Oui, il prend le visage de Samuel entre ses mains, et oui il penche la tête vers lui. Mais seulement pour poser les lèvres sur les siennes puis les retirer presque aussitôt.
— On ne va peut-être pas faire ça sur le palier, dit-il.
En fait, il voudrait dire à Samuel qu'il ne veut rien faire maintenant. Son ami, parce que c'est bien ainsi qu'il peut le désigner maintenant, n'est clairement pas en état de prendre des décisions claires. Et si Alexandre a eu des leçons à n'en plus finir sur les IST et les protections, il en a aussi eu sur le consentement. Sa mère aurait fait une excellente infirmière scolaire, ou conseillère, ou psychologue, ou prof.
— Je te plais pas ?
Samuel a l'air horriblement jeune assis sur le lit, dans son tee-shirt troué trop grand. Alexandre se rappelle ce qu'il avait pensé lors de leur première vraie rencontre : que de la provoc. Avant qu'il puisse répondre d'ailleurs, Samuel continue en rigolant : — Eh moi qui pensais que faire des pompes à moitié à poil fonctionnerait.
— À situation exceptionnelle, mesures exceptionnelles, commence alors Alexandre.
Il y a la vaisselle qui traîne dans l'évier. Les draps ont de nouveau besoin d'une bonne lessive, trop de livres et de notes étalés partout entre le bureau et le lit, et les serviettes de bain s'étendent l'une sur le dos de la chaise et l'autre sur la porte ouverte de l'armoire.
Ça ne va pas.
Il a déjà tenu quelques travaux dirigés avec des étudiants perdus, à peine sortis du lycée, et c'est un peu la position qu'il prend maintenant. Ça le ferait presque sourire quand il voit Samuel pendu à ses lèvres.
— Si nous étions dans une situation normale, soit nous aurions fait ça dans un endroit très peu recommandable, et ta première fois n'aurait pas été très satisfaisante. Crois-moi, c'est ce que j'ai vécu, et le souvenir en est très périssable. Ou on aurait mangé un bout d'abord, et on aurait bu ensuite, et on serait arrivé ici, et ta première fois aurait été sans doute beaucoup plus agréable. Cependant...
Alexandre reprend son souffle. Ce jeu lui plaît beaucoup. Peut-être qu'il a un kink ? Roleplay ? Ou prof/élève ? Holala, il y réfléchira plus tard. Et vite reprendre avant d'imaginer Samuel dans un uniforme d'étudiant anglais.
— Cependant donc... La situation n'est pas tout à fait normale, mais j'avoue, le faire un lundi après-midi alors qu'il flotte et que le studio est dégueulasse, c'est plutôt moyen.
Samuel suit son regard et acquiesce.
— Alors il est déjà plus de 14 heures. Le nettoyage et le séchage des draps prend un peu moins d'une heure au lavomatic au bout de la rue. Je te confie cette tache. Moi, je vais faire le ménage et quelques courses.
Dernier point : — Et on se fait une vraie date.
— Tu achètes des chandelles aussi ?
Alexandre n'ose pas dire que oui, il va sans doute acheter une bougie.
*
Les draps sont frais. Le plancher sous ses pieds nus est frais. La bière qu'ils ont bue est fraiche. Le studio dans son entier est plutôt frais. Même les mains de Samuel sont fraiches quand elles se posent sur sa taille et glissent sous son tee-shirt.
Mais ses lèvres ?
Oh ses lèvres...
Un peu sèches au premier contact, hésitantes aussi, brûlantes. Samuel lui a laissé l'avantage d'abord, mais il apprend vite. Et plus ses mains remontent le long de son dos, lui arrachant des frissons, plus il devient entreprenant également dans ses baisers.
Alexandre se sent à l'étroit. Ils n'iront pas au bout ce soir, parce qu'il y a encore des choses à discuter, à expliquer aussi ; il s'est vite rendu compte que l'expérience de Samuel se limite au porno, et non, juste non. Mais on peut faire bien des choses sans passer par la pénétration. Des choses super agréables même.
Alexandre baisse un de ses bras jusqu'au torse de Samuel et le bascule sur le lit. Le jeune homme se laisse surprendre, le lâchant un instant. Alexandre en profite pour se mettre à califourchon sur lui et lui soulever son tee-shirt. Ces abdos le narguent depuis quatre jours, et de près ils ont l'air aussi délicieux que de loin, quand il faisait semblant d'être concentré sur ses recherches.
Samuel gémit de façon exquise alors qu'il dépose baiser sur baiser jusqu'à sa poitrine, puis en redescendant jusqu'à la limite du pantalon, vêtement qui cache bien mal l'excitation de son amant.
Alexandre se redresse alors que ses mains sont occupées à délivrer son amant. Il veut vraiment, vraiment faire ça bien. Le visage rougi de Samuel émerge sous ses bras repliés.
— Je vais te mettre un préservatif, ok ? Pas parce que je n'ai pas confiance, mais c'est plus propre. Ça te va ? Sinon on fera autrement.
Samuel se contente de hocher vivement la tête. Ses pupilles sont complètement dilatées. Et même s'il doit bien se douter de ce que veut faire Alexandre, il a un hoquet de surprise quand celui-ci l'empoigne et coiffe son sexe d'une capote avant, presque dans le même mouvement, de le mettre en bouche.
Cela fait longtemps. Et encore, Alexandre a plus l'habitude de recevoir une fellation que d'en donner. Il sait qu'il ne se débrouille pas trop mal, et les halètements de Samuel ne semblent pas contredire son travail précautionneux.
Samuel ne met pas longtemps à jouir. Il lui ôte le préservatif et le noue rapidement. Vite pour pouvoir revenir à Samuel, l'embrasser à nouveau, caresser son ventre, sa poitrine et jusqu'à sa nuque maintenant que le tee-shirt est roulé en boule à leurs côtés.
— Et toi ? Réussit à articuler le jeune homme entre deux baisers.
— Ça va, on a le temps.
— J'ai envie de pleurer, c'est con, non ?
— Je suis si piteux que ça ?
Un sanglot éclate. Alexandre se fige. Il cherche dans les yeux de Samuel quelque chose qu'il aurait mal fait ou, pire, le regret, la colère. Mais Samuel sourit à travers ses larmes.
— Tu vas pas me casser la gueule, tu vas pas me jeter à la rue, tu vas pas me promettre 30 balles pour une pipe, purée, je pensais pas que c'était possible.
— Je suis un blanc-bec privilégié, mais je suis pas une ordure, hein.
Nouveau sanglot dans un rire, et Samuel se passe les poings sur les yeux, presque honteux, mais un peu amusé quand même.
— Quel mâle alpha je fais, franchement.
— Les alphas, c'est les versions qui ont des bugs, ça vaut rien. Tu penses qu'on tient à deux sous la douche ?
Un chapitre torride, sans être dans l'excès. Encore une fois, tu t'attaches vraiment à peindre au plus juste la relation grandissante de tes personnages, sans surjoué, mais sans rougir non plus. J'aime bien cette approche sincère. Comme Enzo, j'ai tiqué sur la remarque du préservatif, une incompréhension sur le moment, mais comme j'ai lu le commentaire et ta réponse, je comprends mieux ce que tu voulais faire.
J'aime le réalisme de cette scène. Je préfère quand on dépeint la réalité de l'acte, et non une vision fantasmée et idéalisée. Les premières fois sont rarement idéales. Donc, brownie points for you! Bravo.
A mes yeux, le seul bémol est cette phrase : "— Je vais te mettre un préservatif, ok ? Pas parce que je n'ai pas confiance, mais c'est plus propre."
C'est certainement la raison la plus bizarre que j'ai entendue, et, par conséquent, elle sonne très faux à mes oreilles.
Surtout 'propre' - qu'entend-on par là ? Si le personnage dit la vérité (et n'essaie pas simplement de se montrer diplomate), il n'a pas peur d'attraper une STI. De la même manière qu'ils ont pris le temps de nettoyer l'appartement, ils ont certainement pris le temps de prendre une douche.
Du coup, il met un préservatif pour éviter d'en mettre partout ?
Merci pour ton retour. Je vais reprendre ce passage, puisque effectivement, maintenant que tu le dis, il est vraiment bizarre ^^
(Yeah tu es arrivé à la sexy time 1)