Le processus

Par Ophelij

Mardi, début de mois - Centre d’accueil de La-Ruée, Nouveau Monde
8h centre d’accueil

Amura arriva dans son bureau tôt le matin. Le bureau du manageur en chef ne lui était pas personnellement dédié. Il le partageait volontiers avec ses collègues, par exemple, lorsque ceux-ci avaient besoin d’un endroit pour rédiger tranquillement leur compte rendu d’intervention. Chacun des médiateurs avait en sa possession un double des clés. En entrant, il s’aperçut tout de suite du changement, c’était discret et agréable. Le buffet qui contenait tous les classeurs et les dossiers des patients avait été rangé. Il n’y avait plus rien dessus, à l’exception d’une petite bouteille d’eau en verre dépoli. Cela donnait au meuble une élégance sobre, sa surface brillait et ça sentait bon le propre. La machine à café avait été déplacée sur la petite table située près de la porte. C’était astucieux, cela permettrait à l’équipe d’y accéder plus facilement. Là aussi, les papiers, le bazar avaient été ramassés, rangés. Trois grands casiers en toile colorée servaient à contenir les affaires que les uns et les autres ne pouvaient s’empêcher de laisser traîner, c’était une idée d’Henriette. Cela permettait de ranger sans se poser de question. Il suffisait de tout mettre en vrac dans l’une de ces grandes boîtes. À la fin de chaque réunion d’équipe, Henriette organisait la distribution des objets, chaque chose était restituée à son propriétaire. Serge était souvent le grand gagnant de cette étrange tombola. C’était toujours un moment convivial, c’était agréable de finir la réunion d’équipe comme ça. Henriette prenait des petits airs agacés, alors qu’au fond elle était ravie. Marcelin savourait ces instants, Henriette ne manquait jamais de le féliciter car il était le seul qui ne laissait jamais rien traîner. Ce matin, les trois grandes cases étaient pleines. Amura pouvait voir dépasser une écharpe, un classeur, plusieurs bouquins et d’autres papiers. Cela lui fît penser qu’il devait organiser assez vite une réunion avec son équipe. Il avait pas mal de choses à dire. Il fallait évoquer avec ses collègues l’accueil de l’enfant en tant qu’étranger du monde. De fait, il avait envoyé le dossier orange et ils allaient avoir la visite des membres du comité de direction. Il fallait s’y préparer. Il était aussi impératif de rappeler les règles concernant les échanges de planning, cela ne devait pas se faire sans son autorisation. À ses pieds, la corbeille en papier avait été vidée et on avait placé un sac plastique à l’intérieur. Cela le fit sourire. C’était parfaitement inutile de mettre un sac en plastique dans une corbeille à papiers. Ce petit détail complétait le reste, une sensation impersonnelle qui rappelait le confort d’une chambre d’hôtel. Sur le coin de son bureau, juste à côté du gobelet dans lequel il rangeait ses stylos, il vit une petite serviette éponge beige, pliée en quatre. C’était tout à fait impromptu, un simple détail qui transformait tout son environnement de travail et le plongeait dans un paisible ravissement. Déplacés ainsi, dans un contexte qui n’était pas le leur, les objets les plus habituels détenaient un puissant pouvoir d’évocation :  les vacances, la plage, le soleil et le calme. Henriette avait eu cette attention pour lui. Elle avait dû se dire qu’il en aurait besoin, après une nuit sans sommeil et une journée éprouvante en équipe réduite.
Amura avait laissé la porte ouverte pour ne pas manquer l’arrivée d’Atomo. Il fallait qu’il lui parle. Le jeune homme arrivait souvent tôt le matin. Il préférait travailler à l’extérieur du centre. Il était assez solitaire et évitait les moments en équipe. En plus de reprendre son jeune collègue sur les libertés qu’il prenait sur son planning, Amura avait d’autres raisons de lui parler. Il n’avait pas encore récupéré tous les comptes rendu de médiation concernant les rondes de nuit. En particulier la nuit de la «disparition du ciel». Cette nuit-là, Atomo était en ronde avec Maryanne. Après sa conversation avec Mr Durfol, Amura était troublé, il se sentait contaminé par le doute. Il était impatient de lire le reporting de ses médiateurs. Il avait besoin d’un point de vue solide, la vision de ses collègues.

Atomo arriva dans le bureau comme d’habitude. Il salua Amura et commença à se préparer un café. Rien dans son attitude ne pouvait laisser croire qu’il se sentait mal à l’aise ou coupable de quoi que ce soit.
« Atomo, vous avez, semble-t-il, décidé de faire un échange de planning avec votre collègue Timmy.»
« Ah oui, mais j’avais tâté le terrain avant avec Oscar, je savais que Yull ne viendrait pas.»
Atomo avait le même âge que les cinq jeunes. Il était respecté par la bande. Il s’était rapproché plus particulièrement d’Oscar qui avait surtout des problèmes d’addiction. Atomo essayait de l’accompagner vers des démarches de désintoxication. Il était presque parvenu à instaurer une relation de confiance. Les jeunes avaient tendance à le croire « dans leur camp », ce qui facilitait souvent les confrontations. Ce n’était pas tout à fait la posture que l’on pouvait attendre d’un médiateur, mais à court terme, c’était très efficace.
« Cela n’a rien à voir avec Yull et sa bande. Il s’agit de respecter des règles pour que tout le monde puisse travailler dans les meilleures conditions possibles. La règle est la même pour tout le monde : PAS D’ÉCHANGE DE PLANNING SANS MON CONSENTEMENT. »
Amura avait répété cela calmement avec force.
« Ok, mais là ça n’avait pas d’importance puisque je savais qu’il n’y aurait pas de problème avec la bande !»
Atomo n’était pas spécialement de mauvaise foi, il était jeune. Ce n’était pas très grave d’avoir dérogé à la règle, du moment qu’il avait fait ce qu’il fallait. Il pensait que la situation était sous son contrôle, alors même qu’il n’en avait pas la responsabilité.
« Atomo, je ne sais pas quel genre de pacte vous avez conclu avec Yull, ou Oscar ou je ne sais lequel d’entre eux, mais je peux vous dire qu’ils étaient bien là hier. Et Rippy n’a rien trouvé de mieux à faire que de pisser sur le comptoir ! »
Atomo ne s’y attendait pas. Cela ne l’invitait pas, pour autant, à se remettre en question. En tout cas, pas sur le moment. Il se sentait trahi.
« Quoi ! Mais ils m’avaient promis de ne pas venir faire les cons ici ! »
« Donc vous êtes en train de découvrir que tout n’est pas sous votre contrôle, c’est bien… Et oui, il y a dans cette ville des gens imprévisibles, des gens capables de faire preuve d’incivilité. Par ailleurs, je vous le répète, ce n’est pas à vous de décider de votre planning. Si vous souhaitez un aménagement, vous devez me le demander. En début de mois, je ne veux au guichet, QUE DES MÉDIATEURS FORMÉS ET EXPÉRIMENTÉS. Cela n’a rien à voir avec Yull. En début de mois il y a beaucoup de monde, la pression est forte, il faut quelqu’un qui maîtrise bien la procédure, c’est tout.»

Henriette entra à ce moment-là. Cela tombait bien, Atomo ne demandait qu’à s’en aller.
« Ah… Atomo avant que vous ne sortiez : réunion d’équipe ce midi. Juste un quart d’heure, on n’a pas le choix. Henriette pour vous aussi évidemment, on trouvera une solution pour le bébé. Ce sera d’ailleurs l’objet de la réunion.»
Atomo marqua une pause, il observa Henriette, le bébé et son chef. Il comprit qu’il s’était passé beaucoup de choses en très peu de temps. Il regarda de nouveau son manageur, avec une pointe de curiosité et peut être même du respect.
« Ok, Chef, à ce midi.»
Il s’en alla. Amura était maintenant tout sourire. Il essayait de remercier Henriette du regard, c’était un peu maladroit.
« Merci Henriette… C’est vraiment bien ce que vous avez fait, le rangement, tout ça, c’est vous n’est-ce pas ?»
Il cherchait à établir un lien visuel, un regard de connivence. Henriette avait l’air un peu gênée. Elle le salua d’un simple signe de tête avant de s’affairer avec la petite chose remuante qui ne quittait plus ses bras. Elle comprenait mal l’attitude d’Amura. Elle saisit la serviette éponge qu’elle déplia rapidement sur le buffet et s’appliqua à changer la couche du bébé le plus rapidement possible. Peut-être espérait-elle qu’en agissant très vite son manageur ne se rendrait pas compte de ce qu’elle était en train de faire. Amura réalisa progressivement : la serviette éponge, la petite bouteille d’eau et le sac en plastique dans la corbeille en papier. Elle n’était pas juste en train de changer le bébé, elle avait confisqué l’espace pour l’offrir à sa petite créature.
« Henriette ! vous avez profité de la nuit pour convertir mon buffet en table à langer ! »
Henriette ne répondit pas, la réaction d’Amura lui semblait à présent plus cohérente.
« Henriette, c’est hors de question ! »
« Mais… Amura, c’est le seul meuble de tout le Centre qui soit à la bonne hauteur, sinon ça me brise les reins… Voilà, voilà, voilà… là, c’est fini, c’est fini… Ça y est, je disparais.»
Elle s’adressait tout autant au bébé qu’à son responsable. Elle agissait vite, elle jeta la couche sale dans la corbeille à papier et se volatilisa hors du bureau. Amura regardait la couche. Curieusement ça ne sentait pas mauvais, mais c’était urgent de dire non à ça, il fallait le faire tout de suite et très distinctement. Il prit la bouteille et la serviette éponge. Il sortit de son bureau et talonna sa collègue.
« HENRIETTE ! »
Le ton d’Amura était ferme sans être agressif, elle était obligée de se retourner.
« Vous avez oublié ceci. »
« Ah oui, bon, on verra. Je reprendrai peut-être ça tout à l’heure, là vous voyez, je ne peux pas avec le bébé… »
Amura lui coinça d’autorité la serviette et la bouteille sous le bras.
« Mais si, regardez, vous vous en sortez très bien. Je vous informe aussi que c’est moi qui vous remplacerai ce matin au guichet pour que vous puissiez vous occuper de notre nouvel accueilli. On reparlera de ça en réunion d’équipe. Bonne journée Henriette, à tout à l’heure.»
Amura retourna dans son bureau, c’était une bonne chose de faite. Il fallait reprendre les rênes de la situation, il rédigea rapidement l’ordre du jour de la réunion d’équipe et envoya un message à l’ensemble des médiateurs.

10h20 centre d’accueil

    Maryanne Abelard arriva au centre peu après dix heures. C’était une très belle femme un peu plus jeune qu’Amura, pas tout à fait quarante ans. Physiquement, on lui en donnait facilement dix de moins en dépit de l’assurance particulière qui se dégageait d’elle. C’était, comme on se plaisait à la décrire « une femme libre ». Elle écrivait des essais sur des sujets pointus. Elle questionnait souvent la place des femmes dans les différentes sociétés du Monde Solide. Pour autant, on ne pouvait pas résumer ses écrits à cette seule problématique. Elle avait eu ce matin, comme ses collègues, le message de son chef. L’ordre du jour se voulait informatif, mais il soulevait beaucoup de questions:
Réunion d’équipe de 12h à 12h15 - 15 min max !! / infos sur l’accueil d’un nouveau en prise en charge complète -> un bébé // anticiper la venue du comité de direction // rappel des règles, échange planning etc… //PS : les casiers bleus sont pleins de bazar, chacun devra reprendre ses affaires. Pas le temps d’organiser une distribution. Merci.

    Au cœur du bâtiment, un atelier permettait aux internés d’exprimer leur créativité : peinture, dessin, modelage. Une pièce magnifique, d’une grande hauteur sous plafond, qui explosait de couleur et d’énergie. C’était le territoire de Maryanne. Elle y animait un temps collectif tous les mardis. On prenait un moment pour regarder ensemble ce que les uns et les autres avaient fait. On se disait ce qu’on voyait et ce qu’on avait voulu faire.
Dans un coin de l’atelier Henry Terganteuil travaillait à son tableau. Sa toile était le reflet de ses états d’âme. Il avait passé une nuit détestable. Comme beaucoup, il n’avait pas pu dormir à cause du bébé. Il écrasait violemment le plus fin des pinceaux sur sa toile tendue comme un tambour. Il peignait la tempête, avec application. Mr Terganteuil personnifiait l'atelier dans tout ce que cet espace avait de plus présomptueux. C’était une cathédrale. Près de lui, les autres travaillaient timidement à leur ouvrage. Aimé Verficiel, juste à côté, une âme discrète, exécutait une nature morte. Il avait disposé une carafe et une pomme sur un petit tabouret et il s’évertuait à les reproduire. La carafe, la pomme, le tabouret, tout se cassait la figure et semblait vouloir se répandre au-delà de la toile tandis que tout à côté, la tempête, magnifiquement exécutée était d’une exubérante immobilité. Il régnait dans l’atelier une calme intensité. Une quiétude qui était troublée par les bruits du bébé et l’agitation d’Henriette. Florence Evremin, Mr Durfol et Sabine Leen étaient venus se joindre au groupe. Ce n’était pas dans leurs habitudes, ils ne fréquentaient pas très souvent l’atelier. Ce mercredi, les accueillis s’étaient réunis pour autre chose que la rencontre habituelle. Ils attendaient Maryanne avec impatience. Ils voulaient comprendre, se plaindre, parler du bruit, du bébé et de ce qui allait se passer au Centre. Beaucoup d’entre eux étaient préoccupés. Mme Evremin s’associait au ressentiment de chacun. Des choses étranges se produisaient dans le dos des accueillis, c’était inquiétant. Il fallait exiger des explications.
Maryanne se doutait que des décisions inhabituelles avaient été prises mais elle n’en savait pas plus. Pour une fois elle se sentait un peu moins chez elle en arrivant dans l’atelier. Il n’y avait pas que son groupe habituel. Elle devait faire face à cet étrange comité d’accueil composé d’internés nerveux et inquiets. Les regards convergeaient vers Mr Terganteuil et Mme Evremin. Florence Evremin était hors d’elle, on la sentait prête à faire un scandale. Maryanne prit la parole assez vite. Elle avait une voix grave, assez agréable à écouter.
« Bonjour ! J’ai eu ce matin un message de notre directeur, je sais que des changements ont eu lieu, et nous allons nous réunir ce midi pour parler de tout ça en équipe. Pour le moment je ne sais rien de ce qui se passe. Je n’ai pas passé la nuit ici et je n’étais pas là hier. Si vous le souhaitez, nous pouvons faire l’atelier comme nous avons l’habitude de le faire. Nous pouvons aussi organiser notre rencontre de façon plus informelle. Vous avez peut-être des choses à dire qui ne concernent pas l’atelier mais le centre d’accueil en général. Nous pouvons travailler ensemble à formuler des remarques ou des questions et je les transmettrai à mon chef tout à l’heure ? Qu’en pensez-vous ? »
Florence Evremin se sentait prise de court, après le petit discours de Maryanne, elle ne pouvait plus se contenter d’exprimer sa colère, il fallait l’expliquer. Florence lâcha quelques mots :
« C’est inacceptable voilà tout ! »
Elle avait une voix aiguë, la voix d’une petite fille enragée, coincée dans un corps de femme mûre. Un flot de paroles aurait dû sortir, mais Florence donnait l’impression de s’être étranglée avec. Maryanne s’installa dans l’un des fauteuils, elle invita d’un simple geste tout son groupe à s’asseoir.
« Merci Florence, merci d’avoir commencé. Est-ce que quelqu’un d’autre souhaite poursuivre ? On peut faire un tour de table. »
Mr Durfol était fasciné, il souriait, une intelligence assez redoutable éclairait parfois son regard. Henry Terganteuil pris la parole, il commença par plusieurs soupirs exaspérés avant de trouver ses mots.
« Personnellement, je ne peux pas peindre avec tout ce bruit ! Maryanne, vous devez nous garantir des conditions de travail convenables ! Moi je ne peux pas continuer dans ces conditions !»
Henry Terganteuil venait d’une famille ouvrière cultivée. Pour lui, la peinture était une forme de production comme une autre. Il était incapable de se considérer autrement que comme un ouvrier au service de La Peinture. Sa revendication faisait écho à des luttes plus anciennes dans lesquelles il se sentait à l’aise, porté par son héritage familial. Ce qu’il exprimait était très spécial, mais dans la forme, les autres s’y retrouvaient eux aussi. Ils semblaient tous mécontents ou inquiets. Un grondement collectif était en train de se constituer. Maryanne redoutait que Florence ne cherche à s’en emparer. Florence Evremin n’était pas une prolétaire et ne se considérerait jamais comme telle. Son héritage familial était plus politique, en ce sens elle aussi trouvait dans les paroles d’Henry Terganteuil matière à se projeter. Son drame personnel était de ne pas être ce que sa famille ne lui avait jamais autorisé à devenir : une femme de pouvoir. Son frère, Ralph Evremin, faisait partie du comité de direction du centre d’accueil. De ce fait, elle jouissait d’une aura particulière auprès des accueillis et cela donnait une certaine consistance à son fantasme. Florence admirait Mme Abelard qui incarnait la femme qu’elle souhaitait être, la beauté, l’intelligence et la réussite sociale. Maryanne de son côté ressentait le mélange d’adoration et d’agressivité qu’elle suscitait chez sa patiente et cela s’accentuait ces derniers temps. Cette histoire ne tombait pas très bien. Maryanne reprit donc la parole assez vite :
« Merci Henry, c’est toujours intéressant de voir combien vous êtes investi dans votre travail de peintre. Florence, est ce que vous souhaitez ajouter quelque chose à ce qu’Henry vient d’exprimer ? Vous, ou quelqu’un d’autre ? »
De nouveau Florence se trouvait sans voix. Elle avait vécu dans une ambiance patriarcale très stricte. Petite, on ne l’avait jamais laissée s’exprimer. Aujourd’hui, rien n’était plus efficace pour la faire taire que de lui offrir gracieusement la parole. Maryanne le savait. Ce n’était pas bien d’activer cette blessure chez sa patiente. C’était une petite agression, presque imperceptible mais ce n’était pas tout à fait anodin. Elle perçut le regard offensé de Florence. C’était un point de rupture, Maryanne remarqua aussi une lueur un peu dérangeante dans les yeux de Mr Durfol. Voilà un autre patient avec lequel elle se sentait un peu en danger. La discussion continua et le temps de rencontre collectif se termina dans le calme. Maryanne n’était pas totalement contente d’elle. À midi, elle se rendit en salle de pause pour rejoindre ses collègues. Cela ne l’arrangeait pas de voir tout le monde, elle aurait préféré rester seule et penser.

12h centre d’accueil

La réunion d’équipe permettait aux médiateurs de se retrouver entre eux dans une atmosphère plus légère et moins ritualisée que le quotidien avec les accueillis. La difficulté était de contenir la durée de ce temps pris ensemble, mis à part Maryanne et Atomo, chacun avait la tentation de le prolonger. L’avantage de faire une réunion en début de mois, c’était d’y trouver tout le monde ou presque. L’inconvénient c’était le manque de temps puisque les impératifs d’accueil et d’accompagnement étaient très nombreux.
Amura commença la réunion sans attendre les retardataires. Il fallait faire vite. Il tenta d’expliquer au mieux la situation. L’accueil du bébé en tant que ressortissant du Monde Vague. Maryanne écoutait avec attention, elle voulait que la réunion soit aussi brève que possible, mais elle ne put s’empêcher d’intervenir.
« Amura, je ne comprends pas… Pourquoi ne pas avoir tout simplement averti les services à l’enfance ? »
Marcelin acquiesçait, il ne disait rien, mais sa tête faisait de grands mouvements d’approbation, de sorte que chacun pouvait se rendre compte de ce qu’il pensait. Serge, comme tous ceux qui avaient dormi au Centre la nuit dernière avait l’air abattu. Il était bien moins enthousiaste que la veille. Amura reprit sans essayer de dissimuler ses propres hésitations sur le sujet :
« Oui, effectivement, il aurait peut-être fallu… Bon, plusieurs choses m’ont poussé à prendre cette décision. Ce qui est sûr c’est qu’il y a un décalage entre la raison d’être du centre tel qu’il est financé et la réalité concrète de ce que nous y faisons. Disons que… d’une certaine façon, j’y vois une occasion de tirer ça au clair avec le comité. Il faudra que nous en parlions, c’est un sujet en soi. C’est important, mais là, ce n’est pas la priorité. C’est un débat trop long pour une réunion si courte.»
Maryanne acquiesça, cela faisait sens, elle commençait à comprendre. Amura reprit sur des questions plus pragmatiques.
« Nous devons trouver une solution provisoire pour nous occuper de l’enfant. Nous devons anticiper la venue de plusieurs des membres du comité de direction. Echalette va venir, je ne sais pas avec qui, mais elle, c’est sûr qu’on va l’avoir sur le dos. Et il ne faut pas s’attendre à ce qu’elle nous prévienne avant d’arriver. Donc à partir de maintenant on ne déroge à aucune consigne. Il faut absolument être rigoureux dans les procédures. J’en profite pour rappeler les règles de base concernant le planning : pas d’échange, pas de modification sans mon autorisation. C’est impératif.»
Dans un coin de la salle, Atomo était en train de compléter une fiche de reporting. Amura eut la certitude en le voyant faire qu’il ne devait pas attendre grand-chose de cette sorte de compte rendu. Amura fit une pause pour laisser raisonner ce qu’il venait de dire. Marcelin était enchanté, rien ne pouvait lui faire plus plaisir. Cela lui arrivait souvent de trouver son chef trop laxiste sur le respect des procédures.
Henriette venait d’arriver avec un peu de retard. Tout le monde l’avait regardée entrer et on s’attendait à ce qu’elle dise quelque chose. Le bébé gisait à ses pieds, dans un petit couffin. Elle ne semblait pas aussi sûre d’elle que de coutume. Serge lui faisait la gueule, il supportait mal l’absence de sommeil. Elle non plus, elle n’avait pas tellement dormi. Cette fois elle n’allait pas s’aventurer à prendre la parole. Amura reprit en s’adressant plus particulièrement à elle :
« La situation exceptionnelle m’oblige à convertir temporairement les rondes de nuit et autres médiations dans la ville. Nous nous relayerons pour nous occuper du bébé. Il n’y aura pas de médiation à l’extérieur du Centre les prochains jours. On reprendra les rondes en milieu de semaine prochaine quand le flux du début de mois sera passé. J’ai informé la direction de ma décision.
Tout le monde se taisait, Amura commença donc à conclure la réunion.
« Bon, voilà… J’ai conscience que tout cela doit susciter pas mal d’interrogations. Je suis à votre disposition, envoyez-moi vos retours, questions, suggestions si possible avant la fin de la journée. Comme ça je les intégrerai dans le compte rendu et on en parlera à la prochaine réunion.»
Amura regardait Henriette, est ce qu’elle avait bien compris qu’en faisant ça il la séparait du bébé ? Il ne voulait pas qu’elle soit la seule à s’en occuper. Henriette avait l’air absent, elle n’avait pas l’air de réaliser. Maryanne reprit la parole :
« De mon côté, j’ai eu pas mal de retour, il n’y avait pas que mon groupe à l’atelier ce matin. Les internés sont assez inquiets, ça ne se passe pas bien pour eux. Ils se sont plaints du bruit, mais je pense aussi que la situation est un peu perturbante, surtout pour les anciens. »
Amura soupira, ça le fatiguait. « Les anciens » avaient peu à peu réussi à créer une sorte de société spéciale au sein du Centre et les médiateurs s’étaient laissés envahir. Il balaya d’un geste la remarque de Maryanne.
« Il faudra gérer au cas par cas. Pour le moment il n’y a pas de message particulier à formuler pour les internés. Henriette, la nuit dernière le bébé a dormi dans votre chambre, il faudrait trouver une autre solution. Je ne veux pas que vous vous en occupiez toute seule. Nous allons gérer cet accueil en équipe.»
Amura se rendait compte qu’il était vraiment nécessaire de le préciser. Henriette n’avait jamais eu d’enfant, elle avait plus de cinquante ans et il était évident qu’elle n’en aurait pas. En acceptant qu’elle prenne avec elle le bébé la première nuit il craignait d’avoir renforcé un lien d’adoption entre la médiatrice et le bébé. Il fallait vraiment éviter ça. Il fixa Henriette jusqu’à ce qu’elle prenne la parole. Elle avait la voix fatiguée.
« Cette nuit j’étais dans la suite B, avec Serge. Ce n’était pas idéal. Il faudrait que la petite ait sa chambre, surtout si vous voulez qu’on se relaye pour s’en occuper »
« Oui, Henriette, il faut que toute l’équipe se relaye pour s’occuper du nouvel accueilli. D’ailleurs, c’est la procédure habituelle. Par contre bien évidemment, vu son âge, il n’y aura pas de séances d’accompagnement. »
« Dans ce cas, le mieux serait d’utiliser la chambre de Mme Evremin, elle est à un bout, un peu en retrait. Ça ferait moins de bruits si on mettait le lit de la petite dans cette chambre.»
Une aile complète du bâtiment était allouée aux accueillis hébergés. Dans cette aile, deux chambres étaient réservées aux médiateurs. On les appelait « les suites » A et B. Elles étaient placées au milieu du couloir et se faisaient face. La suite A, dans laquelle Amura avait dormi, donnait sur la cours intérieure et le balcon, la vue était malgré tout assez dégagée, on voyait la Forêt. La suite B était plus grande, il y avait deux lits, elle donnait sur la rue. Henriette avait raison de vouloir déplacer le bébé dans une chambre à l’écart, mais c’était compliqué de déloger Mme Evremin. Amura voulait en savoir plus.
« Vous suggérez de mettre Florence Evremin dans une chambre double ? On a besoin de trois médiateurs et donc de trois lits pour les rondes et l’encadrement la nuit. On ne peut pas mettre le bébé et deux médiateurs dans la chambre actuelle de Mme Evremin. Ça ne peut pas rentrer. Même vous, Henriette, vous n’y arriverez pas. »
« En vérité, Amura, je pensais mettre Mme Evremin en chambre double, avec une autre accueillie: Mme Leen, ce qui nous fait une troisième chambre, donc un troisième lit pour l’encadrement. »
Marcelin ouvrait de grands yeux, Serge réfléchissait, Maryanne était un peu mal à l’aise. Timmy et Atomo ne connaissaient pas assez Mme Evremin pour comprendre ce qui préoccupait leurs collègues. Amura ne disait rien, il avait l’habitude. Les idées d’Henriette, au début, ça semblait toujours complètement impensable, on se demandait si elle ne cherchait pas à provoquer. Amura l’observait, il attendait la suite. Henriette reprit la parole :
« Il suffit de la préparer un peu, je sais que c’est toi Maryanne qui t’occupe de Florence. Mais exceptionnellement on pourrait s’arranger pour que ce soit Serge qui lui annonce la nouvelle, avec lui je suis sûre que ça passera sans difficulté. »
Serge réagit au quart de tour. Ça le vexait quand Henriette suggérait qu’il utilise son pouvoir de séduction comme outil de médiation :
« AH NON ! On fait comme d’habitude, Mme Evremin connaît les règles et le fonctionnement du service, j’en sais quelque chose puisqu’elle me l’a présenté. Elle sait aussi bien que tout le monde qu’on manque de place au centre et que c’est un problème. Après tout, elle peut bien passer en chambre double elle aussi ! Je trouve ça pas si mal, ça va la mettre au même niveau que les autres. Qu’on ne vienne pas me dire qu’elle n’en a pas besoin !»
Il y a une dizaine d’année lorsque Serge était arrivé sur le site, Florence était venue à la rencontre du jeune médecin plein d’assurance. Il l’avait magnétisée. Elle lui avait présenté tout le service et son fonctionnement. Elle avait salué tous les accueillis qu’ils croisaient sur le chemin de la visite. Florence Evremin était une femme distinguée et instinctivement Serge l’avait prise pour Gerda Echalette, la présidente du comité de direction. Lorsqu’ils croisèrent finalement Amura N’Gué, le directeur du Centre, celui-ci fit les présentations et le jeune médecin réalisa qu’il venait de se faire expliquer la structure par l’une de ses patientes. Cela avait fait rire tout le monde, y compris Amura, mais Serge en avait conservé une petite amertume.
Même si les médiateurs n’étaient pas tous prêts à le reconnaître, Florence avait sur l’équipe un ascendant particulier. Elle était la sœur de Ralph Evremin, un homme assez dur, plutôt technique, il gérait la mise en conformité, l’application concrète des projets de la ville. Son pouvoir sur le fonctionnement du Centre était considérable.
Maryanne écoutait Serge attentivement. Amura observait le processus : dans un premier temps, tout le monde était choqué (Quoi ! déplacer Mme Evremin, la sœur de Ralph, en chambre double, impossible, on ne peut pas faire ça…). Henriette était un peu prise de court quand on lui disait que ce qu’elle proposait n’était pas réalisable. Alors, dans un deuxième temps, elle faisait une remarque qui allait dans le sens de ce que tout le monde pensait mais ne disait pas. C’était un peu maladroit, et cela provoquait une réaction vive (AH NON ! pourquoi faudrait-il faire du charme à Mme Evremin après tout elle est à la même enseigne que les autres…). Enfin dans un troisième temps quelque chose se passait, souvent une intervention extérieure. Un truc en plus, qui faisait que l’idée de départ devenait quelque chose de très cohérent et même évident. Maryanne prit la parole :
« Oui, Serge tu as complètement raison. Au-delà du caractère un peu spécial de Florence, j’y vois un sens dans son parcours d’intégration et de prise en charge. C’est vrai, en fait, il faut le voir comme une évolution. Apprendre à partager son espace. En plus, avec Sabine je pense que ça pourrait coller. Ça peut faire un très bon binôme. »
Timmy se risqua à ajouter:
« En plus, il ne restait plus qu’elles deux, en chambre simple, ça pouvait susciter des jalousies… »
Voilà, on venait de passer la troisième étape du processus, il y avait dans la proposition d’Henriette quelque chose d’infiniment pertinent. Toute l’équipe était en train de se saisir de cette solution, au point même d’oublier qu’Henriette en avait été l’origine. Serge et Maryanne décidèrent qu’ils s’occuperaient ensemble du déménagement de Florence et Sabine. Amura pu clôturer la réunion d’équipe.

Amura avait rassemblé ses papiers, dans la liasse on voyait la copie du dossier orange. Il l’avait apportée pour la montrer à l’équipe. Henriette se dirigea vers lui, elle le prit à part :
« Amura, pourquoi avez-vous fait ça ? »
Elle lui montrait le dossier.
« Pour tout vous dire Henriette, je ne suis pas sûr de le savoir moi-même. C’est vous qui aviez suggéré de faire ça, vous vous souvenez ? Quand on a accueilli Sabine, il n’y avait déjà plus de place, comme elle ne parlait pas vous aviez dit qu’on pouvait inscrire qu’elle venait de la Forêt. »
« Oui c’est vrai, je me rappelle. Mais à l’époque vous étiez contre ce type de procédé, ça vous avait drôlement énervé que je propose ça. Je vous entends encore me dire qu’on ne pouvait pas écrire n’importe quoi, que cette femme venait du festival comme les autres, qu’elle était complètement shootée… Que c’est pour ça qu’elle ne disait rien… »
Amura se souvenait très bien, finalement on avait constaté que Mme Leen n’avait pas du tout de drogue dans le sang. Amura avait fait en sorte qu’elle soit accueillie pour des raisons médicales. Sabine avait été la dernière personne pour qui cela avait été possible. Henriette avait créé une chambre supplémentaire en décloisonnant le placard et la buanderie. Amura n’avait jamais parlé à Henriette de la dégradation de ses rapports avec le comité. D’une certaine manière elle avait dû le comprendre, parce qu’elle n’avait plus jamais fait de demande d’hébergement, à l’exception de quelques prises en charge ponctuelles. Henriette ne comprenait pas ce qui s’était produit dans l’esprit de son chef pour qu’il remplisse le formulaire spécial. Il avait fait ça tout seul, sur la base d’un compte rendu rédigé trop rapidement. Elle reprit :
« Je ne comprends pas, qu’est-ce qui vous a fait changer d’avis ? Vous n’avez pas pu penser que la petite venait du Monde Vague… Je vous connais, je sais que vous n’y croyez pas.»
« Je me suis dit que le cas devait être franchement urgent pour que vous décidiez de faire une demande d’hébergement comme ça en début de mois. Vous auriez été en mission avec Timmy ou Serge, éventuellement, mais avec Marcelin, ça me semblait complètement surréaliste. Lui qui est tellement à cheval sur les procédures. Il ne vous aurait jamais laissé faire s’il n’y avait pas eu une bonne raison…»
Henriette haussa les épaules.
« En vérité on s’attendait à tout sauf à ça avec Marcelin. C’était très tôt le matin, on entendait des cris bizarres du côté de la Zone. Marcelin n’avait pas trop envie d’avancer dans la ruelle. Il avait raison, on n’avait pas tellement de visibilité. Il faisait très sombre. Le jour était levé, mais il faisait presque noir en fait. Au départ je voulais juste m’approcher pour vérifier que les cris ne venaient pas de là. Ça n’arrive jamais que du bruit vienne de là. La Forêt est toujours très silencieuse, à part les insectes. Et puis, plus j’approchais, plus j’étais attirée. Et il y a eu un moment où j’ai su que c’étaient des pleurs de nouveau-né. Je l’ai dit à Marcelin, je crois qu’il m’a prise pour une folle. Il a essayé de me retenir. J’étais prise dans les vapeurs de la Forêt, vous savez cette brume qui rend fou. »
Amura écoutait le récit d’Henriette, c’était un détail qu’il avait déjà lu dans le compte rendu de Marcelin « dans la ruelle ouest, une rencontre ». C’était insolite, cette tranchée était la plus étroite de toutes, la végétation s’était resserrée à tel point que le chemin semblait même avoir disparu. Il y avait parfois un peu de grabuge dans la ruelle centrale, plus large, là où Rippy avait installé sa décharge, mais les gens ne s’y aventuraient pas. Dans l’ensemble, le bruissement désagréable des insectes et l’odeur des ordures étaient suffisamment dissuasifs. Henriette poursuivait.
« Je crois que je suis allée vraiment très près de l’Hagatma. Je ne me rends plus compte. J’ai eu très chaud, c’était très humide. La petite était nue comme un vers. J’étais trempée quand je suis revenue près de Marcelin. Vous savez, moi je n’ai jamais eu d’enfant, alors quand je me suis retrouvée avec la petite dans les bras, je n’ai plus pensé à grand-chose d’autre que de lui donner à boire et puis de quoi faire en sorte qu’elle ne prenne pas froid. J’ai insisté auprès de Marcelin pour qu’on fasse une demande en accueil complet, parce que je voulais passer la journée avec elle, je ne voulais pas être séparée, ça me semblait vital.»
Amura réfléchissait. En soit, qu’un nouveau-né ait pu être abandonné, cela n’avait rien de spécialement miraculeux. Que cela se passe ici à La Ruée, n’importe où dans cette ville, c’était presque normal. Lorsque l’on prend l’habitude d’observer des choses qui se reproduisent, des tragédies quotidiennes, un simple déplacement, une irrégularité peut donner au récit le plus simple la coloration du fabuleux. Il avait suffi que le bébé soit abandonné dans un lieu inhabituel, dans cette ruelle, si près de la Forêt, pour rendre l’expérience de la rencontre extraordinaire.
« Vous avez raison, je ne crois pas aux ressortissants du Monde Vague. »
Amura marqua une pause, il regardait Henriette. Elle non plus elle n’avait jamais cru à ces histoires, cela le faisait sourire malgré lui. Il reprit :
« Serge m’a dit que ça ne vous plairait pas, que je raconte des balivernes, que je fasse passer le bébé pour un étranger du monde. »
Henriette fronça les sourcils
« Pour moi, ce ne sont pas des balivernes, Amura, la petite est liée à l’Hagatma, d’une manière ou d’une autre.»
Amura voulait s’assurer d’une chose auprès d’Henriette, mais il ne voulait pas la froisser.
« Cela signifie que vous êtes prête à accepter que cet enfant ne soit pas le vôtre ? Vous comprenez qu’en faisant ça, j’ai fait en sorte que ce soit l’institution qui adopte l’enfant ?»
« Oui. »
Amura regarda le bébé qui dormait aux pieds d’Henriette, dans le petit couffin. Pour la première fois, il s’intéressa vraiment à la petite fille. Il ne pensait pas qu’elle ait pu réellement venir de la Forêt, mais il réalisait qu’elle était forcément née cette nuit-là. Alors, pour lui aussi, cette enfant devenait l’incarnation de quelque chose.

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Lily D.P.
Posté le 25/09/2024
Ôla ^^

Il y a beaucoup dans ce chapitre, surtout par rapport aux précédents, et j'ai vu par hasard que les suivants étaient plus courts. Peut-être le scinder ?

Le personnage de Marianne est bien amené, comme tous tes personnages (j'adooore ta manière de les croquer, c'est une tes forces d'écrivaine). Mais je me sens un peu noyée dans la masse de personnages. Ca ne me dérange pas qu'il y en ait beaucoup. Peut-être quévoquer cette énième membre de l'équipe du centre dans un chapitre précédent (sans la présenter) équilibrerait ? Par exemple, Atomo, je me suis rappelée en le lisant ici qu'il avait été cité précédemment. Mais et Atomo + Marianne, tout nouveau perso + tous les patients de l'atelier peinture, dont des nouveaux, amenés avec leurs noms et leurs vies croquées. Je trouve que ça fait peut-être un peu beaucoup. Je trouve le passage de l'atelier peinture moins fluide à cause de cela. Mais le passage est chouette. Je pense que c'est juste un petit rééquilibrage à faire. :)

La seconde partie est super intéressante. J'ai bien aimé les interactions, les échanges entre Amura et Henriette (son rapport au bébé). L'anecdote de la trouvaille du bébé aussi. J'ai bien aimé aussi le rappel sur la singularité de Sabine. Je me demande pourquoi la soeur d'un homme si puissant (Florence) est devenu patiente dans ce centre de gens perdus. C'est un peu triste. Et contradictoire avec la vraie raison d'être du Centre aussi - ce frère du comité n'y voit rien de gênant ?

J'ai hâte de lire la suite ^^
Continue d'écrire :D
À tout bientôt !

Autres retours en vrac :

Là aussi, les papiers, le bazar avaient été ramassés, rangés. Trois grands casiers en toile colorée servaient à contenir les affaires que les uns et les autres ne pouvaient s’empêcher de laisser traîner, c’était une idée d’Henriette. --> Je m'emmêle dans ma construction mentale ici. Les casiers sont nouveaux ou ont toujours été là ? S'ils ont toujours été là comme je le comprends à ma seconde lecture, peut-être dire que le bazar a été dans les trois grands casiers ? Et puis continuer le sens de leur présence ? (Au fait, j'adore ce passage ^^ Chouette idée. Et elle montre bien qu'ils y passent leur vie - ou presque.)

De fait, il avait envoyé le dossier orange et ils allaient avoir la visite des membres du comité de direction. Il fallait s’y préparer. ---> Plutôt dire " Avec ce papier orange envoyé au comité ?" Comme tu l'écris, on dirait que c'est un fait nouveau. Mais perso, je l'avais bien compris dans le chapitre juste avant. Je formulerai autrement ce rappel.


Ce petit détail complétait le reste, une sensation impersonnelle qui rappelait le confort d’une chambre d’hôtel. --> Même à ma seconde lecture, ici, je tique. Car je trouve au contraire que toute la description précédente montre qu'on essaie de mettre de la chaleur et de la personnalisation dans la pièce. Avec entre autre les casiers de couleurs. Peut-être juste le formuler autrement ? Par exemple " Ce petit détail mettait à mal l'effort pour briser ... etc". Ce n'est bien sûr que mon avis, tu en fais ce que tu veux. Jette-le à la poubelle s'il ne te convient pas. (roooh, le bête jeu de mots.) ^^'

Henry Terganteuil pris la parole, --> prit ?
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