Le territoire qui n'existe pas.

Par Sebours
Notes de l’auteur : Pensez-vous que le chapitre doit être divisé en deux? Jusqu'à présent, j'alternais un chapitre = un personnage. Mais en avançant, les chapitres s'allongent et je me retrouve avec deux chapitres de suite sur le même personnage. Cela gène-t-il la lecture?

Dmor-Khal maître de tout ce qui est sous terre a construit l’infra-monde à l’image du reste de l’univers. Comme Nunn avait engendré les sept dieux et leurs sept peuples, le dieu des sous-sols et des morts divisa le territoire nain en sept royaumes avec un clan à la tête de chacun.

  • Le clan du Diamant-Charbon règne sur le royaume de Grimdar à l’Ouest. C’est sur ce territoire que se trouve la capitale de l’infra-monde, Néggudur car selon les textes, c’est à l’Ouest que se trouve l’île de Dmor-Khal.

  • Les Pieds de Fer administrent le royaume de Thahar et sont basés dans la ville de Skor. Ce clan, parmi les plus puissants du peuple nain domine toute la partie Nord-Ouest de l’infra-monde. Le Kvir forme une frontière naturelle à l’Est.

  • Les Poignes d’Acier constituent le pendant des Pieds de Fer. Le royaume de Ra, dont ils dirigent la destinée, occupe toute la partie Nord-Est des sous-sols. Le siège de leur pouvoir se situe dans la ville de Nosbur.

  • Trois clans se disputent les possessions territoriales au Sud de l’océan central. Le clan de l’Œil d’Émeraude possède le royaume de Din-Yur, dans la partie la plus proche du bouclier-monde et a construit sa ville, Oyur, sur le littoral de l’étendue maritime.

  • Le clan des Peaux de Bronze, du royaume de Thudthor possède des visées expansionnistes. Originellement établi dans la ville de Thud au Sud-Ouest, le clan a construit la cité de Thor sur la rive Est du fleuve Oltul, empiétant sur le territoire de ses voisins.

  • Le clan du Cœur d’Argent du royaume de Dagen, au Sud-Est, a subit l’incursion des Peaux de Bronze. La ville principale de Marber étant trop excentrée au Nord-Est de leur territoire, ils ne sont jamais parvenus à contrôler leur frontière.

  • Les Barbes d’Étain dominent le royaume d’Hugim à l’Est de l’infra-monde, de part et d’autre du fleuve Drül, depuis leur cité de Nu-Bar. Mais le territoire doit surtout sa prospérité à la ville de Khur-Dural.

Suite à la répartition de l’infra-monde par Dmor-Khal, d’autres familles naines ont prospéré suffisamment au point de former leur propre clan autonome. Les plus connus sont les Sang de Rubis, les Fûts de Chênes et les Haches Aiguisées. Ces petits clans s’appuient généralement sur un savoir faire technique qui leur a permis de développer un empire commercial florissant. Cependant, aucun d’entre eux n’est jamais parvenu à se hisser au niveau des clans originels, leur absence d’assise territoriale étant par trop rédhibitoire.

 

« Les sept royaumes nains » extrait de

L’atlas de l’inframonde – Bibliothèque de Négudur
 

Cela faisait cinquante cycles que l’ambitieuse Nomrad s’était lancée dans l’aventure de la création d’un territoire secret. Pendant les quarante premières années, le développement s’était déroulé de manière linéaire, grâce à l’apport régulier et constant d’esclaves elfes vendus par les orcs. La maître forgeron admirait le travail réalisé par son fils Krim et son adjoint Tordur. Sur la première décennie, les deux nains avaient transformé Muggulor en un véritable poste frontière infranchissable et avaient creusé un tunnel reliant l’embryon de territoire secret à la cité orque de Udgog. Sur les trente années qui suivirent, au gré des prospections, les équipes de Nomrad avaient mis à jour deux filons d’étain et un de fer, créant autant de mines. Ces découvertes avaient fourni une prospérité nouvelle pour l’héritière d’Hulrik, assurant son ascension lente mais régulière dans le jeu de pouvoir des royaumes nains. Ces quarante premières années avaient permis à Nomrad, Krim et Tordur d’organiser rationnellement leur développement territorial, en commençant à creuser les artères principales de leur futur duché.

Mais depuis dix ans, tout s’était emballé ! Depuis dix ans, les orcs déversaient un flot ininterrompu d’esclaves. Et depuis dix ans, la superficie du territoire secret doublait en moins de six mois. Il atteignait à présent la moitié de la surface du royaume de Négudur. La maîtresse de Kur-Dhural régnait à présent sur douze mines d’or, treize de diamant, vingt-six d’argent. En plus de ces matériaux prestigieux à l’aulne desquels se mesurait la puissance d’un clan, le territoire secret se révélait riche de toutes les matières exploitables par l’artisanat nain, du fer au charbon, du cobalt à l’obsidienne, de l’opale à l’émeraude, du plomb au cuivre et du titane au nickel. Seul manquait pour l’instant un filon de magnésium pour réaliser les alliages les plus résistants. Mais étant donné la vitesse d’expansion du territoire secret, la découverte d’un tel filon ne devrait pas tarder. Les matériaux arrivaient en masse, mais Nomrad se trouvait déborder par cette opulence ! C’est pourquoi elle se réunissait régulièrement à Muggulor avec son embryon de clan comme ce matin.

Pour l’instant, seulement trois membres composaient le conseil du clan des Marteaux d’Airain mais par anticipation, Tordur avait fait creuser dans une zone de granit gris une salle capable d’accueillir au moins quarante personnes, laissant au centre de la pièce une table ovale émergeant de la roche même. Des bas reliefs représentant les armoiries des Marteaux d’Airain décoraient les flans de l’immense autel. Des sculptures de scènes du travail de la mine et de la forge ornaient les murs sous une voûte d’arcs brisés. Des incrustations des différents métaux et pierres précieuses rehaussaient les décorations taillées dans le granit. Cette débauche d’architecture sophistiquée et ce luxe de détails ne ressemblaient pas à la culture naine. Mais dans sa démarche, l’objectif ultime de Tordur était de participer à la création de la nouvelle société voulue par Nomrad et cette pièce en serait épicentre. Assise sur une chaise d’acajou ressemblant à un véritable trône en tête de tablée, la maître forgeron commença la réunion mensuelle avec son fils à sa droite et son adjoint à sa gauche.

« J’attendais avec impatience notre réunion car j’ai un réel problème à Kur-Dhural. Les forges ont atteint leur capacité maximum. Les minerais commenceront bientôt à s’accumuler. J’ai besoin de solutions ! »

Krim proposa la première chose qui lui vint à l’esprit. « Par ma hache, nous pourrions creuser des entrepôts de stockage. Le territoire étant entièrement sous notre contrôle, nous sommes à l’abri des vols d’autres clans. Ha ha ha ! »

Nomrad acquiesça mais apporta néanmoins une précision. « Cette solution paraît logique mais elle ne peut-être temporaire. Les métaux et les pierres s’accumuleront et à long terme les entrepôts ne suffiront plus. »

Le pragmatique Tordur décida de mettre les choses à plat. « Hum ! Hum ! Je vais envisager toutes les solutions possibles. Nomrad, je suppose que vous avez prospecté pour les forges et usines disponibles sur le marché. Hum ! Quels sont les résultats de vos recherches ma chère ? »

« Malheureusement, je n’ai rien trouvé de concluant. Les seuls biens potentiellement intéressants se situent trop loin de Kur-Dhural. »

Le vieux nain poursuivit. « Hum ! Hum ! A mon avis, il est également trop tôt pour envisager une alliance, notre clan n’étant pas encore officiel. Hum ! Nous pourrions vendre les matériaux bruts mais les bénéfices seront moindres qu’avec la plus-value apportée par leur transformation. Non, il est indéniable que nous devons construire un nouveau complexe industriel ! Hum ! »

L’insouciant Krim intervint. « Par ma hache, Maître Tordur, afin de rester invisible aux yeux des nains, pourrions-nous développer ce complexe à la surface ? Prêt de notre comptoir d’Afarath, cela semble peu adéquat, mais à Udgog nous aurions des esclaves à disposition. Et les orcs ont prouvé qu’ils étaient des alliés solides et fiables Ha !. »

La crédulité de son fils effarait Nomrad. « Mais enfin Krim, il est impensable de transférer ainsi nos technologies chez nos adversaires ! Notre alliance avec les orcs est fiable car ils ont besoin de nous pour forger leurs armes. Il est impératif de conserver nos secrets de fabrication chez nous, dans l’infra-monde ! La qualité de notre armement constitue notre principal atout dans les guerres lemniscates. »

Tordur réorienta la réflexion. « Hum ! Alors, bien que cela soit techniquement impossible pour l’instant, nous devons trouver une solution pour construire un complexe dans le territoire secret. Hum ! Hum ! Le problème principal provient de l’impossibilité d’évacuer les fumées parce que les cheminées creusées arriveraient dans la mer et cela inonderait toutes les galeries. » L’adjoint prit alors un air grave. « J’y réfléchis depuis le premier jour et j’ai peut-être une solution, hum, hum, mais elle est risquée et aventureuse. Je me suis procuré des cartes dryades de la surface. A plusieurs miles des côtes, il existe des îles appelées îles du ponant. Hum ! Nous pourrions y faire émerger un tunnel. Mais cela serait trop aléatoire d’arriver par en dessous. Il faudrait creuser depuis la surface. »

Chaque jour, la maître forgeron bénissait le jour où elle avait choisi le vieux nain comme bras droit. Il trouvait toujours une réponse adéquate à chaque problème. « C’est une idée à considérer. Par contre les contraintes sont nombreuses. Comment construire ce tunnel sans que les dryades le découvrent ? Comment ensuite en assurer la protection ? Nous n’aurions pas de cheminées secondaires ce qui rendait ce conduit vulnérable et d’une importance stratégique capitale ! »

Un silence s’installa dans la grande pièce d’apparat. Chaque protagoniste se noyait dans ses propres réflexions, échafaudant les hypothèses les plus folles.

Au bout d’un moment, Krim proposa. « Si nous établissions une succursale dans les îles du ponant ? Par ma hache, je vais tenter tisser des connexions avec le peuple dryade lors de mon passage au comptoir gnome d’Arafath. Ha ! Avec un établissement, nous pourrions justifier notre présence et protéger la cheminée. »

« C’est une excellente piste à envisager. Je suis impressionnée par ton acuité mon fils. Mais le mensonge mérite d’être sculpté comme les plus beaux bijoux que nous confectionnons. Si nous creusons à partir de la surface, il faudrait justifier l’excavation. Et réaliser celle-ci sans esclaves. Mon bon Tordur, combien de nains seraient nécessaires pour ce chantier ? »

« Hum ! Hum ! Cela dépendra du délai que l’on projette. Et de la distance à creuser. Je vois plusieurs phases. Premièrement, hum, nous creuserons une immense grotte-entrepôt à l’aplomb des îles du ponant. Il permettra de stocker les matériaux en surplus. Deuxièmement, hum, hum, nous relierons la cheminée depuis la surface, en prenant soin d’aménager un accès. Troisièmement, hum, hum, hum, nous construirons un complexe sidérurgique et industriel au centre des entrepôts. »

Krim poursuivit. « Quatrièmement, ha, ha, ha, ha, nous construisons un port et nous disposons d’un accès direct à l’ensemble des royaumes du bouclier-monde. Par ma hache, nous n’aurions plus à nous acquitter des taxes imposées par Négudur. »

« N’allons pas trop vite en besogne mon fils ! Cette idée est intéressante mais irréalisable tant que le clan des Marteaux d’Airain ne sera pas reconnu officiellement. Pensons déjà à nous implanter. » Bien que proférant un discours mesuré, l’ambitieuse Nomrad se voyait déjà à la tête d’une flotte de bateaux de guerre protégeant ses galères marchandes dans leurs voyages commerciaux. « Krim, tu vas solliciter tes contacts en pays dryade en leur expliquant qu’aucune prospection n’est plus possible dans l’infra-monde. »

« C’est en partie vrai mère. Par ma hache, en dehors du territoire secret, les nouveaux filons découverts sont plutôt rares. Tous les habitants de la surface le savent. »

« Et nous allons jouer de cette présupposition, mon fils. Tu vas demander aux dryades l’autorisation de prospecter sur les îles du ponant. Une fois la cheminée creusée, nous dirons que nous avons découvert une mine de fer. On créera une petite forge en surface en promettant l’exclusivité des armes aux dryades. En termes d’image, une telle stratégie de développement nous assurera l’estime du peuple dryade et une reconnaissance de la part des clans nains. »

« Hum ! Il faudrait choisir un petit îlot excentré et disposer les gravats excavés pour former une sorte de rempart naturel. Hum ! Hum ! » En technicien, Tordur réfléchissait déjà aux détails d’ingénierie. Il recherchait dans ses cartes le lieu d’implantation idéal.

En fine stratège, Nomrad n’oublia pas la suggestion de son fils. « Krim, je trouve ton idée de constituer une flotte naine visionnaire. Mais il faut agir avec prudence et le chemin sera long car nulle légende ne conte les aventures d’un nain flibustier régnant sur la mer annulaire. Les nains ne sont pas des marins et ne construisent que des barges, pas des bateaux ! Pour commencer nous nous contenterons d’acheter un navire marchand pour assurer les transferts de troupes et de matériaux. Tordur, en plus des nains affectés au percement de la cheminée, il faudrait que tu en sélectionnes une poignée capable d’apprendre les secrets de fabrication des dryades. Krim, tu utiliseras tes contacts pour placer ces espions. Nous aviserons plus tard si cela porte ces fruits. » Satisfaite d’avoir enfin une solution pour régler son problème principal, songea à conclure la réunion. « Si vous n’avez pas d’autre sujet à l’ordre du jour, nous pouvons lever la séance. »

Malheureusement, Tordur voulait aborder d’autres sujets. « Hum ! Hum ! Nous avons des soucis avec les esclaves, maîtresse Nomrad. »

« Craignez-vous une révolte servile mon brave ? Vous faut-il plus de soldats ? »

« Non maîtresse Nomrad. Hum ! Pas pour l’instant. Nous aurions plutôt à faire face à des conflits internes. D’un côté, les orcs nous fournissent une quantité de derniers nés de Nunn. Mais ceux-ci sont peu résistants et meurent rapidement. Hum ! Nous avons à peine le temps d’en faire de bons mineurs. Et ces faibles créatures s’opposent à toutes les autres races, principalement les elfes qui eux sont presque aussi résistants que les nains. Des échauffourées éclatent sans cesse. Hum ! Si nous devons envoyer nos meilleurs nains sur les îles du ponant, comment pourrons-nous encore contrôler cette poudrière ? » Le vieux nain comme sa cheffe de clan anticipait les problèmes pour les résoudre en amont. Nomrad se tourna vers Krim pour voir si l’enseignement qu’on lui inculquait depuis tant d’années portait ses fruits et lui faisait entrevoir la solution idoine.

Le juvénile dauphin prit un temps de réflexion et constatant que les autres protagonistes restaient pendus à ses lèvres, il se hasarda à proposer une réponse. « Par ma hache, les autres peuples vivent suffisamment longtemps pour acquérir des compétences et nous en faire bénéficier. Donnons donc à celles-ci un statut de contremaître. Ha ! Chacun sera chargé d’un groupe de dernier né. Les elfes considèrent tellement ces créatures comme des êtres inférieurs qu’ils se chargeront de bonne grâce de l’encadrement et du maintien de l’ordre pour nous. Il faut développer un système de délation. Haha ! Et à la moindre incartade, je ferais intervenir ma milice. »

« Oui mon fils ! C’est une excellente proposition. Mais nous pouvons aller encore plus loin. Quelques menues gratifications, un logement séparé et une ration améliorée par exemple. Et puis il faudra placer quelques derniers nés à la tête de leurs propres groupes. L’envie est un sentiment aussi puissant que la peur pour contrôler les foules. Lorsqu’ils se focalisent sur des querelles intestines pour leur ambition personnelle, les gens négligent de s’unir pour faire tomber l’ordre établi ! »

Bien qu’en accord avec ces propositions, Tordur ne perdait pas de vue les problèmes qu’ils rencontraient au cours de la construction du territoire secret. « Hum ! Hum ! Toutes ces tensions parmi les esclaves sont exacerbés par l’absence de femelles. Je ne sais pas pour quelle raison, les orcs refusent de nous en fournir. Par conséquent, les femelles des autres espèces subissent des agressions sexuelles de la part des derniers nés de Nunn. Hum ! Un système basé sur la délation et la récompense ne permettra pas de résoudre cette problématique. Nous avons besoin d’une milice plus importante ! Hum ! Hum ! Malheureusement, nous ne pouvons plus recruter de nains sans attirer l’attention des clans dominant. »

Pragmatique, Nomrad décida qu’il était temps de franchir une étape dans la constitution du clan des Marteaux d’Airain. « Si nous ne pouvons plus recruter parmi nos semblables, peut-être faudrait-il envisager de se tourner vers nos peuples alliés. Je pense que les gorgones et les manticornes constitueraient les meilleures pistes. »

Tordur redoutait ce moment depuis quelque temps déjà. « Maîtresse Nomrad, vous êtes bien consciente de ce que cela signifie ? Hum ! Recruter parmi les peuples alliés c’est franchir un cap... »

Krim termina d’exprimer la pensée de son mentor. « ...cela veut dire recruter des soldats pour créer une armée ! Hahaha ! »

La cheffe du futur clan des Marteaux d’Airain proclama solennellement. « Le temps est venu ! Le territoire secret est florissant et en expansion perpétuelle. Il devient de plus en plus dur d’agir dans la discrétion. Nous avons besoin d’une armée pour le protéger, sinon, les vieux clans dominant se l’approprieront ! Krim, en organisant et commandant ta milice, tu as déjà construit les bases de cette future armée. J’ai confiance en toi pour devenir un grand chef de guerre, mon fils ! Avec Tordur, vous avez patiemment développé un réseau de connexion avec les peuples alliés. Le temps est venu de faire fructifier ce travail de longue haleine. »

« Hum ! Hum ! Pour l’instant nous ne sommes pas en capacité d’engager des golems, d’autant que cela provoquerait la suspicion. Il est aussi trop tôt pour choisir entre les goules. Ces semi-hyènes se nourriraient des cadavres de nos esclaves, mais cela amoindrirait les chances d’une potentielle alliance à un nécromancien de talent pour monter une armée de zombies. » L’œil du vieux nain brillait de fierté. Il était conscient de participer à un instant historique pour son peuple. «  Hum ! Je pense donc qu’il faut commencer par recruter des gorgones. Les caractéristiques physiques quelconques de cette espèce les rendent peu recherchées dans la société naine. Leur solde sera raisonnable et elles s’accommoderont des logements de caserne déjà construits. Hum ! Hum ! Surtout que leurs compétences sur un champ de bataille sont exceptionnelles avec leur capacité à pétrifier leurs adversaires ! Par la suite, hum, nous recruterons des manticornes, mais cela est logistiquement plus compliqué. Ces créatures sont immenses, il leur faudra un secteur dédié. Hum ! Hum ! Dès demain j’affecte une partie des mineurs a la construction de logements adaptés aux manticornes et je vais réorienter une partie de l’élevage. Ces lions ailés ne peuvent pas se contenter de poulet. Nos alliés orcs de Udgog devraient pouvoir nous fournir discrètement des bêtes à corne pour débuter notre cheptel. »

Nomrad se fit la réflexion que si Tordur n’avait pas été aussi âgé, il eut pu faire un prince consort acceptable. Il était vif d’esprit, pragmatique, toujours de bon conseil et d’un caractère arrangeant. De plus il était ce qui se rapproche le plus d’un père pur Krim. Le vieux nain semblait encore bien conservé pour son âge et constituerait un amant toujours acceptable. L’héritière d’Hulrik stoppa net le vagabondage de ses pensées. Décidément, le désert affectif de sa vie sentimentale lui pesait trop ! A tel point qu’elle se prenait à rêver d’une relation avec son fidèle adjoint en pleine réunion hautement stratégique pour la destinée de son futur clan ! « Très bien ! Je m’occuperai de l’achat de bêtes à corne auprès des orcs. J’essaierai de voir pourquoi ils ne nous fournissent que des derniers nés mâles. Tordur, tu organises le territoire et la gestion des esclaves. Krim, je te laisse jouer de ta discrétion et de tes contacts pour recruter des gorgones et tenter une implantation dans les îles du ponant. Aujourd’hui nous franchissons un cap ! Bonne chance à vous ! Que Dmor-Khal vous guide ! »

Les deux nains répondirent en chœur. « Que Dmor-Khal te guide aussi ! » Puis ils sortirent.

Nomrad se retrouva seule dans l’immense salle d’apparat. Et elle se rendait chaque jour un peu plus qu’elle était aussi seule dans sa vie. Et même une fois son clan officialisé il risquerait d’en être ainsi. Il en allait de son indépendance! Jamais plus elle ne devait céder au plaisir charnel. Par contre, elle devait anticiper le futur de son fils. Deux options s’ouvraient à elle, marier Krim à une fille de rien et créer une lignée de toutes pièces ou bien chercher l’alliance d’un autre clan avec le risque de se faire absorber par celui-ci. Bah ! Rien ne pressait. Cela pouvait attendre encore un peu. Il fallait d’abord à pérenniser le territoire secret. Finalement elle n’était pas si seule. Si Nomrad ne bénéficiait pas de l’amour d’un compagnon, elle pouvait reporter ce manque dans sa relation filiale.

Suite à la réunion, la maître forgeron était restée à Muggulor et avait passé le reste de la journée à organiser pour le lendemain un voyage à Udgog. Il fallait battre le fer tant qu’il était chaud. Le soir arrivé, l’ambitieuse naine décida comme trop souvent d’aller se saouler à la taverne pour combler son grand vide. Elle buvait sa bière, fabriquée dans sa brasserie avec le houblon de ses exploitations. Elle la buvait dans son auberge, servie par ses employés dans sa ville de son royaume. Elle avait tout … et pourtant il lui manquait quelque chose qu’elle ne pourrait jamais avoir ; la présence à ses côtés du nain qu’elle avait connu charnellement. Même en donnant tout ce qu’elle possédait, elle n’obtiendrait jamais ce qu’elle désirait viscéralement ! Elle avait remué ciel et terre pour retrouver Grudar, son amant d’un soir, mais apparemment il s’était évaporé dans la nature. Les nains d’or ne constituaient qu’une légende et personne dans l’infra-monde n’en avait jamais rencontré un… sauf elle. Au moins, son goût prononcé pour la boisson et son air généralement taciturne suffisaient-ils à repousser les prétendants dignes de ce nom et mettre Nomrad à l’abri de la faute. Les chopes de bières s’enchaînèrent donc et ce n’est qu’une fois terrassée par la fatigue, l’ambitieuse solitaire alla se coucher pour prendre un peu de repos avant son voyage.

Le lendemain matin, malgré sa gueule de bois quotidienne, la maîtresse de Khur-Dural se leva de bonne heure. Un nécessaire de voyage l’attendait au magasin de la caserne contrôlant l’accès à Muggulor. Cela se réduisait au strict minimum. Dans le sac à dos se trouvait une tenue de rechange, une outre d’eau, des pierres à feu, un petit couteau et quelques plantes médicinales. La naine y rajouta une bourse remplie de pièces d’or, une flasque d’eau de vie et quelques fruits. Le trajet ne durant qu’une demi-journée, il était inutile de plus se charger.

C’était la première fois depuis le percement du tunnel reliant Muggulor et Udgog qu’un nain montait à la surface par ce passage. Dans l’accord passé entre Gal et Nomrad, ce sont les orcs qui devaient descendre régulièrement pour escorter les esclaves livrés aux nains. Mais la démarche d’aujourd’hui ne concernait qu’indirectement le contrat. Le clan des Marteaux d’Airain devait éclaircir le mystère de l’absence de femelles parmi les derniers nés de Nunn. Même si ses créatures s’avéraient chétives et inutiles dans les travaux d’excavation, elles pourraient apporter un semblant de paix sociale parmi les esclaves.

La maître forgeron se dirigea donc vers l’entrée cachée derrière la caserne. Seule la poignée de fidèles du début de l’aventure et la milice de Krim en connaissait l’existence. Conservée une certaine discrétion sur cet accès demeurait une priorité pour le clan. C’était leur corne d’abondance sur laquelle s’appuyait leur expansion. La porte ne se différenciait pas dans l’architecture par une magnificence ostentatoire. Elle se camouflait au contraire dans l’anonymat qu’offrait sa simplicité. Nul garde ne la protégeait car elle constituait un sommet de la technologie naine. Les orcs resteraient à jamais ce qu’ils sont, c’est à dire des guerriers sanguinaires prêts à renier leur parole et à déferler sur leur allié d’hier. Un soin particulier avait donc été porté à la confection de cette solide porte de fer et aussi à ce qu’elle cachait. Des serrures inviolables équipait un ensemble de sept portes épaisses de trois paumes. A la moindre tentative d’effraction, des herses tomberaient de part et d’autre de chaque seuil et des vannes en surplomb inonderaient le tunnel avec l’eau du fleuve Drül. Traverser les sept poternes demandait une demi-heure. La livraison des esclaves s’effectuaient à la quatrième porte. Et le système élaboré n’autorisait l’ouverture que d’un seul passage à la fois. Les orcs amenaient donc les esclaves dans le troisième sas, ils sonnaient pour signaler leur présence puis rebroussaient chemin, seuls. Une fois cela effectué, les nains allaient chercher leurs nouveaux captifs. Ce cloisonnement garantissait la sécurité de tous et depuis la conclusion du marché, aucun contact physique entre orcs et nains n’avait été constaté.

Bien entendu, Nomrad possédait la clef permettant d’ouvrir les sept portes. Elle était jeune et bonne marcheuse donc l’ascension dans le tunnel ne fut qu’une formalité. Durant le trajet, elle s’interrogea sur la manière dont Gal avait aménagé l’accès à la galerie. Rencontrerait-elle des difficultés à s’introduire en territoire orc et à parler avec le capitaine de Udgog ? Au bout de quatre heures de marche, ses doutes s’évaporèrent. Une simple palissade de bois barrait le chemin. Au centre de celle-ci, une serrure rudimentaire fermait un grand portail constitué de poteaux d’acacias noués solidement entre eux. Nomrad mis plus de temps à trouver sa dague dans son sac à dos qu’à crocheter le mécanisme. Comme elle le pensait, des gardes se trouvaient en faction de l’autre coté du mur de bois. Le plus gradé d’entre eux la héla en orcanien.

« Que fais-tu ici étrangère ? »

Nomrad était une grande stratège. En prévision de moments comme celui-ci, elle s’était assigné depuis plusieurs cycles à l’apprentissage des sept langages du bouclier-monde, à savoir nain, elfique, orcanien, satyrique, gnome, nausiquin et runique. Sa maîtrise de l’idiome du guerrier lui permis d’expliquer convenablement la raison de sa venue, bien que dans une syntaxe approximative. « Moi cheffe des nains. Viens rencontrer chef orc. Mais secret. Pour ça pas escorte. Capitaine Gal ici ? Moi attendre toi chercher lui. »

La sentinelle acquiesça pour signifier qu’il avait compris son interlocutrice. Malheureusement, le capitaine Gal et le caporal Vlad menaient actuellement une série de raids à l’extrême Sud du royaume elfe. Les villes situées à proximité de Udgog avaient organisé leur défense. Par conséquent, le chef de guerre devait mener ses troupes toujours plus loin. Peut-être que la chance avait souri à Nomrad. Les orcs ne se seraient sans doute pas risqués à déranger le géniteur royal ou son adjoint pour la sollicitation d’une vulgaire femelle naine. La peur de se retrouver égorgé si l’affaire s’avérait contrariante aurait été trop forte. Borg se situait en troisième place dans la hiérarchie et faisait montre d’une relative clémence dans sa manière de diriger. Le déranger inutilement n’était pas passible de mort. Le chef des gardiens en faction ordonna brutalement à l’un de ses soldats d’aller dépêcher l’ingénieur militaire.

Nomrad sentait l’inimitié qu’elle générait auprès des orcs. Ses guerriers exécraient la faiblesse et pour eux les femelles n’étaient que faiblesse. S’ils se doutaient de la puissance qu’elle possédait, ils eut été pantois. Pour amadouer ces cerbères, commença par étancher sa soif avec son outre d’eau puis leur en proposa d’un signe. Les trois soldats encore présent refusèrent poliment. Alors la naine repris la parole « Si cela intéresse vous, j’ai aussi eau-de-vie. » et présenta sa magnifique flasque d’argent.

Les sentinelles échangèrent des regards, interrogeant silencieusement leur chef de faction. Après une valse d’hésitations, celui-ci opina du chef et saisi la petite bouteille. « Attention ! Très fort !Vous partager. » L’orc sourit. Cette naine pensait qu’il ne savait pas boire ? Il allait lui montrer que ce petit récipient n’était qu’une mise en bouche. Mais à la première gorgée, l’assurance du gardien vacilla. La tête lui tourna instantanément et il tendit la bouteille à ses congénères. L’eau de vie produisit le même effet sur eux. Et les trois cerbères s’affalèrent contre la palissade, emportés par une ivresse trop subite pour être honnête. Nomrad avait judicieusement drogué son eau de vie. Comme toujours son obsession d’avoir un coup d’avance lui offrait une certaine latitude pour agir. Elle disposait d’une vingtaine de minutes pour effectuer un repérage sommaire. Elle avança donc jusqu’à l’entrée de la caverne. Ce qu’elle découvrit l’estomaqua.

L’accès au tunnel se situait directement à l’intérieur du camp qui concentrait les esclaves capturés lors des raids des orcs. Gal et ses troupes avaient singulièrement modifié le paysage depuis le percement de l’ouverture auquel la naine avait participé. Une limite matérialisée par une barrière semblait séparer les autres races des derniers nés de Nunn. Du haut de son promontoire, pour Nomrad, ils ressemblaient à une fourmilière grouillante. Ce n’est qu’en focalisant son attention successivement sur différents individus que la cheffe du clan secret constata l’une anomalie. Il n’y avait pas de femelles dans cette masse protéiforme. On retrouvait bien les mâles que le capitaine Gal leur livrait régulièrement mais aussi plus curieusement des enfants qui gambadaient en tout sens, comme des moustiques à la surface d’une mare. Cette multitude d’esclaves ne se cantonnait pas à attendre qu’on les amenât dans l’inframonde. Au-delà d’une première enceinte, ils se livraient à des tâches agricoles ! Progressivement, la naine identifia par déduction des zones de maraîchage, des champs de céréales et des enclos pour différentes espèces d’animaux. Il est vrai que sous terre, ces activités n’avaient pas lieu d’être. Mais pourquoi donc la ville de Udgog appliquait-elle ces principes de développement que l’on rencontrait plutôt chez les elfes ? Les orcs étaient des carnivores et se nourrissaient du produit de leur chasse ou dévoraient leurs victimes. Ce peuple guerrier n’estimait pas utile de réaliser par son labeur ce qu’il pouvait prendre par la force à ses voisins. Alors pourquoi développer cette exploitation agricole ? Nomrad plissa les yeux. Il lui faudrait réfléchir sur un artefact capable de voir plus loin. Elle ne pouvait pas en être certaine, mais il lui semblait qu’une grande majorité des femelles assuraient les travaux des champs. Était-ce la raison pour laquelle les orcs ne leur livraient que des mâles ? Dans les champs aussi couraient des enfants, sans doutes des petites femelles. Une deuxième enceinte enserrait la zone agricole. Des habitations s’implantaient tout autour, s’étendant à perte de vue. Nomrad comprenait à présent que Udgog avait autant prospérer que Khur-Dural et Muggulor grâce à l’accord secret. Surprenamment, ces satanés orcs semblaient avoir fait fructifier les bénéfices obtenus. Gal ne dirigeait plus un modeste poste frontière mais une véritable cité.

La naine voulut avancer à découvert mais des ombres tournoyantes projetées sur le sol l’en dissuadèrent. Des harpies surveillaient le périmètre et fondraient sur elle sans sommation si elle décidait de s’aventurer hors du tunnel. Sagement, elle s’assit près de l’entrée pour attendre l’arrivée de l’adjoint de Gal. La maître forgeron commença à analyser les bribes d’éléments qu’elle venait de récolter. Ces nouvelles informations permettaient d’écarter certaines hypothèses formuler par le conseil du clan. Comme les femelles des derniers nés de Nunn, travaillaient ici à Udgog, les orcs n’avaient sans doute pas passé un autre traité secret avec un autre peuple. C’étaient une action apparemment délibérée et réfléchit. Les infrastructures avaient été bâties dans ce sens. Pourtant, un mâle pouvait tout aussi bien assurer les travaux des champs. Alors pour quelle raison le peuple d’Abath-Khal gardait-il toutes ces femelles sous leur coupe ? Tentaient-ils de les faire se reproduire en captivité comme du bétail ?

Bientôt, les gardes reprirent leurs esprits. Trop fiers pour avouer leur moment de faiblesse, chacun agit comme si rien ne s’était passé. Après quelques instants où le temps paru se dilater sous l’effet de l’ambiance pesante, Borg arriva enfin, accompagnée de la sentinelle. Sans aucun cérémonial, l’orc aborda la naine dans un elfique acceptable.

« Bonjour. Je suis Borg, ingénieur militaire de Udgog. Je représente l’autorité de Gal en son absence, ce qui est le cas aujourd’hui. Je parle en elfique pour que notre conversation demeure confidentielle. Me comprenez-vous ? »

Nomrad rétorqua dan un elfique tout aussi convenable. « Bonjour. Je suis Nomrad, maître de Khur-Dural. Cette volonté de confidentialité me sied parfaitement. Êtes-vous au courant du traité commercial que j’ai signé avec votre chef de guerre, le capitaine Gal ? »

Borg répondit sèchement, mais d’une voix trop douce pour ne pas trahir un effet théâtral. « Le capitaine Gal n’a aucun secret pour moi. Notre traité ne nécessite pas la venue de nains sur notre territoire. Quel est le but de votre visite. »

« Nous pensions que notre traité était limpide et ne nécessiterait aucune mise au point ! » suggéra insidieusement la cheffe du clan secret. « Au moment de l’accord, il n’avait jamais été convenu que vous ne nous livreriez que des esclaves mâles. Nous avons besoin de derniers nés femelles ! Pourquoi n’en livrez-vous jamais ? »

La voix chevrotante d’hésitation, l’ingénieur avança ses arguments. « Les raisons sont multiples… D’abord, les mâles de cette espèce sont bien plus résistants, donc nous les privilégions … pour honorer notre accord. ... Nous utilisons les femelles pour nos échanges avec les autres hordes d’Orcania ... enfin, pour les femelles que nous n’avons pas dévorées lors du retour des raids. Ceux-ci sont de plus en plus lointains. »

Foi de Marteau d’Airain, cette explication n’était qu’un mensonge cousu de fils blancs. Mais découvrir la vérité importait peu. « J’entends bien vos explications, mais j’ai besoin d’un nombre raisonnable de femelles pour apaiser les tensions parmi mes esclaves ! Chez vous, ils ne sont qu’en transit et j’imagine que la servilité s’obtint par la peur. Le moindre individu qui sort du rang se retrouve exécuté de manière spectaculaire et ostentatoire à la vue de tous. Il ne peut pas en être ainsi dans la construction de mon royaume souterrain. Du fond des galeries, ce type de sentence n’a pas le même poids. »

« Bref, vous voulez des reproductrices pour vous passer de nos services. »

« Certes non ! Nous voulons juste quelques femelles pour limiter les risques de révolte servile. Les mâles se concurrenceront pour obtenir leurs faveurs et leur union autour d’une cause commune sera impossible. Ma requête est raisonnable. Nous ne demandons que 5 % du cheptel soit constitué de femelles en bonne santé à chaque livraison. »

Ne désirant pas s’éterniser, l’ingénieur militaire conclut.« J’en référerai au capitaine Gal mais en effet, votre requête semble raisonnable. Nous devrions pouvoir accéder à votre demande. Nous vous transmettrons notre réponse avec la prochaine livraison. Je vous invite à laisser vos éventuelles futures communications dans le troisième sas, les escortes nous les rapporterons. A présent, mes gardes vont vous reconduire. Nous nous montrons exceptionnellement magnanimes pour cette fois. Sachez néanmoins que toute future incartade sur notre territoire sera puni de mort. »

Borg se retourna et commença à remonter vers la surface. Nomrad était satisfaite, sans percer le mystère les entourant, elle était presque certaine d’obtenir la livraison de femelles dernières nées de Nunn. Elle allait emboîter le pas des sentinelles lorsqu’une juvénile créature apparue à l’entrée du tunnel. Elle n’en avait jamais rencontré de comparable. On aurait dit une sorte d’orc atrophié. Ces canines et ses griffes semblaient plus courtes et moins acérées. La structure osseuse et la charpente charpentes faisait penser à un orc adolescent chétif. Les codex ne recensaient que les orcs rouges et les noirs. Mais la couleur grisâtre de l’enfant ne ressemblait à aucune espèce du monde bouclier. Quelle était cette créature inconnue et mystérieuse ? Voilà de quoi alimenter la réflexion de Nomrad pour son trajet de retour.

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Peridotite
Posté le 17/12/2022
La cheffe naine veut élargir ses entrepôts et créer des forges plus performantes. Pour ce faire, les Nains doivent créer un conduit de cheminée et acheter plus d'esclaves. On découvre que la naine se sent seule. Elle va négocier avec les Orcs pour obtenir des esclaves femmes.

Perso, je me suis vraiment posée des questions sur ce chapitre. C'est partiiii !

Les Nains ont des forges, depuis toujours, donc du feu et des cheminées. En quoi est-ce un soudain problème de construire une cheminée, je ne comprends pas ? Ne sont-ils pas de grands bâtisseurs ? Des cheminées, ils doivent en avoir masse ! Je ne saisis pas le problème.

Pourquoi songent-ils à vendre des armes aux dryades qui n'ont pas d'armée et donc pas d'armes car ils sont pacifistes (du moin, c'est ce que j'avais compris jusque là) ?

Pourquoi pense-t-elle qu'amener des femmes va apaiser les hommes. Ça ne va pas les rendre plus violents au contraire (se battre pour les femelles en minorité, tout ça) ?

Comment ça se fait que la reine naine se rende en secret dans le royaume orc, genre en personne ? Ne peut-elle leur passer un message et organiser une entrevue ? C'est la cheffe quand même et là elle agit comme si ce n'était pas le cas. Ne devrait-elle pas être accompagnée d'une escorte ? Et pourquoi cette infiltration ? Ce n'est que pour une simple tractation commerciale, il ne s'agit pas d'espionner le camp adverse.

J'aime bien le fait que tu montres que la naine se sente seule, et que malgré tout, elle s'acquitte bien de sa tâche. Tu peux lui mettre quelques amants, ce ne serait pas incohérent, mais malgré ça, elle se sentirait seule. Là comme c'est la cheffe, je comprends pas pourquoi elle a pas quelques esclaves pour la satisfaire sexuellement par exemple.

Mes notes de lecture :

"dans l’aventure de la création d’un territoire secret."
> J'enlèverais "de l'aventure"

"capable d’accueillir au moins quarante personnes"
> C'est pas tant que ça, regarde une salle de classe accueille 30 personnes facile
"décoraient les flans de l’immense autel"
"Nomrad se retrouva seule dans l’immense salle d’apparat."
> Du coup, à cause de cette première phrase, je ne l'imagine pas si grande cette salle

"cette pièce en serait épicentre"
> L'épicentre ou son épicentre non ? (il manque un déterminant selon moi)

"nous aurions des esclaves à disposition. Et les orcs ont prouvé qu’ils étaient des alliés solides et fiables"
> Des alliés ? Tu parles bien des esclaves là ? Est-ce donc bien le bon terme ?

"je vais tenter tisser des connexions"
> de tisser ?

"tant que le clan des Marteaux d’Airain ne sera pas reconnu officiellement."
> Comment ça se fait qu'il n'est pas reconnu ? Il y a un rituel a faire ou quelque chose ? Ils ont l'air puissant et prospère.

"en promettant l’exclusivité des armes aux dryades."
> Je croyais que les dryades étaient pacifistes ?

"d’un père pur Krim"
> Typo

"Et elle se rendait chaque jour un peu plus qu’elle était aussi seule dans sa vie"
> Il manque un mot non : rendait compte ?

"Il fallait d’abord à pérenniser"
> Un "à" qui traîne

"Le soir arrivé,"
> Tu peux juste mettre "Le soir,"

"Même si ses créatures s’avéraient chétives et inutiles dans les travaux d’excavation, elles pourraient apporter un semblant de paix sociale parmi les esclaves."
> Mouais je suis moyen convaincue. C'est pas impossible mais il manque une explication du genre que les femmes nains sont connues pour calmer les hommes nains ou un truc du genre. Parce qu'on se doute que ça va pas marcher cette histoire.
> Et surtout, ils pourraient les faire se reproduire ensemble et donc gagner du fric pour ne plus dépendre des Orcs, du moins pour les escalves humains. C'est pas plutôt ce point qui est important pour eux ?
> Comme le dit Borg : "Bref, vous voulez des reproductrices pour vous passer de nos services."
Je le trouve plutôt sensé, pourquoi les Nains n'y pensent-ils pas ?

"une demi-heure"
> J'avais pas fait attention avant, mais ils comptent en heure dans ton monde ?

"Nomrad mis plus de temps"
> mit

"et pour eux les femelles n’étaient que faiblesse"
> Pas sympa ses Orcs. Et qu'en est-il des femmes orcs, ils les considèrent aussi comme faibles ? (Je dis ça comme ça, il faut pas changer hein 🙂)

"Alors la naine repris la parole"
> Reprit

"saisi la petite bouteille"
> Saisit

"Une limite matérialisée par une barrière semblait séparer les autres races des derniers nés de Nunn"
> Au début, tu peux juste dire "une barrière", on comprendrait bien

"C’étaient une action apparemment délibérée et réfléchit"
> "C'était une action apparemment délibérée et réfléchie"

"Borg arriva enfin, accompagnée"
> "accompagné" si Borg est un homme

Pour répondre à ta question, ça ne me dérange pas d'avoir un long chapitre, ni d'avoir un chapitre coupé en deux avec 2 persos point de vue qui se suivent. Si c'est au service de la narration, ça me va. Par contre pour ce chapitre en particulier, il n'est pas articulé en une structure cohérente selon moi. D'abord, il y a les débats autour de la cheminée, puis le passage au bar et enfin la partie infiltration chez l'ennemi, non lié au problème de cheminée plus haut. Les éléments ne sont pas connectés entre eux et je pense que c'est pour ça que tu te poses la question de séparer en deux. S'il y a un soucis de cheminée en 1, on s'attendrait à ce qu'elle monte a la surface pour enquêter sur ce problème en 2. Ça reste mon humble avis 🙂

Désolé de t'enquiquiner avec ces questions, tu dois te dire que je suis fort embêtante 🙂
Sebours
Posté le 17/12/2022
Merci Peridotite!
Tu ne m’embêtes pas, au contraire, c'est très constructif! Je dois juste fouiller dans ma mémoire car j'ai écris pas mal de chapitres depuis.

Pour les cheminées, il faut bien visualiser le bouclier-monde. En surface on a un continent unique central entouré d'un océan (la mer annulaire). Du coup, il est impossible de creuser des tunnels sous la mer car les cheminées inonderaient les galeries. L'illustration par des cartes manque encore une fois.

Tu as raison sur le fait que Nomrad ne dois pas aller seule. D'autres personnages sont apparu dans la suite de l'histoire. Je pense que je reprendrais ce passage avec un fidèle qui alerte et accompagne Nomrad.

Pour le besoin d'esclaves femelles, il y a une vraie incohérence. En fait, à l'époque, je n'osais pas trop donner des défauts à mes personnages (syndrome de Mary Sue). Les nains sont avides. Nomrad veut des femelles pour organiser elle-même le reproduction des esclaves pour gagner plus d'or et ne plus payer.
Peridotite
Posté le 19/12/2022
Mais du coup comment font-ils pour forger des armes et des armures sans feu depuis des millénaires ? Quand bien même ils vivent sous la mer, j'imaginais ce problème résolu depuis longtemps non ?

Il est même mieux que tous tes persos aient leurs défauts. J'avais perçu que les Nains étaient avides, car ils créent de plus en plus d'entrepôts pour stocker leur minerais, alors qu'on a l'impression qu'il n'est même pas utile. J'avais le sentiment qu'ils le stockaient par avidité. Pour les esclaves, soit elle veut des femmes pour reproduire les esclaves comme tu le dis (et comme le dit Borg :-) ) soit pour remplacer les hommes par des femmes car elles sont moins violentes (c'est possible aussi selon moi, d'autant que c'est une femme elle-aussi). Par contre introduire des femmes pour rendre les hommes moins violents, j'y crois moyen :-)

À mon avis, la naine peut organiser une entrevue secrète à la surface, du genre l'Orc l'attend et elle le rejoint avec son escorte pour négocier. Je trouve qu'elle prend trop de risques, à se battre contre les gardes à la porte, à entrer dans le royaume orc alors que c'est interdit etc, pour rien finalement. C'est la cheffe, pas une simple naine du peuple qui fait n'importe quoi, elle peut très bien demander une audience à ses alliés pour une question commerciale.

Encore une fois, ce n'est que mon avis et je te laisse y réfléchir :-)
Peridotite
Posté le 19/12/2022
D'ailleurs, j'y repensais vite fait, mais en fait ça ne serait pas incohérent non plus si la naine se disait je vais acheter des femmes pour calmer les hommes, après tout, elle se trompe peut-être et il est bien possible que ce faisant, elle rende la situation pire sans le savoir. Bref, c'est aussi une piste de réflexion, c'est pas à balayer quoi
Sebours
Posté le 19/12/2022
En fait, l'infra-monde des nains se situe uniquement sous le continent central, là où on peut construire des cheminées. Et l'objectif de Nomrad c'est de conquérir sous le mer périphérique de nouveaux territoires "vierges" (même si tu as du mal avec ce mot, ha! ha!).
Sylvain
Posté le 27/11/2021
Tu pourrais éventuellement couper le chapitre juste après la réunion, mais je ne trouve pas ça dérangeant.
Je pense aussi qu'il ne faut pas que tu t'imposes l'alternance des personnages à chaque chapitre. Tu peux très bien avoir 2, 3 ou 4 chapitres de suite sur le même personnage sans que ça ne pose de problème. De plus, tu n'auras parfois sûrement pas le choix si tu veux respecter ta timeline.

J'aime le fait de suivre trois civilisations aux stratégies différentes. Nomrad semble vouloir passer un cap en ce qui concerne son clan.
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