L’ENTREE AU PORT 3
Dann tapa du poing sur le détonateur. Pet’unson réagit tout de suite. Il ouvrit grand sa gueule et rugit, tel un lion en poussant un grand cri de détresse : Meuheuheuheuheu qui résonna de toute sa puissance dans la rade de Cherpoule.
Au port, la réaction fut immédiate. Aussitôt, d’un commun accord, les Tire-Pilotes dressèrent leurs nageoires. Alignés le long du quai François, ils prirent à grande vitesse la direction des digues.
Sur la Débrouillarde, l’équipage s’activait de toute sa force pour affaler les voiles car le vent trop violent les claquait dans tous les sens. Les muscles des marins se tendaient et glissaient sous leur peau ! Ils réussirent tout de même enrouler les voiles et les ligoter bien serrées sur chacun des mâts.
Pendant ce temps, les Petits Mousses jetaient par-dessus bord les aussières terminées par de larges anneaux en bois, qui flottaient sur l’eau. Les Tire-Pilotes arrivèrent rapidement près du bateau. C’était de grands et beaux dauphins à la peau luisante et grise. Ils enfilèrent leur long museau dans chacun des anneaux. Et, en remorquant la frégate de chaque côté, ils la guidèrent vers le port.
Débrouillarde s’assagit d’un coup. Elle se laissa conduire gentiment à travers la Passe.
Ouf ! Enfin, tout le monde rentrait à bon port. Dans la rade la mer s’apaisait. Les hauts murs de la digue servaient de remparts aux vagues déchaînées poussées par les vents violents. Le mauvais temps semblait encore plus en colère que Débrouillarde et ses Marins. Tous étaient envahis d’une même inquiétude, que chacun portait au fond du cœur…
Doucement, toujours escortée des Tire-Pilotes, Débrouillarde accosta penaude, le long du quai François. Dans l’ombre de la nuit, se dressait, non loin de là, la Gare Maritime. Un architecte d’avant-garde, l’avait créée dans le style Art-Codé. De plus, son squelette se composait d’une armature en ferraille, le tout recouvert de ciment. Du béton armé quoi ! Elle accueillait les trains bondés de voyageurs en partance pour les pays lointains.
De Cherpoule, ces hommes et ces femmes, embarquaient sur des bateaux vers les Mondes Nouveaux. Ils émigraient vers leurs destins, avec l’espoir d’une vie plus agréable…