Mois II : Zuasyn - Hésione

Notes de l’auteur : Chapitre un peu plus long que d'habitude, hâte d'avoir vos retours

“Quant on va dans un port le soir, les vieux marins racontent souvent les légendes des mers. Leurs histoires sont peuplées de monstres, de phénomènes magiques, d’apparitions divines. Un nom revient souvent dans les récits : celui de Filias le Sanglant. Cheveux d’Algues. Né à Clytène en 55, deux ans après Pysctas, il prit la mer âgé de seulement sept ans. Il en tomba amoureux.

À quatorze ans, il était matelot et prenait déjà la barre. À dix-neuf ans, il sauva son navire d’une tempête de trois semaines, on le nomma second. À vingt-deux ans, il était capitaine. Personne mieux que lui ne savait sentir le vent et les courants, lire les nuages et les étoiles. Après une décennie à convoyer de riches marchandises sans perdre un bateau, Filias devint corsaire. À une époque où Doros n’était qu’un enfant, il éradiqua la piraterie. On dit qu’il a laissé dix épaves au large de chaque cité de l’Archipel. En même temps, il entreprit de grandes expéditions, loin au-delà de toutes terres habitées. Il découvrit des terres couverts de neige, d’immenses forêts, des montagnes qui touchaient les nuages.

Après avoir amassé une grande fortune, il se retira dans une villa de Clytène, se fit mécène. Il eut un fils. Là aurait pu s’arrêter sa légende. En 116 cependant, à l’âge où les autres hommes s’enferment pour mourir, il reprit la barre. Il prit le commandement de la flotte de Clytène et infligea de sévères défaites à l’armada de Velymène. Sa bravoure et sa folie permirent de faire basculer le destin de la Guerre des Chaînes. Si l’Histoire a retenu Karak, c’est bien sur les mers que tout se joua. Malheureusement, une maladie lui fit perdre la raison et il ne put jamais récolter ses lauriers. Il se retrouva seul et sénile dans une maison trop grande, seulement entouré d’esclaves. Sa déchéance signa la fin de l’époque des grands navigateurs. “

Chroniques de l’Archipel, La Voix Errante

 

An 125 après les Premiers Pas

Hésione

Hésione saisit le bras que Dorias lui tendait et se rapprocha de lui. Si elle restait seule dans cette rue noire de monde, elle ne le retrouverait jamais. Il faisait chaud. Les visages se frôlaient, les épaules se cognaient. Et pourtant, cette proximité, ce contact avec les autres, lui procurait une joie inattendue.

Le palais était si vaste que la distance y semblait imposée. Seul le dortoir rassemblait les esclaves sur des couchettes proches, mais cela n’avait jamais suffi. 

Elle avait été réduite en esclavage à six ans. Vendue à la maison d’Aséis à neuf. Et depuis, vingt années s’étaient écoulées dans le silence et la solitude. Malgré l’amitié d’Aséis, malgré l’affection de Laïs, elle avait toujours eu la sensation d’être ailleurs. Séparée du monde par une paroi invisible, une carapace qu’aucune main n’avait jamais su briser.

Elle avait cherché le contact, le partage. Elle avait connu quelques aventures avec d’autres esclaves, des histoires vouées à l’échec, des lueurs vite éteintes par l’ennui, la lassitude, l’absence d’avenir. Elle avait bercé Laïs, et avant elle Réfus, serré leurs corps contre le sien dans l’espoir de combler le vide. Mais rien n’avait suffi. Elle s’était crue damnée.

Et pourtant, ici, dans cette rue étroite, sa main agrippée au bras de Dorias, son corps frôlé à chaque pas par ceux des autres, elle se sentit étrangement pleine. Une chaleur nouvelle naissait dans cette foule. Pour la première fois, elle avait le sentiment d’appartenir à quelque chose de plus vaste, de plus vivant qu’elle. Quelque chose de beau. Quelque chose d’humain. 

Elle chercha le regard de Dorias. Celui-ci semblait lutter pour sa survie, la main serrée sur un pan de sa tunique orange, comme s’il s'était agi d’un bouclier. 

- Tout va bien ? lui lança-t-elle, légèrement moqueuse. 

Il se tourna vers elle, les yeux écarquillés, à bout de souffle. 

- Je suis poète, pas gladiateur ! Nous aurions dû emprunter une autre rue. 

- Ce n’est pas une arène, Dorias. Tu survivras. 

Enfin, ils débouchèrent sur une place encadrée par de nombreuses échoppes et la foule s’éparpilla, laissant à chacun un moment pour respirer. Dorias épousseta son habit en soupirant. Il ne devait pas être dans son habitude de se mêler aux habitants, pensa Hésione. Quoiqu’il en soit, il retrouva rapidement son sourire et déclara : 

- La vraie beauté de cette ville n’est pas ici. Si tu veux bien me suivre, je dois te montrer le plus bel endroit que tu n’aies jamais vu. 

- Tu piques ma curiosité. 

- Dans ce cas, ma mission est accomplie. Tu ne seras pas déçue. 

Hésione saisit de nouveau le bras de Dorias, sans raison précise, sinon qu’elle en avait simplement envie. Il lui adressa un sourire. Elle ferma les yeux un instant et soupira.  Tout - le bruit, les odeurs, la foule - lui semblait nouveau. Comme si elle s’éveillait d’un long rêve brumeux pour redécouvrir le monde. Elle se laissa guider tandis qu’ils s’éloignaient peu à peu du cœur de la ville, quittant les habitations pour s’enfoncer entre les arbres. Le calme gagnait du terrain à mesure qu’ils marchaient dans le petit bois. Malgré l’apparence sauvage de l’endroit, Hésione devina la trace discrète de la main humaine : les sentiers étaient nets, les branches taillées avec soin, l’herbe régulièrement coupée. A Clytène, tout semblait calculé, ordonné, contrôlé avec précision. 

- Ferme les yeux, s’il te plaît. 

Hésione s'exécuta. Tandis qu’elle marchait prudemment, elle entendait le bruit de l’eau se rapprocher. Il s’agissait sûrement d’un petit ruisseau. Elle prendrait plaisir à tremper ses pieds endoloris par la marche dans l’eau fraîche. Dorias posa doucement ses mains sur la taille d’Hésione, la fit s'asseoir sur quelque chose qui lui sembla être un rocher. Il prit place à ses côtés. 

- Je t’avais promis que je t’y emmènerai. La cascade des amants maudits.

Hésione ouvrit les yeux. 

La lumière, d’abord, la frappa. Elle traversait les feuillages en stries nettes, découpait des lignes blanches sur les pierres humides. La cascade tombait d’un pan rocheux noir, haut de plusieurs mètres, couvert de mousse sombre. L’eau dévalait avec un fracas régulier, éclaboussant la roche et se jetant dans un bassin d’un bleu profond, bordé d’herbes souples et de fleurs humides. Autour, le paysage semblait en suspension, comme s’il admirait silencieusement, lui aussi, cet endroit hors du temps. Les arbres formaient un cercle protecteur, projetant leur ombre sur la surface de l’eau. L’air était frais. 

Dorias avait raison. Elle n’avait jamais rien vu d’aussi beau durant ses années passées à l’Archipel. Il y avait dans cet endroit une beauté différente du faste des palais, quelque chose qu’on ne pouvait acheter ou bâtir, une beauté pure. Hésione resta immobile. Elle n’osait pas parler, comme assommée par le sublime qui s’offrait à elle. Cet endroit lui rappelait la beauté de sa terre natale. Elle se souvenait aller jusqu’à l’Oasis avec Endazur, non loin de chez eux. C’était leur terrain de jeu favori. C’était aussi le plus bel endroit des Cent-lacs pour elle. Dorias était silencieux, lui aussi. Il regardait la cascade avec les yeux d’un amant qui retrouve la femme qu’il aime. 

Ils restèrent ainsi un long moment, en silence. Ce fut Dorias qui le brisa finalement. Sa voix s’éleva, paisible. 

- Lasthena était une princesse. On la disait sage, mesurée. Elle avait grandi dans la splendeur d'une petite cité nichée entre forêts et montagnes, au côté d’un père aimant et juste. Elle avait été préparée toute sa vie à régner. Rien ne semblait pouvoir troubler la paix de son avenir. Mais depuis quelques lunes, elle voyait le visage de son père se creuser, ses yeux se charger d’inquiétude. Le royaume voisin, dirigé par un tyran belliqueux, avait renforcé ses armées. Bientôt, la guerre devint inévitable. Avant que les hostilités n’éclatent, des négociations furent entamées. C’est lors de ces entrevues diplomatiques que Lasthena rencontra Isidoros, général en chef de l’armée ennemie, envoyé pour représenter les intérêts du tyran. Il était jeune encore, mais déjà respecté. Les pourparlers furent brefs, sans espoir. Les intérêts des deux royaumes divergeaient. Pourtant, Lasthena sentit qu’Isidoros pourrait entendre raison, si seulement elle pouvait lui parler librement. 

Ils se revirent, en secret. Un lieu existait, à mi-chemin entre les deux royaumes : une cascade oubliée au cœur d’une clairière. Entourée d’arbres serrés, invisible depuis les sentiers, elle devint leur refuge. Là, loin des regards et des devoirs, ils purent parler. D’abord de leur nation, de paix. Puis au fur et à mesure, leurs conversations dérivèrent. Ils apprirent à se connaître, puis à s’apprécier. Et tombèrent amoureux. 

Mais autour d’eux, le monde, cruel, changeait. Le tyran déclara la guerre. Isidoros dut rejoindre ses troupes. Lasthena retourna au palais. La tragédie de cette entrée en guerre fut suivie par celle de la mort de son père le roi. Celui-ci rendit l’âme, affaibli par l’angoisse et le désespoir. Le pouvoir revint à Lydas, son neveu. Ce dernier, qui avait toujours aimé Lasthena, déclara son intention de l’épouser et jura de défendre le royaume contre l’envahisseur. La guerre éclata avec violence. Isidoros, déchiré, mena l’armée de son maître contre la terre de celle qu’il aimait. Les batailles furent nombreuses. Le sang coula des deux côtés. Lors de la dernière offensive, Isidoros fut capturé. Lasthena, enfermée dans le palais et tenue à l’écart des décisions, apprit la nouvelle avec horreur. Lydas ordonna l’exécution du prisonnier. Elle supplia en vain. Alors, une nuit, elle parvint à s’enfuir de ses appartements et libéra Isidoros de sa geôle. Ils s’enfuirent ensemble. Ils atteignirent la cascade. Leur refuge. Ils tombèrent dans les bras l’un de l’autre, et y restèrent toute la nuit, sans se quitter des yeux. Mais à l’aube, des soldats les retrouvèrent. Ils furent séparés. Isidoros fut à nouveau emprisonné. Lasthena, ramenée de force, fut enfermée par Lydas qui lui annonça qu’elle devait oublier Isidoros et l’épouser sans attendre. Lasthena se montra docile, et accepta cette union. Elle promit même à Lydas une nuit avec elle - en échange d’une dernière visite à la cellule du prisonnier.

Dorias marqua un long silence et Hésione se pencha vers lui : 

- Et alors ? Ils se sont enfuis à nouveau ?

- Non. Je vais te dire ce qu’il s’est passé. Lorsque Lasthena entra dans la cellule, elle savait que c’était la dernière fois qu’elle le verrait. Le garde la laissa entrer, lui accorda quelques minutes. Dès qu’il fut parti, elle se jeta sur Isidoros et l’étreignit de toutes ses forces. Elle inonda sa tunique de larmes. Elle en était consciente : jamais plus elle ne pourrait le serrer ainsi. Ils allaient l’exécuter. Et elle, elle le rejoindrait dans la mort. Elle l’avait décidé. Isidoros se sépara doucement d’elle, lui sourit faiblement. Son beau visage avait été abîmé par les coups reçus. Il était plus pâle que d’habitude. Sans doute savait-il, lui aussi, ce qui les attendait. Il caressa d’une main les cheveux de sa bien-aimée, tout en murmurant des excuses. Lasthena, qui gardait toujours son sang-froid habituellement, n’en put plus. Elle éclata en sanglots. Elle avoua à Isidoros ce qu’elle avait promis à Lydas puis elle lui dit sa décision de mourir, plutôt que de se rendre. Isidoros fut parcouru d’un frisson. Il susurra son prénom, doucement, encore et encore. Elle s’effondra presque sur lui. Il la soutint avec le peu de force qu’il lui restait. Il sentit alors qu’il lui serait impossible d’être séparé d’elle à nouveau. Il ne pouvait supporter l’image de Lasthena mourant seule, loin de lui. Son visage pâlit encore. Il implora Lasthena de continuer à vivre, de ne pas mourir. Elle rétorqua qu’il lui était impossible de vivre en sachant qu’il n’était plus. Isidoros se redressa un peu : il avait pris une décision. 

Le visage de Dorias s’était tendu, comme s’il vivait pleinement cette scène. Ses mains s’agitaient au fur et à mesure de son récit. 

- Isidoros posa la main sur une des pierres de sa ceinture. Sans grand effort, il la détacha. C’était une pierre de couleur carmin, grosse comme un grain de blé. Le regard de Lasthena resta fixé sur le joyau quelques instants avant qu’elle ne comprenne. Elle posa une main sur sa joue, acquiesça. Le regard d’Isidoros s’adoucit et il ourit. Avec son ongle, il cassa la partie supérieure de la pierre, versa le contenu dans sa gorge, puis embrassa Lasthena avec force. Elle sentit quelques gouttes rouler sur sa langue puis se sépara doucement de lui. 

- Combien de temps ? demanda-t-elle. 

- Très peu, lui répondit son amant. 

- Alors prends-moi dans tes bras, murmura-t-elle. 

Il s’exécuta. Un silence envahit la cellule. Ils attendaient la mort avec calme, sans sanglots ni cris de peur. Ils étaient en paix, heureux de mourir ensemble, comme ils le voulaient. Lasthena dit encore : 

- Je t’aime. J’aurais dû te le dire avant.

Isidoros serra Lasthena plus fort contre son torse et lui répondit :

- Je t’aime aussi. Mais ce ne sont que des mots. Je savais que tu m’aimais. “

Lasthena ne répondit pas. Elle venait d’expirer son dernier souffle. Isidoros la rejoignit quelques secondes après. Ils moururent dans un coin de la cellule, collés l’un à l’autre, leurs corps presque entièrement recouverts par les longs cheveux de Lasthena. Le garde ne revint jamais. Il avait été tué par un soldat de l’armée d’Isidoros, venu pour le libérer. L’armée avait pris la ville en moins d’un jour, et envahi le palais. Isidoros avait triomphé.

Hésione déglutit. Dorias se redressa un peu, se tourna vers elle : 

- Quand je viens ici, je les imagine tous les deux, vivant cet amour interdit dans ce lieu merveilleux, à l’abri du monde. Parfois, quand le vent souffle, j’ai l’impression qu’il porte leurs voix. Celle d’Isidoros qui murmure le nom de Lasthena, et puis leurs pleurs. 

Le regard d’Hésione resta fixé sur l’eau de la cascade qui déferlait. Si elle fermait les yeux, elle était sûre qu’elle pourrait revoir la mosaïque des amants maudits, du palais. Elle n’avait jamais imaginé en la regardant que son histoire était si triste. 

Dorias posa une main sur son épaule et Hésione sursauta :

- Désolé, j’ai dû entamer ton enthousiasme avec toute cette histoire. 

- Ne t’excuse pas. Je ne la connaissais pas. Elle est très belle. 

Dorias se leva : 

- Tu veux partir ?

- Restons encore un peu. 

- Nous reviendrons. Mais il est déjà tard, et tu as encore tant de choses à voir. 

 

Zuasyn avait tourné son visage à l’est, et Clytène était à présent plongée dans l’obscurité. Autour d’eux, plusieurs esclaves s’activaient à allumer des lanternes afin d’éclairer les rues. 

- Je distingue à peine ton visage, souffla Dorias. 

Hésione sourit. 

- J’ai toujours aimé la nuit. Je me souviens quand je me baignais au lac le soir, avec mon frère. Il n’y avait que la lune pour nous éclairer. 

- Ici il n’y a que la mer, mais je t’avoue ne pas être très tenté par l’eau à cette heure. Mais il y a quelque chose d’autre qui mérite notre attention. Je ne pense pas que tu l’aies déjà vu. Elle n’est là qu’une fois par an, lors de la pleine lune du mois de Zuasyn. C’est aujourd’hui. 

- Qui ?

- Viens. 

Ils avancèrent jusqu’à la place où ils s’étaient arrêtés plus tôt dans la journée. De nombreuses personnes y étaient attroupées, le visage tourné dans la même direction. Hésione se retourna. Une estrade avait été dressée : devant elle, la foule; derrière, une grande toile ronde était tendue, éclairée. Elle représentait la pleine lune, immense, brillante.

- Elle va arriver ! s’exclama un enfant à côté d’Hésione. 

Son père lui sourit. 

- Tu veux monter sur mes épaules ? Tu verras mieux. 

L’enfant acquiesça et son père s’accroupit. Hésione lui tendit la main pour l’aider à se hisser sur le dos de son père et fut remerciée par un sourire. Elle se retourna vers Dorias, s’apprêta à le questionner mais il lui fit signe de ne rien dire. 

Puis elle apparut. Silhouette fine, bras levés comme des ailes prêtes à s’ouvrir. Une robe noire, fluide, flottait autour de ses chevilles. C’était une femme. Une danseuse de Zuasyn. D’abord immobile, elle leva lentement un bras vers le ciel, comme si elle appelait l’astre. Puis son corps tout entier se mit à bouger : souple, presque liquide, elle ondulait au rythme d’une musique invisible.
Ses gestes étaient lents, précis. Elle tourna, fit voler son voile constellé d’étoiles, et la lune de toile sembla frémir sous sa grâce. Par instants, elle disparaissait entièrement dans l’ombre, puis revenait, plus vive, plus haute, projetée au centre de la sphère blanche. Elle devint oiseau, puis flamme. Et la foule, hypnotisée, ne bougeait plus. La danseuse revint au centre de l’estrade, s’arrêta. Elle regarda un instant son public, s’inclina doucement et sortit. Il y eut un temps de silence avant que les gens ne se mettent à applaudir, charmés par le spectacle qui leur avait été offert. 

Mais Dorias ne laissa pas à Hésione le temps d’applaudir. Il la prit par la main, l’emmena hors de la place.

- Si nous attendons trop, ce sera impossible de partir. Il y a trop de monde. 

Hésione hocha la tête et Dorias marchait toujours. C’était la nuit. Elle n’était jamais dehors la nuit. D’habitude, à cette heure, elle était au palais, assoupie avec les autres esclaves. Hésione s’arrêta net. 

- Attends, Dorias. 

- Qu’y a-t-il ?

- Je ne sais pas où… Enfin, je n’ai jamais été autre part qu’au palais alors où…? Je n’ai aucun endroit où dormir. 

- C’est une demande dissimulée ?

- Quoi ?! Non, pas du tout, je…

- Alors, c’est moi qui te le demande : Veux-tu dormir chez moi, ce soir ?

Hésione ne réfléchit pas. Elle acquiesça. 

 

C’était une maison bien plus grande qu’elle ne l’avait imaginée. Bien plus splendide, aussi. Malgré l’obscurité, elle distinguait de riches décorations qui luisaient sous la lueur de la bougie que Dorias avait allumée. Comme elle l’avait deviné, Dorias appartenait à une famille riche, et sûrement noble. Elle ne pouvait s’empêcher de ne pas se sentir à sa place, dans cet endroit. Ils avancèrent dans l’entrée, puis passèrent dans plusieurs salles avant d’arriver devant une porte de bois sculpté. Un bruit retentit, comme si quelqu'un avait renversé une coupe sur le sol. Hésione sursauta. 

- Ce doit être mon père, chuchota Dorias.

- Il vit ici ?

- Oui, répondit-il avec une moue légèrement agacée. 

- Je devrais aller le saluer, ou… Je ne sais pas, qu’il sache que je suis ici. 

Dorias haussa les épaules. 

- Il ne te comprendra pas. Il ne réagit plus à rien. Je ne pense pas qu’il se rendrait compte de ta présence si vous étiez dans la même pièce. 

Hésione ne trouva aucune réponse adéquate. Elle eut simplement un sourire compatissant. Dorias ouvrit la porte et invita Hésione à entrer. 

- Attends Dorias, murmura-t-elle. Quel est le nom de ton père ?

- Filias Agapia. 

- Cheveux d’Algues ? 

Dorias eut un rictus. 

- Oui, c’est vrai qu’on l'appelait ainsi.  

Hésione connaissait l’histoire de Cheveux d’Algues. Elle l’avait déjà racontée à Laïs. Pourtant, elle n’aurait jamais pu imaginer que Dorias soit son fils. 

- Tu es donc bien un noble. Pourquoi tiens-tu compagnie à une esclave comme moi ?

Dorias n’avait aucun avantage à lui faire visiter la ville, à l’accueillir chez lui. Elle était du rang le plus inférieur tandis qu’il était de haute naissance. 

- Affranchie, la corrigea Dorias. Quant à ta question…eh bien, me croiras-tu si je te dis que simplement, je t’apprécie ? 

- A moitié seulement. 

- Cela me suffit, souffla l’homme en attirant Hésione dans la pièce, fermant la porte derrière elle. 

Hésione se retourna. C’était une grande chambre dont elle devinait les quelques meubles dans la pénombre. Dorias avança, alluma deux lampes avec sa bougie et Hésione put enfin mieux voir. Mais elle ne s’attarda pas à explorer la pièce. Ses yeux restèrent fixés sur Dorias, qui souriait. Il l'intriguait. Depuis leur rencontre, elle n’était pas parvenue à comprendre cet homme. 

- Qu’y-a-t-il, Hésione ? Tu fronces les sourcils. A quoi penses-tu ?

- A toi. Tout est mystère avec toi. 

- Et cela te dérange ?

- Non au contraire, mais peut-être que j’en viendrais un jour à te haîr pour cela.  

- Assieds toi, je t’en prie. 

Hésione prit place sur le lit, et Dorias s’assit à ses côtés. 

- J’espère que cela ne te dérange pas de dormir ici. Je n’avais pas prévu ta venue, les autres chambres ne sont pas prêtes. 

- Bien sûr, répondit Hésione avec un sourire entendu. J’imagine que tu dormiras sur le tapis ?

Dorias sourit. 

- Seulement si tu y dors avec moi. 

- Je préfère le lit. 

- Le lit, alors.

Elle rit doucement. Il l’amusait. Cela faisait longtemps qu’elle n’avait pas ressenti cette sensation, cette envie diffuse de se rapprocher, de se laisser aller. Elle s’allongea, il fit de même. 

- A demain, murmura-t-elle. 

- Il est déjà demain. 

 

Deux jours plus tard

Aséis serra la main d’Hésione avec un grand sourire. 

- Je suis heureuse de te voir. 

- Moi aussi. 

- Assieds-toi, je t’en prie. 

Les deux femmes s’étaient rendues sur la terrasse dissimulée par les glycines, là où elles pourraient discuter en toute tranquillité. 

- Comment va Dorias ? demanda Aséis avec un air espiègle. 

- Bien, je… C’est lui qui m’a dit de venir te voir. Il voulait aussi que je te parle d’un projet qu’il a de…

- Nous en parlerons plus tard, la coupa Aséis avec un sourire. Te plaît-il ? 

Hésione ne s’offusqua pas de la question. Aséis avait toujours été directe dans ses mots. Hésione préférait cela à l’hypocrisie de la cour. 

- Il est intéressant, c’est sûr et… il m’héberge. 

Aséis eut un sourire satisfait puis son visage redevint sérieux. 

- Hésione, il faut que tu saches que ta position est précaire. Les esclaves affranchis gagnent leur liberté, mais pas la sécurité. 

Hésione le savait. Elle avait voulu l’ignorer, mais elle en était bien consciente. Elle avait entendu des histoires d’esclaves affranchis qui se revendaient d’eux-mêmes pour ne pas mourir de faim. 

- Je ne veux pas que tu te retrouves seule, sans moyen de gagner ta vie. Je voudrais que tu reviennes au palais, auprès de Laïs et Vétias, de temps en temps. Tu assisteras Keleon dans leur éducation. Et tu recevras un salaire, bien sûr. 

Hésione se retint de sourire. Revoir Laïs la ravissait. Ce ne serait plus comme avant, bien sûr, elle ne serait pas au palais en permanence, mais elle pourrait toujours la voir régulièrement. Elle ne serait plus esclave, mais préceptrice employée par Aséis. Cette dernière se racla la gorge. 

- Mais cela ne suffira pas. Il te faut une position stable. Et pour cela, je te conseille d’épouser Dorias. Une femme seule, dans cette cité, est en perpétuel danger. Si Dorias te plaît assez pour devenir ton époux, tu auras une maison, une famille, un statut. Sa famille n’est plus estimée comme auparavant, et sa fortune n’est plus ce qu’elle était mais tu vivras confortablement. J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir arrangé cette rencontre avec lui dans ce but, mais je veux simplement que tu sois en sécurité. 

Hésione ne répondit pas tout de suite. Elle comprenait enfin pourquoi Aséis avait tenu à ce qu’elle rencontre Dorias. 

- Mais…lui ? Pourquoi voudrait-il épouser une femme comme moi ?

- Pour lui aussi, il est préférable d’être marié. Il est attendu de lui qu’il ait une épouse et surtout un héritier. Mais c’est un artiste qui aime sa liberté. Avec toi, il n’aura pas d’obligations mondaines. Vous mènerez une existence tranquille. Et puis…tu ne peux pas éternellement séjourner chez lui ainsi, ce n’est pas acceptable. En te mariant, tu assures ta sécurité, il assure sa liberté. Qu’en penses-tu ? 

Hésione déglutit. Elle n’avait pas réfléchi aux choses sous cet angle. A vrai dire, depuis quelques jours, elle n’avait réfléchi à rien. Dorias avait le pouvoir de lui faire perdre toute raison. 

- Je dois y réfléchir. 

- C’est la meilleure solution. En attendant, veux-tu aller voir Laïs et Vétias ? 

Hésione acquiesça. 

- Je vais rester un peu ici, je te laisse y aller. Tu connais le chemin. 

 

Il était étrange de déambuler à nouveau dans ces couloirs si familiers, de croiser des visages qu’elle voyait quotidiennement il y a peu. Rien n’avait changé, sauf elle. Hésione se devait de se le rappeler à chaque instant. Tu es une femme libre. Pas une esclave. Une femme libre. Elle approchait de la chambre des enfants et elle pressait le pas. Elle avait hâte de retrouver Laïs, et Vétias aussi, malgré tout. 

Hésione arriva devant la porte. Derrière, elle entendait des éclats de rire, la voix de Laïs et celle d’un homme. Ce n’était pas la voix de Vétias. Hésione poussa légèrement la porte et le spectacle qu’elle découvrit lui arracha un grand sourire. 

L’Archonte était juché sur un divan, Laïs sur ses épaules, une longue vue à la main. Derrière eux, Vétias était assis, un mince sourire aux lèvres. 

- Capitaine ! s’exclama Menestas. Je vois la terre au loin ! 

- Terre ! Terre ! s’égosilla Laïs. Second, dites-leur de faire cap sur l’île ! 

- Faites cap sur l’île ! s’écria son père en se tournant vers Vétias. 

Celui-ci leva les yeux au ciel, faussement ennuyé. Ce fut lui qui vit Hésione le premier. Vétias se leva et se racla la gorge. Laïs tourna la tête et eut un grand sourire :

- Hésione !! 

L’Archonte se retourna, sourit. Il descendit du divan, puis reposa Laïs sur le sol. Cette dernière acheva d’ouvrir la porte et se jeta dans les bras d’Hésione. 

- Excusez-nous Hésione, nous étions si pris dans notre jeu que nous ne vous avons pas vu arriver, déclara Menestas. 

- Oh, bien sûr, je… Ce n’est pas grave. 

L’Archonte ne lui avait que rarement adressé la parole. Et à chaque fois, elle se sentait timide devant lui. Son rang l'intimidait autant que sa stature. 

- Les enfants vous réclamaient. Ils doivent être heureux de vous revoir. Je vous laisse.

- Merci, murmura seulement Hésione. 

Aussitôt Menestas parti, Laïs se détacha d’Hésione et s’exclama :

- J’ai beaucoup de choses à te montrer !! 

- Ah oui ? Montre-les moi toutes ! 

Laïs partit en courant vers le grand coffre de bois près de son lit, l’ouvrit et entreprit de fouiller. Hésione se rapprocha de Vétias, s’assit à ses côtés. Il ne lui avait pas parlé depuis l’incident de son retour. 

- Vétias, murmura-t-elle, comment vas-tu ?

- Tu n’es plus esclave. 

 C’était les premiers mots qu’elle entendait de sa bouche depuis longtemps. 

- Oui, répondit-elle seulement. 

- Alors je m’excuse pour…Voilà. 

Hésione eut un faible sourire. Il semblait que sa nouvelle position rendait l’adolescent plus respectueux. 

- Je vais me marier, déclara-t-il d’une voix neutre. 

- Comment ?

- Avec Naelis Tynacès.

Une famille noble qui possédait à elle seule la quasi-totalité des forces armées de Clytène. Ce mariage était une alliance stratégique, rien de plus normal pour le fils de l’Archonte. Pourtant, Hésione se demandait ce que Vétias ressentait. Il avait à peine quatorze ans. Il venait juste de rentrer. Qu’en pensait-il ?

- Et ?

Vétias haussa seulement les épaules avant de repartir s'asseoir sur son lit, dos à Hésione. Laïs arriva vers elle, les mains jointes. Elle avançait doucement, regardant ses pieds. Hésione s’agenouilla à la hauteur de l’enfant. 

- Qu’est-ce que c’est ?

Laïs ouvrit les mains et laissa apparaître un minuscule coquillage nacré. 

- Je l’ai trouvé sur la plage !

- Il est très beau. 

- Oui ! On retournera ensemble sur la plage ? Même si tu n’es plus avec nous ?

- Je serai toujours avec vous. 

Hésione serra Laïs dans ses bras. Elle lui avait manqué. 

Elles passèrent l’après-midi ensemble à la bibliothèque, comme elles en avaient toujours eu l’habitude. Laïs insista pour faire la lecture à Hésione, qui fut sévèrement réprimandée lorsqu’elle assoupit. Elles inventèrent ensuite des histoires sans queue ni tête, et s’amusèrent à faire tenir le plus de livres en équilibre sur leur tête. Puis le soir tomba, et Hésione prit congé de sa protégée. Elle n’avait pas envie de rentrer trop tard. Dorias l’attendait sûrement.  

Alors qu’elle regagnait son chemin, un bruit presque imperceptible la fit s’arrêter. Des gémissements étouffés, venant de la droite. Elle s’avança prudemment et le vit, accroupi entre une colonne et le mur, le dos appuyé contre la pierre froide. En l’entendant, il releva son visage baigné de larmes. C’était un tout jeune adolescent au corps longiligne et aux traits d’enfant. 

Embarrassé d’avoir été découvert, il se releva. Il était étonnamment grand, comme si son corps avait grandi trop vite, ce qui lui donnait une allure maladroite. Il essuya vivement ses joues, ravala sa salive. 

Hésione saisit doucement son bras fin. 

- Attends. Qu’y-a-t-il ?

L’adolescent ne répondit rien, les yeux écarquillés. 

- Tu saignes. 

A la commissure de ses lèvres perlait une goutte de sang, vestige d’une morsure trop forte. Hésione essuya le sang avec son pouce, caressant doucement sa peau douce.  

- Que se passe-t-il ?

Mais Hésione n’eut pour réponse que son silence, et la peur sur son visage figé. Il avait les yeux fuyants, comme si quelque chose de terrifiant était prêt à surgir. Il passa une main sur ses cheveux crépus. Il tremblait. Hésione baissa les yeux. Il ne portait qu’un pagne un peu poussiéreux, il était pied nu comme s’il sortait tout juste de l’arène des coureurs. 

- Tu dois avoir froid, murmura Hésione. Laisse moi te chercher de quoi…

Le garçon ouvrit la bouche mais la referma aussitôt, tremblant. 

- Quoi ?

Il remua les lèvres, comme pour s’apprêter à parler mais fut soudain agité d’un sursaut et s’écarta d’un bond, comme un animal que l’on traque.

- Attends, dis-moi… Dis-moi au moins ton nom ! 

Mais il disparut en courant, laissant Hésione figée, troublée par ses yeux effrayés. Des yeux qui hurlaient. 

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adelys1778
Posté le 11/08/2025
TOujours un régal de lire la suite des aventures des personnages et appréciant fort Hésione, je suis contente de la retrouver !
La fin intrigue et invite à la suite !!! Que va-t-il donc se passer ? Et que dire de la relation naissante entre Dorias et Hésione !
Edouard PArle
Posté le 13/08/2025
Coucou Adelys !
Content que tu continues d'apprécier ta lecture ! J'espère que la suite sera à la hauteur de tes attentes (=
A bientôt !
Maëlys
Posté le 23/08/2025
Coucou !
Toujours contente de te voir ici :)
Hâte de voir tes réactions à la suite !
Bleiz
Posté le 10/08/2025
Salut Maëlys et Edouard !

De retour de voyage (plus plaisant que la plupart de ceux de vos personnages, par chance), je me lance dans ce nouveau chapitre. C'est parti !

-Filias, deux ans après Pycstas --> soit ils sont de la même famille, soit ce sont deux grandes figures d'un même récit historique pour qu'ils soient ainsi cités côte à côte. Je ne crois pas avoir déjà vu ce nom, mais ma mémoire me joue parfois des tours. En tout cas, son histoire via la Voix Errante m'intrigue, surtout son rôle dans la Guerre des Chaînes (s'il est corsaire, il devrait être contre la révolte des esclaves, logiquement ? Mais il est dit que sa participation a déterminé l'issue de la guerre, or je croyais - à tort peut-être- que la guerre des chaînes avait mis fin à l'esclavage…). Je me demande quels informations vous avez placé volontairement ici et lesquelles sont juste de la décoration…

Hésione, mon amie ! Son grand retour ! Je suis joie.

"Séparée du monde par une paroi invisible, une carapace qu’aucune main n’avait jamais su briser." --> Très sympa cet aspect de l'esclavage que vous amenez ici : non seulement ils sont légalement des objets, mais ils sont complètement privés de tout ce qui fait une vie humaine, dont l'affection, l'amour, le contact… Ce serait intéressant de voir si ce manque n'affecte pas l'attitude d'Hésione par rapport aux autres (forcer le contact, toujours chercher à être proche tout en ayant les réflexes d'une vie entière passée dans l'obéissance et la peur… Gros potentiel !)

Ça mentionne Réfus ! Le lien est à nouveau confirmé, mais pas clarifié.

"La cascade des amants maudits." --> C'est pas en lien avec une certaine mosaïque ? Je suis curieuse de voir quels secrets ces amants maudits nous cachent

"Autour, le paysage semblait en suspension" --> J'ai un doute. On dit pas en suspens, comme pour le temps ?

"Cet endroit lui rappelait la beauté de sa terre natale."--> Je me demande si faire un nouveau paragraphe ici, pour bien souligner le changement de "lieux", ne serait pas mieux pour la lecture.

"l regardait la cascade avec les yeux d’un amant qui retrouve la femme qu’il aime. " --> Tiens tiens ! Il ne serait pas un peu un autre exemple d'amant maudit, lui aussi ? (oui, je sais, je dissèque à l'extrême, mais c'est pas drôle si je n'ai pas quarante-deux théories !)

"Elle supplia en vain." --> Elle le supplia ? Pas que ça change grand-chose cela dit

Elle est belle, cette histoire d'amour impossible ! Dorias qui rajoute un effet en mentionnant le vent est juste la touche qui faut. On voit que c'est un bon poète.

La scène de la danse est belle aussi, mais j'aurais aimé qu'elle soit un peu plus longue, pour bien ressentir les sentiments d'Hésione qui, j'imagine, doit être émerveillée et presque ivre de toutes ces nouvelles choses qu'elle voit en ce premier jour de liberté. Je crois qu'il manque un saut de ligne, aussi.

OK, Dorias est bien gentil à jouer les guides, mais il va très vite. À toutes les étapes. Il l'amène aux bois, il l'en fait partir sur-le-champ, il l'amène au spectacle, ils sont les premiers à partir… Je sais que je suis paranoïaque vis-à-vis de cette histoire, mais c'est comme s'il guidait Hésione dans un but précis et chaque étape est censée la "modeler". Une fois de plus, j'exagère sans doute. Mais tout de même, il était là pour l'aider juste au moment où elle devenait libre… Il y a forcément un truc.

"Elle ne pouvait s’empêcher de ne pas se sentir à sa place, dans cet endroit. " --> Ça pourrait être intéressant de dire ici que, plutôt de ne pas être à sa place, elle se sent mal à l'aise en tant que femme libre et non en tant qu'esclave - elle a l'habitude des palais, mais pas dans cette nouvelle position. Juste une idée!

-" Filias Agapia" --> AH ! D'où l'info par la Voix Errante ! Dorias, comment est-ce que tu t'es retrouvé troubadour avec un père pareil… C'est vraiment le népo-baby qui vit une vie de bohème tout en ayant un trust fund x)

"Pourquoi tiens-tu compagnie à une esclave comme moi ?" --> On aurait pu se poser la question plus tôt, Hésione ! Je sais qu'il est charmant (et charmeur) mais tout de même !

" A moitié seulement. " --> Hésione et moi, bien d'accord sur la question. On s'entendrait bien elle et moi !

"j’en viendrais un jour à te haîr pour cela. " --> À moins qu'il n'y ait deux écritures possibles, c'est "haïr"

Le saut dans le temps me sort toujours de la lecture. Je ne sais pas trop comment vous pourriez y remédier tout en ayant cet effet de coupure nette… À part peut-être deux phrases courtes à la suite, séparée par un saut de ligne ? Par ex : "dehors, le soleil se levait déjà // deux jours plus tard (courte description)"

"Il voulait aussi que je te parle d’un projet qu’il a de…" --> AHA !! Je savais qu'il y avait anguille sous roche !!!!

"Je dois y réfléchir. " --> Ça me fait un peu rire, comment Dorias n'a pas voix au chapitre x) Blague à part, ça implique peut-être qu'il est déjà dans le coup et que c'était un de ses objectifs de base.

"L’Archonte était juché sur un divan, Laïs sur ses épaules, une longue vue à la main. " --> Si je reprends mes soupçons fondés sur les chapitres de Réfus, et que potentiellement l'Archonte est celui qui aime un peu trop les enfants… Mmmmmmmmmm

"Alors je m’excuse pour…Voilà. " --> Sale gosse. Je me demande quel sera son sort quand Casse-Fers et ses gars débarqueront.

"Hésione serra Laïs dans ses bras. Elle lui avait manqué. " --> Vu la structure de la phrase, c'est pas plutôt "Il lui avait manqué" ?

"Des yeux qui hurlaient. " --> Banger. Une phrase qui laisse une forte impression. 10/10. Et surtout, qui cloture une scène qui me ramène à mes réflexions sur l'Archonte.

On sent dans tout ce chapitre que quelque chose de plus grand se met en place en coulisses, tout en développant ce que vit Hésione. Mais du coup -et c'est une petite critique qui vient à la fin, parce que je ne l'ai pas senti à la lecture- est-ce qu'il n'y aurait pas un léger déséquilibre d'intensité ? La fin est un coup de feu dans l'obscurité. Tout le reste du chapitre est une balade en ville. Je ne sais pas. Disons que c'est une réflexion qui vous sera peut-être utile; sinon, comme je disais, ce n'est qu'une remarque qui me vient après coup.

J'espère que je pourrais lire la suite de votre histoire malgré la prochaine fermeture de PA. Je suis super attachée à vos personnages et je meurs d'envie de savoir où vous allez nous conduire. Par ailleurs, si jamais vous cherchez une BL à un moment (au cas où on n'a pas l'occasion de rediscuter par commentaires interposés comme ici), faites-moi signe, ça m'intéresse !

À bientôt ! :)
Edouard PArle
Posté le 13/08/2025
Coucou Bleiz !
Oui, forcément Filias et Pysctas ont dû se croiser à un moment eheh Non, la guerre des chaînes n'a pas mis fin à l'esclavage, mais ce sera exploré au fur et à mesure du roman (=
"Ce serait intéressant de voir si ce manque n'affecte pas l'attitude d'Hésione par rapport aux autres (forcer le contact, toujours chercher à être proche tout en ayant les réflexes d'une vie entière passée dans l'obéissance et la peur… Gros potentiel !)" C'est clair qu'il y a des choses à faire !!
Content que tu voies du talent dans le travail de Dorias, il y met du coeur xD
"Je sais que je suis paranoïaque vis-à-vis de cette histoire, mais c'est comme s'il guidait Hésione dans un but précis et chaque étape est censée la "modeler". Une fois de plus, j'exagère sans doute. Mais tout de même, il était là pour l'aider juste au moment où elle devenait libre… Il y a forcément un truc." Oui, quelle peut bien être sa motivation ?
"D'où l'info par la Voix Errante ! Dorias, comment est-ce que tu t'es retrouvé troubadour avec un père pareil… C'est vraiment le népo-baby qui vit une vie de bohème tout en ayant un trust fund x)" mdrr
Sur la fin du chapitre, c'est vrai qu'il y a une accélération soudaine avec le retour au palais, peut-être que supprimer l'ellipse ou la raccourcir limiterait cet effet, qu'en penses-tu ?
évidemment, on reste en contact !!!
A bientôt (=
Maëlys
Posté le 23/08/2025
Coucou Bleiz !
Tout d'abord, sache que ton commentaire m'a fait beaucoup rire !
Comme a dit Edouard, tout ce qui est chronologie va être explicité au fur et à mesure
Heureuse que tu aimes Hésione !! (moi aussi je l'adore)
Oui on voulait montrer cet aspect de séparation du monde dans la vie des esclaves, on pensera à l'exploiter par la suite...
Merci pour les petites corrections, je regarde ça !
Dorias est réellement un népo-baby, mais si tu le trouves doué quand même, alors ça va mdrrr
C'est vrai qu'Hésione se pose pas forcément les bonnes questions au bon moment !
Faut qu'on réfléchisse à l'ellipse, en effet !
très méfiante envers Dorias et l'Archonte, ça me fait rire !
Vétias le sale gosse, on est bien d'accord (déjà que les enfants de base ne me sont pas toujours très agréables...)
""Des yeux qui hurlaient. " --> Banger." ; merciiii
J'espère aussi qu'on pourra continuer à te lire !!
A plus !
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