Varad avait intérieurement souri cinq jours plus tôt devant les vaines tentatives d’Alissandre, il l’avait regardé partir un brin amusé bien que son visage restât de marbre. Une fois seul avec le roi, il lui affirma de cette voix froide, dénuée de toute émotion.
— Quoique que vous ayez fait, Neïla sera à moi. Même si elle avait épousé son cousin ou ce Savin, peu importe, je l’aurais choisi quand même. Au mieux, j’aurais laissé un délai de quinze mois pour qu’ils vous conçoivent un ou une héritière. Au pire, j’aurais tué son époux et je l’aurais emmené quand même. Je suppose que de toute façon vous nous auriez envoyé une invitation pour le mariage comme tous nos vassaux le font ?
— Oui en effet…
Varad marqua une pose, observa son interlocuteur quelques instants avant de répondre.
— Croyez-moi, je serais venu et cette union, peu importe avec qui, n’aurait jamais eu lieu, je m’en serais assuré. Voyez-vous, je me fiche de la virginité de votre fille, mon père non. Il vaut mieux pour Neïla qu’il ne découvre jamais qu’elle l’a perdu depuis longtemps. Le corps de la princesse m'indiffère, ce que je veux, c'est son pouvoir.
Les mains du roi se crispèrent sur ses accoudoirs, en cet instant, il maudissait cet être, pire, il éprouvait que de la haine pour cet impérial hautain et méprisant. Mais, il pensa à ce qu’il avait fait faire des années plus tôt… Varad allait avoir une belle surprise concernant les pouvoirs de Neïla, cependant il se garda bien de le lui dire.
Les deux hommes s’observèrent sans exprimer le moindre sentiment.
— Puisque vous désirez abdiquer, je vais en informer l’empereur… Ce sera l’occasion de présenter Alissandre à mon père. Le prétexte pour organiser cette soirée à bord de notre vaisseau est tout trouvé sans alerter qui que ce soit. Votre cher neveu et votre fille ont intérêt à être présents, car, croyez-moi, vous le regretteriez, je m’arrangerais pour m’occuper de cela moi-même et personne n’aime m’avoir comme ennemi.
Le souverain n’en doutait pas et refusait de se laisser impressionner par ce jeune mage.
— Mon neveu n’a qu’une parole, ils seront là.
— L’amour peut rendre stupide.
— Alissandre connaît ses devoirs, il ne sacrifiera jamais notre peuple au nom de l’amour qu’il porte pour Neïla malgré la force de ses sentiments. Il les a tu pendant des années, croyez-vous qu’il mettra tout en danger pour cela. Je pense que vous le sous-estimez ainsi que ma fille.
— Je ne sous-estime personne, jamais, j’évite de faire les mêmes erreurs que mon père. Je suis simplement réaliste.
— Avant d’avertir votre père, j’ai une requête à vous soumettre, je désirerais devenir l’ambassadeur de Nylos dès que la passation de pouvoir sera faite.
— Vous désirez demeurer auprès de vos filles et de votre nièce ?
— En effet, avoua le monarque. C’est tout ce que je peux faire.
— Qu’il en soit ainsi, je le comprends.
Varad se leva pour prendre congé, remit sa capuche en place et au moment de franchir la porte du bureau, il se retourna vers Adhrogan.
— Ne croyez pas que nous sommes tous des montres, vos filles et votre nièce seront entre de bonnes mains.
Varad n’attendit pas la réponse du roi. Il se dirigea vers la sortie et alla se promener dans les jardins royaux. Le prince aimait cette planète, si différente de la sienne. Son monde n’avait rien de comparable. Il l'appréciait, mais il était si froid, si austère. Il songea à sa mère, à la planète d’où elle venait, toute à l’opposé de la sienne. Celle de la sorcière rouge était brulante, en grande partie désertique, quant à la partie la plus habitée le climat en était étouffant et très humide. L’impératrice, elle, venait de la zone désertique faite de sable et d’oasis. Il y était allé une fois avec elle peu de temps avant qu’elle ne se suicide. L’impérial chassa ce douloureux souvenir et se concentra sur la végétation luxuriante des jardins. Il effleura de ces longs doigts les délicats pétales, se pencha même pour sentir le parfum d’une fleur aux formes étranges, d’un rouge vif et à l’odeur capiteuse. Varad se doutait que Neïla peinerait à se faire à Azdrak-Kitéh, la capitale impériale. Mais, elle ne serait pas seule, une partie de sa famille serait auprès d’elle et l’héritier du trône impérial pensait que c’était une bonne chose, il aurait besoin de soutiens quand il accéderait au trône.
Après une longue promenade, il s’installa seul sur un des nombreux bancs du parc et observa la tour aux dragons. Il aurait aimé chevaucher une de ces créatures et sentir les mouvements d’air, être juste seul là-haut, libre. Varad se décida et prit la direction de la tour. Un individu en tenue de dragonnier l’accueillit.
— Puis-je quelque chose pour vous ? demanda-t-il à cet étranger.
— J’aimerais voler.
— Pardon ? Mais, vous n’êtes pas dragonnier et seuls ceux-ci le peuvent. Faites-vous inviter par l’un d’entre eux et vous le pourrez.
— En effet, je ne le suis pas, je suis le prince Varad, le fils de l’empereur.
Le dragonnier l’inspecta de la tête aux pieds, et se demanda quelle tête pouvait-il bien avoir sous cette capuche sous laquelle il se dissimulait.
— Je suis désolé, mais je ne peux pas vous donner accès à la tour. Il vous faut une autorisation royale ou l’invitation de l’un d’entre nous.
— Et vous ne pourriez pas ?
— Non ! Votre statut n’est pas un passe-droit, pour ma part, vous pourriez être l’empereur lui-même, personne ne franchit cette porte sans un accord de notre roi et je doute que vous connaissiez un dragonnier.
Habitué à obtenir tout ce qu’il désirait par peur de sa réaction, il aurait pu menacer ou pire tuer cet insolent, mais Varad n’en fit rien. Il se contenta de relever un instant sa capuche avant de la rabattre de nouveau. Son interlocuteur recula, la peur au ventre face aux deux globes rougeoyants des iris du prince. L’impérial tourna les talons, satisfait de l’effet, quant au dragonnier, il le regarda partir, les mains tremblantes et moites, la bouche sèche et l’estomac noué. Varad fit un geste de la main et se volatilisa sous les yeux du garde de la tour, laissant derrière lui que des cendres, des amas grouillants que le portail avait invoqués.
De retour au vaisseau impérial, Varad se rendit auprès de son père qu’il trouva en compagnie d’une femme, sans doute une nylosienne, puisque la seule femme à bord était sa sœur. Il ne doutait pas un instant du sort de la pauvre créature gémissante entre les bras de son géniteur, absolument pas gêné par l’entrée de son fils dans ses appartements.
— Je reviendrai plus tard…
— Installe-toi ! J’en ai pour quelques minutes ! grommela l’empereur sans cesser ses va-et-vient entre les cuisses de cette amante d’infortune.
Varad eut la décence de leur tourner le dos et prit place dans un des fauteuils austères de métal brossé. Comme presque tout dans ce vaisseau, l’appartement de l’empereur n’avait rien de chaleureux avec ses murs blancs, ses meubles fonctionnels sombres et presque aucune décoration. Seule une paire de haches de Beta-Zighor ornait un des murs, une planète sauvage où quelques tribus guerrières s’affrontaient lors de combats d’une sauvagerie extrême. Pendant que Sylas s’affairait avec vigueur et arrachait des cris de douleur à sa partenaire, Varad pianotait d’impatience sur le bureau. Il entendit son père remonter son pantalon, refermer sa longue tunique de cuir noir et ordonner à la femme de sortir.
Une jeune fille de peut-être seize ans, voire dix-sept ans passa devant lui, avec encore des joues rebondies, elle le salua en bafouillant, le visage baigné de larmes, quasiment nue, des traces sanglantes sur des cuisses un peu rondes. Le prince hocha la tête, mais demeura glacial. Quant à l’empereur, il avait déjà oublié la fille, une de plus ou de moins, peu lui importait, tant qu’elle satisfaisait ses besoins primaires.
— Que veux-tu !
— Père…
Une fois de plus, la tension entre le père et le fils était palpable. L’empereur-mage, comme presque tous les impériaux, était un être froid, presque dénué de sentiments et de conscience. Il ne voyait en Varad qu’un fils et plus précisément un mage puissant capable de lui succéder, pour le reste, les états d’âme de son héritier lui importaient peu. Le seul être pour qui il avait eu un semblant d’affection avait été la sorcière-rouge et c’était beaucoup dire. Quant à Varad lui-même, il haïssait cet homme, ses manières, tout ce qu’il représentait. Il ne lui avait jamais pardonné la mort de sa mère. Cependant, le prince se gardait de montrer la moindre émotion, qu’elle soit tendre ou brutal, il paraissait encore plus distant que l’empereur. Il s’était construit une réputation telle que tous le craignaient, toutefois les femmes du palais, que ce soit les esclaves ou les impériales, il avait su s’en faire respecter, voire peut-être même apprécier. De plus, il s’abstenait de toutes formes de violence quand il se rendait au gynécée.
— Lève-toi quand tu souhaites t’adresser à l’empereur ! l’invectiva Sylas pendant qu’il saisissait le bras de son fils de manière brutal.
Tout était prétexte à malmener son fils, Varad se laissa humilier, le visage baissé, ne dit mot même lorsque son père une fois de plus le frappa violemment au point de l’envoyer se cogner contre le bureau. Quand il se releva, malgré la fureur qui l’habitait, Sylas ne vit qu’un masque froid.
— Je reviens du palais royal, le roi Adhrogan souhaite abdiquer en faveur de son neveu Alissandre. Sa sœur va épouser mon cousin Karath. Il désire vous présenter son successeur, le souverain actuel remplacera l’actuel ambassadeur.
— Bien ! De toute façon, cet ambassadeur est un imbécile, un bon à rien ! Au moins Adhrogan devrait être plus compétent ! Et, ce Alissandre comment est-il ?
— Il m’a paru être un jeune homme capable, qui sait prendre des décisions. Je suppose que si le roi a fait ce choix, c'est qu’il avait de bonnes raisons pour le faire. J’ai pensé que l’on pourrait organiser une petite réception, ce pourrait être l’occasion de développer nos relations avec les nylosiens.
— Une réception, et puis quoi encore ! Ce sont mes vassaux, s’il me sied de leur trancher la tête, personne n’y trouvera à redire !
— Cela pourrait être l’occasion de renforcer votre pouvoir, les nylosiens sont de grands mages. Votre trône est remis en question dans de nombreux territoires, nos troupes sont au combat partout où il y a des soulèvements, ce serait sans doute préférable que ce peuple soit de notre côté. Entretenir de bonnes relations avec eux pourrait que nous être profitable.
— Soit ! Mais, ce soir, je n’ai pas le temps ! Occupe-toi donc de cela, au moins tu serviras à quelque chose !
— Dans cinq jours, cela vous conviendrait-il ?
— Allons-y pour cinq jours !
— J’ai une autre requête… Le futur roi souhaite épouser votre fille.
— Zaerinn ? Quelle drôle d’idée, mais pourquoi pas, au moins ça me débarrassera de cette bonne à rien ! Il la veut ? Qu’il la prenne !
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Pendant ces cinq jours, Varad géra tout en espérant qu’Alissandre et Neïla seraient présents, sinon il ne donnait pas cher de sa tête, à moins qu’il ne se lance lui-même à la poursuite des deux jeunes nylosiens. Il devrait ramener la tête du futur roi sur un plateau et sa future épouse solidement enchaînée ; à moins que Sylas ne décide alors de l’occire ou de lui octroyer une leçon à sa manière. Varad pria le démon Lesthaël pour que cela n’arrive pas. Chaque jour, il se rendit au palais royal et organisa les festivités avec le gestionnaire des cuisines royales et celle du vaisseau impérial. Le prince héritier découvrit des mets et des boissons qu’il n’aurait jamais imaginées, des saveurs douces, des fruits colorés, du gibier au fumet délicat et même un alcool au parfum envoûtant qui faisait tourner la tête rapidement. Au départ, les cuisiniers du palais le regardaient du coin de l'œil, peu ravis de voir un impérial dans leur antre. Mais, la curiosité de Varad finit par leur plaire. Il gouttait tout, appréciant chaque met. Tant et si bien, qu’à la fin des cinq jours, plus personne ne prêtait attention à son apparence ni à son rang.
Quand il n’était pas en cuisine, il allait chercher sa sœur, Zaerinn. Une jeune fille de dix-sept ans, grande et élancée, à la longue et épaisse chevelure immaculée, un visage fin aux traits délicats comme l’avait été leur mère. Toujours habillée d’un long manteau de cuir noir, fermé par des straps aux boucles massives et recouvert de plaques métalliques, celui-ci la couvrait depuis un col montant jusqu’aux chevilles dès qu’elle sortait. La fois qu’elle vint au palais pour être présenté au roi, sans pour autant dire la véritable raison de sa présence à l’adolescente, tous la regardèrent surpris quand un des valets du souverain l’aida à enlever le lourd vêtement. La jeune impériale portait une tenue qui cachait à peine son corps. Le haut se constituait de deux coupes de tissus drapés émeraude retenus par des formes métalliques d’une grande finesse serties de pierreries. Sa poitrine était tout juste cachée tout comme son sexe, de fin voiles retombaient et s’ouvraient à chaque pas. Des sandales délicates de cuir et de lacets se croisant sur ses jambes fines. Ses « vêtements » révélaient plus qu’ils ne cachaient. Les tenues des femmes nylosiennes étaient si différentes, variées aussi bien dans leurs formes que dans leurs couleurs. Le climat tempéré et doux leur permettait de se vêtir comme elles le désiraient, personne n’aurait eu l’idée de les vêtir de la sorte ni de les cacher sous pareil manteau. Les femmes comme les hommes endossaient souvent la tenue traditionnelle, pratique, confortable et plutôt esthétique, faite de tissus plus ou moins épais en fonction des saisons. Elle se constituait d’une longue tunique fendue et d’un pantalon que l’on agrémentait selon ses désirs, ceintures, foulards, châles…
La reine lui offrit deux tenues pour son séjour, après tout, elle allait devenir la reine de Nylos, et elle doutait que cette tenue soit du goût de ses futurs sujets… ni d’Alissandre. L’une était une robe longue de soie végétale d’un pourpre chatoyant aux formes simples, souligné d’une ceinture de cuir de dragon juste sous la poitrine, laissant les bras nus. La seconde était un ensemble traditionnel, d’un fin tissu de laine de chèvres des plaines chaudes du sud, parfait pour les journées estivales. Le pantalon droit simple de couleur noir était agrémenté d’une tunique crème entièrement brodé de fils colorés représentant de multiples oiseaux.
Varad était autant surpris que sa jeune sœur, tous semblaient l’accueillir sans souci, quant à elle, peu habituée à la gentillesse, elle gardait les yeux baissés, osant à peine répondre. Zaerinn était timide, effrayée tant par les hommes que par les femmes, s’attendant à chaque instant d’être rabaissée, humiliée ou au pire frappée comme le faisait l’empereur avec chacun de ses enfants. Varad n’était pas le seul à prendre des coups par Sylas. Il faisait du mieux qu’il pouvait pour lui éviter le pire. Lorsque Alissandre lui avait demandé sa main, il avait été certes surpris, mais c’était dit presque aussitôt que sa sœur n’aurait peut-être pas d’autre chance d’échapper au palais impérial et à leur père. Il avait été assez surpris que Sylas accepte le mariage sans broncher, mais après tout cela renforcerait les liens entre le trône impérial et le royaume de Nylos.
Varad et sa sœur se promenèrent longuement dans les jardins du palais, s'arrêtèrent parfois pour observer le ciel où l’on voyait tout le temps la plus grosse des lunes et le soleil jaune orangé. Ils observèrent le ballet des dragons en plein vol. De plus, ils découvrirent les volières aux oiseaux majestueux, avec ces petits volatiles qui butinaient des fleurs pour la confection d’une sorte de nectar parfumé et sucré que les nylosiens utilisaient pour confectionner cet alcool que Varad avait goutté en cuisine. Enfin, ils visitèrent la dragonnerie où l’on couvait les œufs des dragons volants de la tour, mais également ceux de petits dragons à peine plus gros qu’un oiseau butineur. Puis les dragons dédiés aux mages et sorciers...
— Les dragons-zéloks sont-ils élevés ici également ? demanda le prince impérial, curieux de ne pas en avoir vu.
— Un zélok ? Oh que non, ils sont rares et extrêmement difficiles à dénicher. Seuls les chasseurs-sorciers sont capables de les trouver et c’est dangereux, presque inaccessible. Quant à prendre un œuf, il vaut mieux s’y prendre quand les parents sont absents. Les zéloks vivent en communauté, non seulement ce sont des êtres magiques, mais en nombre, ils s’avèrent redoutables. Une nuée de dragons s’abat sur vous et vous risquez bien d’y laisser votre peau.
— Ces petites créatures que les princesses arborent sont si redoutables ?
— Oh que oui.
— Même ce petit dragon frêle que la princesse Neïla possède ?
— Lui, plus que les autres, un zélok canalise la puissance magique. Peu de mages en possèdent, la famille royale essentiellement, mais très rarement d’autres magiciens. Il est aussi le révélateur du pouvoir, c’est une symbiose entre son porteur et lui. Ce mignon petit dragon est un monstre, entre de mauvaises mains, il aurait pu être dangereux, heureusement notre princesse Neïla est la bonté personnifiée.
Le cinquième jour, ce fut avec soulagement que Varad sentit la présence de Neïla, Alissandre avait donc tenu parole. Il n’avait rien dit à sa sœur, il avait préféré attendre le retour des deux cousins. Maintenant qu’il était certain de leur retour, il entraîna Zaerinn à l’écart. Il les transporta à l’extérieur du vaisseau et les emmena jusqu’aux jardins du spatioport. Toutes les constructions en possédaient sur Nylos. Ils trouvèrent un lieu discret où personne ne se promenait. Le bosquet d’arbustes à la frondaison vaporeuse abritait un banc en arc de cercle, construit dans une pierre semblable à un gré rose veiné de blanc et de rouge. Les deux impériaux s’installèrent sur celui-ci et Varad toussota.
— Zaerinn… comment trouves-tu cette planète ?
— Le peu que j’ai vu me plaît beaucoup, c'est si différent.
— Tu aimerais rester ici ?
— Oui, mais… père.
— Zaerinn, le futur roi a demandé ta main.
Elle resta silencieuse, elle savait qu’un jour son père ou son frère la donnerait à un notable, à un ambassadeur ou un quelconque monarque. Cependant, elle avait espéré que ce moment viendrait le plus tard possible.
— Le futur roi ? Je ne comprends pas.
— Adhrogan, le père de ma future épouse, a décidé d’abdiquer en faveur de son neveu Alissandre.
— Je ne l’ai pas rencontré… où se trouve-t-il ?
— Je l’ignore, mais tu le rencontreras ce soir lors de la réception en son honneur.
Bien qu’elle soit habituée à la dureté des relations entre les impériaux, Zaerinn était décontenancée et les larmes perlèrent le long de ses grands cils d’un gris sombre. Elle se sentait trahie par son frère. De la part de son père, elle n’en aurait pas été surprise et il ne se passait pas un jour sans qu’elle se demande quel monstre deviendrait son mari. Un impérial ou peut être un de ses vassaux. Aujourd’hui, elle était fixée, ce serait un nylosien et personne ne lui avait rien dit, ni son père ni aucun membre de la famille royale de Nylos et encore moins celui en qui, elle avait eu totalement confiance.
— Tu m’as trahi Varad, tu m’avais promis…
Le prince essuya les larmes sur la joue de sa jeune sœur sans un mot de réconfort.