Les arbres "V"

Le lendemain, Juliette pensait encore à l’Utopie et Marie bougonnait en pensant à ces deux garçons qui voulaient les embrigader.

« Qu’est-ce que tu racontes dans ta moustache ma vieille Marie ? demanda Juliette. »

Cette dernière fut extrêmement surprise en entendant Marie répondre dans un langage incompréhensible, fait de sons très aigus et prononcés avec une incroyable rapidité :

 

[Note pour le lecteur adulte : prononcer cette phrase sur un ton suraigu et à toute allure]

« Je pense à ces deux nigauds qui ont voulu nous faire rentrer dans leur sacré bon Dieu d’Utopie ! »

 

      [Note pour le lecteur adulte : accélérer de même le débit de la narration, en réservant la hauteur suraiguë aux dialogues] Dans le même moment, cher petit lecteur, chère petite lectrice, les pas de Juliette et Marie s’accélérèrent, ainsi que tous leurs mouvements, si bien qu’elles avançaient à une vitesse vertigineuse. Juliette avait déjà compris qu’elles avaient affaire à de nouveaux arbres qu’elles ne pouvaient même pas voir car leur marche forcée transformait tout ce qui les entourait en un brouillard de couleurs. Le plus embêtant dans tout cela, c’était que le chemin était fait de multiples embranchements où, systématiquement, des panneaux indicateurs semblaient permettre de s’y retrouver. Mais à l’allure où elles allaient, les deux fillettes étaient bien en peine de lire quoi que ce soit !

 

     « Blablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablabla ! dit Marie.

     – Blablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablablabla ! répondit Juliette. »

 

Impossible de communiquer clairement entre elles ! La situation était désespérée, elles allaient finir leur vie à tourner en rond dans cette maudite forêt avec une voix ridicule !

Heureusement, Juliette eut alors une idée lumineuse !

 

[Note pour le lecteur adulte : la narration et les dialogues se font maintenant au ralenti avec une voix grave]

« Marie, j’ai trouvé la solution, il faut que nous parlions au ralenti pour que le débit de notre conversation soit normal. »

 

Et de même, Juliette ralentit ses mouvements et ses pas pour avancer à une allure plus raisonnable.

 

[Note pour le lecteur adulte : pendant la réplique de Marie, le débit paraîtra ralenti au début et redeviendra normal au fil de la phrase.]

« C’est noté Juliette, c’est génial, mais je crois qu’on peut trouver un débit plus naturel voilà, j’y suis ! répondit Marie.

 – Effectivement, ce sera plus confortable comme ça ! s’exclama Juliette. »

Leurs yeux purent enfin se poser sur les arbres qui les entouraient. C’étaient des « V ». Les plus petits étaient déjà fièrement plantés dans la terre, comme ceci :

 

v

 

Les plus grands filaient dans l’air comme un vaisseau spatial bien caréné :

V

 

      Marie et Juliette s’écrièrent ensemble : « La vitesse ! » puis elles lurent le panneau indicateur du carrefour où elles se trouvaient :

 

« Voyez où vont vos vies : vite mais vainement en un voyage aveugle.

Sinon pour sortir, c’est toujours à droite. »

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