(Malaise)

 

 

La maison chaleureuse leur ouvre ses portes ce midi là, dans les odeurs de nourriture et au milieu des cries de la monmon* affolée par l'état de ses deux protégés. Trempés jusqu'aux os, dégoulinant sur le plancher du hall, Yann et Gabriel ne sont pas fiers. Le rouquin affiche un sourire d'acteur bien rodé, résolu à ne nullement montrer sa déconfiture, dans cette histoire de faux départ. Gabriel baisse la tête, penaud.

Depuis quelques semaines, ils sont venus souvent, après le départ de Marie, chez les parents de celle-ci. L'endroit paraît être la deuxième maison de Yann. Il s'y invite sans prévenir et y est chaque fois reçu à bras ouvert.

Leurs hôtes ignorent les penchants sexuels de Yann et celui-ci, étonnamment, refuse absolument qu'ils l'apprennent. Gabriel est donc censé n'être qu'un pote.

C'est inattendu vu le personnage. Yann ne s'affiche pas dans la rue, certes, une peur des représailles et un besoin de tranquillité sans doute. Par contre, habituellement, il n'a rien contre le fait que son petit monde soit au courant. Que sa belle mère le prenne très mal, que son père en soit attristé, que ses potes et ceux de son cousins se foutent de lui de façons graveleuses, rien ne l'en empêche. Alors pourquoi ne rien avoir dit et surtout, de tout faire pour le cacher à des gens si gentils ? Si deux ans plus tard la raison ne serait plus une énigme pour Gabriel, au jour qui nous intéresse, la question tourne dans sa tête sans espoir de réponse et fera même l'objet d'une chanson. Le faire passer pour un simple ami, voilà qui est cruel, trouve Gabriel, depuis le début.

Pour l'heure, le parisien tente de remettre ses idées en place et ne de pas se laisser envahir par l'effroi qui le gagne. Il les connait depuis quelques semaines déjà, pourtant, ils sont tout-à-coup des étrangers, tous, Yann compris. Et le malaise recommence, il se surprend de nouveau à devoir contrôler sa respiration. Déjà il n'entend plus les paroles maternelles. Il persiste, reste debout, se maitrise du mieux qu'il peut, ça n'est que lorsque la brave maman revient avec deux serviettes de toilette, qu'il s'effondre finalement sur le sol sans prévenir.

- Hoo ! Cossa* larive* à ou ?!*

- Dieux ! Pale pas le cléole, y complend pas !

- Gab' ? Ça va ? Il respire vite ! s'affole Yann.

- Haa donne-lui un linge monmon* !

- Hé woilà, tu wois à lester dehors sous la pluie gogoz* ! Là aide-le jusqu'au canapé, pôve piti, il est gelé.

Quand Gabriel ouvre de nouveau les paupières, il est au chaud enroulé dans une couverture, débarrassé de ses vêtements mouillés et une serviette douce sur le nez empêche sa respiration de s'affoler.

- Comen i lé* ? questionne la pauvre femme désemparée.

Au-dessus de lui, elle sourit un peu inquiète. Le père pose un bol de bouillon odorant sur la table basse. Gabriel cherche Yann du regard. Il ne met pas longtemps à le repérer, assis par terre presque à ses pieds, les sourcils froncés, une petite ride se dessinant au beau milieu du front.

- Hé bien, tu nous as fait peul petit ! avoue le patriarche.

- La valise devait ête loude puis avec ce temps... ça va aller maintenant ? demande la bonne mère.

- Oui, je crois merci.

Gabriel l'espère, il ne souhaite pas les inquiéter davantage.

- Bon je t'ai mis un peu de jus, ça va te léchauffer, je dois letoulner à la boutique mais le papa, il est là, annonce la maman.

- Quand tu te sentiras assez bien pour monter à la chambre...lâche Yann sur un drôle de ton, aussitôt coupé par le papa.

- Ho, laisse le se leposer enfin, tu vois bien que ton ami il est pas bien, monte donc ses affailes, tu es en folme toi !

Yann fronce plus carrément les sourcils mais s'exécute.

- Est-ce qu'il est en colère après moi pour ça ? S'alarme aussitôt Gabriel.

En vérité, Yann est en train de prendre toute la mesure du problème pointé par Laurianne ainsi que la responsabilité nouvelle qui s'impose à lui. Il se rend compte aussi qu'il a certainement dû être un peu injuste envers son amant. Et pour finir tout cela l'affole un peu.

Retrouvant plus ou moins son calme Gabriel avale avec un peu de difficulté le bouillon épicé servit à son intention. Il lui faut après ça, toute sa concentration afin de réussir à monter jusqu'à sa chambre avec Yann, pour finalement vider son estomac, dans les toilettes de l'étage. Ce qui a pour effet de tracasser plus encore son amant qui reste étrangement silencieux.

- Tout va bien les galçons ? crie le père en bas de l'escalier.

- Ça va merci, je vais aider Gabriel à s'installer !

On à l'impression que la journée arrive déjà à son terme, tant la lumière est peu présente, l'après-midi est pourtant à peine entamé. Le vent continu de souffler, la pluie de tomber, Yann s'absorbe dans la contemplation du dehors, tournant le dos à son copain qui se traine lamentablement jusqu'au lit pour s'y assoir.

- Tu te sens mieux ? le questionne-t-il sans se détourner de la fenêtre.

- J'ai cru qu'j'arriverais jamais à m'laver les dents.

La lumière allumée dans la chambre rend le reflet de Gabriel sur la vitre assez compacte pour que Yann puisse l'y observer, sans en avoir l'air. Il remarque que le jeune goth reste tendu et que ses mains trembles encore.

- Tu n'as pas répondu à ma question.

- Ch'ais pas. Je crois qu'ça s'calme, oui.

- C'est pas parce-que tu t'enrhumes n'est ce pas ?

-  Non. J'hyper ventile et l'stress me r'tourne l'bide.

- Je vois. Tu as des médocs ? Y'a un truc à faire ?

- J'ai d'jà pris des calmants et j'ai pas envie d'dormir. Faut juste que j'me calme.

- C'est grave ? Je veux dire, tu risques quelque chose ?

- J'peu perdre connaissance, et les pédales aussi. Ch'uis désolé.

- ...

- J'contrôle rien, t'sais.

- Ça t'arrive souvent ?

- Non. Seulement quand j'ai peur de...

- De quoi ?

- D'être seul.

- On est trois ici.

Gabriel craque et se met à pleurer, ces deux derniers jours n'auront été guère reposant niveau émotion.

- Hé ! Regarde-moi, intervient Yann.

- Ch'uis désolé, répète le parisien inlassablement.

Yann vient se poser à côté de lui, le prenant doucement dans les bras.

- C'est finit va, tu es là. On est ensemble.

- J'te jure que ch'rais jamais parti sans t'le dire, jamais j'aurais pu t'laisser comme ça ! J'avais passé l'aprem' à réfléchir. J'ai juste pas eu l'temps de...

- Tu es là maintenant, c'est ce qui compte, lui promet Yann qui prend sur lui d'oublier sa rancœur.

- J'ai vraiment essayé d'le d'mander à ma sœur.

- Je sais, c'est oublié.

- T'avais l'air tellement en colère...

- J'ai pas été très sympa mais j'étais vraiment désespéré. Je t'aime mon cœur.

- Moi aussi j't'aime.

Yann repousse la porte derrière eux, d'une main, puis colle son visage à celui de Gabriel, lui frôlant les lèvres.

Les yeux fermés, redevenant pour le coup étonnamment tranquille, le jeune cœur de dix neuf ans, se laisse faire. La bouche fine et bien dessiné de Yann se pose sur la sienne, plus charnue. Elles se séparent une première fois dans un baiser qui claque, puis en vient un deuxième où bientôt les langues se rejoignent pour finir leur danse langoureuse en un long bisou silencieux.

Yann s'éloigne, accompagnant son geste d'un long soupire frustré.

*

Deux ans plus tard...

Le miroir lui renvoie une image floue. Il n'est pas très fier de lui. Comment arranger les choses à présent ? Il traine sa culpabilité depuis la veille. Liam n'est pas repassé par l'appartement de toute la journée, mais il sera bientôt vingt heures trente et Yann sait qu'il n'y a pas d'émission de radio ce soir. Le blondinet devrait bientôt être là.

Il doit trouver quelque chose pour se faire pardonner. Il aurait dû tout avouer avant que ça ne dérape, quel moment aurait été le mieux ? Dans la cuisine sans doute : " Je suis ok pour passer toutes mes nuits avec toi et ne coucher avec personne d'autre en dehors de toi. "

- C'était une belle déclaration pourtant !

Il aurait suffi d'ajouter des excuses et la vérité. Pourquoi ne pas l'avoir fait alors ? Faut-il être stupide, comment a-t-il put trouver ça amusant ? Même sur le coup ?

Il repense à la nuit d'avant. Il n'a pas menti à Marie, une véritable catastrophe, quelle déception ! Pourtant, il y a mis du sien. Lui revient en mémoire le corps de Liam, une véritable statue grecque. L'homme est loin de son canon de beauté habituel mais peut importe, quel corps ! Impossible de rester insensible à son « charme ».

- Avant de me foutre à poil, mon corps semblait lui plaire !

L'attirance n'ayant pas semblée réciproque, Yann commence à douter de son don de séduction.

La raison du malaise de Liam est certainement dû à la situation, c'est évident, ça le rassure un peu de penser ça, même si ça signifie que Liam en a souffert. Parce que si ça ne devait pas être le cas, se serait encore plus gênant.

Il s'en veut. Les gestes empruntés de Liam, sa façon de le toucher du bout des doigts, il ne l'a pas seulement étreint une seule fois !

- Ou bien je l'ai dégouté ? Peut-être n'avait-il pour moi que de la pitié ?

Voilà ce que craint Yann.

Ils ont dormis dos à dos, Liam dans un coin reculé du lit. Plusieurs fois Yann s'est demandé s'il n'allait pas rejoindre sa chambre. Ce fut un moment pénible qu'il souhaite à tout pris effacer de sa mémoire.

- Toutes les nuits avec Liam ne peuvent pas être ainsi ! C'est impossible !

Il va faire en sorte de s'y prendre autrement.

- Et quelle va être sa réaction à cet idiot ? Se demande t-il.

Il a passé la journée à tenter de relativiser sans succès. Après avoir écouté le dernier message de Gabriel sur son répondeur, il n'y a plus de doute possible, Uzu et lui, l'ont mis au parfum.

- C'est mieux, ce sera plus simple, affirme-t-il en son fort intérieur, bien qu'il flippe malgré tout de la réaction du blondinet.

Il tourne sur lui-même se mirant dans le miroir.

- Il aime mon corps, j'en suis sûr, se répète-t-il pour s'en persuader. Utilisons tout notre savoir-faire et notre sex appeal pour se faire pardonner. Cet idiot va-t-il tomber dans le panneau ? Il le faut ! Cet idiot....

Son visage se déforme tristement.

- Je n'ai pas envie de sortir avec un idiot !

Il reprend son téléphone et rappelle Marie.

- Qu'est ce que tu veux encore ? l'accueille-t-elle froidement.

-  ...

- Putain et arrête de venir chialer au prés de moi, t'es un homme ou une femmelette ?

- Les deux mon capitaine... Marie, j'ai pas envie d'aimer un idiot !

(Silence, soupire)

- Tu sais Yann, je n'pense pas que cet idiot ait envie d'aimer un connard !

Yann glousse.

- Et te marre pas non plus, ça n'a rien de drôle. Excuse-toi !

- Je suis désolé ma biche.

- Pas à moi gogoz* !

- Je vais essayer.

Il raccroche, rasséréné, les choses sont si facile avec Marie, pourquoi ça ne peut pas être ainsi avec tout le monde ?

Pour être dans les meilleures conditions afin demander pardon, Yann pense qu'il faut d'abord amadouer sa "victime". Pour ça, la drague est forcément nécessaire ! Il va devoir être au top ! Au programme : douche aux senteurs épicées, épilation complète, brushing, gel, eau de toilette et un brin de khôl sous les yeux. Le slim sur les hanches, un débardeur noir cintré, les pieds nus sur le planché, deux heures pus tard, il s'admire, enfin fier du résultat.

Il quitte la mezzanine pour descendre dans la salle. Se préparer lui a pris beaucoup de temps, de telle sorte que Liam est déjà rentré. Son sac de cuir et son blouson posé négligemment sur le canapé en sont une preuve formelle. Le bruit de la douche et l'odeur de champoing ne laisse aucun doute non plus, sur sa présence effective dans les lieux. Yann s'installe dans le fauteuil, il attend son heure. Il est nerveux et a du mal à rester en place. Il tente plusieurs magasines, sans succès, se lève, va mettre de la musique. L'eau a cessé de couler dans la salle de bain et son stress augmente. Il faudra à Yann vingt minutes d'attentes supplémentaires pour voir enfin apparaître Liam, fraichement vêtu d'une tenue tout ce qu'il a de plus chic et parfumé à la dernière mode. La tension est palpable, malgré la position nonchalante et arrogante arborée par l'androgyne et l'ignorance feinte par Liam.

- Tu sorts ?

Il l'a osé, il a cassé le silence ! Il meurt de peur mais il suppose que sans ça, Liam aurait pris la porte sans lui adresser la parole. Peut-être cela aurait-il mieux valu. Le grand blond se retourne, feint l'étonnement, relève un sourcil et lui répond le plus calmement du monde.

- Oui je sors. Tien, c'est bien que tu sois là, j'avais un truc à te dire.

Yann ravale sa salive, le moment est venu d'en prendre plein la gueule. Il remue, essaie de se mettre à son avantage, plonge son regard gris clair dans les iris bleu de Liam et attend le verdict.

- J'ai vu Youtzeu et ton... ex, aujourd'hui. Je pense que je n'ai pas besoin de t'expliquer pourquoi notre petit deal est annulé bien sûr ?

Gêné mais sans se démonter pour autant, Yann répond, d'une voix roque.

- Déjà ? Ce fut court mais bon, enfin court surtout.

 Le visage de Liam se marque, amertume ou désespoir ? Yann reçoit l'expression de plein fouet. Interloqué et honteux de sa propre méchanceté, sa culpabilité reprend le dessus. Sa superbe en a pris un coup. Il n'ajoute donc rien et laisse l'autre se préparer à sortir. Une fois habillé Liam se retournant à demi et cachant son visage dans ses boucles vénitiennes termine brutalement l'échange.

- Tu avais raison, ça n'est pas parce que nous sommes coloc, qu'on est obligé d'être amis. Ni quoi que ce soit d'autre. Je ne me mêlerais plus de ta vie, fais-en ce que bon te semble. Nous ne partageront plus, en fin de compte, qu'une partie de l'appartement. Bonne nuit !

Il sort sans un regard, laissant Yann dépité.

*

Qu'il fut dur, pour Liam, de soutenir ces yeux là. Il était tellement beau ce soir. Yann avait ce petit quelque chose d'électrisant, le jeune homme en frisonne encore. Aurait-il dû le laisser s'expliquer ? Il sent qu'il n'aurait pas pu supporter de nouvelles attaques. Étrangement, il n'arrive pas à lui en tenir rigueur. Tout ceci est triste, il admet avoir commis des erreurs, il n'aurait pas dû juger sans savoir. Il n'a pourtant pas l'impression d'avoir mérité d'être la cible d'une pareille plaisanterie. Surtout la question qui revient sans cesse est : - Qu'avait-il donc à y gagner ?

Le temps arrangera peut-être les choses. Il s'est décidé à oublier cette attirance, si c'est encore possible. Il espère réussir enterrer les sentiments qui vont avec. Se rendant bien compte que ce garçon ne peut être que néfaste pour lui. Il a déjà perdu assez de temps à courir après l'impossible avec Uzu, il y a quelques années. Il ne va pas, en plus, s'écorcher en fonçant dans ce mur là.

Ce soir, pour la première fois depuis des mois, il a accepté la proposition de ses collègues de l'association. Après le travail, ils sont allés boire quelques verres dans un bar. C'était agréable, très convivial. Il les abandonnait à regret, quand l'un deux, Nicolas, pompier de son état et son voisin de micro à l'émission de radio, en tant que bénévole lui aussi, s'en est aperçu.

- Je vais au resto avec deux amis ce soir, ça te dirait de te joindre à nous ? Que l'on puisse poursuive cette conversation ?

Bien que l'invitation l'ait surpris, Liam a accepté. Il a encore du mal à le croire. Le voilà donc parti pour retrouver des gens qu'il ne connait même pas, dans le seul et unique espoir d'oublier la personne se trouvant dans son salon.

Le restaurant italien est sympathique et le serveur sexy, un régal pour les papilles et pour les yeux. Le couple censé venir avec Nicolas s'est décommandé, normal...

- J'ai l'impression d'être une petite souris devant une tapette, avoue-t-il à son charmant collègue de travail.

- A ce point là ? l'interroge le séduisant Nicolas, tout sourire.

- Ne le prend pas pour toi, mais je ne crois pas...

- Avant toute chose, le coupe rapidement l'autre. J'aimerais croire que le rongeur à conservé son libre arbitre.

- Comment ?

- La souris dans la tapette ! Elle n'est nullement forcée de toucher au morceau de gruyère se trouvant sur le piège ! Le piégeur que je suis s'en remettra, si elle ne finit pas dans ses filets ce soir haha !

- Tu es direct, approuve Liam.

- Je n'aime pas les faux semblants. Bon parlons sérieusement, je ne se suis pas insensible à ton charme, tu es pas mal et j'avoue que je serais enchanté que tu montres vis à vis de moi un peu d'intérêt mais la raison de mon invitation dépasse le simple but de la drague.

- Ça a le mérite d'être clair.

- Hahaha ! Détend-toi, tu es tout chose !

La nourriture est bonne, le cadre agréable et cosy, son beau brun de collègue alimente une conversation plaisante, l'alcool venant, Liam se détend et bientôt le plaisir de cette charmante compagnie réussit quelques temps à lui faire oublier tout le reste.

Quelques éclats de rire plus loin Nicolas se risque à poser une main sur la sienne, il la retire aussitôt en le voyant tressaillir. Le fruit n'est pas encore assez mur semble-t-il. Peut importe, un second verre de vin et une parole réconfortante devrait annuler le malaise.

- Pardonne-moi d'essayer, je me sens d'humeur câline, roucoule le charmeur.

- Non c'est moi.... Pourquoi m'as-tu invité spécialement ce soir ?

- Hé bien, je crois que j'étais extrêmement étonné, dans le bon sens, que tu acceptes enfin de te joindre à nous pour le pot de ce soir. Je me suis dit : soit il va beaucoup mieux et il s'en est enfin sorti, soit il va bien plus mal et il accepte enfin l'oreille attentive dont il a sûrement besoin.

- Pourquoi j'irais mal ? s'étonne Liam suspicieux.

- Ce sont des bruits de couloir.

Devant son air surpris, Nicolas s'enfonce dans le siège et prend son verre à la main afin de paraitre plus sûr de lui et de calmer le trouble. Affichant des lors un rictus enjôleur plus appuyé encore, trop pour être honnête, sans aucun doute.

- Tu nies ? Tout le monde en parle. Les gens t'aiment bien tu sais, ils s'inquiètent forcément. Tu as eu une histoire avec un jeune aidé par l'asso, une histoire qui s'est mal fini non ? Je me trompe ?

- Oui, tu te trompes, réplique froidement Liam, que cette incursion soudaine dans sa vie privée refroidi au plus haut point.

A l'écoute de sa réponse son collègue le fixe intensément.

- Vraiment ? J'ai pourtant cru entendre que tu consultais Banet, une fois par semaine.

Liam se lève exaspéré, surprenant son interlocuteur.

- Je crois que j'en ai assez entendu !

- Attend ! Excuse-moi, Je voulais juste que tu saches que tu n'es pas seul.

Liam stoppe net son mouvement et le détaille sans un mot.

Cette assurance, ce discourt de beau parleur éloquent, ce profile napolitain qui ferait certainement tomber plus d'une personnalité de la gente féminine comme masculine gay, l'agace un peut. Certes, ça marche sur lui aussi, il ne va pas jurer le contraire alors qu'il y a deux minutes il était encore grisé. Mais le beau brun va trop loin.

- Les gens du bureau t'apprécient beaucoup, poursuit Nicolas. S'ils ont parlé sur toi c'est simplement que ça les tourmente. Liam tu sais ce que c'est, toi et moi on est pareil, on correspond toute la sainte semaine directement avec des centaines de gens qui ont besoin de conseils, qui sont mal dans leur peau. On a tous, à un moment où un autre, besoin d'une oreille. Ne pas la trouver c'est terrible. Moi aussi je vois un psy, enfin voyais. Avec tout ce qu'on entend chaque jour c'est normal.

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