L'isolation. Ça veut dire personne pour nous aider.
C'est un autre point commun à chacune des histoires de ce recueil, si ce n'est à toute histoire à faire peur. Seul.e, dans une maison censée être vide. Seul.e, perdu.e dans les bois. Seul.e à être éveillé.e, et à percevoir quelque son étrange… Seul.e à avoir entendu ; seul.e a avoir vu ; seul.e... à savoir.
Chaque héros de ces petites histoires se retrouve malgré lui isolé du monde commun. Et cette isolation est le sujet d'une autre de ces peurs ancestrales et universelles, que l'on ressent dès que nous nous retrouvons éloignés du groupe, que ce soit en colo, alors qu'on traîne la patte pendant la randonnée, ou bien en rentrant seul chez soi de nuit.
Il y a aussi quelque chose de grisant à se trouver ainsi isolé. C'est même parfois ce que l'on recherche, car on désire, au fond de nous, qu'il nous arrive quelque chose, quelque chose qui sorte du commun – mais rien de trop grave, hein ! … Et quoi de mieux que de simplement nous sortir nous-mêmes du monde commun, dans ce cas ? Choisir d'aller se promener à deux heures du matin. Choisir de prendre discrètement l'autre chemin, tandis que le reste du groupe suit le bon sentier.
Mais cette soif d'aventures est également, nous l'oublions parfois, ce qui nous rend vulnérables. Le loup guette l'agneau téméraire.
En reste que, lorsqu'on y réfléchit, nous nous trouvons régulièrement coupés du reste du monde, et souvent de notre propre chef : dès que l'on ferme la porte de notre chambre, avant de nous mettre au lit ; dès que l'on met nos écouteurs, dans les transports ; dès que l'on s'enferme à clé pour un peu plus d'intimité ; dès que l'on ferme les yeux, même pour un court instant.
Mais toujours le loup guette, agneau téméraire.
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