Le plaisir aux lèvres.

Notes de l’auteur : Sous son apparente simplicité, il m'a fallu longuement réfléchir à une immersion toujours plus poussée : ne pas genrer le point de vue de la personne qui raconte l'histoire afin que vous puissiez prendre pleinement possession du moment. Bonne lecture.

Étendue. Nue. Elle a profité de ma douche pour s'installer sur le lit. Le coude posé contre l'encadrement de la porte, je prends mon temps. Je la caresse du regard.

Ses jambes s’entrouvrent doucement dans la pénombre. Le spectacle qu'elle m'offre est captivant. Un sourire espiègle se dessine sur ses lèvres. Un frisson agréable me traverse.

Elle m'invite à la rejoindre, à m'allonger pour enjamber mon visage, sa main passe dans mes cheveux.

Ma bouche à quelques centimètres de son sexe, attendant de se rencontrer. D'une main je caresse un sein, son téton devient plus ferme. De l'autre j’effleure ses fesses.

Elle imprime des mouvements indolents de plus en plus près de ma bouche, agrippe ma tête. Nos lèvres se rejoignent.

D'abord sa douceur sur ma bouche. Son audace qui m’électrise. Mes deux mains pressent ses fesses, je l'invite à se rapprocher, à approfondir notre baiser.

Le parfum de son sexe m’enivre, m’excite. Avec ma langue, je l’effleure délicatement à la recherche des lieux à sensations, attentive aux moments où elle se crispe, ceux où elle se détend.

Elle accélère. Me chevauche. Me baise la bouche comme jamais. Je ne peux que suivre son rythme effréné.

Ses bruits doux se muent en cris qui se répercutent sur nos corps, je savoure l’intensité grisante de nos lèvres conjuguées.

Son désir s’écoule dans ma bouche. 

Peu à peu mes doigts glissent. Se rapprochent de sa fleur, de sa vulve.

J’arrête. J’attends son consentement.

Elle capture ma main, embrasse le bout de mes doigts.

Je ne laisse rien paraître, pourtant intérieurement c’est l’extase.

La circlusion de mon index fait battre mon cœur plus fort. Elle se resserre autour de mes phalanges. J’ai la sensation de me perdre en elle. À un doigt... Puis deux

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Komakai
Posté le 29/01/2022
Dans ta note tu indiques ne pas vouloir genrer le narrateur ? J'avoue que du coup je me suis focalisée sur ce mot et ton texte car dès le début, le narrateur a un genre.
Mis à part cela, très beau moment, très bien décrit. Je mets aussi le doigt sur ce qui m'a dérangée précédemment, par moment tu utilises un vocabulaire très familier (ici baiser) qui dénote à côté du vocabulaire que tu utilises tout du long plus courant/imagé.
PaulineMlts
Posté le 29/01/2022
Oups, merci pour ton retour (si je me grille d'entrée de jeu c'est raté j'en conviens).
C'est vrai le mot est très familier, j'adore le double sens de "baiser" et j'adore l'image de baiser une bouche, je trouve ça terriblement sexy, mais cette opinion ne sera pas toujours partagée.
Komakai
Posté le 29/01/2022
Le fait est que si tu ne veux pas genrer, il faudrait tourner certains passages autrement pour ne pas savoir le genre. Chacun ses goûts et opinions :)
PaulineMlts
Posté le 29/01/2022
c'est corrigé ;)
Gaspard
Posté le 25/01/2022
Coucou Pauline,
Nouvelle nouvelle, nouvelle lecture, nouvel angle.
Je l'ai lue avec une attention et une intensité particulières parce que ce qui y est décrit a toujours été un fantasme vibrant pour moi.
Ce qui me marque, c'est l'impact qu'ont les mots qu'on utilise. Sans doute tout le temps, mais en l'occurrence quand on parle de sexe. Je m'étais fait la même réflexion dans une nouvelle précédente, où tu utilises un terme que j'ai oublié pour nommer le sexe féminin et là, quand tu écris "sa fleur". Je crois que beaucoup de gens, et de couples, choisissent un vocabulaire qui leur est propre, ou subissent celui qui sévit dans l'époque, ou celui que la ou le dominant-e utilise naturellement. "Sa fleur" m'a immédiatement expédié dans le harem de la Cité interdite, et au livre "La vallée des roses", que j'avais lu en fin d'adolescence. La narratrice parlait de "sa porte de jade".
...
Je me suis toujours approprié les appellations intimes de mes partenaires, et c'est étonnant à quel point le mot qu'elles utilisent correspond à l'image qu'elles se font du sexe, et sont même souvent un miroir de leur personnalité.
C'est une réflexion que je te soumets et une question.
Est-ce que ce "sa fleur" était réfléchi pour correspondre à la personnalité de la personne qui raconte cette histoire ? Ou bien était-ce un outil d'écriture pour éviter de te répéter ?
Que tu changes de terme d'une histoire à l'autre me semble tout à fait justifié, mais que tu changes à l'intérieur d'un même récit, moins :)
PaulineMlts
Posté le 26/01/2022
Ta question m'a fait prendre conscience d'une chose : qu'inconsciemment j’attribuai une personnalité à mon personnage en désignant son sexe.
La première, qui est également la plus proche de mon expérience personnelle, parle de "diamant", je te le donne en mille : mon métier est ... Bijoutière ^^'
Terme que je n'utilise pourtant jamais dans mon intimité (il m'a également était inspiré par la chanson "Diamant" de Bagarre, qui est un hymne à la masturbation).

Par contre quand j'emploie le mot "la fleur", je m'inspire des références tirées de "la philosophie dans le boudoir" de Sade.
Une très belle expression : "je t'ai destiné [...] à la moisson des myrtes de Cythère [...] les roses de Sodome".

Quand je parle de rose dans mes nouvelles, ce n'est le sexe que je désigne ;)

Si tu le souhaites, n'hésite pas à relire la nouvelle à la lumière de cet élément nouveau.
Gaspard
Posté le 27/01/2022
Merci pour la précision :)
Pierre Delphin
Posté le 22/01/2022
Le bonheur, c'est cette infinitésimale seconde du geste du doigt ou de la bouche qui va déclencher cette vibration qui pour un instant va nous emporter loin, très loin, où tout est possible.

Plaisir de vous lire pour la magie des mots, tout autant que l'histoire contée.

Pierre
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