«La beauté ne sale pas la marmite mais reste appréciée.»
Ligne 3, chapitre 7 d'un livre au titre inconnu.
Là, à l'heure actuelle, je n'ai qu'une seule amie. L'amie en question s'appelle Luciole. Lucie, pour être exact. Luciole, c'est le petit surnom que je lui donne.
Lactés, ses yeux brillent de mille feux. Laiteux, jusque là, j'ai toujours cru que le regard des filles devait être laiteux.
Lambda, me considérant comme un garçon lambda, je sais que Luciole ne me remarquera jamais plus que comme un simple ami. Luciole est mon amie et j'ai accepté que les choses en restent là.
Lambeaux, mes espoirs réduits en lambeaux je n'ai jamais eu le choix... Le beurre, l'argent du beurre et la crémière, on ne peut jamais tout avoir.
Laboratoire d'écriture, ma chambre s'est ainsi transformée. Lisant hâtivement ma brève lettre à voix basse, Luciole m'a fait comprendre qu'elle ne veut pas d'amoureux. Luciole se trouve trop jeune pour avoir un amoureux : il est vrai qu'à sept ans et sept mois, on ne pense pas à ces choses-là d'habitude.
Laborieuse, je pense que notre amitié a failli être laborieuse mais il n'en a pas été ainsi : elle a été très compréhensive avec moi, toujours aussi gentille et attentionnée, en me disant qu'un jour, peut-être, elle pourra reconsidérer la question. Luciole, qu'elle est gentille ma Luciole !
Labyrinthe, au milieu de ce labyrinthe obscur qu'est l'école, j'ai grand besoin d'une amie comme elle !
Listant toutes ses qualités, je me retrouve avec une liste aussi longue que mes deux bras :
– Lisses cheveux
– Lunettes discrètes et brillantes
– Lyrique voix
– Longues jambes
– Langoureuse démarche
– Logique d'esprit
– Large patience
– Lionne sauvage quand on s'attaque aux siens
– Limpide conversation
– Larmes émouvantes
La fois où elle a versé sa première larme devant moi, je m'en souviens encore. L'an dernier, en réalité ! Longue soirée pyjama, nous sommes chez son papa, dans la salle à manger, devant un dessin animé, quand je vois grâce au reflet de la lampe une larme coulant le long de sa joue. Le long de sa joue ! La vision que me procure la lampe me met mal à l'aise : que faire quand une fille pleure devant vous ?
Lait de poule, j'ai appris qu'elle a pleuré cette fois-là car son papa a bu tout le lait de poule sans même la prévenir. La chose que je peux comprendre car si on en vient à boire mes jus de fruits sans m'en avertir au préalable, je deviens un vrai Kraken en furie !
Longeant les murs de la cour de récréation, je la rejoins tous les matins et elle me salue en faisant la bise. La bise, oui ! L'essentiel, c'est que ça me fait plaisir qu'elle me fasse la bise tous les matins comme ça. La bonne manière de commencer une journée d'école !
Le jour de la rentrée, la maîtresse nous a mis à côté l'un de l'autre. La maîtresse sait que Luciole et moi, on s'entend bien mais on sait être sages alors ça ne la dérange pas de nous savoir à côté !
Langage, on a notre propre langage : d'un simple regard, on se comprend et c'est ainsi qu'avec l'accord de la maîtresse, je l'aide des fois en lecture et, en échange, elle me fait compter jusqu'à cent pour m'entraîner.
Le mercredi après-midi, on va souvent chez la tantine de Luciole. La fois où j'ai appris l'identité de la tantine de Luciole, je n'ai jamais pu l'oublier ! L'après-midi d'un mercredi, je l'ai vue dans un uniforme bien particulier : Luciole me raconte que sa tantine est une nonne. Le soir, j'ai demandé à papa et maman ce que ça voulait dire.
Leur réponse étant un peu floue, je suis allé voir du côté du dictionnaire. La nonne est une religieuse, une sœur. Luciole a deux sœurs, une plus grande et une plus petite qu'elle : elles sont nonnes aussi, les sœurs de Luciole ?
Le courage m'a pris un jour de demander directement à la tantine tout ce qui me tracasse. Le peu de questions que j'ai osé poser, elle y a très bien répondu. Le fait qu'elle soit une nonne religieuse n'a rien à voir avec le nombre de frères et sœurs qu'elle peut avoir. Les nonnes se rapprochent de Dieu, accomplissant une mission, un peu comme des super-héros, en fait !
La prochaine fois qu'on me demande ce que je veux faire plus tard, je réponds : nonne ! Logique puisque je veux être un super-héros.
L'après-midi d'un autre mercredi très précisément, la tantine nous emmène Luciole et moi dans sa voiture. Lamborghini, une Lamborghini, je crois. La chose à retenir, c'est que la voiture de la tantine de Luciole est digne d'un manège à sensation !
Les cheveux qui décoiffent. Le souffle coupé. La vue qui se brouille. La vitesse ne fait peur à personne dans la Lamborghini mais nul doute que les limitations de vitesse ne sont pas respectées dans ces moments-là. Lâchement, et de peur que la tantine ait des ennuis avec les adultes ou même avec Dieu, je ne raconte rien de cela à papa et maman. Les occasions de craquer et de tout raconter se font nombreuses, pourtant. Luciole, je pense à Luciole et j'imagine que si je parle, papa et maman vont m'empêcher fissa de la voir et ça, je veux pas !
L'injustice que ce serait de ne plus pouvoir parler à ma Luciole...
Chouette chapitre, sympa de voir Bébé (bon là c'est plus hyper adapté xD) grandir, arriver à l'école. C'est plutôt touchant de le voir décrire cette première amitié. Luciole, qu'il aurait bien voulu avoir comme amoureuse mais qu'il est très content d'avoir comme amie. C'est super mignon hihi
J'ai beaucoup aimé le passage sur la nonne, et la confusion avec soeur. C'est vrai qu'à cet âge là, il y a souvent des mots qu'on comprend mal et dont on devine le sens seulement après des années. J'ai aussi bien aimé ce passage :
"Les nonnes se rapprochent de Dieu, accomplissant une mission, un peu comme des super-héros, en fait !"
Un plaisir,
A bientôt !
Je suis vraiment très content, qu'au-delà de la contrainte alphabétique, tu sois aussi sensible à l'histoire en elle-même.
J'ai pris beaucoup de plaisir à créer le personnage de la tantine. Elle a un côté fun qui me parlait bien, à l'époque où j'ai écrit cette histoire.
A bientôt !
Oui, c'est ça qui est chouette, parce que sinon il y aurait pas matière à 26 chapitres.