Midi sur les trottoirs (2) - L'importance d'une fleur

Par Pouiny

Quand une sonnerie retenti, stridente et monstrueuse, le professeur signifia que les élèves pouvaient partir pour le réfectoire. Il essaya d’attraper Alexandre, avec qui il avait eu une discussion étrange mais intéressante au début du cours. Mais alors qu’il scrutait les élèves qui s’échappaient en courant de la salle, il ne le vit tout simplement pas passer. Alexandre s’était parfaitement bien mélangé au peloton et avait échappé au professeur aussi rapidement que simplement. Avec un soupir, le professeur essaya de voir s’il l’apercevait dans le couloir, mais non : Alexandre s’était évaporé. Alors il retourna d’un pas lourd à son bureau. Il sentait qu’il avait raté quelque chose, stressé par son premier cours de l’année et contrôlé par le temps. Il regarda les fiches qu’avaient rempli les élèves, cherchant la sienne en particulier. Alexandre avait raturé l’inscription « Maman » et avait simplement écrit Charlie. En voyant qu’il avait laissé un numéro de téléphone, le professeur prit sur lui de le composer.

 

Alexandre traversa le couloir à grand peine. Des ombres autour de lui s’amusaient à le bousculer en passant. Au départ seules des personnes de sa classe s’y amusait. Puis, en voyant les uns faire, d’autres élèves se lancèrent dans le jeu. Le jeune garçon subissait sans un mot. Si en primaire, il avait déjà l’habitude qu’on se moque de lui, dès le premier jour au collège tout ceci prenait une dimension qui le dépassait. Se concentrant que sur ses pieds pour toujours garder l’équilibre malgré les bousculades, il traversa ce couloir sombre et maudit sans tomber, jusqu’à se retrouver dans la cours de récréation.

 

Il y avait déjà une file immense d’élèves serrés les uns contre les autres pour aller à la cantine, si grande et si bruyante qu’Alexandre hésita à s’y engouffrer. Mais en sentant son ventre le faire souffrir, il décida de tenter sa chance dans la foule. L’entrée dans le bâtiment fut longue et difficile. Là encore il se faisait ballotter dans tous les sens par des élèves de son âge ou plus vieux qui ne cherchait qu’à manger sans se soucier de ceux qu’ils ne connaissaient pas. Alexandre entendait des histoires perdus que se racontaient des amis entre eux, des insultes dites en riant, des fausses disputes, des répliques complices. Silencieux, bousculé, il n’espérait que ce soit bientôt la fin.

 

En voyant le steak mélangé à la purée dans les grands bacs de la cantine, il eut l’impression que l’univers se moquait de lui. Sachant qu’il allait encore s’attirer les foudre des élèves derrière lui en bloquant la file, il demanda quand même :

« Excusez-moi ? Est-ce que vous pourriez enlever la viande, s’il vous plaît ?

– Un gamin comme toi qui n’aime pas la viande ? S’exclama le cantinier, surpris.

– Non. Je peux pas en manger, répondit Alexandre en baissant les yeux, qui ne mentait pas tant que ça.

– Comment ça ? Qui ne peut pas manger de viande !

– J’y suis allergique. »

Il le regarda dans les yeux pour donner plus de crédit à son mensonge. Surpris, le cantinier obéit néanmoins en ne mettant dans l’assiette que de la purée molle.

« C’est possible, ça ?

– Oui, répondit simplement Alexandre en prenant l’assiette. Merci.

– Bon appétit quand même ! »

Il choisi simplement un fruit avant de se diriger vers les tables. Mais alors qu’il en avait trouvé une, petite et isolée, il senti un obstacle soudain se poser contre sa cheville.

 

Surpris, il perdit l’équilibre en tombant en avant. Sa seule pensée fut pour son plateau : il l’imagina tomber avec perte et fracas, les moqueries des autres, les remontrances des adultes. Alors, comme dans un rêve, il pensa à des mouvements de danse. Il leva son plateau au dessus de sa tête, alors que ses pieds cherchaient comme un point d’accroche dans le sol. Il fit un premier pas, qui n’était pas le bon. Alors, un autre. Son point d’équilibre, comme la bulle d’un niveau, bougeait, d’un coté, puis l’autre, et guidait ses pas dans l’espace, jusqu’à retrouver une stabilité naturelle. Quand il ouvrit les yeux, en se rendant compte qu’à cet instant qu’il les avait fermé, l’assiette de son plateau avait bougé, mais rien n’était tombé. Et autour de lui, les élèves assis le regardaient avec des yeux ronds.

« Wow, comment t’as fait ça ! T’es un super-héros, c’est ça ? C’est monstrueux ! »

Il essaya simplement de leur sourire en réponse : il voulait surtout pas que les autres voient la sueur qui avait coulé dans son dos et son cœur qui explosait dans sa poitrine. Ce n’était rien, il ne s’était finalement rien passé, et il voulait que ça reste comme ça. Il se dirigea nerveusement vers la petite table qu’il avait repéré, et pu s’y asseoir cette fois-ci sans encombre. Mais il avait eu si peur qu’il ne fut même pas capable de finir l’assiette de purée qu’on lui avait donné. Alors que son cœur n’arrivait pas à se calmer, comme s’il y avait toujours un danger, il jouait de sa fourchette dans la mer de patate qui lui servait de repas. Après des minutes à regarder les traces qu’il faisait dessus avec les dents du couvert, il fini par simplement manger son fruit avant de rendre son plateau, faisant en sorte d’éviter le regard du cantinier qui devait sûrement le juger pour le gaspillage.

 

Il passa le reste de sa journée la tête posée sur le bureau. Il enchaînait en silence les cours au son de la sonnerie stridente ; mathématiques, anglais, français. Et s’il était heureux de commencer à apprendre, tout lui semblait épuisant. Les élèves autour de lui, les questions et les présentations répétées des professeurs, qui voulaient toujours savoir ce que faisaient les parents, le bruit, la régularité, les horaires, le mouvement constant. Rien ne lui allait : malgré toute sa bonne volonté, il n’avait plus qu’envie de partir et de disparaître, loin de cette ruche qui l’oppressait.

 

Il ne parla avec personne d’autre que les professeurs. Quand la journée s’acheva en une dernière sonnerie insupportable, il quitta le vieux bâtiment en suivant le mouvement, mais d’un pas qui était plus lourd que ceux des autres. A l’idée de rentrer chez lui en vélo, seul, et devoir mener encore un dernier effort avant de rentrer chez lui, il eut l’envie de s’effondrer sur le guidon et de pleurer. Mais en ravalant un élan de tristesse, il enleva l’antivol en silence, et s’enfuit vers sa maison, plus en amont de la ville.

 

Il rentra chez lui en toussant. L’effort qui avait été assez difficile pour se faire mal à la gorge. Mais il posa avec attention le vélo dans le garage de ses parents. Il se précipita alors aussi vite qu’il le pouvait chez lui. Personne n’était chez lui : William l’avait prévenu qu’il aurait un cours à donner, et Charlie devait raconter des histoires quelque chose. Alors, toussant encore un peu, il prit le temps de prendre une grande respiration de soulagement. Il s’allongea directement dans son canapé. Il était enfin tranquille. Il était enfin seul. Il avait été si épuisé par sa première journée qu’il ne se rendit même pas compte qu’il s’endormait dans le silence tranquille de sa maison sans parent, sans frère, sans sœur, sans animal de compagnie.

 

« Et bah alors, Alex, tu dors ? »

Le jeune garçon ouvrit brusquement les yeux. La tête penchée sur lui, Charlie le regardait avec étonnement.

« Ça s’est bien passé, mon grand ?

– Je sais pas.

– C’était fatiguant ?

– Épuisant ! »

Pour appuyer ses dires, il ferma à nouveau les yeux. Charlie le poussa légèrement pour s’asseoir à coté de lui, sur le canapé. Il lui caressa les cheveux en murmurant.

« Ton professeur principal m’a appelé.

– Quoi ? »

Il se redressa d’un seul coup, paniqué. Pourtant, le regard de Charlie n’était pas en colère. Elle le regardait avec un regard un peu inquiet, peut-être un peu triste. Alexandre lui demanda précipitamment :

« Il t’a dit quoi ?

– Il voulait savoir qui j’étais. J’ai du lui expliquer la situation, rien de grave.

– Encore ?!

– Encore et toujours ! Après tout, c’est à force d’insister que les gens finiront par comprendre. On ne plante pas un clou avec un seul coup de marteau. »

Il avait dit ça presque d’un ton amusé. Elle souriait gentiment, comme si tout ceci ne lui pesait pas.

« Ils pourraient quand même faire un effort, grommela le jeune garçon.

– Ah, mais ce n’est pas de la faute du clou, s’il ne s’enfonce pas très bien ! La difficulté vient de la dureté et de l’épaisseur du mur dans lequel il faut le planter.

– C’est pas juste ! »

Alexandre s’était relevé d’un seul coup. Il faisait désormais les cents pas devant Charlie. Même lui n’arrivait pas à déterminer s’il était fatigué ou en colère. Le pama, touché par les émotions de son fils, prit un temps avant de reprendre.

« Il m’a dit aussi que tu avais l’air très sensible, et il avait peur que tu ne trouves pas ta place, dans ta classe.

– C’est juste parce que je ne veux pas disséquer des fleurs !

– Tu ne veux pas disséquer de fleurs ? Répéta Charlie, surpris.

– J’ai envie de faire de mal à personne. J’ai juste envie de ne faire de mal à personne ! Pour étudier les fleurs, on n’a qu’à les regarder et les dessiner ! Il n’y a pas besoin de les arracher et de les découper pour les observer !

– Alexandre… »

Elle se leva pour prendre son fils dans ses bras. Il semblait sur le point d’éclater en larmes.

« Ça ne s’est pas bien passé, cette rentrée ? Redemanda-t-il alors. »

Face à la douceur de son parent, cette douceur si habituelle, cette écoute si transparente, ce soutien si inconditionnel, qu’il laissa tomber ses défenses pour pleurer comme un enfant.

– Non ! C’était nul ! Tout le monde s’est moqué de moi ! Béatrice n’est plus là, je connais personne… Et on a essayé de faire tomber mon plateau à la cantine !

– Vraiment ?

– Oui ! Tout ça parce que… Parce que j’ai pas envie d’arracher des fleurs qui n’ont rien demandé ! Je savais… Je voulais me taire, mais… Mais j’y arrivais pas ! Je voulais pas, pama, j’en avais pas envie !

– Chut, murmura Charlie en le serrant davantage contre lui. Je te comprend, moi. Moi non plus, j’aurais pas eu envie de découper une fleur au scalpel.

– Mais c’est qu’une fleur ! S’écria Alexandre. Tout le monde s’en fiche, des fleurs ! C’est pas important ! Même pour toi, ça ne l’est pas !

– C’est faux, Alex ! Répondit le pama avec étonnement. C’est totalement faux, je t’assure. J’ai beaucoup d’histoire où les fleurs sont importantes. Le soin qu’on apporte aux fleurs peut servir à un roi pour savoir qui sera son héritier. Cela fait partie des plus grandes sagesses chinoises. Une fleur, c’est grâce à ça que l’humanité a pu survivre. C’est justement parce que les fleurs sont importantes que ton professeur veut que vous les étudiez, et que vous compreniez leur importance. Ce n’est pas par cruauté qu’il vous a parlé de ça, c’est au contraire parce qu’il leur porte un intérêt… »

Incapable de répondre, Alexandre continua de pleurer. Le voir dans cet état brisait le cœur de Charlie, qui peinait à trouver comment l’atteindre, comment le calmer. Chaque rentrée avait toujours été compliqué, dans la vie d’Alexandre : rencontrer de nouvelles personnes, se faire remarquer, être isolé… Chaque nouvelle classe annonçait une épreuve supplémentaire et s’il avait eu espoir que ce serait différent au collège, il avait su que son espoir était vain dès l’appel du professeur principal d’Alexandre. Après un moment à l’écouter pleurer, Charlie fini par murmurer dans son oreille :

« Accroche toi à ce qui est bon, même si c’est une poignée de terre. Accroche-toi à ce que tu crois, même si c’est un arbre solitaire. Accroche-toi à ce que tu dois faire, même si tu dois partir loin d’ici. »

Ces mots, qu’il n’avait jamais entendu, atteignirent Alexandre en plein cœur. Il y trouvait une force qui lui parlait, qui semblait lui ressembler au moins un peu. Il s’arrêta de pleurer et après un moment de silence, où il se répéta la phrase dans sa tête, il murmura :

« C’est quoi, ça ?

– Cette citation ? Répondit Charlie. J’en ai aucune idée. J’ai lu ça il y a très longtemps, quand j’étais moi-même à l’école. Il paraît que c’est une sagesse amérindienne, mais peut-être que des gens ont dit ça juste pour lui donner un coté exotique. Je ne l’ai jamais revue depuis, mais elle m’avait profondément marqué, à tel point que j’avais manqué de pleurer en la lisant. Moi aussi, on s’était beaucoup moqué de moi, quand j’étais à l’école !

– C’est vrai ?

– Bien sûr. Ce n’est pas facile, d’être un peu différent. Mais je veux que tu saches, Alex, et surtout que tu ne l’oublies pas, quoi qu’il se passe ! Je suis très fière de toi. Très fier que tu fasses de ton mieux pour défendre des pauvres fleurs qui ne peuvent pas le faire elle-même. Très fier que tu me défendes à chaque fois qu’on te demande de parler de moi, même si ça t’es difficile et que ça te met des situations compliquées. Très fier de t’avoir comme fils. Je t’aime, Alexandre. »

Elle le serra si fort contre lui que le jeune garçon crut qu’il allait étouffer. Mais l’étreinte, même s’il ne voulait pas forcément se l’avouer, lui fit du bien. Il se senti écouté, cru, protégé. Alors, en un murmure bégayant, il répondit :

« Je t’aime aussi, pama. »

Et même si sa voix et la façon de le dire était simple, comme si c’était une évidence, Charlie senti, à son tour, les larmes lui monter aux yeux.

 

Quand William rentra chez lui, les genoux légèrement endoloris par sa journée de danse, il vit Charlie en train de préparer le repas alors que son fils était manifestement plongé dans des livres de cours.

« Tu as déjà des devoirs ? Lui demanda-t-il en enlevant ses chaussures.

– Oui, mais je les ai fini, répondit le garçon sans même lever les yeux.

– Tu les as fini ?

– Oui, je suis en train de prendre de l’avance.

– Ah, vraiment ? Et sur quoi ?

– Science et vie de la terre.

– Il a eu un léger différend avec son professeur, il veut lui prouver désormais qu’il n’a pas besoin d’observation directe pour être le meilleur élève de sa classe ! Répondit Charlie, plus loquace.

– Il s’en passe des choses en une journée ! S’exclama William en regardant sous l’épaule de son fils, peu certain de comprendre.

– J’ai juste pas envie de faire de la dissection, ajouta Alexandre comme si c’était normal.

– Dissection de fleur, hein ? »

Le livre montrait des schéma de différentes plantes et expliquait leur moyen de reproduction. Attentif, le garçon notait ce qui lui semblait important avec un code couleur qu’il avait inventé l’année précédente. William remarqua a quel point l’écriture et les notes de son fils étaient soignées : l’écriture était belle, étudiée. Le code couleur était clair et précis. Il se rappela de ses notes de fac et pensa que cela devait être moins beau que ce qu’il voyait aujourd’hui. Avec un peu de fierté à cette pensée, il lui caressa la tête :

« C’est très bien, Alex ! Continue comme ça.

– Oui ! »

Même s’il ne l’avait pas regardé, son sourire fier parlait de lui-même. Alors, William s’assit à coté de lui :

« De quoi ça parle, alors ?

– Tu veux vraiment que je te raconte ?

– Oui, ça m’intéresse aussi, les fleurs ! »

Ravi, Alexandre commença à lui expliquer tout ce qu’il avait pu voir de son coté, depuis la fin des cours. Il préférait largement apprendre de lui-même, grâce à des livres bien écrit et sa propre méthode, que de rester à étouffer dans une salle de classe. Même s’il aimait écouter les gens qui racontait des histoires, les professeurs n’étaient que très rarement passionnant. William, en élève attentif, lui posait des questions dès qu’il avait l’impression que son fils n’était pas très au clair avec ce qu’il disait. S’il sentait une hésitation, un doute, il posait une question qui forçait Alexandre à se reformuler, à réfléchir au problème d’une manière différente. Alexandre n’écrivait plus de notes bien étudiées, mais il s’investissait tout autant. Avec un sourire, le nez dans sa casserole, Charlie écoutait le dialogue entre son mari et son fils. Tout lui semblait si doux. Et en une seconde, il remercia à la va-vite les centaines de dieux qu’il avait pu rencontrer dans les contes et les mythologies, de lui avoir donné la chance d’avoir une famille aussi merveilleuse.

 

« Allez, le travail est terminé pour aujourd’hui ! Finit-elle par s’exclamer avec entrain. C’est l’heure de manger !

– Déjà ? Répondit Alexandre avec déception.

– Eh oui ! De toute façon, tu as bien assez travaillé ! Il faut étudier pour vivre, mais pas vivre pour étudier, répliqua Charlie avec une pointe de malice.

– Au fait, tu es bien disponible, demain ? Demanda William à son compagnon. Bastien m’a contacté tout à l’heure, il aimerait bien répéter avant le concert de jeudi.

– Ah, oui, évidemment !

– Bastien va venir ? S’émerveilla le jeune garçon. Et Aïden ?

– Peut-être, je n’en sais rien, lui répondit William. Pourquoi ? Tu veux les embêter ?

– Non, mais ça fait longtemps que je les ai pas vu ! Et maintenant, je ne vais plus voir Bastien à l’école, murmura Alexandre d’une voix plus grave. Ça va me manquer.

– Tu vas t’y habituer, mon grand ! Lui assura Charlie avec un sourire. Tu pourras le voir demain.

– Et jeudi ?

– Sûrement pas ! Ça finira trop tard et tu vas à l’école le lendemain. On te l’a déjà dit, tu peux venir nous écouter que si on joue le vendredi ou le samedi !

– Mais je suis grand, maintenant ! Je vais au collège !

– Mh, c’est tentant, répliqua Charlie avec un sourire. Mais non, toujours pas assez. Pas de discussion ! Et finis ton assiette. »

Les plats de Charlie étaient moins bons que ceux de William, mais ils étaient infiniment meilleur que ce qu’il avait pu goûter de la purée de sable au collège. Pourtant, il constata avec étonnement que malgré la bonne odeur qui émanait de son assiette et le fait qu’il n’avait quasiment rien mangé de la journée, il n’arrivait pas à trouver l’envie de manger.

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