Ma vulgaire

Par Bruns
Notes de l’auteur : Il faut rendre à César, ce qui était à Jules.
Ce texte est un exercice de style, inspiré de la lecture d'un bouquin de Léo Ferré. Il avait la capacité de mettre sur papier, les idées qui lui venaient et de les developper à volonté.

Quel plaisir pour moi de voir où il m'a mené cette idée.
Si vous detestez alors j'aurais gagné.
Si vous aimez, alors je vous pardonnerai.
Bruns

 

Quand est tombée la nuit
J’ai rêvé d’un vieil homme
Les cheveux longs, gris 
J’ai rêvé d’un homme 
Qui écrivait, détestait et aimait 
Au grès de vers abscons  
Alors avec lui, sans règle, sans maître 
Ce soir je couche avec une putasse 
Une de celles qui boit qui dégueule 
Elle baise et elle fume, ensuite 
Elle pisse sur la norme et sa tyrannie 
Une vulgaire qui rêvasse 
Un peu seule 
Un peu saoule 
Une vulgaire 
Qui sur-vit 
Qui sur-vit 
A ses maux  
Qui sur-vit 
Pour dégripper tous ces culs serrés 
Les ceux qu’ont le cœur fermé 
Pour déniaiser la fente trop propre  
De celles qu’on la fente trop propre 
Les autres qu’ont le con trop près  
Les derniers qu’ont l’âme sans larme 
Et ceux-là qu’ont choisi les armes 
Les armes faites de fer et de balles 
Les armes faites d’apophtegmes mortels 
Les armes les mots prétentieux 
Les armes des infidèles  
Les armes qui rendent les hommes dangereux  
Les Businessmen bienheureux 
Puissants virils hautains 
Les stars des soirées branchées  
Déballant leur pognon mondain 
Ils abreuvent les lépidoptères assoiffés  
A l’affût de rognures argentées  
Qu’on veut bien leur laisser  
Ils attendent qu’une place à deux balles 
Se libère 
Alors que les autres, prospères  
Défouraillent leurs ithyphalle  
Au nez de ma vulgaire 
Ou d’une autre 
Qui pour une chance d’exister  
Accepte les genoux à terre 
Au pieds d’un canapé 
Dans un coin privé 
D’un night-club déjanté  
Qu’ils libèrent leurs vices débridés 
Ah ma vulgaire ! 
Alors elle boit 
Elle boit 
Elle boit 
Elle s’évade de dérive  
En désespoir, blottie 
Tout doucement elle oublie  
Qu’elle chavire de rive en rive 
Ah ma vulgaire ! 
Et pourtant elle sait la douceur  
Et pourtant elle sait la tendresse  
Qu’elle exhibe en crève-cœur 
Pour que ses mots naissent 
Elle voudrait aimer comme une fleur 
Dont les clichés pourriront sur un serveur 
Californien 
Elle voudrait vivre sans peur 
Et s’ouvrir au bonheur  
Pour rien 
Juste vivre 
Vivre 
Vivre 
Mais à chaque renaissance 
En douce se tire l’ataraxie  
Elle pleure l’horreur, la divine comédie 
Les grands chagrins des petites peines adolescentes 
Elle maudit les prophètes aux compte-chèques 
Ils pérorent l’odeur de l’essence 
Et nous couillonnent au vieux mazout  
Acclamés aux victoires par la communauté  
Les complices votent pour leur champion  
Et jouissent en rêvant aux transactions 
Par millions 
Du rap ? 
Ce n’est pas du rap, monsieur 
Le rap sent la rue et la rime 
Le rap transpire la rébellion 
Et fustige les accommodations 
Du punk ? 
Ce n’est pas du punk, monsieur 
Le punk s’épanouit dans la pisse et l’héro 
Le punk s’exhibe dans la violence crasse de la misère 
Écarte les jambes et rougit les pucelles 
Il se shoote dans l’ombre à l’arrière des soirées huppées 
Et disparaît en un silence universel 
En un rot râle relent de bière 
La révolution que ma vulgaire attend 
Se retrouve étranglée, noyée 
Rien à foutre 
Elle chiale son désespoir  
D’un futur sans intelligence sauf artificielle 
Les rêves, les arts, les erreurs à la poubelle  
L’humanité en dépotoir  
Toujours rien à foutre  
Ah ma vulgaire ! 
Toi et moi on se retrouvera  
Au détour d’une soirée arrosée  
Ou d’une nuit un peu trop blanche 
Et on baisera 
Et on boira 
Et on fumera  
Et on s’unira  
Nos corps nos âmes et notre violence  
Se vautreront dans la beauté d’une page blanche 
Sans ligne sans carreau  
Il n’y aura que les mots  
Des mots et du chaos  
Que notre amour et notre haine vous submergent 
Vous transcendent, vous assassinent  
Et ma vulgaire et moi 
Nous nous finirons 
Autour d’un dernier verre 
D’une dernière cigarette 

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Nqadiri
Posté le 16/09/2024
Le Sublime peut être vulgaire. Lisse, on y trouve aucun goût, aucun relief. Ce poème est chaotiquement (néologisme choisi) ordonné. Il est d’une force. La poésie n’est ni rationnelle, ni plate, elle se doit d’être sensoriel.

Merci pour cette Sublime plongée dans ta psyché. Merci pour ta Force et ton Chaos.
Bruns
Posté le 16/09/2024
Merci Nqadiri !
J'aime beaucoup de registre. Le vulgaire quand il est élégant et bien utilisé. C'est un exercice difficile ! Mais au combien plaisant quand le résultat plait.
merci encore pour ton message.
Pinky Nuage
Posté le 26/06/2024
Coucou Bruns,

Il y a un côté assez "trash", violent mais authentique dans ce poème que j'ai beaucoup apprécié. Quelque chose de plus réel, j'imaginais des bâtiments, de la sueur, des banlieues… Un tas de choses finalement par tes mots bien choisi qui m'ont transporté dans une réalité dure et brutale.
Très envie donc de découvrir l'auteur qui t'a inspiré ce travail !
Bruns
Posté le 26/06/2024
Merci :-)
C'est un autre voyage :-)
Rassure, toi, il n'y a pas que de la colère.
Tracy Joly
Posté le 12/06/2024
C’est incroyablement beau j’aimerais énormément que mes poèmes resemble au tiens le tien est tellement bien écrit par rapport au mien…
J’espère m’améliorer au fur à mesure de mes poèmes
Bruns
Posté le 12/06/2024
Hello Tracy,
je te remercie beaucoup, ça me touche.

Maintenant, il n'y a pas d'urgence.
Je ne sais pas quel âge tu as, mais si tu es sur une de tes premières de couverture, je dirais qu'une vie nous sépare. Tu imagines ? Une vie.

Je n'écris que depuis 3 ans maintenant, mais depuis que je sais lire, j'ai toujours beaucoup lu. Tous les jours, même si je me couche à 3 heures du matin. Même si je lis beaucoup de SF et de fantastique (eh oui, je crois que la réalité m'emmerde), je lis.

Lire et ecrire.
Lire pour apprendre, écrire pour comprendre.
Observer, lire et ecrire.
Observer, ressentir lire et ecrire. Je crois que c'est ça la recette.

Je pense qu'un beau texte doit être travailler evidement. J'écris toujours avec une dico de rîmes et un pour les synonymes. Quand j'écris, je suis plongé dedans.

Mais ce qui compte plus que les formules, c'est l'intention. Ce qui compte le plus c'est la sincérité. Je t'avoue qu'en lisant tes textes, la sincérité que tu y a mis m'ont frappé. Ils sont poignants.

Alors continue, lis, observe et ressent.

;-)
Tracy Joly
Posté le 12/06/2024
Merci j’ai que 19 ans et sa fait a peine 1 mois que j’écris
Bruns
Posté le 12/06/2024
Alors tous les espoirs sont permis ;-)
Icezer Cold
Posté le 11/06/2024
J'aime beaucoup cette partie aussi. J'ai juste un défaut à te faire part sur la forme. Pense à faire des saut de ligne pour que se soit moins....bourratif si je peux dire. Pavé quoi et encore toi cela le fait moins car il y a des phrase très courte coupant l'effet pavé. Mais pense à laisser respirer tes écrits.
Bruns
Posté le 11/06/2024
Merci pour le commentaire.
Je suis ici pour m'exprimer, mais aussi pour progresser.
Icezer Cold
Posté le 11/06/2024
C'est aussi ça la beauté des sites d'écritures apprendre et évoluer grâce au autres
noorlayluna
Posté le 06/06/2024
Et quand on se retrouve dans la partie du lectorat qui n'a ni apprécié le texte ni ne l'a détesté, comment qu'on fait ? La première chose qui m'est venue en tête, c'était de me dire que c'était assez cliché avant de repenser à certaines soirées. Certains termes me font tiquer à titre personnel, mais c'est peut-être parce que j'ai été trop habituée à lire des poètes détestables qu'on qualifie de génies qui se complaisent dans leur vision du monde qui ne leur a pas aidé à aller mieux. Tu trouves que l'exercice est réussi ? Comme je n'ai pas lu cet auteur que tu cites, je suis curieuse d'avoir ton point de vue
Bruns
Posté le 07/06/2024
Je ne sais pas si l'exercice est réussi. Ce serait présomptueux.
Mais j'ai aimé le moment passé, ainsi que le résultat.

"Si vous aimez .... je vous pardonne.
Si vous detestez, alors j'ai réussi !"
Bruns
Posté le 07/06/2024
Mais en tout cas, merci d'avoir lu !
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