Mois II : Zuasyn -Vaïos

Notes de l’auteur : Hâte de lire vos retours sur ce chapitre un peu plus long....

« Les explorateurs les plus aguerris de l’Archipel savent qu’il existe à l’est de nos Îles une immense étendue de terres sauvages. Désertiques et arides, on les croit inhabitées depuis toujours. Certains les disent le bout du monde, une destination maudite pour les marins. Je l’ai cru aussi.

Jusqu’à ma rencontre avec un jeune esclave originaire de ce pays qu’il appelait les Cent-Lacs. Lui et sa famille avaient été arrachés à leur terre par d’impitoyables vendeurs d’âmes. Il me conta les merveilles de sa culture d’origine ; ses rites, ses coutumes et sa philosophie. Des idées de paix, de liberté et de sagesse forgées par des siècles de réflexion, entamées bien avant l’arrivée de nos ancêtres sur l’Archipel. Une vision du monde à l’opposé de celle que nous enseignent prêtres et prêtresses. Libératrice. Réconciliatrice. Je rêve parfois de la voir se transmettre à tous les Hommes. »

Chroniques de l’Archipel, La Voix Errante

 

An 125 après les Premiers Pas

En arrivant au sommet de la dernière colline, Vaïos se tourna une dernière fois vers la vallée de Brynène. Il se souvint de la première fois qu’il avait posé les yeux sur le sanctuaire de Zuasyn, pressé de le découvrir. Cela faisait dix jours qu’Érione et lui auraient dû descendre vers les blanches colonnades entourées de pèlerins. Peut-être y aurait-il retrouvé des amis du Syphéon, puis rencontré les entraîneurs et athlètes de la cité. Il aurait commencé à s’entraîner, tôt le matin pour éviter la chaleur. Il se serait peut-être déjà qualifié, brûlant de la même rage qui l’avait poussé à s’exiler. Cela lui semblait lointain désormais.

Chaque jour, il avait repoussé l’échéance, pour rester un peu plus aux côtés d’Andophane et des siens. Pour écouter ses prêches enflammés. Pour entendre un peu plus Érione provoquer celui qu’elle appelait « l’imposteur ». Pour poursuivre ses discussions passionnées avec Daashur, le vieillard qui l’avait pris sous son aile depuis le premier jour. Pour partager le pain avec ces hommes et femmes de tous horizons qu’Andophane avait ralliés à son voyage.

Ce périple étrange qui les menait à rebours de toutes les files de voyageurs, hors des routes praticables vers une destination absurde. Andophane voulait les conduire aux ruines de Velymène, désertées de toute vie humaine depuis plus de sept ans. Il racontait avec passion l’histoire de ce qui avait été la plus grande cité de l’Archipel, de sa fondation à sa destruction après la Guerre des Chaînes. En l’écoutant, Vaïos se prenait d’envie de découvrir ses vestiges. Même si cela revenait à renoncer pour de bon à son rêve.

Son rêve. Alors qu’il regardait en arrière, l’athlète fut tenté de faire demi-tour. Il avait tant sacrifié pour participer à ces Jeux, tant attendu les qualifications. Comment ce groupe qu’il ne connaissait que depuis peu pouvait le détourner de son objectif ? D’autres pensées chassèrent cette envie passagère. L’absence de crise d’Érione depuis une semaine. Le plaisir d’écouter et de parler avec Daashur. Le soulagement de ne plus être jugé, comparé. La joie. Le rire. Et surtout, la sensation inexplicable de côtoyer avec Andophane un être différent des autres. Une de ces personnalités rares qui rayonnent sur tout ce qui les entoure. À ses côtés, l’avenir se chargeait de promesses.

Vaïos réalisa qu’il ne voulait plus vraiment aller aux qualifications ou aux Jeux. Il se sentait mieux que jamais loin de Clytène, de son quotidien misérable et des visages de tous ceux qui l’avaient tourmenté. Ce voyage sur le Syphéon, cette poignée de jours passées sur ces nouvelles terres lui montraient qu’il existait d’autres manières de vivre. Désirables. Les rêves de grandeur pour lesquels il avait tant sacrifié lui apparaissaient naïfs et futiles. C’était étrange que de réaliser tout cela si brusquement. C’était fascinant de voir son destin prendre un tournant inconnu.

Quand le reste du groupe arriva à sa hauteur, il souriait. Vaïos avait la sensation d’être libéré d’une des chaînes invisibles qui l’entravaient depuis tant d’années. Son regard croisa celui d’Andophane, dont les lèvres formèrent un léger rictus, comme s’il avait compris. Vaïos se demanda s’il savait qu’il allait rester quand il leur avait proposé de partager le pain. Il lui semblait que le prêcheur pouvait lire ses pensées. Leur échange visuel fut interrompu par Daashur. Le vieillard se tenait les genoux, pantelant. Il dit d’une voix saccadée :

— Merci beaucoup d’avoir pris mes affaires, mon ami. Je n’en serais jamais venu à bout seul ! Tu marches vite.

— On peut pas lui enlever ça, intervint Érione entre deux gorgées d’eau. 

— Je n’avais plus autant grimpé depuis Azbad, ajouta Daashur.

— Azbad ?

— C’est la plus grande montagne des Cent-Lacs, je l’ai gravi avec Shérazni quand j’avais dix-sept ans. Ça nous a pris un mois, on est allés jusqu’aux sommets des neiges éternelles.

Comme à chaque fois qu’il parlait de la défunte, la voix de Daashur s’animait d’un amour encore vivace. Il n’y avait pas de tristesse dans ces mots, seulement la joie de se remémorer ses meilleurs souvenirs. Son regard revint bientôt sur son interlocuteur :

— Vous nous quittez bientôt ?

Avant de répondre, Vaïos regarda Érione. À son air rieur, il réalisa qu’il était le dernier à avoir compris qu’il n’irait jamais à Brynène. Il secoua la tête :

— On est bien avec vous.

— Heureux de te l’entendre dire, mon ami. Vraiment.

La joie de Daashur était sincère, il serra l’avant-bras de Vaïos avec enthousiasme. Vaïos se demanda ce qu’il avait fait pour mériter tant d’affection. Cet homme lui avait manifesté plus d’attachement en une semaine que son père pendant toute son enfance.

— J’espère que notre étape de ce soir ne te fera pas changer d’avis.

 

Quand la silhouette de la grange annoncée par Daashur apparut, Vaïos poussa un soupir de soulagement. Ils avaient passé le reste de la journée à descendre à flanc de colline puis à serpenter sur des chemins envahis de végétation. Ils avaient traversé des champs touffus, des prairies en fleurs et des bois sauvages. Plusieurs fois, il avait douté d’arriver à bon port, épuisé par ce périple interminable. Le ciel s’était couvert de nuages et une atmosphère étouffante imprégnait l’air. De grosses gouttes de sueur coulaient sur ses tempes et sous sa moustache. Des démangeaisons irradiaient de ses bras et jambes, pillés par les insectes. La détermination d’Andophane, qui leur ouvrait les chemins à grands coups de bâtons, avait eu raison des épreuves.

Une silhouette voûtée se tenait dans l’ombre du bâtiment, elle porta la main à son bâton en les voyant apparaître. Elle les fixa en se demandant s’ils venaient vraiment vers la grange. Cela paraissait si absurde. Devant l’avancée imperturbable d’Andophane, l’inconnu rentra en poussant un cri. Vaïos frissonna : ces êtres semblaient aussi monstrueux qu’on le disait. Un instant, il douta du prêcheur, de sa femme, de Daashur, de tout ces fous qui marchaient vers la grange sans peur. Pourtant, il les suivait toujours. Leur groupe s’arrêta à quelques pas du rideau qui fermait le refuge. Un grand tissu gris annonçait la véritable nature du lieu, pour dissuader les voyageurs assez fous pour s’en être autant approchés.

Soudain, un vieillard couvert de haillons sortit, le visage tordu dans une grimace mauvaise. Vaïos se mordit les lèvres pour ne pas crier son effroi. La lèpre avait dévoré ses mains et constellé son visage, ses jambes et ses bras de taches noires. Comme tous ses semblables, il portait un cordon gris sur les épaules, rappel constant du danger de contamination. Cette apparition effroyable chassa tout l’enthousiasme des suivants d’Andophane, qui se figèrent comme un seul homme. Ils échangèrent des gestes hésitants, doutant pour la première fois. Le prêcheur lui-même ralentit sa course un instant, avant de la reprendre avec une vigueur renouvelée après un regard vers Daashur.

— Que voulez-vous ?

De la voix éraillée du lépreux émanait une haine attisée par des années de moqueries, d’exclusion et de solitude. Il y avait dans ces mots tout le mépris, la jalousie et la méchanceté que lui inspiraient ce monde qui l’avait ostracisé, ces dieux qui l’avaient maudit. Andophane sourit de plus belle, éblouissant avec sa chevelure dorée de soleil. Les traits de son visage ne dessinaient ni la répulsion, ni la gêne. Il parla au vieil homme comme il parlait avec n’importe qui depuis que Vaïos l’avait rencontré.

— Je suis heureux de vous rencontrer. Nous vous avons apporté des fruits frais.

La silhouette longiligne d’Evius, le plus jeune suiveur d’Andophane, se détacha alors. L’adolescent aux cheveux bruns déposa deux corbeilles colorées aux pieds du lépreux. Ce dernier regarda avec incompréhension les grappes de raisin, melons, pastèques, figues et abricots. Il n’osa toucher cette offrande suspecte, craignant un piège. Sa voix s’éleva à nouveau, grinçant comme une vieille porte :

— Nous n’avons que faire de vos cadeaux. Passez votre chemin.

— Il est tard, mon ami. Nous n’avons nulle part où coucher. Nous vous demandons l’hospitalité.

Cette déclaration folle eut le mérite de faire disparaître toute malveillance du visage de son interlocuteur. Choqué, il fit un pas en arrière, doutant peut-être d’avoir toute sa raison. Vaïos se demanda s’il avait eu la même réaction après les explications de Daashur. Il se souvenait encore des mots qu’il avait trouvés pour le convaincre de les suivre dans cette folie. “Nous n’y allons pas pour leur faire la charité et nous donner bonne conscience, Vaï, non. Nous voulons leur permettre de nous accueillir chez eux. Nous voulons reconnaître leur humanité, leur dignité. Ce qu’on leur a injustement dénié.” Comme le lépreux ne répondait pas, Andophane ajouta :

— Nous ne prendrons pas beaucoup de place, nous ne ferons aucun bruit. Et nous repartirons à l’aube.

— Vous … vous … Vous êtes fous ! Vous voulez devenir comme nous ?

— Refuserais-je de côtoyer un ami ou un frère parce qu’il est malade ? Comment puis-je savoir si chaque personne que je croise n’a pas la fièvre ?

— Nous avons la lèpre !

Il cria ce dernier mot, comme pour rendre raison à Andophane, lui faire enfin réaliser où il se trouvait et à qui il s’adressait. Bien sûr, ce fut vain. Le prêcheur avança, les mains ouvertes :

— Loin d’ici, il y a des terres où l’on en guérit. Si vous le voulez, nous pourrons en parler cette nuit.

À ce moment, trois personnes sortirent de la léproserie, sans un regard pour les nouveaux venus. Ils se ruèrent sur les fruits, laissés sans surveillance. Ils se les disputèrent avec la voracité de prisonniers habitués au pain sec et à l’eau. Le premier lépreux tira le rideau de l’entrée, à court d’arguments, et disparut dans la grange. Andophane attendit un instant, puis entra. Daashur le suivit à pas lents, puis Evius, Érione et tous les autres. Vaïos entra avec le groupe le cœur battant, espérant que le prêcheur ne leur avait pas menti en leur disant que la lèpre était une maladie peu contagieuse, sans risque en l’absence de contact prolongé.

Les disciples d’Andophane pénétrèrent dans un bâtiment porté par d’imposantes poutres de chêne. Rongées aux mites et gorgées d’humidité, elles dégageaient une odeur de moisissure. Les murs étaient percés de trous où nichaient plusieurs oiseaux. Quant au sol, il était recouvert de brins de paille et de couches de fortune composées de draps noircis. Il y avait quelques restes de nourriture, un mobilier sommaire en mauvais état. Vaïos réalisa à cet instant qu’il n’avait jamais connu la misère.

L’athlète s’installa aux côtés de son épouse, dans un coin de la grange, à l’extrémité des lépreux. La majorité du groupe suivit leur exemple. Seuls Daashur et Andophane osèrent s’installer à quelques mètres de leurs hôtes. Le natif des Cent-Lacs fit signe à Vaïos de le rejoindre. Ignorant sa répulsion première, le jeune homme arriva. Il sentit ses muscles se tendre un peu plus à chaque pas : il n’avait jamais été aussi proche de lépreux. Il pouvait entendre leur souffle, sentir leurs odeurs de sueur et de crasse, croiser leurs regards méfiants. Malgré toute sa bonne volonté, il n’était pas certain de les regarder avec la même bienveillance que Daashur.

— Vaï, peux-tu m’aider à défaire les lanières de ma besace ? Je les ai trop serrées.

Le jeune homme aida avec joie celui qu’il admirait tant, oubliant un instant ceux qui l’entouraient. Il resta près du vieil homme pour parler de la journée écoulée, comme ils le faisaient souvent en arrivant le soir. Alors qu’ils devisaient sur les étranges fleurs qu’ils avaient trouvé dans une plaine, Vaïos s’aperçut qu’une lépreuse les regardait avec attention. Elle avait de longs cheveux blonds, quelques années à peine de plus que lui. Sans son cordon et ses habits déchirés, il n’aurait jamais pu deviner sa maladie. Seule une légère tache au niveau du nez trahissait sa maladie après une observation prolongée. Il y avait dans son regard plus de curiosité que de méfiance. Vaïos devina qu’elle aurait voulu les rejoindre. Il lui sourit.

Cela lui était venu naturellement, malgré toute sa répulsion originelle. Quand l’inconnue lui rendit son sourire, il acheva de l’oublier. Ce n’était plus qu’une humaine. Il s’écarta un peu pour lui permettre de s’approcher. Elle s’assit à quelques pas d’eux, ses bras maigres autour de ses genoux. Elle les écouta comme s’ils contaient l’histoire la plus merveilleuse du monde. Un autre jeune lépreux la rejoignit, à distance plus prudente. Il était bien plus âgé, avec des traits proches. Ce devait être son père.

Vaïos allongea autant que possible la conversation, posant à Daashur des questions dont il connaissait déjà les réponses, pour en faire profiter l’auditoire. Il le fit parler des Cent-Lacs en long et en large ; ses oasis, son climat désertique, ses coutumes, ses paysages, sa faune dangereuse… Il se réjouit des mines éblouies des deux lépreux plus qu’il ne s’était jamais réjoui d’une victoire sportive. C’était si doux de voir se dessiner la joie sur ces visages décharnés. Malheureusement, le vieux lépreux qui semblait diriger l’endroit leur cria :

— Reculez !

À regret, le père et la fille s’en revinrent vers leurs couches, les yeux encore brillants. Vaïos les regarda s’éloigner avec peine, le cœur battant. Ce moment si simple, sans mots, l’avait profondément ému. Il se demanda si Andophane et les siens lui avaient transmis leur folie ou s’il venait enfin de comprendre la véritable raison de leur voyage. Aller sur les sentiers délaissés, à la rencontre des opprimés : que cette idée était belle. Il réalisa que la nuit tombait déjà et s’en revint vers son épouse. Érione cousait, encore. Elle regardait les lépreux avec amertume, ignorant les conversations qui l’entouraient. La scène qui venait de se jouer ne l’avait pas laissée indifférente. Son époux n’échangea pas un mot avec elle, perdu dans ses propres pensées. Ils mangèrent puis se couchèrent en silence. Comme il n’entendait pas ses ronflements, Vaïos sut qu’elle demeurait aussi songeuse que lui.

Malgré les tentatives d’Andophane, une étrange barrière invisible séparait la pièce en deux, poussant les uns et les autres à s’éloigner pour dormir. Elle ressemblait à celles qui séparaient à Clytène les riches des pauvres, les enfants des adultes, les locaux des étrangers et les hommes des femmes. Même lorsqu’il avait parlé à Daashur pour les deux lépreux, elle était demeurée entre eux. Que c’était frustrant de ne pouvoir achever de la rompre.

Vaïos dormit mal sur le sol inégal, dérangé par le bourdonnement intempestif de moustiques qui poussaient l’audace jusqu’à se poser sur son nez. Après en avoir écrasé trois, il abandonna la chasse. Le quatrième réveil fut provoqué par une caresse sur l’épaule, accompagnée par la voix d’Evius :

— Debout ! On y va !

Le dormeur grogna en serrant les coudes contre son ventre, se délectant de ses dernières secondes de sommeil. Il ne se leva qu’en entendant le froissement des vêtements, le rangement des paquetages autour de lui. Il se redressa en titubant, pour voir une grange encore plongée dans la pénombre. Les couleurs orangées de l’aube se devinaient par les trous des murs. Il était encore tôt. Une partie du groupe était déjà sortie, dont Daashur et Andophane. Vaïos se dépêcha de ranger ses affaires, sans quitter des yeux les lépreux encore endormis de l’autre côté de la grange. Le père et la fille qui les écoutaient la veille étaient les seuls réveillés. Assis contre le mur, ils les regardaient partir. Dans leurs yeux, le regret de ne pouvoir partir avec eux. Vaïos ne put les supporter en silence. Il alla vers eux à pas de loup, puis leur chuchota :

— Venez avec nous ! Nous allons vers Velymène.

La fille secoua la tête avec panique, comme si cette proposition mettait en danger sa propre vie.

— Je n’étais pas avec eux il y a deux semaines, ajouta-t-il. Ils m’ont accueilli comme si j’étais leur ami.

Comme la même réaction se rejouait, Vaïos comprit qu’il ne servait à rien d’insister. Andophane n’avait jamais forcé personne à le suivre. Il se contenta d’un dernier sourire, d’un petit signe de main, puis il alla chercher ses affaires. Érione sortait déjà, il s’aperçut qu’elle avait oublié plusieurs vêtements sur la paille. Ceux qu’elle cousait depuis leur départ en navire, qu’elle avait presque terminé.

— Érione, tu…

— Non. C’est pour eux.

— Mais, tu voulais les vendre !

— On n’a pas besoin d’argent tant qu’on suit l’imposteur. Et j’aurai moins à porter comme ça.

Vaïos sourit à sa femme puis sortit avec elle dans la fraîcheur du matin, bercé par le chant des passereaux. Andophane donna le signal du départ. Ils commencèrent à marcher, avec à l’esprit des visages qu’ils n’oublieraient pas de sitôt.

L’étape du jour se révéla bientôt aussi éprouvante que la précédente. Il leur fallait traverser des étendues sauvages désertées de toute présence humaine, avec pour seuls ravitaillements les ruisseaux et quelques fruits des bois. Ils s’arrêtèrent un peu avant midi, alors que la chaleur montait, à l’ombre d’un immense chêne. Alors qu’il s’allongeait pour récupérer les heures de sommeil perdues la nuit, Vaïos vit Daashur s’approcher de lui. Le vieil homme lui demanda :

— Veux-tu faire quelques pas avec moi dans la clairière ?

Daashur avait parlé à voix basse. Sa proposition de s’écarter des autres surprit Vaïos : jamais il ne s’était gêné pour parler devant tous.

— J’arrive.

— Allons jusqu’au deuxième chêne.

L’athlète marcha avec lui sur l’herbe jaunie, en lui prêtant son bras pour enjamber les obstacles. Une fois à l’ombre de l’arbre, ils s’assirent sur la terre mousseuse en silence. Vaïos laissa sa respiration s’apaiser, bercé par le crissement des grillons. Soudain, Daashur demanda :

— Vaïos, veux-tu être mon âme-liée ?

— Quoi ?

Le jeune homme crut d’abord avoir mal entendu. Les rares fois où Daashur avait utilisé ce terme, c’était pour désigner Shérazni, l’amour de sa vie. Pourtant, sa réponse ne laissait guère place au doute :

— Nous avons prévu une cérémonie d’unions demain soir. J’espérais de tout cœur que tu restes avec nous pour te proposer d’y prendre part avec moi.

— Je suis déjà marié !

Le vieil homme rit à cette réponse. Vaïos se demanda s’il faisait un mauvais rêve ou si son interlocuteur était devenu fou. C’était les seules possibilités : aucune personne censée ne pouvait imaginer une telle proposition.

— Je sais. Ça n’a rien à voir. Les mariages sont des unions de corps. Ce que je te propose, c’est d’unir nos âmes. Ce n’est pas un lien de sang, pas un lien amoureux. C’est une façon de reconnaître la relation particulière nouée entre deux âmes.

— Mais pourquoi ?

— Parce que je t’apprécie ta douceur, ta sensibilité et ton écoute. Rares sont les personnes aussi curieuses que toi, aussi naturellement empathiques. Mes conversations avec toi illuminent mes journées.

La franchise de Daashur désarma Vaïos, qui balbutia :

— C’est … trop tôt. On se connaît seulement depuis dix jours.

— Pourquoi attendre quand on sait ? Dès nos premiers échanges, je savais. C’était comme avec Shérazni, Ishmel et Andophane, je savais.

— Non, vous vous trompez. Si vous me connaissiez, vous sauriez que je n’en suis pas digne.

— L’affection ne se mérite pas. Elle ne se mesure pas en qualités ou en accomplissements. Vaïos, je t’apprécie pour ce que tu es, pour qui tu es.

— Moi aussi, je vous apprécie mais…

— J’aurais aimé avoir un fils comme toi.

— Vous…

L’objection de Vaïos mourut sous sa langue. Que répondre à une telle déclaration ? Jamais il n’avait vu quelqu’un se dévoiler autant, si franchement. Les mots de Daashur l’avaient touché au plus profond de son âme et suscitaient une gratitude trop grande pour être verbalisée. Quand il leva les yeux, il ne voyait plus un vieillard sympathique et mystérieux mais un sourire somptueux, un regard pétillant d’intelligence et la promesse d’une amitié différente des autres. La gorge nouée, il répondit :

— Et moi, j’aurais aimé avoir un père comme vous.

 

Loin des lumières du sanctuaire de Brynène, la voûte étoilée semblait découper un relief sur le manteau de la nuit. Vaïos n’avait qu’à lever les yeux pour découvrir des constellations complexes, de lointaines météorites et planètes aux lueurs orangées. La lueur blanche de la pleine lune éclairait la végétation tranquille de la plaine. Quelques hululements émergeaient du petit bois où ils avaient établi leur campement.

Le groupe était assis en cercle sur l’herbe, autour d’un rocher. Toutes et tous se tenaient les mains en silence. Vaïos et Érione se tenaient à l’écart, à l’opposé d’Andophane et Daashur. Quand on lui avait demandé de choisir une personne pour l’accompagner au cours de la cérémonie, l’athlète n’avait pas hésité. Son épouse s’était beaucoup moquée de sa décision d’unir son âme à celle de Daashur mais il y avait dans ses paroles plus de curiosité que de mépris.

— On est en train de devenir aussi fous qu’eux, chuchota-t-elle, assise contre un tronc.

— Peut-être, oui. Mais c’est bien.

— J’aurais pas mieux dit. Tant qu’ils nous donnent à manger et à boire sans rien demander, ça me va.

Vaïos sourit à cette bravade. Érione était l’une des chasseuses et cueilleuses les plus actives du groupe. Elle avait plusieurs fois été demander des provisions à des inconnus pour égayer les repas. Son épouse travaillait avec autant d’énergie qu’à Clytène, montant et démontant les campements, allumant les feux, cousant, lavant, réparant, entretenant ; elle ne pouvait s’en empêcher.

— Merci de m’avoir ouvert les yeux, répondit-il. Sans toi, je n’aurais peut-être jamais quitté Clytène. On aurait dû le faire bien plus tôt.

— Si on était parti avant, on aurait pas rencontré l’imposteur et sa clique. On est bien maintenant, c’est le principal.

— Amione te manque pas trop ?

— Pourquoi ? T’as envie de retourner la voir au bordel ? Et si, un peu. Mais elle était heureuse que nous partions ici. Tu sais, elle avait vécu à Brynène avant d’être esclave. Elle m’en parlait souvent quand elle m’hébergeait pendant ma fugue.

— Tu regrettes qu’on n’ait pas été voir le sanctuaire ?

— J’en ai rien à foutre. On est mieux ici, loin des foules. Bon, je crois que c’est le moment d’y aller, ton amoureux part.

— C’est pas mon amoureux.

— Il y a pas de mal à ça. L’imposteur dit qu’on peut aimer autant de personnes qu’on veut, non ? Et puis il est mignon, ton vieux.

Vaïos soupira, désespérant de lui faire comprendre le sens d’une cérémonie qui l’avait de prime abord tant déstabilisé. Il peinait lui-même à saisir l’ampleur de l’engagement qu’il s’apprêtait à prendre. Malgré les paroles rassurantes de Daashur, il gardait la sensation d’un honneur trop grand pour lui, trop lourd à porter. À l’autre bout de la plaine, le vieil homme marchait à pas lents, s’appuyant sur l’épaule d’Andophane. Vaïos se leva à son tour, Érione posa sa main sur son bras. Il frissonna au contact de sa peau froide, si rare. Il s’élança avec elle, le cœur battant.

Les membres du cercle s’étaient levés et l’on allumait des torches. Quatre flammes, qui s’avancèrent pour former un carré, un cœur. Elles firent apparaître le grand brasero disposé sur le rocher. Les deux autres duos arrivaient des coins de la plaine, au même rythme. Tous s’arrêtèrent au niveau du cercle, sous les regards bienveillants du reste du groupe. Daashur alla le premier se placer entre les torches, puis Vaïos le rejoignit en remerciant l’obscurité de cacher son visage pivoine. Andophane prit la parole :

— J’amène au rocher une des personnes les plus chères à mes yeux : Daashur. L’homme qui m’accueillit dans sa demeure alors que je n’étais qu’un étranger, qui me transmit tant de connaissances et de sagesses et qui voyagea avec moi à travers les Cent-Lacs comme si nous étions frères. Je suis heureux et fier de le voir unir son âme avec Vaïos. Qu’il puisse vous apporter autant l’un à l’autre qu’à tous ceux qui vous ont précédé.

Le prêcheur saisit une des torches et la tendit avec délicatesse à Daashur. C’était au tour d’Érione de s’exprimer. Vaïos avait plus chaud que jamais : quelles piques avait-elle pu préparer ? Si les provocations de son épouse l’amusaient en privé, il perdait toute assurance devant un groupe. Cela lui rappelait trop les violences du gymnase.

— Voici Vaïos. Je l’ai épousé pour échapper à … à ma famille. Par simple calcul, sans le connaître. Avec lui, nous avons emménagé dans un appartement misérable et j’ai continué le même travail. Tous les jours la même sueur, mais le soir, je retrouvais un homme véritablement bon. Et à Clytène, c’est la plus belle qualité du monde. On s’est apprivoisés, on a traversé des épreuves, on a parlé. Et aujourd’hui, on est partis. Je ne sais pas où nous allons, pourquoi, mais je compte sur toi, Daashur, pour prendre soin de Vaï. Je m’en assurerai personnellement.

Hébété, encore sous le choc de ce qu’il venait d’entendre, Vaïos laissa Érione mettre la torche dans sa main. Son épouse ne lui avait jamais parlé ainsi. C’était comme si ce discours lui avait permis de mettre en mots ce qu’elle avait toujours gardé pour elle. Il sentit son cœur se gonfler de reconnaissance et ses lèvres former un sourire béat. C’était si bon d’être au milieu de tous ces gens qu’il aimait, qui l’aimaient. Une vague de chaleur traversa son visage alors que le vent faisait flotter la flamme de sa torche.

Daashur lui faisait face, les yeux pétillants de joie et ses rides étirées par un large sourire. Alors que Vaïos suait et serrait les dents, lui gardait une posture affirmée, une respiration régulière. Le jeune homme s’ancra dans la détermination dégagée par son aîné. Il se laissa guider, répétant ses gestes. Leurs torches se levèrent lentement sous l’œil bienveillant de la lune jusqu’à s’unir. Les deux flammes n’en firent plus qu’une qui crépitait avec ferveur. Il suffit de quelques étincelles pour que le brasero s’embrase dans une explosion de chaleur. La fumée brouilla les traits du visage de Daashur mais Vaïos garda ses yeux dans les siens jusqu’à la mort des flammes.

La combustion des branches de pin dégageait une odeur de bois sec et de résine. Elle rappelait à Vaïos les odeurs du Jardin des Épices à Clytène. Ses parents l’y avaient emmené tant de fois avec Ganos. Au milieu de dizaines d’autres enfants, ils avaient joué aux guerriers, aux explorateurs, aux prêtres, aux artistes et bien sûr aux athlètes. Son ventre se noua au souvenir des innombrables courses qu’ils avaient disputé par tous temps, sous le regard moqueur de leur mère. Ganos gagnait toujours, sauf une fois, où il avait laissé son cadet le dépasser, peu avant sa mort. Vaïos se souvenait encore de l’émotion vibrante qui avait traversé tout son corps jusqu’à son âme. C’était à ce moment qu’il avait décidé pour de bon de devenir athlète. Ce désir s’était mué en promesse après les derniers jours de son frère. Pour honorer son rêve, pour prouver à leurs parents que c’était possible.

Désormais, il ne le pouvait plus, mais ses parents lui importaient peu et Vaïos était certain que son frère aurait été heureux de le voir partir. À présent, c’était une émotion similaire à celle de sa première victoire qui l’envahissait alors que s’achevait cette cérémonie spéciale. Il y eut quelques applaudissements, puis Daashur fit un pas de côté. Il rejoignit son âme-liée et demanda :

— Puis-je te serrer dans mes bras ?

— Oui.

Vaïos fut surpris par la vigueur de leur étreinte. Le vieil homme le serra contre lui sans retenue ni gêne. Il y avait encore de la force dans ses bras maigres. L’athlète posa ses mains contre son dos avec maladresse, peu habitué au contact physique. Puis il se détendit peu à peu, jusqu’à apprécier la présence de Daashur contre lui. Leurs corps se détachèrent avec la délicatesse de deux plumes que le vent éloigne l’une de l’autre. Ils allèrent s’asseoir dans le cercle, côte à côte, accompagnés par Érione et Andophane, qui profitaient de l’occasion pour entamer un énième débat. On alla réalimenter le brasero en combustible tandis que deux nouveaux duos s’approchaient à leur tour. C’était au tour d’Evius et de Zavia d’unir leurs âmes.

Alors que la cérémonie se rejouait avec d’autres acteurs, Vaïos garda le cœur gonflé d’émotion. C’était si beau de voir deux des premiers suiveurs d’Andophane au cœur de cette cérémonie. Elle était si belle, si symbolique pour ces deux personnes. Evius avait passé une grande partie de son enfance exploité dans une maison de plaisir de Brynène. Il l’avait fuie un an plus tôt, avait survécu de longs mois caché dans la boutique de Zavia. Tous deux avaient suivi celui qu’ils appelaient le prophète après l’avoir vu faire rempart de son corps pour protéger une prostituée des coups.

Après la cérémonie, Evius sortit une flûte, Daashur distribua des tambourins et l’on commença à tournoyer à la lueur des flammes. Tous se joignirent à une ronde autour du chêne, sauf Érione, qui battait des mains derrière eux. Ils chantèrent des refrains connus, en apprirent d’autres. Daashur leur enseigna une chorégraphie des Cent-Lacs, dansant avec une vigueur surprenante. Vaïos, déjà comblé par cette journée magnifique, laissa son euphorie se libérer dans chaque mouvement. Il pouvait bouger comme il le voulait, être ridicule, personne ne le jugerait.

La fête battait son plein quand deux silhouettes apparurent dans la plaine. Érione fut la première à les voir, elle s’immobilisa brusquement. Un à un, Andophane et les siens tournèrent les yeux vers les nouveaux venus, qui marchaient d’un pas peu assuré. Quand ils furent à hauteur de torche, Vaïos reconnut le père et la fille lépreux, qui portaient des vêtements d’Érione. À leur vue, sa joie grandit encore. Ils s’agenouillèrent à distance respectueuse puis l’homme demanda d’une voix implorante :

— Pouvons-nous vous suivre ? Nous ne nous approcherons pas, nous ne prendrons pas votre nourriture.

Andophane marcha vers eux, leur prit les mains :

— Amis, venez danser avec nous ! L’heure est à la fête. 

Vous devez être connecté pour laisser un commentaire.
Bleiz
Posté le 22/07/2025
Salut Édouard et Maëlys,

Je reviens entre deux histoire du concours de l'été pour lire ce nouveau chapitre !!! Hâte de voir ce que vous nous réservez !

D'emblée, il me semble qu'il y a un nouvel indice dans la note de début. Visiblement, la Voix errante est plus qu'un simple recueil historique : on serait plus dans un cas de mémoires, comme avec les Romains, qui font l'inventaire des territoires et des évènements des guerres (Pline, c'est toi ?) puisqu'il parle à la première personne. Forcément, je me pose la question suivante : est-ce que l'un de nos personnages sera ce conteur-historien ? Affaire à suivre…

OK donc on retrouve Vaïos plus ou moins là où on l'a laissé, c'est-à-dire avec les philosophes de la dernière fois. Élipse nécessaire pour l'action, j'imagine, mais j'aurais bien aimé avoir quelques scènes supplémentaires sur cette période de temps, le voir prendre sa décision de laisser son rêve pour en poursuivre un nouveau - car visiblement, c'est ce qui se passe ici.

"C’était fascinant de voir son destin prendre un tournant inconnu." --> C'est marrant, ça donne un aspect complètement nouveau à sa personnalité. Lui qui tenait tant à réaliser son rêve est parvenu à l'abandonner en quoi, deux semaines ? Et il le vit bien. Notez que je ne dis pas que c'est irréaliste, parce que visiblement sa rencontre avec Andophane bouleverse qui il est et ce en quoi il croit profondément. Je dis juste que c'est frappant.

"C’est la plus grande montagne des Cent-Lacs, je l’ai gravi avec Shérazni quand j’avais dix-sept ans. " --> Donc Dashuur vient des Cent-Lacs lui aussi, du coup j'imagine que la Voix errante est ou fera partie de ce groupe qui se constitue sous nos yeux.

"Comme à chaque fois qu’il parlait d’elle, la voix de Daashur s’animait d’un amour assez grand pour surpasser le deuil. Il n’y avait pas de tristesse dans ces mots, seulement la joie de se remémorer ses meilleurs souvenirs." --> Je chipote, mais je pense que vous pourriez reformuler ce passage pour le rendre plus naturel. C'est vraiment pas grand-chose, juste … Ça force un peu la "backstory", si vous voyez ce que je veux dire. Mais une fois de plus, ce n'est presque rien.

"Cet homme lui avait manifesté plus d’attachement en une semaine que son père pendant toute son enfance." --> Aaah, les daddy issues… everywhere… (jette un regard à Réfus)

Je ne peux pas m'empêcher de voir dans le groupe d'Andophane un côté presque religieux, limite sectaire. Ils lui sont tous dévoués (corps et âme ? À voir) et prêts à le suivre jusqu'au bout du monde. Clairement, il a un ascendant sur Vaïos. Je me demande si ça ne va pas déraper…

"Vaïos frissonna : ces êtres semblaient aussi monstrueux que le voulait la rumeur. " --> Peut-être que c'est moi qui ai oublié des choses depuis ma dernière lecture, mais je n'ai pas le souvenir d'une rumeur ?

"Comme tous ses semblables, il portait un cordon gris sur les épaules. Un rappel constant du danger de contamination. " --> je jure que c'est le concours de l'été qui m'a rendue comme ça, j'étais pas aussi tatillonne auparavant x) Mais je pense que vous pourriez raccrocher la deuxième phrase à la première. Niveau rythme, ça serait mieux selon moi, puisqu'on sait déjà ce qui se passe. Pas la peine d'utiliser la proposition sans verbe pour rajouter du poids à la situation.

"Cette apparition effroyable chassa tout l’enthousiasme des suivant d’Andophane, qui se figèrent comme un seul homme. " --> Peut-être un peu plus de description pour mieux montrer l'horreur du groupe ? C'est pas grand-chose, mais c'est la partie "chasser tout l'enthousiasme des suivants" qui me chiffonne. Si vous montriez l'effet de l'apparition plutôt que de la dire ici, ça renforcerait l'impact sur le lecteur selon moi.

OK, je sais pourquoi je pensais à l'histoire religieuse : le coup du lépreux me fait penser à Jésus. C'est un classique !

"Nous n’y allons pas pour leur faire la charité et nous donner bonne conscience, Vaï, non. Nous voulons leur permettre de nous accueillir chez eux. Nous voulons reconnaître leur humanité, leur dignité. Ce qu’on leur a injustement dénié." --> il manquerait pas des guillemets, comme Vaïos rapporte la parole d'autrui ?

"la lèpre était une maladie peu contagieuse, sans risque en l’absence de contact prolongé." --> Et cette simple information me refait douter des intentions d'Andophane. Parce que si c'est sans risque, et qu'il ne vient pas les voir par nécessité (je suis sûre qu'ils auraient pu trouver un autre endroit où passer la nuit) c'est qu'il veut les subjuguer pour un but précis. À voir…

"il n’était pas certain de ne pas les regarder avec la même bienveillance que Daashur." --> Il me semble qu'il y a un "ne" en trop

"C’était étrange cette barrière invisible qui séparait la pièce en deux" --> Le "c'était" me parait, eh bien, étrange x) Peut-être mettre "barrière" en sujet ?

"— J’aurais aimé avoir un fils comme toi." --> l'échange m'a touchée, et cette phrase là est particulièrement percutante. Bien joué !

"L’imposteur dit qu’on peut aimer autant de personnes qu’on veut, non ? " --> l'échange est drôle, mais à nouveau cette phrase me donne une vibe Charles Manson x)

Toute la cérémonie m'a subjuguée. Les descriptions sont parfaites, l'ambiance est incroyable… J'ai l'impression d'y être. Et que c'est beau d'en apprendre plus sur Vaïos à travers les yeux d'Érione, et d'en savoir plus sur leur relation !

Et cette fin de chapitre ! Mon cœur !! C'est trop cool !!! Que de joie, de bonheur, de respect et d'amour entre les différents personnages ! J'ai toujours peur que vous essayiez d'endormir ma vigilance parce que jusque-là, vous leur avez pas fait de cadeaux, mais je me laisse volontiers prendre part à la danse finale…

Franchement, je n'ai pas senti que le chapitre était plus long. Je l'ai lu avec la facilité habituelle, et votre plume commune est vraiment belle. C'était vraiment un très beau chapitre. Mais je reste sur mes gardes !

À bientôt :)
Maëlys
Posté le 27/07/2025
Coucou !
Merci pour ton commentaire très intéressant !
J"aime bien ton idée concernant la Voix Errante, la suite confirmera ou pas ton hypothèse...
Oui, sa rencontre avec Andophane l'a pas mal métamorphosé, et aussi remis en question ses choix de vie. C'est vrai que ça peut paraître un peu brusque !
Les daddy issues, c'est la DA de ce roman mdrrr (force à Réfus et Vaïos et sans doute d'autres)

Merci beaucoup pour tout, contente que le chapitre t'ait plu !
pour toutes les petites corrections, merci, on va regarder ça !

A très vite !
PS : tu te méfies beaucoup de nous dis donc !
Edouard PArle
Posté le 05/08/2025
Hello Bleiz !
C'est vrai, content que tu le notes, cette citation marque une petite rupture, quand à ce qu'elle annonce ou pas, je ne t'en dis pas plus.
Je note cette volonté de prendre davantage de temps sur le changement d'état d'esprit de Vaïos. Faudrait réfléchir à un moyen de le rendre intéressant / non répétitif tout en gardant ce côté assez brusque, le changement se fait en quelques jours finalement.
"parce que visiblement sa rencontre avec Andophane bouleverse qui il est et ce en quoi il croit profondément" c'est tout à fait ça. Sur le côté personnalité de Vaïos, je dirais plutôt que ce nouvel environnement révèle sa "vraie" personnalité, lui fait découvrir de nouvelles perspectives qui rendent ce qu'il pensait être la finalité de sa vie futile.
"Donc Dashuur vient des Cent-Lacs lui aussi" En effet, ça commence à faire pas mal de persos^^
" Aaah, les daddy issues… everywhere… (jette un regard à Réfus)" évidemment xD
"Je ne peux pas m'empêcher de voir dans le groupe d'Andophane un côté presque religieux, limite sectaire. Ils lui sont tous dévoués (corps et âme ? À voir) et prêts à le suivre jusqu'au bout du monde. Clairement, il a un ascendant sur Vaïos. Je me demande si ça ne va pas déraper…" Analyse très intéressante, c'est vrai qu'Andophane a beaucoup d'emprise, à voir ce qu'il va en faire...
"OK, je sais pourquoi je pensais à l'histoire religieuse : le coup du lépreux me fait penser à Jésus. C'est un classique !" Yes, Andophane a une certaine inspiration christique mais on voulait aussi montrer autre chose, une philosophie / vision du monde un peu différente.
"c'est qu'il veut les subjuguer pour un but précis" tout à fait, mais lequel ?
"l'échange m'a touchée, et cette phrase là est particulièrement percutante. Bien joué !" top ! c'est un passage important !
Ahah marrant que tu fasses le lien avec Charles Manson. Je ne te dis pas si c'est pertinent ou pas mais c'est toujours de rester méfiant / éveillé^^
Trop bien pour la fin de chapitre !! Effectivement, un moment hyper positif pour les persos, ça fait du bien^^
Merci beaucoup de ton commentaire ! On les attend toujours avec impatience ahah
A plus !!
adelys1778
Posté le 19/07/2025
WHOA ce chapitre est un coup de cœur !!! Je suis vraiment heureuse d'être tombée sur ce roman et de le lire ! Il me tarde de lire la suite avec impatience, c'est si bien écrit ! J'aime énormément la dynamique de Vaios, il est très attachant ! Et j'ai été tellement contente que le père et la fille viennent avec eux !!!
Edouard PArle
Posté le 19/07/2025
Coucou Adelys !
Ca fait trop plaisir !! Je l''aime aussi beaucoup celui-là, je trouve qu'il insuffle véritablement la dynamique du pdv de Vaïos et donne de la profondeur à la philosophie d'Andophane. Trop cool que Vaï soit attachant, j'espère que la suite te plaira tout autant !!
Maëlys
Posté le 22/07/2025
Merci merci !!
J'aime aussi beaucoup ce chapitre, trop bien que tu t'attaches à Vaïos !
lemonlulu
Posté le 19/07/2025
coucou, très contente de pouvoir continuer ma lecture !

j'ai adoré ce chapitre, je vais commencer par les erreurs / fautes de frappe que j'ai repérées pour terminer ce commentaire avec mes passages préférés :)

"Une silhouette voûtée se tenait dans l’ombre du bâtiment, elle porta à la main à son bâton en les voyant apparaître." >> porta la main à son bâton

"chassa tout l’enthousiasme des suivant d’Andophane" >> des suivants

"Malgré toute sa bonne volonté, il n’était pas certain de ne pas les regarder avec la même bienveillance que Daashur." >> il n'était pas certain de les regarder avec la même bienveillance que Daashur

mes passages favoris :

"D’autres pensées chassèrent cette envie passagère. L’absence de crise d’Érione depuis une semaine. Le plaisir d’écouter et de parler avec Daashur. Le soulagement de ne plus être jugé, comparé. La joie. Le rire. Et surtout, la sensation inexplicable de côtoyer avec Andophane un être différent des autres."

"Comme à chaque fois qu’il parlait d’elle, la voix de Daashur s’animait d’un amour assez grand pour surpasser le deuil. Il n’y avait pas de tristesse dans ces mots, seulement la joie de se remémorer ses meilleurs souvenirs."

"De la voix éraillée du lépreux émanait une haine attisée par des années de moqueries, d’exclusion et de solitude. Il y avait dans ces mots tout le mépris, la jalousie et la méchanceté que lui inspiraient ce monde qui l’avait ostracisé, ces dieux qui l’avaient maudit."

"Cela lui était venu naturellement, malgré toute sa répulsion originelle. Quand l’inconnue lui rendit son sourire, il acheva de l’oublier. Ce n’était plus qu’une humaine."

"L’affection ne se mérite pas. Elle ne se mesure pas en qualités ou en accomplissements."

à bientôt ! :)
Edouard PArle
Posté le 19/07/2025
Coucou !
Merci beaucoup de ton retour, les petites coquilles sont corrigées. Content que tu aies apprécié ce chapitre, un de mes préférés depuis le début (=
A bientôt !
Maëlys
Posté le 22/07/2025
Merci Lucie ! Contente que tu aies aimé ce chapitre !
Vous lisez