Je regardais mon compagnon d’armes, accroupi à côté de moi, à la lueur des étoiles.
— Est-ce qu’on a une chance ?
— De quoi ? Mourir ? Certainement, réussir à empêcher la fin du monde ? Aussi, mais cela va nécessiter une accumulation de coups de veine…
— Tu ne peux pas être sérieux dans un moment pareil ?
— Tu n’as toujours pas compris que c’est dans ce genre de moments qu’il faut laisser le sérieux de côté.
— Comment remporte-t-on une victoire ?
— Si on parvient à l’empêcher de mener son rituel à bien avant le lever du soleil, la prochaine occasion ne se produira pas avant cinq cent ans. Ce qu’il y a de bien, c’est que si on réussit à le retarder, le plus puissant sorcier qu’on n’ait jamais eu à affronter sera fou furieux. Nous succomberons probablement tous à sa colère. Tu te rends compte ? Personne ne saura ce qui s’est passé. Avec mon égo, ça me tuera une deuxième fois. C’est pour ça qu’il faut que tu survives pour dire au monde que je l’ai sauvé et à quel point j’étais génial. Et tu me connais, alors tu sais que tu pourras en rajouter, ça me fera plaisir. Quel que soit l’endroit où les dieux enverrons mon âme.
— Tu m’inquiètes là, c’est quoi ton plan ? Et qu’est ce qui te fait croire que je pourrais tenir plus de cinq minutes si tu ne surveilles plus mes arrières ?
— Écoute gamin, ça fait longtemps que j’ai épuisé mon quota de coups de bol. Et je m’apprète à faire quelque chose de vraiment très stupide. Parce qu’il n’y a pas d’autres solutions, que ne pas le faire ne me sauvera pas et condamnerait le reste du monde au passage. C’est agréable que tu sois humble et que tu m’ais laissé prendre toute la lumière. Mais on va arrêter de faire semblant, ça fait longtemps que je n’ai plus rien à t’apprendre, que c’est toi qui me sauves les miches quand ça tourne mal. À défaut de convaincre les autres de me donner une auréole, souviens-toi que je n’étais pas un si mauvais bougre. À cet instant, je n’ai qu’un seul regret, je ne serai plus là pour voir les grandes choses qui t’attendent.
À ce moment-là, le vieux Ben s’est levé, il a couru vers la lumière du feu, vers son ultime baroud d’honneur. Mon mentor n’est pas le seul compagnon qu’on ait perdu cette nuit-là. Toutefois nous avons réussi, le soleil est ponctuel chaque matin. Du moins, mes yeux essaient de m’en convaincre, ma tête pourrait s’y laisser prendre, cependant j’ignore si mon cœur le croira un jour.
Personne ne saurait ce qui s’est passé.
→ saura
Avec mon égo, ça me tuerai une deuxième fois.
→ tuera
je ne serais plus là pour voir les grandes choses qui t’attendes.
→ serai
→ t’attendent
Ben ? Comme Obi-Wan Kenobi ? L’allusion est voulue ?
Sympa comme chapitre. J’aime bien.
Je te remercie pour la relecture, j'ai modifié.
Mince, j'aurais dû choisir une allusion moins évidente ^^; mais oui, c'est volontaire.
à bientôt