Le soleil se levait, s'élevant au dessus des montagnes enneigées, allouant l'éclat de sa lumière à cette journée naissante et remplaçant peu à peu la douce froideur hivernale de la nuit, afin d'installer une légère chaleur annonçant l'arrivée du printemps : La saison de tous les possibles.
L'homme avançait nonchalamment dans la neige qui cédait facilement sous son poids, ne laissant rien de plus derrière lui que la vulgaire trace de ses semelles. Une timide sensation de fraîcheur pénétrait dans ses chaussures sans atteindre ses chaussettes, rendant l'inconfort plus supportable.
Ce n'est que deux heures plus tard qu'il atteint son but, épuisé mais surtout détenteur d'une force nouvelle...
Son ascension l'avait aidé à oublier.
Des gouttes de sueur perlaient sur son front et on pouvait voir sur ses joues les quelques larmes que rejetaient ses yeux, certainement à cause de l'altitude.
Il aimait monter au sommet de cette montagne, pour se remémorer les bons souvenirs qu'il y avait recueilli alors qu'il n'était alors qu'un enfant.
Il se plaisait également à prendre de la hauteur pour réfléchir sur sa vie.
Depuis son plus jeune âge, il avait pris l'habitude de venir chaque fois qu'il en ressentait le besoin, chaque fois qu'il souhaitait laisser son esprit vagabonder dans le ciel bleu, emporté par la douce brise régnant à chacune de ses venues. Il pouvait ensuite rentrer chez lui, le coeur léger, ses doutes estompés...
L'espoir revenu, il avait le sentiment d'avoir été entendu.
Cette fois-ci, le problème était plus complexe. Informulable. Il ne parvenait pas non plus à se le représenter clairement. Il imaginait seulement les conséquences qu'il pouvait induire.
Il se rappelait de cette nuit où il en avait tant rêvé, ce jour de pluie si silencieux où il l'avait contemplée...
Avec du remord dans les yeux.
Ce jour de plénitude intense où il avait tellement voulu essayer, sans succès finalement.
Les mots n'avaient une fois de plus pas trouvé le chemin.
Puis il y avait eu un autre lever de soleil, une autre nuit, un nouveau matin, un soir... Le temps avait poursuivi son fatal écoulement, et la même énigme s'imposait à lui.
Plus virulente que jamais.
L'espoir, seulement de passage, s'en était allé pour céder sa place à la désillusion, à l'incompréhension, aux questions bouleversantes, au découragement, à l'irrésistible soif d'une réponse complète.
Après une attente interminable, le réconfort avait daigné lui prêter quelque attention.
Si ce qu'il avait en effet souhaité avec ardeur pendant des mois s'était produit, d'une façon certes inattendue, il n'en restait pas moins que cette étape de son existence était incertaine. Voire totalement incompréhensible.
Oui...
Ils s'étaient croisés par hasard.
Ils avaient mêlé leurs deux regards pendant seulement quelques instants.
Ils s'étaient promptement tournés le dos.
Pourtant une image nette de cette rencontre s'était gravée dans sa mémoire.
Puis le temps avait suivi son cours, laissant à l'homme un intervalle de réflexion d'une terrible ampleur, permettant au malaise de l'envahir.
La complexité de ses sentiments avait évoluée. Il se retrouvait à présent au sommet de cette si belle montagne l'ayant vu grandir, à sublimer cette cause perdue...
Pour la première fois de sa vie, le vent ne lui souffla pas de réponse à l'oreille.
Il décida donc qu'il n'en existait pas.
Priant que sa motivation ne se perde pas pendant le voyage de retour, il commença la descente, retrouvant ses traces de l'aller et entendant le bruit du craquement de ses pas derrière lui, sur une neige désormais moins bonne qu'à son premier passage.
Ce n'est que grâce à une délicieuse nuit de sommeil que, sa fatigue de la veille envolée, il comprit le murmure du vent.
Une réponse incomprise restait une réponse...