LE PAYS DES SICONES

Odysseus (narrateur)

Pénélope, Télémaque, comme ils me manquaient. Malheureusement, cette scène n’aurait lieu que dans une dizaine d’années. Alors que je pensais renter rapidement pour les serrer dans mes bras doux et aimants, nous fumes séparés de l’armada d’Agamemnon et nous accostâmes sur une île de la côte sud de la Thrace.

Euryloque

J’ai exploré l’ile, Ulysse. C’est la région des Cicones.

Amphidamas

Pourquoi seulement six ?

Euryloque

De quoi parles-tu, Amphidamas ?

Amphidamas

Pardon, Cicones, tu écris ça comment ?

Euryloque

En un seul mot. Cicones.

Amphidamas

D’où ma méprise. Je te prie de m’excuser. Je me demandais aussi, pourquoi ils les comptabilisaient.

Euryloque

Je redoute de comprendre ce que tu essayes de dire. La cité prospère d’Ismaros regorge de richesse et n’est défendu que par une poignée d’hommes peu aguerris au combat. Les Cicones sont des alliés de Troie. Nous pourrions opérer un dernier pillage pour la route afin de leur faire regretter d’avoir été dans le camp ennemi.

Politès

S’ils sont morts, ils n’auront plus de regrets.

Euryloque

Politès a raison. Epargnons dans ce cas, le grand prêtre d’Appolon, Maron.

Amphidamas

Maron, c’est sa couleur ?

Euryloque

Non, c’est son nom. Il a également une femme et un enfant à peine plus âgé que ton fils Télémaque. Que faisons-nous d’eux ?

Ulysse

Epargnez-les et tuez tous les autres.

 

On entend le son d’un massacre avec des cris de femmes et d’enfants qui demandent pitié.

 

Odysseus (narrateur)

J’entends encore les cris d’agonie des femmes et des enfants. Ce fut un massacre. Dix ans de guerre et de combats durcissent le cœur d’un homme au-delà toute imagination. Nous n’avions pas besoin de tuer tous ces gens. Les cales de nos navires étaient chargées du butin de Troie. Mais nous n’étions plus vraiment nous-même. C’étaient nos ennemis. Nous fîmes des libations et des orgies et dans notre soif de vengeance, nous en oubliâmes les Dieux et aucun sacrifice ne fut fait. Mal nous en pris, car on le sait, les Dieux sont susceptibles. A peine avions-nous embarqué qu’ils déchainèrent leur fureur contre nous.

 

Pendant la tempête, suite d’ordre incongrus sur les manœuvres à faire en mer.

 

Ulysse

Affalez les voiles ! Réduisez le foc, bouchez les écoutilles, bâbord à tribord, limez le pont, bridez les bittes, désamarrez les amarres, levez le pont levis, drossez les encablures, prenez une biture, Ejectez le mousse !

Le mousse

Hein ? quoi, nooonnnn ! Ahhhhhh !

 

On jette le mousse par-dessus bord.

 

Ulysse

Heu non, pardon, la housse. Ejectez la housse ! Attention à la vague !

 

Le tissu bleu symbolisant la mer s’élève alors et recouvre Ulysse et ses hommes qui disparaissent dans les flots. Noir ! On retrouve Ulysse et ses hommes à la dérive en pleine mer sur des morceaux de bateaux transformés en radeau. Ils ont faim et soif. Ils finissent par échouer sur un rivage, épuisés.

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JeannieC.
Posté le 28/06/2022
Bonsoir !
Mais non, "Si Conne" c'est la sœur de Sibeth voyons ~
Pardon, je m'emballe moi aussi dans les vannes, je ne m'y attendais pas à ton Sicones / Six connes, ça m'a fait rire ! L'éjection du mousse aussi à la fin, très marrant. Un petit comic relief après un temps où la scène devient plus grave et rappelle la tragique réalité d'Ulysse et ses compagnons après tant d'années de guerre -
Encore un très bin moment !
Larsenac
Posté le 28/06/2022
Merci pour ton retour. Au delà des jeux de mots et des petites libertés que je prends avec le récit d'Homère, je tenais à garder quelques éléments de langage du poète et aussi la dureté des conditions du retour d'Ulysse et de ses hommes. C'est un équilibre fragile. Rester dans la comédie, sans oublier l'âpreté du texte original. C'est toujours délicat d'arriver à faire un mixte des deux. J'espère que l'ensemble se tient quand même.
JeannieC.
Posté le 28/06/2022
Ah oui, je trouve que ça fonctionne très bien ! L'ensemble est un peu baroque, sait avoir des moments très graves et retrouver la beauté du texte originel tout en ayant des moments drolatiques
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