Lui - Scène 19

Notes de l’auteur : CW Attaque de panique

Je vais un peu plus publier pendant mes vacances ;)

Le lendemain, samedi, alors qu'Alexandre avait lancé ça comme une bonne blague, Samuel le réveille à six heures du matin pour aller courir. Ils finissent le pain d'épice (Alexandre a encore oublié de se racheter des biscottes), s'enfilent chacun un mug de café, et descendent les six étages à pied.

— C'est pour l'échauffement, ascenseur interdit !

Samuel a même établi un petit parcours sur son téléphone pour qu'ils ne dépassent pas le kilomètre autorisé mais sans se contenter simplement du tour du pâté de maison.

Cela fait presque six mois qu'Alexandre n'avait pas fait du sport. Dernier souvenir : la séance d'essai d'une salle en septembre.

Au retour il s'effondre sur le lit et laisse Samuel ressortir faire les courses.

L'après-midi passe à lire et à bosser sur les références données par Yasmina, pendant que Samuel lui pique le roman policier qu'il était en train de lire, puis fasse des pompes au milieu du studio.

Alexandre a envie de mourir.

 

Rebelote le dimanche, réveil tôt, course pendant une heure, retour dans le studio. Et cette fois une menace : — Je t'oblige à faire des pompes, et le même nombre que moi, si tu ne réponds pas à ce mail tout de suite.

Ce n'est pas le seul à le menacer, Yasmina s'y est mise aussi par texto ET sur discord, au milieu de l'avancement de son projet de confinement.

— Donc ma mère a adoré Thelma et Louise, ensuite on a regardé La Source, et du coup je décortique le catalogue Amazon pour trouver d'autres films à regarder. Purée, Alex, je crois que j'ai une idée de mémoire. J'ai PAS envie d'arrêter mes études et de passer ce fichu concours. Alors t'as intérêt à continuer le tien, de mémoire !

Du côté Ouest, Clément lui ne le menace pas, au moins. Mais il a vraiment du mal à bosser, et Alexandre prévoit une séance de coworking avec lui seul pour le lundi.

Et donc le mail de sa directrice de thèse.

Dans son dos Samuel fait le bruit des Dents de la Mer. Il hait ce type. Il commence à rédiger :

— Madame, je vous prie de m'excuser pour mon silence, la période actuelle m'a fait me poser beaucoup de questions sur mes recherches et mon mémoire. Je ne compte pas le faire évoluer pour parler de la pandémie, nous n'avons pas le recul nécessaire et, pour une fois, je ne souhaite pas faire ce que la majorité des autres étudiants font.

Mouais, il faudra qu'il rédige cela de façon un peu plus professionnelle.

— Je souhaiterai m'entretenir avec vous sur une spécialisation de mon premier sujet, en étudiant le point de vue de l'accès à l'emploi et des conséquences des emplois précaires sur les populations LGBT discriminées.

Quelques formules de politesse, et c'est envoyé.

— Tu ne feras que dix pompes.

— Ta gueule.

 

Lundi il pleut.

Cela n'empêche pas Samuel d'aller courir, mais Alexandre met son véto. Hors de question. Il profite de son heure de solitude pour prendre une longue douche qui n'a rien à voir avec la saleté. 

Ce n'est pas qu'il soit frustré qu'il ne se passe rien avec Samuel, au contraire, plus les jours passent, plus leur colocation est agréable. Mais il ne peut pas rester à regarder un mec torse nu faire de la musculation chez lui sans que certaines choses aient besoin de sortir.

Quand son copain revient, trempé, lui est plongé dans une séance de travail avec Clément. Ce dernier bosse sur des cours d'anthropologie et il a du mal. Ce n'est clairement pas la matière préférée d'Alexandre, mais il lui reste des bases, et il a gardé ses cours de licence sur son PC.

Au bout de trois bonnes heures, Clément est appelé à manger par ses parents, et quand Alexandre se retourne, il se retrouve nez-à-nez avec un colis Amazon et un plat fumant de spaghettis bolognaises.

— J'ai croisé le livreur en rentrant. J'ai pas voulu te déranger.

Alexandre dépose le paquet sur le bureau : — De toute façon je ne pense pas avoir le droit de l'ouvrir avant jeudi. Merci pour le repas.

Alors qu'ils mangent en silence (ils ont fini par décider de ne plus prendre de repas devant Netflix histoire de ne pas saturer), Samuel hésite avant de se lancer : — J'ai eu mes résultats. Négatifs.

Alexandre prend son téléphone pour vérifier ses mails. Le PDF du résultat met du temps à charger. Samuel en profite pour mettre les assiettes vides dans l'évier et sortir deux yaourts aux fraises du Frigo.

Et puis la page apparaît avec le petit message : négatif. Le jeune homme pousse un soupir de soulagement.

— Purée, c'est presque aussi stressant que ton premier test VIH !

— J'en ai jamais fait, je sais pas ce que c'est.

— Quoi ? 

Plein de choses se croisent soudain dans la tête d'Alexandre, et notamment la pensée impromptue que si Samuel ne s'est jamais testé, hors de question que... Et puis il remarque les joues rougies du jeune homme, et la façon dont il recule.

— Ah, pardon, je ne voulais pas te faire peur. C'est juste que... Ma mère... Enfin dès qu'elle a su j'ai eu tout un cours sur ce genre de trucs, et dans les soirées y'a des stands de prévention, mais ça m'étonne quoi.

— Ben, disons qu'à part rouler un patin une fois au collège à un mec, avant de me faire casser la gueule, j'ai jamais eu trop l'occasion...

Samuel s'arrête, se met debout d'un coup : — Excuse-moi, je... J'ai besoin de sortir...

Et le voilà qui ouvre la porte et sort du studio !

Le portable d'Alexandre tombe à terre mais ce dernier s'en fout, il rattrape Samuel sur le palier, en haut des escaliers. Il lui tient trop fort les épaules, de peur que l'autre s'en aille complètement. Sans ses affaires, sans veste, et même sans chaussures !

— De un, on n'est obligé à rien. Tu n'es obligé à rien. Vraiment. De deux, si tu veux faire quelque chose, pas de souci, je suis 100 % ok avec. Sauf si tu veux un truc vraiment vraiment hard et on en discute. De trois, je m'en fous que tu n'aies pas d'expérience, et je suis furieux que le seul truc que tu aies pu avoir se soit si mal passé. De quatre...

— Tu peux m'embrasser ?

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Amusile
Posté le 06/02/2022
Rooooo...
C'est trop mignon. Vraiment. J'adore le monologue de fin d'Alexandre qui essaye de donner toutes les raisons du monde pour le convaincre de ne pas s'enfuir, et la réponse concise, mais qui est en dit long, de Samuel.
Bien sûr, j'peux pas arrêter ma lecture sur ça, hein.
Faut que je lise le chapitre suivant...
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