Ce qui est beau, ce n’est pas ce qui caresse les yeux. Ni ce qui chatouille les oreilles. C’est ce dont on se souvient longtemps après. Moi, c’est toujours votre cuisine que je revois lorsque me parvient l’odeur du café. Je revois ce papier peint qui a au moins deux fois mon âge et dont la couleur se dégrade avec les ombres qui s’étendent. Je revois aussi la poussière sur les abat-jours, qui aurait pu rester là à jamais. Ce qui est beau c’est ce qui reste, même après avoir disparu. Et vous, je vous ai gardée tant que j’ai pu. Mais maintenant, maintenant que je dois moi-même m’en aller, je me demande : qu’ai-je fait d’assez beau pour que votre souvenir subsiste dans celui que je laisserai ?