Les yeux pleurants

Par Carl

Il préférait le mépris à la pitié. Depuis longtemps. Depuis que, enfant, on lui avait expliqué qu’il allait devoir se battre pour avoir ce qu’avaient les autres. Depuis que des inconnus s’inquiétaient pour sa santé, son éducation, son avenir, sa vie. Depuis que sa mère était sa mère. Depuis que son père était son père. Depuis que tous les trois s’étaient paumés. Et à des endroits différents.

Il préférait le mépris depuis qu’il avait rencontré les yeux pleurants de la compassion. Il détestait les yeux pleurants. Les voix noyées de larmes. Il ne supportait pas qu’on pleure sur sa vie. Il trouvait ses malheurs révoltants, cyniques, écœurants. Mais pas larmoyants. Il préférait la colère à la peine.

Alors, pour éviter l’empathie, la compassion et les yeux pleurants, il était devenu un de ces gamins qu’on déteste. Un de ceux qui effraient. De ceux qui ne savent que détruire. Les sales gosses. Les vauriens. Les paumés.

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Vous lisez