Lettre 3

Mon adorée,

J’ai peur de ne pas bien comprendre le sens de votre lettre. J’ai le sentiment que vous essayez de refouler au plus profond de vous les émotions qui vous traversent quand vous pensez à moi. Mais je comprends, vous savez. Votre vie n’a pas dû être rose tous les jours. J’imagine à quel point cela a pu être désagréable de vous réveiller un jour et de constater qu’on vous avait recouverte de bandelettes et enfermée dans une boîte après vous avoir éviscérée. Je comprends votre désarroi. Seriez-vous gênée de votre apparence ? Auriez-vous peur d’un quelconque rejet de ma part ? Vous avez dû être profondément déstabilisée qu’une créature aussi parfaite que moi puisse vous adresser ne serait-ce qu’un regard.

Et soyons sérieux une minute, voulez-vous ? L’inconnu numéro 17 ? Si je ne m’abuse, il s’agissait d’un vulgaire zombie. Un zombie ! Vous plaisantez sûrement quand vous prétendez que c’est son attention que vous cherchiez à obtenir. Quel humour vous avez, ma douce. C’est très plaisant.Il faut que je vous avoue que votre première lettre m’a profondément choqué. Je pensais que vous me méprisiez pour de bon. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle, je n’ai guère osé vous aborder hier soir, au Mortellement Vôtre. Je vous mentirais si je vous disais que je m’y trouvais par hasard. J’étais bel et bien venu au Club afin de vous y croiser.

Vous étiez là, assise au bar, entourée de vos amies (je me demande encore comment la sirène a fait pour échouer au Club ?). Vous sirotiez un Baiser Sanglant. Puis-je me permettre de vous dire que vous avez des goûts douteux en matière de cocktail ? Le Baiser Sanglant sied mieux aux vampires. Vous auriez dû jeter votre dévolu sur une Tempête de Sable. Sur le moment, je me suis dit que cela confirmait vos goûts en matière de mâle.Et puis, j’ai de nouveau vu votre regard langoureux me dévorer tout entier. J’avais l’impression d’être un scarabée croustillant passant sous votre nez après un millénaire d’un sommeil de plomb. Vous me regardiez, non pas directement - c’eut sans doute été trop hardis. Surtout, entourée comme vous l’étiez – mais par le biais du miroir qui se trouvait en face de vous. Heureusement pour vous, je ne suis pas un vampire. Et c’est bien après, en rentrant chez moi, après une longue course dans la bois le poil au vent, que j’ai compris ce que vous vouliez. Une aventure secrète !J’aurais dû m’en douter ! Vote lettre niant votre passion (alors que, soyons honnête, qui pourrait cracher un morceau de choix tel que moi ?), votre intérêt clairement simulé pour un zombie (saviez-vous qu’ils continuent de se décomposer indéfiniment ?) et vos regards détournés… Tous ces indices ont frappé mon esprit avec la vivacité d’une balle en argent ! Vous me voulez, mais en secret. Et bien, je suis votre homme, mon immortelle créature des sables.

Répondez-moi vite que nous puissions rendre cette interminable immortalité plus… torride.

Votre loup-garou.

PS : que vous êtes drôle avec votre histoire de chauve-souris. Je’ n’ai évidemment pas été mordu. Ce n'était qu'une expression

PPS : je réalise que vous n’avez pas l’honneur de connaître mon nom. Je suis Wolf.