Lui - Scène 17

Notes de l’auteur : Attention : humour vaseux.

— Vous avez des symptômes ? Fièvre ? Fatigue ?

— Oui, je me suis réveillé avec 38 ce matin, et j'ai peur de transmettre ça à mon copain ; en plus il bosse à l'extérieur, nous sommes inquiets.

Le soupir fatigué du médecin s'entend dans le haut-parleur.

— Donnez-moi votre mail, je vous envoie deux ordonnances, vous avez de quoi imprimer ?

— Euh, non.

— Bon... D'après votre adresse vous avez un laboratoire à cinq-cent mètres de chez vous, je leur envoie une copie des ordonnances. Allez-y aujourd'hui, et faites bien attention.

— Merci docteur.

 

— Purée, j'ai horreur de mentir. En plus tu as vu la tête qu'il avait ?

— Il doit enchainer les consultations vidéos. Et comme plus personne ne va ni en cabinet ni aux Urgences...

Ils font la queue devant le laboratoire, sous la pluie, derrière une dizaine de personnes. Le temps s'est rafraichi en une seule nuit. Quand il a fallu sortir du lit ce matin, cela a été particulièrement compliqué. Parce qu'il faisait chaud sous la couette. Ça et Samuel est particulièrement tactile dans son sommeil, et Alexandre ne se souvient pas s'être jamais réveillé dans les bras d'un autre homme. Sauf son frère, une fois, en camping, et ils avaient six et huit ans.

Samuel s'est profondément excusé et a fuit dans la salle de bain.

Dans la file d'attente, Alexandre lui donne un coup d'épaule : — Tu sais, t'oblige pas à rester caché avec moi. Je sais me tenir et rien ne peut me choquer.

— Sauf la tenue 100 % cuir de Zachary Quinto...

— Pitié, j'avais réussi à sortir cette image de ma tête ! En plus c'est même pas lui qui l'enfile !

— Mais c'est lui qui se fait...

— Ne finis pas cette phrase !

La dame devant eux se retourne, le regard noir au-dessus de son masque. Alexandre lui fait un petit sourire d'excuse avant de se rappeler qu'elle ne peut pas le voir. Du coup il lui tire la langue. C'est super pratique ces masques, en fait.

Quand vient leur tour, Samuel passe en premier. Ils sont installés dans une espèce de tente, à l'extérieur du labo, ouvert à tous les courants d'air. L'interne ou l'infirmier ou le laborantin, enfin l'espèce de scientifique fou dans son manteau bleu papier enfonce un coton tige beaucoup trop grand dans une narine beaucoup trop petite, et recommence de l'autre côté. Quand Samuel ressort, il a les larmes aux yeux et renifle. Alexandre n'a pas le temps de s'enfuir. Déjà qu'il a horreur des prises de sang.

 

— J'ai l'impression que je vais devoir me moucher tout le reste de la semaine.

Il s'est mis à vraiment pleuvoir sur le chemin du retour et maintenant leurs pantalons,  pulls et vestes respectifs pendent sur l'étendoir à linge, le plus près possible de ce qu'il faut bien appeler un radiateur, même si Alexandre a toujours eu des doutes sur son efficacité.

Après une seconde douche, Samuel a enfilé un long caleçon de sport et un tee-shirt trop grand et troué. Il se frotte le nez régulièrement.

— C'est psychologique. En fait tu n'as pas vraiment mal.-

Avant que'Alexandre ne puise répondre, son portable sonne.

Ah, c'est l'appel du jour de sa mère.

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Amusile
Posté le 06/02/2022
Toujours aussi agréable à lire.
J'ai beau être assez irrégulière dans ma lecture, je raccroche à chaque fois les wagons sans difficulté. C'est bon signe.
AuroreGrosjean
Posté le 02/11/2021
Toujours les petites touches de quotidien que j’apprécie dans ton récit.

Le problème à être encore dans le placard à cause des réactions éventuelles, la peur et l’inconnu du virus qui vient encore plus compliquer les choses, les autres aussi.

J’ai de la peine pour Samuel, vraiment. Et j’espère qu’il s’agira bien qu’une romance et non d’un drame, pour que ça se finisse bien, pour eux deux.
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