« Dis-moi Marie, quand tu manges un gâteau au chocolat à la crème anglaise, tu préfères le gâteau ou la crème anglaise ?
– Hmm, c’est pas facile de te répondre tu sais ? D’autant plus que tu n’as peut-être pas pensé au fait que le mélange des deux crée un goût unique et que ça pourrait être ça que je préfère, n’est-ce pas ? répondit malicieusement Marie.
– Tu crois ? demanda Juliette. »
C’est au gré de ces interrogations somme toute très importantes que Juliette et Marie déambulaient dans la forêt des lettres par une jolie matinée fraîche et lumineuse.
« Bien sûr Juju, tiens, regarde le chocolat. Si tu manges de la poudre de cacao sans sucre, c’est dégoûtant, on est d’accord ? questionna Marie.
– Ça a quand même un parfum agréable, non ? répondit Juliette.
– Mouais, admettons. Maintenant, si tu manges du sucre tout seul, c’est bon ? continua Marie.
– Oui, c’est bon mais c’est quand même un peu écœurant, tu ne trouves pas ? remarqua Juliette.
– Si, mais la sensation du sucre sur la langue, ça reste agréable. Et quand tu bois un verre de lait froid, tu apprécies aussi ? demanda à nouveau Marie.
– Oui, j’adore le lait. Au fait, est-ce que tu sais pourquoi c’est blanc le lait ? poursuivit Marie.
– Mon père m’a expliqué que c’étaient des minuscules bulles de graisse à l’intérieur qui lui donnaient cette couleur. Bon, et maintenant, tu mélanges ces trois ingrédients : le lait, le sucre, le cacao et tu les fais chauffer. Ça va donner du chocolat chaud et, là, on est d’accord, c’est un délice qui dépasse de loin en goût, le cacao tout seul, le sucre tout seul ou le lait tout seul ? conclut Marie. »
Juliette ne répondit pas. En écoutant, Marie, son regard s’était perdu dans les alentours et elle avait remarqué que les arbres qui les entouraient avaient changé d’aspect. C’étaient des Q. Les arbustes avaient cet aspect :
q
Les arbres adultes ressemblaient plutôt à ça :
Q
« Regarde Marie, de nouveaux arbres. Tu les reconnais ? demanda Juliette.
– Oui, ce sont des Q. Quel pouvoir ont-ils à ton avis ? demanda Marie à son tour.
– Je ne sais pas... Qu’en penses-tu, toi ? répliqua Juliette.
– C’est justement ce que je te demande ! Qu’est-ce que TU en penses ? s’énerva Marie. »
Juliette cessa de parler. Elle avait compris. Ces arbres les obligeaient à ne se parler qu’en se posant des questions. Elle eut alors une idée de génie.
« Marie, si je te dis que je suis une menteuse, est-ce que tu me crois ? demanda Juliette.
– Bin non, vu que tu me dis que t’es une menteuse : comment veux-tu que je te croies ? s’interrogea Marie à voix haute.
– C’est vrai mais si tu ne crois pas que je suis une menteuse, alors quand je te dis que je le suis, tu dois me croire, non ? s’exclama Juliette
– Ah mais qu’est-ce que c’est que cette question ?!? C’est impossible d’y répondre !!! rugit Marie.
– Et voilà Marie, ces arbres nous obligent à nous poser des questions, j’en ai trouvée une qui va leur donner du fil à retordre ! ricana Juliette.
– Ouf, merci parce que j’en avais assez de toutes ces questions, j’avais la cervelle en ébullition ! souffla Marie.
– Viens, on va se le prendre ce chocolat chaud. Après tout, on peut en dire ce qu’on veut, ça finit toujours pareil : dans notre ventre ! conclut Juliette. »
Et les fillettes coururent chez Juliette en éprouvant une joie qui ne faisait pas question.
Belle est aussi cette idée de confronter les jeunes oreilles à la logique. Je me demande comment les enfants réagissent.
Enfin, le mot de la fin (qui est le mot central du chapitre) permet de placer une locution qui enrichit le vocabulaire.
Beau texte.