Éditorial d’Oscar de Valbreuze (orientation : anthropologie et civilisations erretiennes) dans le numéro spécial du Journal des Étudiants de l’Université Libre de Bruxelles en l’honneur des dix ans d’existence du JdE (1897)
Nous pensons toujours que les grands événements de notre vie et de notre Histoire se manifesteront de façon grandiose, avec exubérance. Tambours, trompettes, feux d’artifice, farandoles et j’en passe. Hélas, pour Erret, il faut bien admettre que ce fut loin d’être le cas. De vie d’homme, lever de rideau plus minable n’a probablement jamais était observé !
Posons le décor, voulez-vous ? Cela se passa le 17 juin 1849, à Londres, le long de la Tamise, quelque part sur l’Île aux Chiens. La lune peinait à percer la purée de pois qui stagnait au-dessus des eaux et ses quelques rayons filtrés par la brume enfantaient d’une ambiance surnaturelle.
Obediah Columbus – un docker d’une petite quarantaine d’années dont le patronyme le prédestinait visiblement à faire de grandes découvertes – venait juste de liquider la totalité de sa paye journalière en écumant les pubs. Soyons clairs, il était complètement bitu.
La vessie turgescente comme un ballon de baudruche proche de l’implosion, un besoin pressant se fit bientôt sentir. Il décida alors – « décider » étant probablement un terme d’une force exagérée dans son cas – de se soulager dans la Tamise. Une goutte de plus ou de moins dans cette soupe primitive ne pourrait produire de grands chamboulements.
Alors qu’il se débattait avec sa braguette – ce qui s’avéra particulièrement ardu en raison d’une chaude-pisse carabinée qui selon ses dires « ne le lâchait plus depuis qu’il était allé voir une morue pour qu’elle lui fasse un pompier », mais avait finalement choisi des activités plus complètes – il entendit comme un bruit de déchirure. Après s’être tâté le derrière, certain qu’il avait craqué son pantalon, il observa les alentours dans le but de déterminer l’origine de cet étrange bruit.
Au départ, il ne vit rien ; lever de rideau minable, je vous le disais ! Puis à l’image d’une énorme cuvette de toilette, un point dans le ciel se mit à siphonner la brume. Après une succion de quelques minutes, il ne resta plus rien d’autre qu’une immense brèche suspendue s’ouvrant sur une forêt verdoyante inondée de soleil.
Aucune personne saine d’esprit n’aurait cru Obediah s’il avait pris ses jambes à son cou pour aller chercher de l’aide dans le premier pub venu. Au lieu de quoi, il beugla si fort que cela ameuta tous les ivrognes du coin, quelques habitants et les bobbies.
Et c’est ainsi que l’humanité découvrit Erret sur fond de pale ale, de vessie trop pleine et de chaude-pisse.
Est-ce que cet événement changea le cours de notre vie ? Et comment ! Durant cette nuit fatidique du 17 juin 1849, nous découvrions que depuis toujours la terre avait une jumelle dont elle était séparée par un immense Voile invisible que la pollution de la révolution industrielle avait rongé jusqu’à ce qu’il se déchire. Nous découvrions également qu’Erret était peuplé de créatures à la fois étranges et fabuleuses, dotées de pouvoirs bien au-delà de l’entendement. Nous apprenions finalement que l’Encresang donnait vie à toute chose, de part et d’autre du Voile, et offrait une source apparemment inépuisable de magie aux erretiens.
Aujourd’hui, presque cinquante années plus tard, nous nous battons encore avec l’intégration des créatures d’Erret parmi nous. Nous sommes-nous trompés dans nos politiques d’immigration et d’émigration ? Fallait-il vraiment tenter de mélanger nos deux mondes et nos cultures si diamétralement opposées ? La Guerre de Fer n’a-t-elle pas montré la réticence d’une partie des erretiens à cette fusion ? Et qu’en est-il de la grogne des humains qui se voient dépossédés de leur emploi au profit des erretiens qui acceptent des salaires toujours plus bas ? Que nous réserve l’avenir ?Voici quelques interrogations auxquelles ce numéro spécial du Journal des Étudiants de l’Université Libre de Bruxelles va tenter de répondre.
Vraiment, ton style est fluide, le ton 'sérieux' mais humoristique, j'aime beaucoup ^^
J'ai hâte de découvrir Erret ! (Le prologue était amusant d'ailleurs, j'ai beaucoup aimé cette semi-sirène 'hystérique' et la fin m'a laissé... sur ma faim - c'est une bonne chose, hein x)
Bref, je me plonge dans ton histoire avec plaisir !!
Peace :)
S'il y a un élément qui est un peu brumeux pour moi pour l'instant, c'est cette histoire d'Encresang qui semblerait d'être à l'origine de la vie humaine, comme pour celle des créatures d'Erret. C'est fort intriguant, j'ai hâte d'en savoir plus, surtout que, si je me souviens bien, tu ne mentionnais pas ce mot dans la V1 ;)
à tout bientôt pour la suite !
C'est important pour moi que le ton de l'histoire reste humoristique tout en abordant des sujets sérieux. Si un moment tu trouves que ça sonne faux, n'hésite pas à le dire :D
Oui l'encresang est une addition. ça devait venir plus tard dans l'histoire, mais je me suis dit que c'était mieux d'introduire ça avant.
Merci pour ta lecture.
Des bisous!!!