Alors que Juliette et Marie s’enfuyaient, poursuivies par Georges Brassens et sa moustache, elles prirent un chemin qu’elles n’avaient encore jamais emprunté. Elles coururent, coururent, jusqu’à ne plus entendre le pas lourd du chanteur guitariste et l’air de Au marché de Brive-la-Gaillarde, dont il hurlait les paroles comme des imprécations.
Essoufflées, pliées en deux par l’effort, elles s’arrêtèrent dans une clairière. Leurs oreilles, encore pleines du vent de la course, se mirent à capter un singulier remue-ménage. Elles levèrent la tête et découvrirent les arbres F. Les petits arbustes ressemblaient à ça :
f
Les arbres de belle taille ressemblaient plutôt à cela :
F
Mais le plus surprenant était l’ambiance qui régnait dans ces arbres. Ce n’étaient que sauts, cabrioles, galipettes et acrobaties en tout genre. Écureuils, mulots, blaireaux, faons, hérissons, lapins, mais aussi mésanges, merles, geais, bergeronnettes, rouges-gorges et chardonnerets, tout le monde se livrait à un vertigineux ballet de culbutes, chutes, pirouettes et autres loopings. Un très joyeux tintamarre accompagnait ces virevoltantes activités.
« Mais qu’est-ce que c’est que ce bazar ? demanda Juliette à Marie.
- Je n’en sais rien, mais ils ont l’air de bien s’amuser ! répondit l’intéressée. »
Alors qu’elles s’approchaient, leurs zygomatiques se mirent à frémir, leurs jambes à sautiller, leurs bras à s’accrocher l’un à l’autre, puis aux branches depuis lesquelles, en s’agrippant, elles se projetèrent dans les airs pour se rattraper à celles d’un arbre voisin.
« Ah ! ah ! ah ! Mais il est génial cet arbre F ! hurla Juliette en exécutant une belle roulade avant dans l’herbe molle.
- Ca c’est sûr ! répondit Marie, qui, elle, plongeait avec un plaisir non retenu dans des buissons de genêts en fleurs. Je ne vois pas ce qu’on peut reprocher à cet arbre F, il est parfait !
- Oui mais je ne comprends pas le rapport entre la lettre F et ce qu’on est train de faire, s’interrogea Juliette en faisant le cochon pendu.
- C’est l’arbre des foufous et des fofolles ! s’exclama Marie.
- Fichtre, aurait dit Georges Brassens s’il avait réussi à nous suivre ! conclut Juliette.
Et elles continuèrent à sauter de branche en branche comme des écureuils sauvages. Elles restèrent là deux heures d’affilée et rentrèrent chez elles épuisées mais heureuses comme tout !
Petite remarque : si ce texte n’est pas lu dans la foulée du précédent, ne faudrait-il pas rappeler à l’auditeur comment celui-ci s’achevait ?
Donc là évidemment mon fils a trouvé le mot "fesse"... impossible de les calmer après ça. Autant dire que la lettre G ensuite est passée inaperçue (j'ai quand même continué histoire de respecter mon engagement jusqu'à la lettre H, mais sans y passer toute la nuit)
Ah quel plaisir que ce joyeux tableau des F. On se laisse embarquer dans cette luxuriantes et virevoltante faune. C'est la Fête =D Et voilà les deux camarades saisies de fatigue après tout ça, mais une de ces saines et joyeuses fatigues -