Lidka

Lidka avait gardé le nez collé à la vitre du train durant la majeure partie du trajet, y compris la nuit, alors que la campagne transsylvaine défilait devant ses yeux dans la lumière dorée du matin. Depuis la frontière, ce n'était que forêts vertes, l'une après l'autre. Au loin, un chapelet de collines, tout aussi verdoyantes.

Attirée par un bruit dans le couloir, elle tourna la tête. Simplement une valise qui était tombée. Son voisin se réveilla, voulut consulter sa montre, mais l'avait apparemment oubliée. Il se tourna vers Lidka et lui demanda poilment l'heure. 

"8h53", lui répondit cette dernière, sans hésiter.

L'homme fronça les sourcils et resta figé une seconde. Il se demandait tout en même temps pourquoi avait-elle été aussi précise, comment avait-elle pu le savoir sans consulter aucune montre, et si elle ne lui avait pas répondu n'importe quoi afin d'éviter toute conversation.

D'autant qu'elle avait déjà détourné la tête et contemplait le paysage à nouveau.

L'instant d'après, il se levait : il avait réalisé que, si c'était vraiment la bonne heure, son arrêt approchait.

A l'arrivée, Lidka chercha un signe. On lui avait annoncé qu'une personne tiendrait une affiche avec le nom de l'université. Il était chargé de conduire en minibus les étudiants arrivant par le train.

La gare était minuscule. Le train ne resta à l'arrêt que quelques instants. Trois autres passagers seulement en descendirent. Une fois ceux-ci partis, il ne resta plus que Lidka et le chef de gare qui ôta sa casquette et retourna dans son bureau.

Lidka entra dans la salle de la gare. Un type était accoudé à un minuscule comptoir en bois et buvait une boisson que Lidka espérait non alcoolisée.

A coté du verre, une ardoise indiquait "Pasaj Academy".

Quelques minutes après, Lidka se trouvait à bord d'un minibus hors d'âge sur une route qui traversait une forêt dense.