Les arbres "G"

Le lendemain, Juliette et Marie décidèrent d’explorer la forêt plus avant, certaines de faire de nouvelles découvertes passionnantes dans cet endroit de plus en plus surprenant. Effectivement, au détour d’un sentier, leurs oreilles furent charmées par un doux bruit de glouglou.

Elles cherchèrent d’où venait cette musique aquatique et ne tardèrent pas à découvrir un lieu tout à fait extraordinaire. Un cercle d’arbres d’une espèce nouvelle entourait une joyeuse mare où batifolaient les geais et les grenouilles.

Les petits arbres avaient cette allure :

 

g

 

Mais les plus grands étaient plutôt comme ça :

 

G

 

Surtout, du bout d’une des branches de chaque arbre sortait un jet d’eau qui glougloutait gaiement et s’écoulait dans la mare. C’étaient des arbres fontaines ! Quel délicieux séjour pour deux petites filles !

Ni une ni deux, elles ôtèrent leurs vêtements et sautèrent dans l’eau. Elles s’éclaboussaient, plongeaient du haut des branches des plus grands G, poursuivaient les grenouilles et sentaient les goujons les frôler en nageant. Ce n’étaient que rires et cris de joie.

      Juliette sortit la première de l’eau et s’installa tout en haut d’un arbre G pour sécher au soleil. Marie s’apprêtait à la rejoindre lorsqu’elle sentit quelque chose de pointu s’enfoncer dans son pied. C’était un caillou qui gisait sur les bords sablonneux de la mare. Elle hurla de douleur et se mit à pleurer.

      C’est alors qu’un phénomène fabuleux se produisit. Dans un bruit délicat qui évoquait des pas dans la neige, les eaux se figèrent : les jets des branches des arbres comme la surface de la mare, tout gela. La vue de ce merveilleux spectacle avait fait oublier sa douleur à Marie.

      Depuis son perchoir, Juliette n’avait rien perdu de ce prodige. Elle s’exclama :

« Dis donc Marie, c’est super pratique, on a une piscine qui fait patinoire en même temps !

- Oui mais t’as pas intérêt d’être en train de nager quand ça se glace ! répondit Marie en riant.

- Ni à patiner quand ça dégivre ! s’amusa Juliette. »

A peine ce petit échange s’achevait-il qu’un frisson sembla parcourir les lieux. Des craquements se firent entendre, la glace se fissura et, en quelques secondes, la mare avait repris sa forme initiale, les jets faisaient de nouveau entendre leurs glouglous et les grenouilles sautaient sur la rive.

« Marie, s’exclama Juliette, je crois que j’ai compris ce qui se passe ici. Les glouglous des jets d’eau dans la mare se font entendre quand les êtres qui sont près des arbres G sont heureux. Et nous étions heureuses comme tout quand nous sommes arrivées ici. En revanche, si la tristesse vient troubler ces eaux joueuses, comme au moment où tu as pleuré à cause de ta blessure au pied, tout gèle. L’eau a d’ailleurs dégelé dès lors que nous nous sommes mises à rire.

- C’est bien pensé Juliette, et ça permet d’entendre à la fois le son [g] des « g » du mot « glouglou » et le son [ʒ] du « g » du mot « geler ».

- Allez ma vieille, viens te sécher là-haut avec moi et gageons qu’on va bien bronzer toutes les deux ! conclut Juliette en riant. »

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JeannieC.
Posté le 14/07/2024
Ah il y avait de quoi faire en termes d'allitérations, avec ces grenouilles, glouglous et autres bruits d'étangs :D C'est assez cartoonesque, dans ces images de jets d'eau, glissades et patinoires. Un petit peu de phonétique au passage, c'était l'occasion tip top pour aborder ces notations des sons.
Paul Genêt
Posté le 16/07/2024
On était dans la période "Reine des neiges" : j'aimais l'idée de faire une description de la glace qui fige la mare soudainement puis du dégel.
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