ?
Franchement, je trouve qu'il y a beaucoup d'originalité, dans ce texte ! Merci pour cette lecture ^^
Sur-ce, je file lire la suite !!! ^^
Merci beaucoup, toutes tes remarques me touchent ! Quant aux descriptions... Harf. ça va être dur de me séparer de toutes mes "pauses descriptives" j'aime tant décrire !
Merci ;)
Et j'espère que la suite te plaira ! Tiens-toi bien, il y a aura de l'action !
Pluma.
Je comprends ! Moi aussi j'avais du mal à couper des passages, et puis, j'ai pris mon courage à deux mains, et maintenant, c'est beaucoup plus simple de les supprimer ! Par contre, je te conseillerais une pause (après le point final du roman, bien sûr) avant de passer l'aspi dans ton récit, pour le recul (je ne sais pas si tu le fais déjà ?)
Ouh, de l'action ? Je vais me régaler, je sens ! :-D
Je sais, il y a des écrits qu’on garde pour soi parce que les autres les jugent trop facilement. Enfin, pour plein de raisons que seuls les auteurs comprennent vraiment, je pense ^^
Oui :)
"Le Miroir des Univers" je sentais vraiment le besoin de le partager, il m'a hanté depuis toute petite ! Mais mon ancien roman était plutôt pour me soulager d'un poids, pour me sentir mieux. Hélas, quelques uns de mes personnages me manquent un peu :,)
Et toi ? Quelle est ta sensation en terminant un roman ?
Félicitations pour ce roman de 500 pages, il est sur PA ? Je m'étonne de ne l'avoir jamais vu dans ce cas !
Oui, c'est un sacré projet !
Et toi, As-tu terminé ce premier tome ?
(Oui, une vraie discussion ! On pourrait se contacter par MP ?)
Non, je ne l'ai pas terminé. Vingt chapitres avant la fin, quelque chose comme ça ? x) Je ne suis pas encore arrivée !
Oui ! Bonne idée !
Toutes tes questions sur mon univers me comble de joie !
Comment ils utilisent la Magie au quotidien ? Disons que la Magie flotte dans les airs. Les Wokenais peuvent en inspirer comme on inspire une bouffée d'oxygène. Puis, lors de l'expiration, ils la recrachent mais quelques particules restent dans leurs corps, stockée au niveau des mains. La Magie amassée au fil du temps crée une sorte d'"onde". Ce qui rejoint les paroles de Xia, "cracher son onde" est la désagréable expérience qu'à dû subir Annie à MajHabie. Mais plus on a d'expérience, moins "cracher son onde" est douloureux. A la fin, cela devient presque une habitude. Le problème, c'est que les Wolkenais ne l'utilisent pas toujours à bon escient. Elle peut aussi bien être utilisée pour des besoins pratiques que pour blesser les gens. Eh oui, le Monde des Nuages est loin d'être parfait. ;)
Est-ce qu'ils gardent leurs plumes sur eux tout le temps ? Non, ils les conservent dans des écrins. Solveig a pris beaucoup de plumes pour pouvoir faire du "shopping" (et pour une demande exorbitante de Xia, accessoirement) XD
Les banques à plumes ? Je me sens bête de ne pas y avoir pensé. Mais en même temps, les Wolkenais, comme l'as-tu sûrement remarqué, restent souvent sur leurs gardes. Jamais ils ne voudraient confier leur argent à qui que se soit - même à une banque !
Voilà, j'espère que j'ai bien répondu à toutes tes questions ! Penses-tu que je devrais placer ça et là ces informations dans mon historie ? En ce qui concerne la magie, dans ce chapitre ?
Merci beaucoup, beaucoup, beaucoup !
... Et vive les loukoums !
Pluma.