Le Prédateur

Il avait le corps fin et portait dans ses yeux
Le regard vipérin d'une hydre insatiable.
Le temps vient ciseler la figure des diables
Qui sifflent, sans parler, un patois nébuleux.

Son allure interdite avait tout d'un abîme.
J'aurais dû partir vite et quitter ce troquet ;
Ce nid de séducteurs trop vils, trop excités
De mordre les candeurs dont se drappe l'intime.

La fuite du serpent était sans décibels,
Me laissant seul ici, profané sur l'autel.
Je pue la chair impie et rêve d'arme blanche...

Me voilà sanglotant sur un porche d'hôtel,
Dans la chambre sans bruit, alcôve impersonnelle,
Sous l'étoffe d'un lit noirci de larmes blanches.

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LucidNightmare
Posté le 08/10/2022
Il y a absolument tout dans celui-ci : des rimes internes, des allitérations, des jeux de mots... C'est pas évident d'inclure autant de subtilité technique dans un poème tout en gardant une telle fluidité. Bravo !

L'image finale est très poétique, et la progression pour y arriver est bien maîtrisée.
Adrien Vermeil
Posté le 08/10/2022
Merci beaucoup !
Elena
Posté le 06/07/2022
Votre plume est tellement belle, elle nous transporte, l'espace d'un instant, dans une autre réalité, à cheval entre l'abstrait et le concret, entre le mythique et le réel...
Le rythme, les métaphores, l'ambiance, tout, je trouve, est vraiment parfait.
Merci de nous offrir des sonnets aussi superbes !
Adrien Vermeil
Posté le 06/07/2022
Merci pour votre engouement ! Une telle déclaration ne peut que me motiver à continuer dans cette voie. Merci infiniment de cette gentillesse.
Elena
Posté le 06/07/2022
Je vous en prie, c'est mérité en tout cas ^^
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