Je sors du lit, premier réflexe : clope,
L’esprit brumeux, prisonnière, mais hop !
Je m’habille, vacillante, à tâtons,
Chaque geste pèse, lourd dans l'affliction.
Fumer ma clope devient un exploit,
Un acte banal, mais si loin de ma joie.
Mes paupières cèdent, mes pensées s’effacent,
La flamme se meurt, la cendre prend place.
Je vais manger, ma tête tombe dans l’assiette,
Ces foutus cachets noient ma tête.
Ils calment mes tempêtes, m’éteignent aussi,
Est-ce cela qu’on appelle "retrouver la vie" ?
Dormir seize heures et sombrer davantage,
C’est un naufrage, pas un voyage.
Je refuse ce destin, alors j’interpelle :
"Ces béquilles me privent de mes ailes !"
"Les médicaments sont là pour apaiser…"
Mais à quel prix ? Celui d’oublier,
De me voir spectatrice d’une vie consumée,
Une cocotte-minute prête à exploser.
Je suis prise entre deux feux brûlants,
Un repos forcé, un esprit pesant.
Ces pilules m’étouffent, volent mes heures,
Je perds ma lumière, j’éteins ma ferveur.
Je veux plus qu’une vie amoindrie,
Je veux sentir chaque souffle, chaque cri.
Un soleil ardent qui brille dans mes jours,
Un cœur battant, vibrant d’amour.
Je veux vivre, et non survivre,
Être entière, debout, libre.
Briser les chaînes, déployer mes envies,
Enfin goûter à l’élan de la vie.