Les arbres "B"

      Depuis que Juliette avait sa cabane dans le grand arbre A, elle passait de plus en plus de temps dans la forêt des lettres. A l’occasion de ses promenades, elle avait remarqué d’autres arbres, un peu plus loin. C’étaient les arbres B.

      Quand ils étaient de petits arbustes, ils ressemblaient à ça :

 

b

 

            Quand ils grandissaient, ils devenaient de drôles d’arbres rondelets et potelés :

 

B

 

      Juliette s’approcha de l’un d’entre eux.

 

      « Bah bonjour beau B ! s’écria-t-elle. »

 

      « Tiens, pensa-t-elle, je parle bizarrement aujourd’hui ! » Elle essaya de poursuivre la conversation.

 

      « Belle brillance biscornue bien boulonnée ! s’exclama-t-elle sans rien comprendre à ce qu’elle disait. »

 

      « Bon bah bye-bye ! finit-elle par lâcher en s’éloignant. Mais qu’est-ce que c’est cette histoire ? Chaque fois que j’essaie de parler à cet arbre, je lui dis des mots qui commencent par « b » ! C’est infernal ! maugréa-t-elle en remontant dans sa cabane. »

 

      Quand Marie arriva, Juliette lui raconta sa nouvelle aventure.

 

      « Hmmm, attends je crois que j’ai une idée qui pourrait marcher pour le calmer celui-là, finit-elle par dire d’une voix machiavélique. »

 

      Juliette accompagna Marie jusqu’à l’arbre B et au moment où elles arrivaient à son abord, le phénomène reprit.

 

      « Boulette bulleuse balance borborygmes ! dit Juliette alors qu’elle voulait signifier à l’arbre qu’elle en avait assez qu’il lui fasse dire n’importe quoi.

      - Bip, bip ! fit Marie en faisant signe à Juliette de se taire. Bûcheron, buchettes, bois brûlé, barbecue ! lança-t-elle ensuite à l’arbre B d’un air de défi. »

      L’arbre B ne souffla mot. On n’entendait plus que le bruit du vent dans les feuillages. Juliette brisa le silence.

      « Tu crois que ça a marché ? Mais oui, ça a marché ! Je peux dire tous les mots que je veux ! T’es forte ma Marie ! »

      Marie avait eu une bonne intuition en disant à l’arbre B des mots qui pourraient lui faire peur, même s’ils commençaient par la bonne lettre. Les filles purent ensuite jouer dans ses branches toute l’après-midi.

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AlaindeVirton
Posté le 17/08/2024
B est doué d’un pouvoir magique : les enfants qui l’approchent sont contraints de n’utiliser que des mots commençant par B. Comment échapper à ce sortilège ? Marie n’est pas Juliette, elle ne choisit pas la voie directe, elle passe par la bande : elle terrifie la pauvre lettre B en lui parlant pourtant dans sa langue, et du coup B en perd ses pouvoirs.
Très subtil !
Paul Genêt
Posté le 17/08/2024
Un peu trop peut-être : ma fille a eu du mal à comprendre au début. Mais, après explication, elle a adoré l'écouter à de nombreuses reprises.
JeannieC.
Posté le 13/07/2024
Je poursuis !
"de drôles d’arbres rondelets et potelés :" > on imagine presque des angelots, c'est à croquer.
"Belle brillance biscornue bien boulonnée !" > ça aussi, j'adore, on dirait de l'OULIPO - il y a un vrai plaisir à jouer avec la langue, à faire sautiller tout ça comme dans une comptine ou un jeu de marelle.
La petite Marie est très futée, héhé
Paul Genêt
Posté le 13/07/2024
Celle-ci a beaucoup intrigué ma fille au début. Et la citation que tu relèves, c'est son passage préféré, elle le connaît par coeur !
Sonia85
Posté le 14/04/2024
Bonjour,

On avance dans l'alphabet. Voilà la lettre B. J'ai trouvé amusante votre idée de faire parler les filles en commençant tous les mots pas la lettre B.
Paul Genêt
Posté le 14/04/2024
Eh bien, oui, ça a beaucoup amusé ma fille également ! Bonne soirée à toi !
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