Un après-midi particulièrement chaud, Marie s’était éloignée un peu plus profondément dans la forêt. Elle cherchait des fraises des bois au bord des petits chemins. Soudain, elle aperçut de nouveaux arbres. C’étaient de beaux C majestueux. Les petits arbustes ressemblaient à ça :
c
Quand ils étaient grands, ils étaient plutôt comme ça :
C
Marie, curieuse, s’approcha, se demandant quel étrange pouvoir auraient ces arbres-ci. Elle toucha le tronc incurvé de l’un d’eux, s’allongea dessus comme dans une gigantesque chaise, grimpa tout en haut mais rien ne se passait ! Marie s’apprêtait à redescendre quand tout à coup, CRAC, la branche sur laquelle elle avait posé son pied cassa sous son poids. Heureusement, elle ne se fit pas mal en tombant.
Elle appela Juliette pour lui montrer ces nouveaux arbres. Cette dernière accourut et grimpa immédiatement dessus.
« Oh la la ! Il est drôlement confortable ! Par contre, Marie, je ne sais pas ce que j’ai mais j’ai vraiment mal au crâne. Je préfère redescendre. »
Au moment où Juliette toucha le sol, ses céphalées disparurent.
« Bin ça alors, je n’ai plus mal à la tête ! s’écria-t-elle.
- Je suis sûre que tes maux de tête ont un rapport avec le pouvoir de cet arbre, affirma Marie. Attends, je remonte pour voir. »
A peine posa-t-elle le pied sur une racine que Marie sentit une force irrépressible la pousser à enlacer le tronc de l’arbre pour lui faire un gros câlin. Juliette se demanda d’ailleurs ce qu’elle fabriquait.
« Viens m’aider Juliette ! Je n’arrive pas à détacher mes bras de ce tronc ! cria Marie en détresse.
- Bouge pas, j’arrive ma vieille, je vais pas te laisser tomber, répondit Juliette. »
Mais à peine avait-elle à son tour posé le pied sur une des racines de l’arbre que sa main, mue par une puissance invisible, mit une énorme claque à Marie qui, sous le choc, lâcha le tronc et tomba sur ses fesses.
« Mais t’es complètement folle ! protesta Marie en se frottant la joue.
- Je ne l’ai pas fait volontairement Marie, je te le jure ! Ma main est partie toute seule ! se défendit Juliette tout en descendant prudemment de la racine sur laquelle elle était perchée. »
Mais comme elle baissait la tête pour regarder où elle posait ses pieds, elle ne vit pas la branche qui pendait juste devant son visage et qui lui griffa la joue.
« Aïe ! s’exclama-t-elle, je vais encore avoir une belle cicatrice !
- Juliette, ça y est, j’ai compris, s’écria Marie. Le CRAC de la branche cassée, le mal au crâne ou les céphalées, le gros câlin, la claque et maintenant la cicatrice ! A proximité de cet arbre, il ne se passe que des choses qui commencent par « c », triompha-t-elle.
- Mais bien sûr, tu as raison ! Je ne l’avais pas tout de suite compris parce que le « c » ne fait pas toujours le même son, des fois c’est [s] comme dans « cicatrice » et des fois c’est [k] comme dans « câlin ». T’es douée Marie !
- Ca ne nous dit pas comment on va faire pour ne plus avoir de problèmes dans ces arbres C… répondit Marie pessimiste.
- Attends, moi, j’ai peut-être une idée… dit Juliette sans donner plus de précision. Rejoins-moi ici demain matin vers 10 h. »
Le lendemain matin, Marie était au rendez-vous à l’heure dite et vit Juliette arriver avec un bébé dans les bras.
« Mais qu’est-ce que tu fabriques, pourquoi as-tu amené ton frère ici ? demanda Marie interloquée.
- Tu vas voir… répondit mystérieusement Juliette.
Puis, elle retira le pantalon de son frère, déboutonna son body et lui enleva sa couche. Et voilà que son petit frère, les fesses nues comme quand il était sorti du ventre de sa mère, se mit à se promener à quatre pattes autour de l’arbre C. Évidemment, il ne fallut pas longtemps pour qu’il grimpât sur la grosse racine et le phénomène ne se fit pas attendre non plus. Un énorme caca couleur carotte fut déversé aux pieds du bel arbre C.
« Effectivement, ça commence bien par « c »… constata Marie. Mais, ça, par contre, non ! dit-elle en explosant de rire. »
En effet, le petit frère avait achevé son travail par un joli jet de pipi parabolique.
De toute façon, comme sa mission était accomplie, il fut rhabillé illico et ramené à la maison. Pendant ce temps, Marie conclut en s’adressant à l’arbre :
« Et ne t’avise pas de nous embêter à nouveau, sinon, on te le ramène ! »
Depuis ce jour, les filles n’ont jamais eu à se plaindre du moindre arbre C et ont pu profiter bien souvent de la belle courbe de leurs troncs pour se reposer.
J'ai lu les premières lettres hier à mes enfants. Ce chapitre sur la lettre C, l'arrivée du personnage du petit frère, le CACA et le PIPI, ont déclenché l’enthousiasme et l'adhésion à l'histoire ! Même mon fils (qui va entrer en CE2 et qui est plutôt concentré sur ses histoires de pokémon,) il est rentré à fond et il a pris plaisir à expliquer à sa sœur les différents sons de la lettre C.
Je leur ai lu l'histoire depuis mon téléphone, il n'y a pas d'image, pourtant ils ont tous les deux réclamé que je leur montre à chaque fois l'image de la lettre, le petit arbre et le grand arbre :-).
La lettre D les a aussi beaucoup fait rire, ce sont des sons amusants. Pour moi aussi c'est très agréable à lire (un peu comme la série de la sorcière "Cornebidouille", ce sont des textes chouettes à raconter).
On passe vraiment par tous les genres, du poétique à l'ouvertement comique. Ta fille a beaucoup dû s'amuser =) Encore une fois c'est charmant à lire, plein de malice et de trouvailles. J'aime bien cette petite ritournelle des arbustes et grands arbres pour permettre de montrer les deux formes de la lettre.