L'Entracte : Les jeunes filles timides

Notes de l’auteur : Bonjour !
Avant que vous fassiez un bond de dix mètres, sachez que ce qui suit n'est qu'un entracte, sans véritable liaison avec le chapitre épilogue.
Je le mets ici pour vous remettre un peu dans le bain, même si j'avoue que c'est un texte assez personnel...
Je reviens dans deux ou trois heures pour vous dévoiler la toute toute toute fin de Graines de Comédiens qui, j'espère sincèrement, vous plaira.. :)
Ne vous inquiétez, je ne suis pas loin ! x)

 

L’entracte

 

Les jeunes filles timides

 

 

 

 

Cette conversation eut lieu un matin, lorsque Xavier avait encore 20 ans et quand Ludivine était encore une adolescente. Ils avaient dormi chez la petite blonde et s’étaient réveillés en douceur, peu pressés d’affronter une nouvelle journée sous les directives de Benjamin. La jeune comédienne était restée pensive quelques minutes, le regard fixé au plafond.

 

- Dis Xavier… Pourquoi tu m’aimes ?

- T’as de ces questions de bon matin, toi…avait marronné le jeune homme, en lui tournant le dos pour tenter de gagner quelques instants de sommeil supplémentaires.

- Xavier, sérieusement…

 

Elle-même était très sérieuse, et cela était si rare que le comédien comprit la gravité de la situation, même si lui-même n’était pas d’humeur à l’être. Il avait fait un cauchemar – Liz se faisant dévorer par un Minotaure sous ses yeux, et semblait peu disposé à donner une réponse intelligente au réveil.

 

- Qu’est-ce qui te plaît chez moi ?

- J’aime les blondes, avait répondu alors Xavier, endormi, devant l’insistance de la jeune fille. J’adore les tâches de rousseur aussi.

- Mais pas ça ! s’était écriée Ludivine. Le physique, ça ne compte pas ! Qu’est-ce qui te plaît vraiment chez moi ?

- J’aime bien tes yeux, ton nez aussi, mais un peu moins ta bouche. Je la trouve trop petite. Et abîmée. Si tu arrêtais de te mordre les lèvres ? Mais j’aime bien quand même t’embrasser.

- Xavier… Tu ne réponds pas à ma question !

- Et plus que tout…j’ai un gros faible pour les filles timides. J’aime toutes les filles timides. Aline était très réservée quand je l’ai connue. Elle ne parlait jamais. Et quand je flirtais avec elle, elle ne savait plus où se mettre. C’était mignon. Caroline, elle ne rougissait pas. Elle fermait les yeux d’une façon assez particulière, et souriait très timidement. Et on voyait ses pommettes toutes roses. Un amour. Et toi Lulu… Quand je t’ai vue la première fois, tu n’osais pas t’avancer vers Madame Suzette, car tu pensais que j’étais là avant toi. Tu étais écarlate. J’ai craqué. Voilà.

 

Ludivine s’était replongée sans un mot dans ses réflexions. Si Xavier tombait sous le charme de toutes les jeunes filles timides, ce n’était guerre rassurant.

 

- J’ai déjà craqué pour Claire. Oh, c’est pas ce que tu crois ! Je l’ai juste titillée. J’adore titiller les filles timides. Claire est bavarde, d’accord, mais elle est toujours intimidée par les gens qu’elle ne connait pas. La première fois que je l’ai rencontrée, en Section B, je lui ai dis qu’elle ressemblait à une Égyptienne…et que je raffolais des Égyptiennes comme elle. On aurait dû la peindre tellement elle était belle, rouge comme une écrevisse. Et Mary-Lou…ça fait longtemps que j’ai craqué pour Mary-Lou…

- Mary-Lou ?! Mais elle a neuf ans !

- Et alors ? Il n’y a pas d’âge pour être timide !

 

Xavier avait marqué une pause pour observer Ludivine réfléchir à ses paroles. Sourcils froncés, elle avait du mal à comprendre pourquoi diable les filles timides étaient bien plus fascinantes que les autres.

 

- Tu sais Lulu, une fille est timide lorsqu’elle a honte. Lorsqu’elle a un secret.

- Faux, avait contredit la petite blonde.

- Vraiment, Mademoiselle Maël ? avait lancé Xavier, taquin comme jamais.

 

Ludivine avait alors piqué un fard et le jeune homme s’était redressé aussitôt, avec un sourire fendu jusqu’aux oreilles.

 

- Tu vois ! s’était-il écrié, triomphant. C’est ça que j’aime chez les filles timides ! Elles sont plus fragiles que les autres. Elles n’ont pas confiance en elles. Elles se sous-estiment. Elles ont peur de ne pas faire les choses comme il le faut. Elles ont peur de ne pas être assez intéressantes pour les autres, alors elles ne parlent pas, elles ne parlent plus, et elles sont timides. Et en même temps, c’est idiot, parce qu’elles gagnent toutes à être connues…si on prend le temps de les voir et de leur parler. Et une fois qu’on les a apprivoisées, elles parlent autant que les autres, voire plus ! Et c’est là qu’on se rend compte qu’elles sont vraiment formidables.

 

Ludivine, les yeux écarquillés, n’en était pas revenue. Xavier, voyant sa tête, n’avait pu s’empêcher de rire.

 

- Tu comprends maintenant, Lulu ?

- Je crois.

- Ah…les filles timides…avait soupiré rêveusement le comédien.

 

Un temps.

 

- Je les aurais toutes aimées.

 

 

 

 

De Clo.

 Pour toutes les filles timides.

Et pour Sandra.

Âme et corps pour toujours.

 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
vefree
Posté le 13/07/2009
Ooooooooooh, comme c'est mignon, ça ! C'est tout roudoudou !
C'est court, mais, c'est tout mignon.
Bravo, Clo' ! Un petit chapitre vraiment agréable et qui, au réveil, comme moi, me donne du baume au coeur et me donne envie de revenir dans ma jeunesse vivre la même chose... 
La Ptite Clo
Posté le 13/07/2009
^^
C'est plus un texte personnel qu'un véritable chapitre, mais bon...ça fait l'entracte. ;)
Merci beaucoup Vef. :)
Cricri Administratrice
Posté le 02/03/2009
J'ai adoré O_O Complètement adoré ! C'est un très beau texte, un très bel échange et je trouve la réflexion de Xavier vraiment... wow !
Appartenant moi-même à la catégorie des filles timides, je me sens très touchée par cet entracte ^^
Tu as toujours des mots si justes, à la fois drôles et poétiques. Tu es vraiment géniale, Clo *o*
*Cricri sort avec des fleurs dans la tête*
La Ptite Clo
Posté le 02/03/2009
*sort de la correction du dernier chapitre*
Merci ma Cricri... Merci beaucoup. 
Au fait, par rapport à ton commentaire "28 ANS C'EST PAS VIEUX !!!"...navrée, j'avais oublié que tu en avais 29... x)
Je te fais tout plein de câlins, et encore merci beaucoup.
Vous lisez