Sam atteint le premier étage à la vitesse de l'éclair. Un appartement vétuste meublé de meubles anciens apparaît devant lui. Il n'a pas de temps pour visiter les lieux, il poursuit sa course dans l'escalier. Il est stoppé par le bruits de pas qui descendent. Son cœur bat plus vite que la moyenne. Il espère voir arriver Théo.
— Théo !! Théo c'est toi ?
Personne ne répond. Cependant, les pas se font plus proches. Sam, lui monte timidement les marches. La petite dame avec sa longue chevelure grise et ses grosses lunettes apparaît, elle descend sans un mot en lui souriant. Sam est tellement surpris de la voir qu'il ne peut émettre aucun son. Sa bouche est vide de mots. La petite dame passe à côté de lui et poursuit son chemin sans s’arrêter.
— Mais attendez !!
Il veut rattraper la petite dame sauf que quelqu'un d'autre descend à son tour les escaliers. Sam ne bouge plus, il attend de voir qui va apparaître. Deux hommes se suivent. Sam reconnaît d'abord le Borgne qui comme à son habitude ne dit rien puis dans son sillage, Ricky le zeveu.
— Et zalut petit, on t'attend la haut tu zais ?!
— Qui m'attend ?
Ricky ne lui rend qu'un sourire édenté en guise de réponse. Sam est perdu, pourquoi tous les gens qu'il a rencontré dans ce monde se trouvent à présent dans la cage d'escalier d'un phare. Surréaliste encore. Je deviens fou, se dit-il ? C'est une caméra caché, un mauvais jeu, une farce qu'on lui fait. Un cauchemar peut-être. Alors Vivement que je me réveille, se languit-il !
Il hésite à poursuivre son ascension, où cela va t-il le mener. Qui va t-il croiser ? Il arrive à pas lents au sommet. La salle est dans le noir. Heureusement, la pleine lune fait son entrée et éclaire l'extérieur comme en plein jour. Il n'y a pas de vitres aux fenêtres, il ressent la douceur d'une brise marine lui caressait le corps. Elle l'apaise un instant.
« Mon chéri, tu nous entends ? Sam on est là, réponds nous s'il te plaît ? ». La voix de sa mère, encore. Cette fois-ci, il l'entend tout prés comme étouffé, voire enfermée.
— Maman, je t'entends où es-tu ?
« On est là ouvre les yeux »
Sam ne comprends pas, ses yeux sont grands ouverts. Il court partout autour de la lanterne qui est éteinte. Il cherche une issue, une porte qui pourrait l'amener vers ses parents. Son regard s'attarde sur l’extérieur, dans le ciel étoilé deux taches apparaissent et s’agrandissent. Il devine la forme de deux animaux qui approchent. Le vautour blanc et le papillon géant sont de retour. Les volatiles se posent sur la rambarde du petit balcon qui entoure la salle de la lanterne. Ils se posent devant lui et le regardent d'un air triste. Ils communiquent leur désarroi à Sam qui ne peut retenir de lourds sanglots. Il s'effondre sur le sol, pleure la tête dans ses mains comme pour se cacher. Sam tout en pudeur se recroqueville dans un coin pour fuir le regard des oiseaux. Il a honte.
Tout d'un coup, une lumière scintille derrière lui. Sam la ressent, il prend le temps pour se retourner. Il appréhende de devoir faire face à une situation encore plus étrange. Quand il ose enfin à faire volte face, il doit cligner les paupières plusieurs fois avant de réaliser qu'il ne s'agit pas de la lanterne mais bel et bien du psyché sur pied de son grenier, celui qui lui a fait entrer dans ce monde. La lumière du psyché est éblouissante. Que doit-il faire ? Est-ce une porte de sortie pour retourner chez lui au risque de laisser Théo enfermé dans ce monde ? Il aimerait sauter dedans et retrouver sa vie d'avant. Il ne croit plus cela possible. Jamais rien ne sera comme avant. Il le sait au fond de lui. Il se relève et approche doucement vers le psyché. Il se protège les yeux avec la main puis tente de toucher le miroir pour vérifier s'il peut de nouveau le traverser. A peine, sa main effleure le psyché que la lumière disparaît, le miroir se transforme en écran qui dévoile une image du grenier. L'image est un peu floue, il est obligé de s'approcher tout prés. Il touche le miroir. Aucune réaction. Il scrute l'image puis voit quelque chose au fond du grenier qui l'interpelle. Un flash lui transperce le cerveau, un souvenir lui transperce le cœur : le bruit d'une chaise, la corde, les yeux de Théo, Théo Non Théo !!!!!!!!!!
Sam soulève enfin les paupières. Une lumière éblouissante lui crève les yeux. Il met du temps à émerger et comprendre où il se trouve. Sa vue est troublée. Quelque chose est accroché à son bras. Avec sa main, il cherche à le retirer. Une femme, petite, de grandes lunettes et les cheveux gris lui en empêche. Elle porte une blouse blanche sur un pantalon blanc. La petite dame s'étonne Sam encore dans les vapes.
— Mon chéri tu es réveillé !!!
Anna se trouve à côté de lui, elle lui tient la main. Elle a les yeux mouillés comme suite à une mousson de chagrin. Sam est perdu. Devant lui, son père, sa mère, la magicienne qui porte une longue veste blanche par dessus une robe noire sur des collants gris brillant et Léana qui lui sourit timidement. De retour dans son monde à lui, il est heureux de les voir. Enfin.
— Théo n'est pas là, il n'est pas encore revenu ? Demande t-il tout excité.
Toute l'assemblée se regarde l'air inquiet. Sam comprends qu'il y a quelque chose qui cloche. Déjà, il est allongé dans un lit d'hopital et THéo n'est pas là.
— Dites moi où est Théo, je vous en supplie ?!
Sam est désorienté. La corde cette image revient lui transpercer le cerveau, oui c'est ça, la corde !!! Sam pleure : « non, non…. » murmure t-il.
Puisant dans le peu de forces qui lui reste, Anna s'approche de son fils, lui caresse le visage. Ces derniers jours ont été les pires de sa vie. Elle lui répond avec tendresse
— Mon chéri, Théo ne reviendra plus. Théo est mort, je suis désolé …
S'ensuit pour Anna une déferlante de larmes qu'elle ne peut retenir. Des litres et des litres l'ont déjà quitté depuis ce jour dans le grenier. Sam ferme les yeux. Il veut disparaître et rejoindre son frère, lui parler, lui dire pardon.