Malicia

Au loin, la cloche sonna la fin du cours. Ce fut donc un capharnaüm de cahiers et de stylos rangés en quatrième vitesse, le brouhaha des conversations réveilla Elva comme mille bourdons. Elle s’etira, rangea son manuel qu’elle n’avait même pas pris la peine d’ouvrir et sa trousse, fermée elle aussi.

Depuis quelques jours, un malaise semblait s’être abattu sur les jumeaux et elle. Les blancs interminables faisaient suite aux conversations qui sonnaient faux. Même l’attitude de ses interlocuteurs était étrange, Léo fusillait sa sœur du regard pour un oui ou pour un non et la patience de Lya, déjà infime, était réduite à néant. Et comme par hasard, en salle d’étude, les surveillants les mettaient systématiquement à côté les uns des autres, ce qui ne fit qu'augementer leur malaise.

Et ce jour ci ne fit pas exeption.

Penchée sur une feuille noircie de son écriture en pattes de mouches, Lya fronçait du nez et ,presque simultanément, les sourcils de Léo se rejoignèrent. D’un mouvement fluide, que Elva ne vit pas venir, il lui effleurant les tempes.

Elva sentit son esprit basculer vers l’avant et elle retomba dans la clairière. Cette fois, c’était sûr, tout était vrai. Elva se retourna brusquement vers les jumeaux qui, comme la première fois, étaient vêtus d’un froc vert clair.

- Pourqu... commença Elva, avant que ses lèvres ne se scellent à nouveau.

- Lya. gronda Léo, hors de lui.

- Oh, c’est bon! Elle va encore pleurnicher, c’est soit ça soit je lui brise les cottes. grinça sa sœur, dans un rictus dédenieux. Et puis tu sais quoi, tu n’as qu’à lui expliquer toi même, puisque tu l’apprécies tant.

- Ça y est, madame fait sa crise. répliqua le garçon, d’un ton sarcastique.

- Je ne fais pas ma crise. glapi Lya.

Elva haussa les sourcils, étant une experte en terme de dispute, elle pouvait certifier qu’il se passait autres chose. Quelque-chose se passait ailleurs, personne ne se regarde dans le blanc des yeux d'une telle façon.

- bien, comme ma sœur me l’a gentiment proposé, commença Léo, je vais tout t’expliquer. Lya, descelle lui les lèvres.

- pardon? Je crois que je n’ai pas bien entendu. grinça Lya.

- S’il te plaît. susura Léo, un brin exaspéré.

Lya la regarda avec une lueur etrange dans les yeux et Elva retrouva l’usage de la parole.

- Merci. articula lentement la jeune fille.

Lya ne lui accorda pas un seul regard, toute son attention était concentré sur son frère.

- Comme Lya te l'a déjà dit il existe deux mondes qui dépendent l'un de l'autre, le Wålfĕltère et le Huyjtère. Il y a une centaine d'années, un Wålfĕl nommé Galedric naquit. Il était un Ombra, d'une puissance extraordinaire. Son psychisme était phénoménal. Il arrivait à contrôler la Wondrune comme personne. Mais l'usage de cette substance est nocive pour l'organisme. Il se mit en-tête de trouvé un moyen de la rendre moins dangereuse. Mais ses expériences furent désastreuses et plusieurs de ses partisans moururent. Il fut donc condamné à l'exil, mais rien ni fit, il continua jusqu'à être plus mort que vif. Mais il avait attenit son objectif: être insensible à la Wondrune.

- et qu'est-ce que j'ai à voir avec ça dans toute cette histoire d'un pseudo scientifique fou ?

Le visage entier de Lya se contracta, dans un faciès de haine et de colère non dissimulé. Elle se rapprocha d'Elsa et lui enfonça un doigt accusateur dans la poitrine :

- tu crois vraiment que je me serais fait chier à t'écouter pendant des jours pour que finalement tu ne sois rien? Tu te mets le doigt dans l'œil jusqu'au coude!

- juste parceque tu es sympa peut-être ? répliqua Elva, très sérieuse.

Lya eu l'air surprise, haussa les sourcils mais ne dit rien. Que Elva la trouve sympathique la surprenait.

- Mais sinon, je veux pas faire ça. continua la jeune fille. Trouvez vous en une autre de Lu-quelquechose. Je ne vous suivrez pas. 

Se fut au tour de Léo de hausser les sourcils. 

- bien. Comme tu voudras. Mais tu vivras avec ça sur la conscience.

La clairière disparu laissant place à la salle d'étude. Personne ne les regardait, comme s'il ne s'était rien passé. Et c'était sûrement le cas à leurs yeux. Seuls les jumeaux et Elva l'avaient vécus.

La suite de la journée et toutes celles qui suivirent se déroulèrent sans accro, Elva avait enfin retrouvé cette monotonie quotidienne qui lui plaisait tant. Ses rapports avec Léo et Lya n'étaient plus les mêmes, polis  certes mais jamais plus. 

                                     #####

Après une journée de cours interminable, Elva rentra enfin chez elle. Sa maison était une petite bicoque biscornue, plus large que haute, aux murs aussi blancs que les.volets étaient verts.

Elle passa la clôture, posa sa main sur la poignée et l'abaissa. Tout en retirant ses chaussures, elle cria :

- Papa, maman! Je suis rentrée.

Pas de réponses. Peut-être étaient ils occupés? Elle posa ses affaires dans l'entrée et se dirigea dans le salon. Une jeune femme se tenait au centre de la pièce, immobile. 

- Euh, excusez moi. Qui êtes-vous vous? murmura Elva.

Son interlocutrice se retourna, laissant apparaître un visage sombre et souriant. Sa peau était olivatre, ses yeux n'avaient pas d'Iris. Ses lèvres étaient trop fines. 

- Bonjour Elva. Je suis Malicia. On va discuter ensemble.

Elva s'assit comme un automate sur le canapé. Malicia dégageait une étrange beauté, glaciale, inhumaine.

- est ce que tu as rencontré des jumeaux, Elva? Plutôt grands, cheveux blancs?

- Non, mentit cette dernière.

Il lui paraissait préférable d'omettre la vérité, quelque chose la dérangeait dans l'attitude de Malicia. Elle paraisait un peu gauche, comme si son corps était trop grand pour elle. Un long filament goûtait du visage de la jeune femme. 

- Vous avez un fil sur le visage...mademoiselle.

Malicia se tourna vers Elva, un grand sourire sur le visage. Qui retomba immédiatement.

- Tu n'aurais pas dû voire ça, Lumiar.

Et elle se jeta sur elle. Durant les quelques mètres qui la séparait de Elva, la jolie jeune femme se métamorphosa en une boule de fumée noire et opaque, qui hurlait.

Son sang ne fit qu'un tour, Elva se jeta hors de.la pièce, traversa le  couloir, attrapa son manteau et , après avoir ouvert la porte, couru à en perdre haleine dans les rues. Elle tourna pendant plusieurs minutes en rond avant d'échouer devant une porte sur laquelle figurait ''famille Moreau''.

Ni une ni deux, Elva ouvrit la porte la claqua et tomba à genoux au sol, vidée. Elle prit de grande inspiration, avant de lever la tête et de voire une Lya, visiblement surprise.

- Léo! C'est Elva. cria cette dernière. 

Son frère jaillit d'une porte sur le côté et regarda fixement Elva. 

- Mes parents...mon frère..  ils sont.. ils sont..sanglota Elva.

Lya s'accroupit à-côtés d'elle, tout en lui frottant énergiquement le dos.

- Qu'est-ce qu'il s'est passer? lui demanda la jeune fille.

- Il y avait une fille  chez moi..

- Elle ressemblait à quoi exactement ? l'interrompit Léo, sourcils froncés.

- Plutôt grande, elle devait avoir entre 20 ans et 25 ans.

- Et son attitude? Sa manière d'être ? la pressa Lya

- Elle était un peu gauche comme si...commença Elva

- Comme si son corps était trop grand. acheva Léo

Les jumeaux échangèrent un regard, lourds de sous-entendus.

- 22h. Ce soir.

- pardon? dit Elva avec difficulté.

- Tu dors ici. On te rejoindras après. compléta Léo.

- Tu m'expliques? marmonna sa sœur.

Léo, qui ne semblait pas avoir entendu sa remarque saisit son blouson et sortit en  coup de vent. Les sanglots qui étaient jusque là coincés dans sa gorge sortir d'un  coup, la secouant violemment.

Lya s'accroupit et lui assura:

- Léo va voire ce qu'il s'est passer, d'accord. Tout va bien. Viens je vais te montrer ta chambre.

Elle lui tendit la main, Elva la saisit. Une chose était sûre désormais. Il fallait qu'elle suive les jumeaux.