Lettre à l'Hydre à cinq têtes

Par Lyse

Comment est ce possible

qu’avec autant de bien-pensance

ils écorchent autant, maltraitent, foulent au pied la bienveillance,

de leur condescendance crasse.

 

Comment est ce possible

qu’avec autant, de culture, de connaissances

ils soient capables de cette laideur grasse, noire, qui coule d’eux à moi

s’insinue, se roule dans mes tripes et boit, insatiable, à petites lapées

la sève de ma vitalité.

 

Comment est ce possible qu’avec autant d’assurance, d’aisance,

l’idée même de l’Autre, dans cette entièreté, dans le respect qui lui est dû,

dans cette légitimité d’être et d’exister

ne soit que vacuité.

 

Mais

le nier

le bafouer

l’humilier de petites façons

de mots malades d’avoir étaient lancés mal à propos

d'affligeantes connivences dans leurs décadences

L’à travers soit, le pour soit, l’entre soit

l’assurance au-delà de toute réalité

de toute vérité.

 

Leurs œillères bien à propos  sur leurs insupportables laideurs.

Sans que l’étonnement qu’ils pourraient avoir d’eux-mêmes

ne les atteigne

jamais

de cette évidence sur leur déliquescence

jamais

qui m’éclabousse de leurs purulentes médiocrités

jamais

nourrissant toujours davantage leur ignominie.

 

L’Hydre et sa progéniture prospère, galvanisée.

Ils se réassurent, claniques,

orchestrent le travail de sape,

rabâché de concert 

il opère :

le couperet tombe , claque

sur la colonne vertébrale de ma psyché

ma chair suinte de l’intérieur par cette douleur trop répétée

la ciguë se mue, se transforme, lascive

se glisse louvoyante dans les fibres de mon corps tourmenté,

s’insinue

profondément,

et me glisse,

me susurre :

 

C’est toi la coupable...

 

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annececile
Posté le 11/04/2020
Deuxieme poeme qui au depart m'a moins touche que le precedent, l'impression peut etre d'une certaine hyperbole, en revanche la "chute" est poignante.
Lyse
Posté le 11/04/2020
Re-bonjour Annececile!

J'entends par ton terme (élégant!) d'"hyperbole" qu'il y a une certaine lourdeur à ce texte... C'est ce que je voulais au départ: lourdeur reflétant l'intolérable de la situation (mécanismes complexes et malsains pouvant exister dans certaines relations humaines) D'où la chute.
Mais ta remarque m'interpelle et je vais bien sûr y réfléchir... Merci,

Lyse
Shangaï
Posté le 08/04/2020
Bonjour.
Je pense que ton poème peut éveiller en chaque de multiples pensées.
Pour ma part, j'ai lu dans tes lignes la douleurs de se faire juger.
La douleur d'être rabaissé et de toujours finir par croire que le problème viens de nous, alors qu'en réalité il vient de celui qui inflige cette douleur !
Je ne sais pas exactement si c'est de cela qu'il s'agit pour toi, mais voilà mon interprétation, tout personnelle.
C'est un très beau texte, bravo :)
Lyse
Posté le 08/04/2020
Bonjour Shangaï,
merci de t'être penché.e à nouveau sur un de mes écrits...! Effectivement on peut s'approprier ce texte , et en faire chacun sa lecture... Mais c'est bien l'idée générale que tu as soulevée: les douleurs qu'on porte sont intensifiées parfois grâce à un poison terrible qui est la culpabilité, alors même qu'on peut être en réalité la victime..; et c'est ce qui donne souvent encore plus de force au(x) "bourreau(x)", qui peut aller jusqu'à octroyer une forme de légitimité à ses actes... Bien des noms sont donnés à ces rapports humains... J'ai préféré en faire un poème :).
Merci beaucoup pour ton interprétation et tes compliments,

Lyse
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