( Le retour du père )

Notes de l’auteur : Comme son titre l'indique un nouveau personnage entre en scène...
Un passage attendu dans ce nouvel épisode, donc je préviens de suite, attention scène un peu "hot"  (juste un peu rêvez pas, ce n'est qu'un début).
 
 
 

 

 

Lorsqu'il pénètre dans le taxi, il souffle enfin.

Le voyage a été long et pénible. Quatre ans qu'il n'a pas remis les pieds en France. Malgré ce que son ex femme lui raconte, il est persuadé que son garçon sera intéressé par sa proposition. Plus il y réfléchit, plus il se répète que c'est enfin sa chance de renouer le dialogue avec lui.

Bien sûr, la victoire n'est pas assurée, cependant l'expérience douloureuse que son fils a vécu l'aura sûrement fait grandir. Il remercie sa bonne étoile que ce ne soit pas arrivé chez lui. Il lui aurait en effet été impossible de pistonner son fils avec une pareille publicité. Cela dit, au Japon avec lui, une telle chose ne serait sûrement pas arrivée ! Il en est certain.

Quand à ce garçon dont elle a mentionné fréquemment le prénom, il s'interroge. Il en grince des dents rien que d'imaginer son fils avec un autre homme. Arrivera-t-il à s'adresser à eux sans détourner les yeux ? Il ne comprend pas pourquoi, après ce qui lui est arrivé, Uzu peut encore avoir de tels penchants. Mais pour mémoire, il vaut mieux le caresser dans le sens du poil. Si cela revient à mettre l'autre garçon dans son camp, il s'en accommodera.

Et puis homosexuel, l'idée l'aura rendu malade pendant des années, il doit bien l'avouer. Longtemps persuadé que son enfant ne faisait ça que pour se venger de lui, ce qui n'est en outre peut-être pas complètement faux... Cependant il admet aujourd'hui, qu'éventuellement, d'autres facteurs peuvent entrer en ligne de compte. Un grand progrès pour lui, il s'en félicite, ce n'est pas rien que d'admettre ses erreurs même à demi !

Depuis quelque temps, il s'évertue à essayer de comprendre, par ce qu'il ne peut se résoudre à perdre son fils unique.

*

Le téléphone sonne, ils se regardent. Gabriel, qui donnait le biberon à Hugo, dépose celui-ci dans les bras de Uzu.

- J'décroche.

- Si c'est encore ma mère tu l'envoies se faire fou...

- Chut ! Allô ? Heu, oui. Non. Bha, j'reprends la semaine prochaine normalement. C'est l'boulot ! fait-il à l'adresse de Uzu en posant sa main sur le combiné.

- Ok ! 

- Ce soir ? Heu, ch'ais pas... 

- Je peux garder Hugo si tu as besoin. 

- Attendez ! T'es sûr ? En fait c'pour un extra, c'est juste pour aujourd'hui, c'est bien payé en général ! 

- Vas-y ! 

- Ouais, allô, Charles ? C'est bon, ch’uis libre ! Ok ! Ben qu'elle passe me prendre vers midi. Gabriel raccroche.

- T‘es sûr qu'ça t'dérange pas ? 

- Je suis là pour t'aider non ? Répond Uzu en souriant, heureux de retrouver son rôle de soutien.

*

Lorsque Gabriel sort de la salle de bain tout juste couvert d'une serviette de toilette sur les hanches, Uzu sent son cœur s'arrêter. La nudité lui va si bien. Et comme il aime ses cheveux noir de jais, ses yeux verts, brillants comme s'ils avaient été atteints par on ne sait quelle fièvre, et cette bouche ! Il ne peut que s'attarder sur elle, légèrement gonflée, presque rouge, bien dessinée, une moue toujours boudeuse malgré ce sourire franc. Il a le dos encore parsemé de gouttes d'eau. Elles coulent lentement sur sa peau claire.

- Si t'as b'soin d'quelqu' chose t'appelle, j'garde mon portable sur moi. 

Uzu reste là, à l'admirer. Il le regarde aller et venir entre la salle de bain et la chambre, émerveillé. Jusqu’à ce que Gabriel s'aperçoive qu'il est contemplé.

- T'as un problème ? Hé ! ? La Lune appelle la Terre ! J'te perturbe peut-être ? 

Il s'assoit à ses côtés. Uzu tressaille lorsqu'il lui pose la main sur la cuisse.

- S’tu voyais ta tête !

Sa bouche chaude glisse sur la sienne, son torse frais se plaque contre lui. Il pose tendrement les mains sur son visage. N'osant rien de plus, se doutant à présent que le vécu de son ami va lui imposer de le laisser prendre les devants. Il se promet de ne surtout rien brusquer, de ne pas l'effrayer. Le baiser semble durer une éternité. Quand il s'éloigne, Uzu cherche de nouveau son contact. Sentant qu'il ne pourra pas rester impassible bien longtemps, Gabriel finit par le repousser gentiment.

- Je, j'suis prêt à t'attendre, mais t'es si... Pfff !  Y fait chaud quoi ! Si on continue j'risque d'aller trop loin, tu comprends ? 

- Laisse-moi faire, s'il te plaît. Laisse-toi faire et c'est tout, lui glisse Uzu tout bas à l'oreille, en lui enlevant sa serviette.

Il commence à le caresser.

- Ch’suis nu, bordel. Ch’uis complètement nu d'vant lui, il prend toutes les initiatives. Qu'est c'que Ch’uis censé faire ? Rien ? Putain. Il m'excite trop, il est dingue ! s'affole Gabriel.

Ses gestes sont doux, sa main chaude, ses baisers langoureux, et il se sent comme dans un rêve, un peu captif. Il ne peut s'empêcher d'avoir un mouvement de bassin et laisse échapper un gémissement. Il ressent un tel besoin de le rejoindre.

- Haaa, ch'uis à toi ! Tu m'tortures ! Arrête, si t'as pas l'intention de... 

Pour toute réponse la langue de l'autre glisse une fois de plus sur ses lèvres et il commence à le masturber. Tout le corps du goth se met alors à trembler. Il y a longtemps qu’il n’a autant désiré quelqu'un. Cette étreinte pleine de délicatesse lui procure pourtant un certain manque, celui de ne pas pourvoir le toucher lui aussi. Lorsqu'il veut lui exprimer son attachement à son tour, Uzu se dérobe.

- Laisse-moi faire. Laisse-moi, répète-t-il. 

Tout son être se consume à présent. Il voudrait crier mais aucun son ne parvient à s'échapper. Il brûle de lui appartenir. C'est si fort que c'en est presque effrayant ! La bouche de Uzu laisse la sienne pour glisser plus bas, beaucoup plus bas. Les lèvres douces le frôlent, descendent encore.

- Non, Uzu je... Haaa !

Mais déjà, cette langue parcourt son gland, et lui, ne peut rien faire d'autre que gémir et se tendre vers son assaillant.

Bien sûr, Uzu n'en est pas à sa première fellation, il pourrait même en énumérer des dizaines, mais aujourd'hui, la nouveauté tient en un mot : « Dominer ». Toujours contraint DE, même lorsque c'est lui qui menait la danse de la séduction, on finissait toujours forcément par décider à sa place de quand, de où et de comment. Présentement, personne ne lui maintient la tête pour qu'il poursuive, son partenaire, au contraire se montre totalement troublé, ailleurs, et également un peu inquiet.

- Je contrôle !  sourit-il intérieurement, fier et conquérant, à chacun des mouvements suppliants de son ami. Enfin, je peux ! 

Le sentir si chaviré par ses caresses le bouleverse, lui donne davantage de force et de confiance en lui. Gabriel pousse un soupir proche de la lamentation lorsque son sexe glisse enfin en entier dans la bouche qui amorce un lent va-et-vient. Ses plaintes et ses mouvements excitent Uzu un peu plus à chaque minute qui passe. Toutefois il se jure de ne rien faire d'autre que de procurer du plaisir à son partenaire. Il tient à garder le pouvoir sans égarer son esprit et ne souhaite qu'une chose : choisir de le rendre heureux. Il est trop tôt encore pour lui, il ne se sent pas prêt au moindre laisser aller, seul Gabriel doit profiter. Il espère bien lui faire perdre la tête.

Il utilise pour cela, en plus de son instinct, toutes les techniques apprises jusqu'alors, souhaitant que cette première approche soit totalement parfaite pour rendre Gabriel vraiment fou de lui.

- Quand va t'il s'arrêter ? se demande ce dernier à bout, le souffle court. Mais, la cadence irrégulière, que lui inflige Uzu ne lui laisse aucun repos. À peine peut-il reprendre sa respiration que déjà une nouvelle sensation l'assaille.

Les mèches frôlant le bas de son ventre, glissant sur sa peau nue, son souffle lui réchauffant l'entrejambe et ce parfum de passion embaumant l'air, tout s'avère irrésistible, voire irréel. L'ensemble de ses attouchements l'excitent à en crier, cette langue jouant avec son sexe, cette bouche si douce, et sa pression si parfaite, cette gorge profonde, ces caresses délicates, chaque frôlement ressemble à un mot doux.

Il n'en peut plus. Uzu le sent, et y met encore plus de ferveur.

- Arrête je, je t'en prie, haaa ! Uzu, je, je vais...

À ses mots, au lieu de ralentir, son amant accélère alors la cadence. Gabriel n'y croit pas, or à la vue du comportement déterminé de Uzu, il lui faut bien admettre que son partenaire ira jusqu'au bout.

- Ha, putain, j'vais jouir ! 

Son plaisir explose en même temps que le reste, dans la bouche de Uzu. Alors que celui-ci avale la douce semence avec un sentiment de puissance intense et inédit, Gabriel, lui, se dit qu'il aimerait être en lui, le pénétrer, il aurait tant adoré à cet instant.

Uzu entend son dernier râle, sentant qu'il s'apaise enfin, et seulement alors, il le libère. Le cœur de Gabriel bat très fort dans sa poitrine, dur de reprendre son souffle ! La japonais sourit, heureux, d'avoir réussi à le soumettre pour lui offrir le meilleur. Lorsque enfin il revint à sa hauteur, Gabriel le presse plus fort contre lui qu'il n'est possible.

- Personne m'a jamais procuré autant de plaiz' avec sa bouche. Démon qu'est-c'que tu m'as fait ? demande-t-il, avec une expression indéfinissable sur le visage.

Uzu s'étonne de le voir si troublé.

- Est-ce que ça va ? 

- Si ça va ? Tu t'fous de moi ? T'es un putain d'suceur ! J'aurais pu mourir sans jamais connaître un truc pareil !

- Maintenant, tu dois aller bosser, déclare Uzu faisant mine de se relever.

- Hééé change pas d'chaine aussi vite, reste encore un peu contr'moi. Moi aussi j'aimerais... 

- Plus tard. 

 *

Quand Gabriel réapparaît dans le salon, maintenant vêtu pour travailler, Uzu remarque ses joues roses. Sûr d'y être pour quelque chose, il en éprouve une certaine satisfaction.

- Tu vas être déstressé pour aller travailler, hi, hi ! 

Gabriel se retourne et rougit totalement, sans rien répliquer, si ingénu. Sa façon de se taire timidement révèle déjà beaucoup. Quant à lui, personne ne pourrait deviner que quelques heures plus tôt il allait si mal. Un SMS de sa mère, pourtant, va l'assombrir de nouveau :

- Ton père est arrivé avec quelques jours d'avance. Il exige de te voir. Appelle-le.

 

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vefree
Posté le 20/12/2012
Arfff ! Quel rabat-joie, le pater !
bon, eh bah y'a pas à dire, c'est cho cho cho ! c'est bien fait, bien écrit, cohérent, sencé, fidèle aux personnages. Non, rien à dire, j'ai aimé. (et c'est moi qui dit ça !!! moi qui n'aime pas le yaoi !! ) Y'a juste au début quand ça commence, je croyais que Gabriel avait collé Hugo dans les bras de Uzu et qu'il l'avait toujours quand Gabriel est sorti de la salle de bain. y'aura peut-être juste une petite liaison à faire là-dessus, c'est tout. 
Là, où je pourrais émettre une nuance c'est sur l'utilisation de l'idée d'attachement. Pour moi, ce n'est pas une notion amoureuse, seulement d'emprise physique et sexuelle et même mentale. Je sais que ce n'est pas commun mais voilà. Si tu poursuis ta lecture de l'Enseignement d'une Légende, tu comprendras ce que je veux dire, je pense. Malgré tout, pour le couple dont tu racontes l'histoire, c'est pas vraiment gênant. D'une part parce qu'ils sont homo et qu'il existe entre eux une notion de domination quasi obligatoire. De plus, avec leur passé plutôt troublé, ils ne peuvent en toute logique agir autrement. À un autre niveau d'amour, ce serait différent.
Finalement, y'a pas si rien à dire que ça. Huhu !
Ensuite, faut aller voir comment va se passer les retrouvailles avec le paternel. Je sens que ça va être houleux !
Biz Vef'
 
PS : eh, tu vois !! presque pas de fautes non plus. 
dominosama
Posté le 20/12/2012
Haha le père de Uzu est assez… space en effet, mais bon quand on voit les parents de Uzu on comprend un peu que le pauvre n'a pas du s'amuser beaucoup.
 
Ça me fait très plaisir justement le fait que tu n'aime pas le yaoï mais que tu apprécie mo histoire, plair au yaoïste (je voudrais pas être médisante, ils y en a qui recherche vraiment de bonnes histoires) mais en règle générale, c'est pas bien compliqué.
 
J'irais voir pour cette histoire de Hugo dans les bras O_o! Il m'arrive des fois de zapper des trucs -_-!
Alors pour ce qui est de l'attachement, je l'emploi a dessein, déjà parce que pour le moment Uzu et l'amour avec un grand A c'est pas encore exactement ça, ensuite parce qu'ils sont bels et bien attaché l'un à l'autre en partie par besoin de soutien et donc pas seulement parce qu'ils se plaisent.
 
Quand à cette notion de domination, je ne suis pas d'accord, il y a des couple gays dans mon entourage ou la question ne se pose pas, je pense que gays ou hétéro il n'y a pas vraiment de différence, par contre pour le moment Uzu a vraiment un problème sexuel et a trouver sa place dans un couple, ce qui va également en poser a Gabriel qui ne sait pas comment le prendre. Les choses vont changer, l'amour va venir, le vrai amour (et par parce que machin a besoin de bidule sinon il va mouriiiiiiiiiiiiiiiiiiir tout seul lol) Come tu le dit à un autre niveau d'amour la question ne se posera plus de la même manière ^^ Leur relation commence, et elle ne commence pas sous les meilleurs hospices.
Le père…  ça se gâte…
Le personnage du père, j'espère qu'il va bien refléter ce que je cherche à faire, tout en n'oubliant pas, qu'il est japonais et qu'il a donc une culture différente, (je parle pas forcément de sa façon de voir l'homosexualité, mais plus ses réactions qui pourrait sembler d'un autre âge pour nous, comme sa façon de voir l'autorité bref…).
 
Contente qu'il y ait moins de fautes ouf ! (pourvu que ça dure >_<!)
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