Ema était paralysée par la peur. Elle s'était aventurée dans l’inconnu et cette rencontre la ramena à la réalité. Elle devait maintenant s’enfuir !
L’homme fit un pas en avant. Ema en fit un en arrière. L’homme avança à nouveau. Ema recula encore, puis tenta de s’enfuir vers la fenêtre la plus proche. Où allait-elle ? Elle n’en savait rien, mais ça serait préférable au sort que cette bête lui réservait. L’homme traversa la pièce d’un pas de géant et rattrapa Ema. Elle sentit soudain son corps se soulever et tomba nez à nez avec le visage trop poilu de l’homme.
- Qu'est-ce que tu fais là ?
Ema ne répondit pas. Elle était trop effrayée pour dire quoi que ce soit.
- Dis moi fillette, qui sont tes parents ?
Elle comprit le sens de cette question mais trouvait cela étrange qu’il parlait aussi bizarrement : la façon qu’il avait de rouler les “r”; et comment il les transformait les “en” en “ôn”. Sa voix rauque ne facilitait pas les choses. Aucune réponse ne lui vint à l’esprit. Elle dit timidement :
- Je… Je sais pas.
L’homme la regarda, perplexe. Comment ne pouvait-elle pas savoir ? Peut-être qu’elle était perdue ? Quoi qu’il en soit, c’était une bonne nouvelle pour lui. Il pourrait la tuer et prendre l’épée sans craindre de représailles. Il jeta un coup d'œil vers cette dernière. Elle avait l’air particulièrement grande et lourde. Cette fillette était bien trop frêle pour transporter un objet aussi lourd. C’était impensable qu’elle ait pu la ramener seule jusqu’ici. Il se tourna vers elle. Il fit mine de prendre un air doux et dit :
- Dis moi, tu sais comment cet objet est arrivé là ?
Ema suivit le regard de l’homme et vit l’épée. Elle secoua la tête.
- Non.
- Est-ce que tu sais d’où tu viens ?
Elle fut incapable de formuler une phrase. Les yeux plongés dans le vide, elle cherchait encore et encore. D’où venait-elle? Que fuyait-elle depuis des jours ? Elle avait beau se torturer l’esprit, elle ne trouva aucune réponse. Elle regarda alors l’homme dans les yeux et dit :
- Je ne sais pas.
Elle ne le savait pas mais elle voulait des réponses. Pour l’homme, cette phrase était le signal qu’il pouvait enfin passer à l’action. Il lut de la peur dans les yeux de la jeune fille, mais ne se laissa pas attendrir pour autant.
- Écoute fillette, je vais simplement te ramener chez toi. Le reste, ça me regarde pas.
Tout se déroulait comme prévu. Il n’y avait presque pas de passage dans la forêt et les coins les plus reculés voyaient à peine la lumière du jour. Il se leva et se dirigea vers la porte. Ema resta dans le lit et le regardait partir.
- Qu’est-ce que t’attends ? Hurla l’homme.
Ema sursauta à la voix grave de l’homme en colère .Elle fondit en larmes, ne sachant pas pourquoi cet homme tout poilu lui hurlait dessus. Elle était perdue et ne savait pas où elle était, ne savait même plus qui elle était. L'homme perdit ses moyens, ne sachant que faire. Il s'approcha du lit pour se mettre au niveau d'Ema. Il devait la faire sortir d’ici s’il voulait s’en débarrasser pour de bon. Et il emploierait n’importe quels moyens pour y arriver. Mais il serait quand même préférable de lui offrir une mort douce.
- Désolé fillette, j’aurais pas dû te crier dessus. Je m’appelle Yacob, et toi ? Dit-il en lui tendant la main.
L'homme n'avait visiblement pas l'habitude d'être aussi poli mais fit un effort pour ne pas refaire pleurer la fillette. Ema répéta timidement :
- Yacob ?
Il acquiesça.
- Ema, dit-elle timidement, en acceptant sa poignée de main.
Yacob se releva non sans mal, grimaçant, il avait l'air blessé. Ema se dit qu'il s'était peut-être fait mal durant la chasse du sanglier qui gisait près de l'âtre.
- On y va ? Je vais t’aider à retrouver tes parents.
Ema se leva et ce fut à son tour de grimacer. La peur lui avait fait oublier la douleur, mais toute cette agitation rappela à son corps l'état désastreux dans lequel il se trouvait. Ses plaies n'étaient évidemment pas cicatrisées, même si cette nuit avait été très reposante : ses maux de tête avaient énormément diminué, les objets ne se mouvaient plus aussi bizarrement et le sol était parfaitement stable.
Yacob resta là à la regarder, les yeux écarquillés. Comment s'était-elle fait toutes ces blessures ? Et d'où venait-elle à la fin ? Il regarda le corps frêle et tremblant de la petite fille, mais il n’aurait tout de même aucune pitié pour exécuter son plan : il allait faire mine de vouloir la soigner pour prendre l’épée sans avoir un comportement trop alarmant .
Il saisit l’épée, mais elle ne broncha pas lorsqu’il essaya de la soulever. Elle était bien trop lourde pour être une simple épée! Ema ne réagit pas, elle n’y fit même pas attention. Yacob pouvait enfin aller cacher cet objet dangereux. Il la traîna au sol comme il le put et s'en alla dans un coin de la pièce. Il revint avec une petite boîte dans les mains. Elle contenait des tas de bandes blanches en tissu.
- Je vais te mettre ces bandages histoire que tu te blesses pas encore plus. Tache de te laver correctement à l'eau claire en rentrant chez toi.
Il banda ses avants-bras et ses mollets où sa chair était le plus à vif, en les serrant le plus possible pour entraver ses mouvements. Ema se sentit encore plus rassurée de voir qu'il s'occupait d'elle. Elle appréciait déjà sa compagnie malgré le peu de temps qu'ils ont passé ensemble.
Yacob s'en alla de nouveau dans le coin déposer la boite après avoir remis les bandages dedans. Il la rangea dans un compartiment dans le sol. Il vit qu’elle l'observait et dit :
-Qu'est-ce que tu regardes ? Dit il en reprenant ce ton effrayant qu'Ema détestait.
Il revint après quelques minutes de recherche avec des vêtements et des bottes dans les mains. Il les tendit à la fillette dont les yeux brillaient de joie. Décidément, elle l'appréciait de plus en plus. Elle reprit soudain un air impassible, écoutant un instinct qu'elle ne pouvait réfréner. Elle regarda attentivement l’homme et eut un mauvais préssentiment, comme si l’énergie qui se dégageait de lui avait quelque chose de mauvais. Elle dit simplement :
- Merci.
Elle les enfila par-dessus sa robe, qui était étrangement légère pour l'hiver constant de la région, pensa Yacob. Il lui fit signe de le suivre pour sortir. Il ouvrit la porte et Ema vit à nouveau ce monde immaculé.
Pas mal le dialogue, très naturel. Yacob a l'air d'être un personnage double: d'un côté il pourrait se révéler être un protecteur pour Ema, de l'autre il a très clairement une idée derrière la tête... Quoique ce serait intéressant d'avoir un allié qui se révèle un ennemi ! Enfin, je verrai au fil de la lecture.
Je trouve que 'hurler' est peut-être trop fort. Je le vois bien hausser le ton, parce qu'il m'a l'air d'être un gars bourru et pas habitué à faire dans la dentelle, mais hurler est particulièrement fort. Je pense que tu devrais garder des expressions pareilles pour des scènes où tu auras besoin de mots avec une telle intensité, et ne pas désensibiliser le lecteur en l'utilisant trop tôt.
À bientôt :)
(PS: je ne pourrai pas me connecter pendant près de 3 semaines, donc si je ne laisse plus de commentaire pendant ce temps là c'est normal ^^)