- Mon Père... Le sermon. Dit un garçon en tenue blanche et au visage rouge de gêne.
- Le ? Oh bien sûr, le sermon.
Dit-il en se raclant la gorge. Warren Bellingham, le pasteur de la paroisse Saint Christophe dans le village de Stowe aux Etats-Unis. Warren est relativement grand, musclé et ses cheveux brun son coiffés en arrière à l'aide de sa cire. Visage anguleux, barbe parfaitement rasée, ongle soignés et les yeux d'un verts intense souligné par des sourcils ébènes. Dans sa tenue ecclésiastique, le voilà debout face à un public qui n'attendent que son discours, ils sont tous là, grands, petits, jeunes et vieux, bébés pleurant à chaudes larmes dans les mains de sa mère, vaillant vétéran de guerre portant sa médaille et ces centaines de regards rivés sur lui.
Tellement perdu dans ses pensées, le pasteur en oublia son sermon d'aujourd'hui mais en excellent improvisateur, il improvise un discours sur le regret et la colère. Un sermon rempli de sentiments, avec des gestes marqués comme au théâtre, car oui, c'est aussi ça la paroisse de Warren : un véritable spectacle. Considéré comme étant un avant-gardiste, le pasteur aimait captiver les foules et ils en avaient besoin dans ce village. Quarante ans après la Victoire sur l'Allemagne Nazie, ses confessions se portent uniquement sur la guerre, les péchés commis durant la guerre, les horreurs de la guerre. La guerre, partout, tout le temps.
Ce village qui n'a pas d'histoire, parfaitement ordonné et tranquille est tiraillé par cette foutue guerre. Oui, Warren la déteste cette guerre, lui qui a tant souffert. Lui un rescapé des camps, lui qui a vu sa famille mourir sous ses yeux, lui qui a tout perdu, le voilà à réconforter des anciens soldats sur la guerre. Lui qui a connu famine et privations, lui qui a combattu au côté des Forces Françaises Libres, lui qui a vu ses amis se faire massacrer, lui qui s'est fait torturé... Le voilà à réconforter sur la guerre. Dans ce petit parloir en bois vernis, il console, rassure et blâme sur le péché, blâme la vie des autres jugeant la sienne parfaite au nom de Dieu. Il est vu comme tel, il est idolâtré comme tel et il finira comme tel.
Enfin, le sermon se termine, la foule repars gaiement à ses occupations. Le dimanche, le temps s'arrête, les habitudes n'existent plus, tout n'est que parure de perles, robe parfaitement repassée aux tissus nobles d'autrefois, les familles se rassemblent oubliant les querelles conjugales et tout le monde se réunit autour de Warren. Ici à Stowe, la vie est paisible, radieuse et tranquille. Les familles s'amusent, les cols sont parfaitement repassés et les enfants jouent dans un calme absolu.
Warren vit avec sa femme et ses quatre enfants dans une sublime maison à quelques pas de la paroisse, il peut voir de sa fenêtre le clocher d'un blanc immaculé. Sa femme Meredith Bellingham qu'il a épousé en 1945, est très belle avec un corps marqué par quatre beaux enfants, des cheveux blonds tombant sur ses épaules, des tailleurs parfaitement repassées et un sourire à toute épreuve, elle est l'amour de sa vie. Ses enfants, Elizabeth, Dean, John et Ava, ont chacun leur caractère, mais sont très apprécié par la communauté.
Sa maison est parfaite, l'extérieur toujours entretenu avec des roses flamboyantes, une herbe verte et un porche où il peut passer des soirées à contempler les milliards d'étoiles dans le ciel. L'intérieur est simple, mais décoré à la mode avec une toute nouvelle technologie : la télévision. Tous les soirs, la famille Bellingham se rassemblent autour de feuilletons et de journaux télévisés.
Les pieds sous la table, la famille attend sagement que Meredith apporte le poulet rôti et ses pommes de terres. La prière est prononcée, il est temps que la symphonie des couverts se mette en place.
- Votre sermon était parfait père, dit le petit blondinet
Warren fait un simple signe de tête à son fils en guise de remerciement. Quand soudain la sonnette de la maisonnée retentit, Meredith par ouvrir et en guise de réflexe, Warren regarde par la fenêtre, il ne voit personne. Meredith de son sourire ouvre et observe son interlocutrice : Mina Gardnr, sa voisine, une mère de famille plus ronde et plus marquée par le temps qu'elle, mais ce qui marque son visage à l’instant c'est l'inquiétude.
-Un cortège de police est entré dans le quartier, je me demande ce qu'il se passe venez dehors ! dit Meredith d'un calme et posé
-Comment es-tu au courant ? Dit Warren
-Mary m'a téléphonée qui l'a su de Mia et...
-Qui l'a su de Daisy, d'accord, allons voir dehors.
Ici c'est toujours le même tintamarre, Daisy vit juste à l'entrée de la ville et est au courant de tout la première, elle téléphone alors à la boulangère Mia qui court chez sa voisine Mary puis elle téléphone à Mina, qui finalement vient voir Meredith. Toutes les cinq forment un groupe d'amies soudées depuis qu'elles sont enfants, personne ne peut séparer ces femmes.
Warren se lève de sa chaise et se dirige prêt de sa femme, sa grande taille contraste avec son épouse qui fait trois tête de moins que lui. Tout le monde se dirige dans la petite rue parfaitement propre. Le cortège arrive et s'arrêtent vers le pasteur, trois grand homme en noir avec des lunettes de soleil s'approchent prêt de lui, pointant leurs armes sur Warren.
- Warren Billingham vous venez avec nous.
La foule est choquée, un pasteur se faire arrêter ? Impossible ! Leur pasteur bien aimé ? Encore moins ! Mais que voulaient-ils bon sang ?
Sous les regards médusés, Warren se fait embarquer par la police, ils sont des dizaines, armés, ils pointent un pasteur totalement désabusé. Mais Warren n'a pas le droit aux menottes, sa stature confère un respect, Dieu merci. L'homme monte dans la voiture et démarre le plus long voyage de sa vie.